La vie, comme elle va

"S'il suffisait de lire comme dans une bulle de cristal, alors, ce serait, facile.Mais il faut vite déchanter, prendre la route, sac au dos et marcher, toujours marcher pour oublier ce que l'on a déjà fait, ce que l'on va faire. Il faut attendre que la nature nous prenne et nous ouvre sa voie. C'est une progression incessante, pour de si petites choses".
Roger Dautais . Septembre 2009

Un voyage étonnant au cœur du land Art

samedi 26 octobre 2013

Grande spirale d' Etel :  pour Danièle Duteil
Le chant du sourcier : à mon Grand Père
Le salaire de la faim : à Dolors Reig Vilarrubla
Aimer sans frontières : Pour Harto Garabato
L'invisible cercle : To Erin
La preuve par bleu : Pour Norma
La porte de Sallenelles : à Moun B.
Eros et Thanatos : To Ruth Mowry
Jeu de square : pour Joelma
Le  gâteau des Anges : à Camino Roque

Le rappel de Kergroix : Pour Christineeeee
Macadam destiny :  à  Patrick Lucas
Passion crépusculaire : à Marie-Claude



On ne peut rien changer, simplement continuer ensemble, 
tout droit jusqu'au bout.



Pourquoi craindre une traversée du désert de plus? Pour  une mauvaise perception du temps, un ciel qui s'assombrit, des intersignes, une tombe qui s’entre-ouvre et me parle . Pour tout cela sans doute. Et  pourtant, le crépuscule n'est rien d'autre qu'une promesse de lumière nouvelle. Bien sûr,  il  me faudra attendre, oublier quelques cauchemars de  nuits trop noires,toujours, trop  longues.
Je m'applique  à parcourir les dernières  longueurs. Mieux faire que de  répondre avec des  pierres, choisies  une  à une au soleil levant pour élever quelques cairns sauvages, de  plus, serait pure  prétention de ma part. Mais qui peut comprendre ça ?
Soumettre le hasard à la rondeur de la terre, croire au renouvellement du jour,  à l'éternité d'une mémoire amnésique vouée au  pire des oublis, trouver la solution dans  l'éphémère, jouer ma vie à pile  ou face, me tromper d'itinéraires sans regrets, chercher dans l'avenir les prochains souvenirs de ma vie injectés au goutte  à gouttes dans mes veines, serait déjà trop si tu n'existais  pas. Je puise dans ton regard bleu, la force de continuer à  jouer ma partition. A peine éloigné de toi, je rêve de retour, d'un près de toi éternel et mes absences ne sont que des apnées dangereuses.
Ces dix derniers  jours  ont remis mes compteurs à zéro. Peu de sorties à cause d'une nouvelle blessure. Quelques petites installations sur une patte et puis, retour au bercail avant de tenter,  hier,  une belle et grande spirale, malgré les contre-indications qui commençaient  à me peser. Je pense avoir récupéré et vous raconte tout cela.
Dans ces moments de disette créatrices, j'ai fait le choix de quelques  photos d'installations réalisées en Normandie et ailleurs pour vous les présenter à nouveau. Les  photos 1,2 11 et 12 ont été réalisées en Bretagne cette semaine.
La grande spirale de la Barre d'Etel
Le ressac est impressionnant au pied du glacis de la Plage d'Etel,  plongeant directement dans  l'Océan Atlantique. L'Ouest de la Ria  la vigie du sémaphore doit être aux aguets, les yeux rivés sur sa paire de  jumelle. Jusqu'à la renverse de la marée, la passe de la barre reste dangereuse et pourtant, cinq hommes, debout dans  un petit zodiac, jouent avec le danger. Le ciel est couvert, le vent  moyen, la mer grise très agitée de part et d'autre de la barre. A chaque pas, je  m'enfonce dans le sable, granuleux,  légèrement  humide et cette densité  me plait. Je vais tenter  une spirale et oublier ma tendinite. La plage est en  pented'au moins 15. Ce glacis,  orienté plein sud  ne sera  pas confortable  pour  mon travail. Je sais que, passés les 6 à sept tours qui doivent être tracés avec le maximum de précision, la courbe grandira et je serai accéléré dans  ma progression dans la descente, ralenti, dans la montée. Hors,  pour que la figure géométrique de la spirale soit parfaite,  il  me faut adopter  une vitesse d'avance, constante. Je plante  mon talon gauche dans le sable, pointe du pied légèrement levée et vais m'en sorvir comme d'un soc de charrue. Dès le départ, compte nenu de la nature  même du sable, mon talon s'enfonce profondément dans le sol ce qui a  pour effet de tracer  un sillon  plus large que d'habitude et de trainer  une masse de sable  plus  lourde. On  y gagne largement au visuel. Ceci aura  pour effet, au final d'obtenir  une spirale de 54 mètres de circonférence, soit 9  mètres de  plus que la moyenne de celles présentées  ici sur  mon blog.
Vers le 10ème tour, je commence  à ressentir quelques crampes dans les jambes. Mes chevilles tiennent  bon. J'ai beaucoup de mal  à me stabiliser car le  sable glisse sous mes pieds et j'ai  l'impression de rebondir au niveau du talon. La sensation n'est pas agréable du tout, car, amplifiée  par le ressac de la mer, qui  pousse parfois de longues vagues  à deux  mètres de  moi,  j'imagine qu'elle est en train de saper le dessous de la plage et je me vois déjà emporté,  à la nage. La gamberge complète ! Je suis  obligé de ralentir dans mon tracer pour simplement, tenir debout.
Un grande famille, c'est à dire 3 femmes et plein d'enfants, vient me tenir compagnie. Je m'arrête quelques instants  pour leur donner les explications qu'ils me demandent et je reprends rapidement le tracer. Les 23 ème et 24 ème tour sont infinissable et je fatigue vraiment lorsque, cadeau suprème, le soleil fait une rès belle percée dans la grisaille du ciel. Un cadeau qui me redone du coeur  à l'ouvrage. C'est vrai que sans  lui, le spectacle est moins beau. Je prends mes photos. Le travail est bien fait, mais je m'en délivre vite pour regarder la mer, la bare d'Etel, la ria, déserte et quelques  mouettes au-dessus de la passe. Je voufrais partager cet instant de  pur bonheur avec elle qui m'attend.
Allo ? ça va ? Tu te trouves à quel endroit? / Etel . Oh ! Tu as beau temps ? / Oui, tu sais ce que je viens de  faire ? /  Non  /  Une spirale et une grande / Tu n'es pas raisonnable...tes jambes /  Non, ça va et puis je rapporte de belles photos / Fais attention sur la route / Oui, à tout de suite,  mon oiseau.

On ne peut rien changer,simplement continuer ensemble, tout droit jusqu'au bout.

Roger Dautais




petit vent de mer

ce bâton offert jadis

gravé "maman"

 

**
café chaud 
sur la terrasse
une bogue éclate


le soleil
dévoilé
horizon diffus


lendemain de pluie
leur parfum
plus secret

**
Danièle Duteil * 

*http://haikuduvidetdelaplenitude.blogspot.fr/





  Dénuement

Je ne sais  plus qu'un  poème
Qui ne sait rien de  moi
Qui ne sait rien que terre
Et les vers dans la plaie ultime
Ce visage sans nom d'un  nom dérisoire
Et le désir porté sur la blancheur blessée
Les cheveux épars et le sang aux tempes


La fuite fatiguée
L'intense dérobade des  mots 


Guy Allix 
 SOLITUDES 
 ÉDITIONS ROUGERIE
 Prenez le temps, si ce n'est déjà fait de découvrir le site de Guy Allix
  http://guyallix.art.officelive.com/

jeudi 17 octobre 2013

Ombres  portées à Kerendeven : pour Anne Lemaître
Passage secret à Kerguéarec : pour Isabelle Jacoby
Hommage au Tumulus e Kercado :  pour Serge Thébault
Testament inachevé :     à Guy Allix
Saint Cado, côté jardin :pour Salome Guadalupe Ingelmo
Silence rouge : pour Isabella Kramer
Grand  oblique de  l'Île Saint Cado : pour Sadaya
Quart de tour. Île St Cado :  Pour Marie-Josée Christien
Zénitude en Ria d'Etel  : Fabienne Marsaudon
Diablerie finale :

Cairn à  l'orange en Ria : Pour Alain Jégou

Le passeur d'idées : à Claude Pélieu
Boîte à légendes : to Erin

Rythmes d'automne en Ria : pour Patrick Lucas


A Marie-Claude, seulement...


Je ne suis  pas en recherche d'une rédemption  lumineuse mais j'aimerais au moins, finir ma vie en paix avec  moi-même. Cela devrait  pouvoir se faire, je vis déjà en bonne entente avec les morts ce qui  n'est pas le cas de tout le monde. Et c'est ce que je me dis en cet après  midi d'hier tout en  longeant cette vaste clairière de Kérisper, qui descend  vers la ria d'Auray avec une vue  imprenable. Je me suis fait cette réflexion , non sans avoir noté que mes voisins de travail ont adopté la plus spirituelle des positions, en confiant leurs cendres, qui  à un  olivier, qui à un chêne ou  un érable du Japon. 
Que voulez vous, c'est la vie,  une fois dedans,  une fois un pied dans la tombe. On ne plaisante pas avec ces choses parce qu'un jour...alors autant s'entendre avec ses voisin du dessous. Je vais donc, répétant mes erreurs, perdre  mon temps, comme me disait  un  voisin homme d'affaires qui n'a jamais une seconde  à  lui. Le pauvre ! 
Petit ennui passager,  une vielle blessure  à la jambe semble bien se réveiller et me valoir quelques vacances forcées. Le matériel  s'use, comme me dirait si bien  mon ami Serge. 
Comme j'ai définitivement abandonné la course au titre,  à la reconnaissance éternelle de mes proches, je vais  ou mon  imagination  m'emporte et ce, depuis  plusieurs jours, marchant le long de la Ria d'Auray, après avoir, fait le tour de  l'Ile de Saint Cado, arpentant le Golfe du Morbihan du côté d'Arradon, rendant  visite à Carnac et ses alignements, découvrant le Tumulus de Kercado. Bref, au total ça fait pas mal de chemin. Je ne vous raconte pas tout dans le détail. Trop  long.
Lorsque  j'arrive au bord de la ria, les berges sont inondées .  Le sentier côtier a disparu sous les eaux ce qui donne au paysage un air de plénitude absolue. La mer est  là, présente, bien au plein et je ne sais pas pourquoi, je pense immédiatement  au poète disparu Alain Jégou. Pourquoi à lui et pas  à  un autre. Bien sûr, je ne suis pas en  prise directe avec  l'Océan. C'est pourtant lui? cet Océan Atlantique et personne d'autre qui fait naître ce clapot régulier le long des berges. Simple chanson de quelques notes  pour me dire qu'il a compris le message et qu'il fera suivre  pour Jégou. Ne pas se tromper de tempo. Le message sera  un cairn,simple, élégant, solide, bien  posé sur ses bases, regardant la mer et puis à côté, une orange posée  là comme d'autres posent des bonbons  ou de la nourriture sur une tombe.L'intention  va jusqu'à ce détail.
Je me souviens soudain d'un mot reçu de Lu Pélieu, après  mon hommage  à Alain, "Breizh",  ma première spirale en terre Bretonne. Alors, j'enchaîne les idées, Lu... Claude, le second cairn sera  élevé  pour Claude Pélieu. Ces deux là devraient  bien s'entendre  ici, au  moins le temps d'une marée. Je m'y prends a  plusieurs fois car, ça  y est, je suis au ras du claquage, mais je termine  mon geste en équilibre sur un  pied. Ce qu'il ne faut pas faire  pour aller au bout de ses  idées. Je récupère en regardant ces deux cairns amis. J'aime aussi le land art  pour ces instants. Ils n’appartiennent   à personne si ce n'est au paysage mais  ils sont chargés d'humanité. Le soleil fait une belle apparition et me donne la force, d'aller  perdre  un peu de temps dans  une vielle  barque échouée dont le bleu délavé  m'inspire depuis longtemps. Je réalise  une petite installation avec des baies   fraîchement cueillies  mais je crois que le  plus admirable est fait par le soleil et ces ombres portées. Merci à lui. Le retour  a été moins glorieux. J'ai trainé la patte dans ce bois en pente, et j'ai profité de la vue sur ce merveilleux cimetière paysager.
Pour le reste, bien sur la Ria d'Etel que je découvre simplement, où je commence  à travailler,  un peu, c'est  un lieu d'une beauté rare dont les lumières m'ont déjà donné rendez-vous  pour des prochaines fois. Le tour de L'Île Saint Cado,à marée basse m'a donné quelques occasions de cairns éphémères, et de belles rencontres avec des  marcheurs.
Et  pour terminer, quelques  mots au sujet des installations Boite à Légendes et Rythme d'automne. Elles ont été réalisées le long de la Ria d'Auray et tous les composants  ont été récupérés, ramassés, cueillis dans un rayon de 2 kilomètres. Par exemple, les morceaux de bois goudronnés ont d'abord servi à  ostréiculteur  pour fabriquer des supports immergés en eau de mer et servant  à  la culture des huitres. Trop usés, ils sont débités et  j'imagine, brûlés. C'est  eux qui  m'ont servi de cadre. En dehors des heures passées  à la cueillette, l'assemblage et la composition de chacune de ces installations  m'a pris  un  peu plus de trois  heures. J'aime  à dire que je n'invente rien sinon ma vie et que c'est déjà une belle satisfaction. Bien sûr, je vais devoir m'arrêter encore pour cause de blessure mais cette fois,  une dizaine de jours devrait suffire.
Je vais reprendre mes cartes d'état major sur les quelles je passe beaucoup de temps et imaginer mes prochaines sorties. Je  montrerai bien quelques  photos de land art à  mon voisin, mais  il n'a pas le temps, et d'ailleurs, ça lui donnerait peut-être des cauchemars. Alors j'attendrai encore  un peu avant de lui en parler.Et  puis, en  matière de lecteurs, je n'ai  pas  à me plaindre, vous êts là, toujours plus nombreux. Merci  à tous.

Roger Dautais



Galet
tu es la parole concrète
de la patience

bois flotté
une ponctuation

tesson de verre poli,
anchronisme,

grumeaux de mazout,
lettre macabre
à l'adresse d'un condamné
que la nature récite
d'un idéogramme éphémère
des algues sèches.

La plage sait
que tout arrive.


Louis Bertholom

Bréviaire de sel  
Editions Sauvages 2013




Rituel

Quand  le silence a peine  à vivre

Ma  voix soudaine se cabre
Dévalant mon corps en quète d'un  lieu sûr

J'allume  un  grand brasier
A la mémoire des morts.

Guy Allix

Mouvance 
Mes Mots

Editions Rougerie 1984




Un sommeil  illusoire
agite et ronge
les efforts fragmentés
d'un temps secret.

Tout est posthume
depuis toujours.

Marie-Josée Christien

Les Extraits du temps.
Les Éditions Sauvages

mardi 8 octobre 2013

Au cœur du Mané croc'h : à Henri Droguet
Amnésie triangulaire : pour Henri Zerdoun
Transhumance meurtrière
L'adieu aux armes: Pour Mildred
Transition d'automne à Liza Rydin Erickson
Breizh :  pour Marie-Claude
Le terrier : Pour Ana Minguez Corella
Recherche de solution :  pour Sasa Saastamoinen
La sœur de La Rouge : Pour Marie-Josée Christien
La mémoire blanche :  pour Alain Jegou
La porte de Kerpenhir  :  pour France
Les sept frères d'infortune : aux mémoires englouties.
Le cairn du Retour ( Kerpenhir) :  pour Jean-Pierre Audren


Du Mané Croc'h  à Kerpenhir, souvenirs d'une semaine passée


Je sais que la mer sera grise, aujourd'hui, sans doute agitée.Je file vers le sud. Après trente minutes de voyage, j'aperçois la grande  plage de Locmariaquer, débarrassée de la cohue estivale. Elle fait face  à l'Océan,  prête  à tout affrontement. Je tourne   vers l'Est et j'arrive à la Pointe de Kerpenhir. Le spectacle est  grandiose. A l'entrée de la passe, entre Port Navalo et Kerpenhir, la mer est en ébullition. Elle  pousse ses eaux grises,  impatiente de remplir le Golfe du Morbihan. Je descends sur  l'étroite grève qui  borde le flot. Des vagues courtes et rapides battent le granite. Je choisis cet endroit  pour élever mon premier cairn. Je dois attraper les pierres, côté mer, et, très rapidement, j'ai les deux pieds dans l'eau, le jean trempé jusqu'aux genoux. Il ne fait pas froid. Je retrouve des gestes familiers. Je rentre dans une histoire que je raconte, ici, dans la solitude,  où chaque pierre est un  mot, chaque cairn, une phrase. Comment ne pas penser  à eux, après Lampedusa. Le premier cairn est un signal, le second  une porte, les cinq autres, une famille.Les sept frères d'infortune.
La mer  monte et m'oblige  à voir  plus  loin. Je me déplace sous  un grain assez violent qui achève de me tremper,de la tête aux pieds. Béni des Dieux !
Mais,  très rapidement comme cela se produit dans le golfe,  le temps séclaircit et  m'offre  même  un timide rayon de soleil.
A l'extrémité d'une petite plage qui s'avance dans la mer, un  peu mieux abritée que la première, je  monte un cairn solitaire sur la partie la  plus herbue du lieu. Je rassembles des pierres et continue mon va et vient pour aliment ce cairn qui  monte doucement.80cm, 1m., 1.20mètre de haut. Soudain,  il " me parle", m'avertit, craque, s'assied. Je comprends qu'il n'ira pas  plus haut sous peine d'éboulement, mais cela ne fait  riien,  il a fière allure comme ça. Je termine la coiffe en arrondit et passe  à autre chose.
Je  m'approche  à nouveau de la mer et continue ma série de cairns dans la sérénité et la solitude. Mes cairns dialoguent avec la mer, le golfe, le ciel incertain et  jouent avec les vagues. Je pense  à elle qui  m'attend  à la maison. J'aimerai partager ces instants avec ma femme. Je m’assoies et contemple le spectacle. Le temps s'arrête.
J'ai  passé le reste de la semaine en  pleine campagne, goûtant au  luxe de l'alternance.
Ne cherchez  pas ailleurs les couleurs de ma Bretagne, de ce Morbihan où je réside. Regardez simplement et vous verrez ce qui m'inspire. Je n'invente rien, tout existe.
J'ai pris le chemin de Crucuno,  puis de sa forêt. Entre les dolmens du Mané Croc'h et le Mané Braz,j'ai marché pour retrouver  "La Chaise de César" aux alignements de menhirs remarquables. J'ai laissé sur place quelques  installations éphémères,  parce que ces lieux, ces Terres Sacrées m'inspiraient ces poèmes végétaux. Je ne  pouvais faire  moins pour elles qui  me donnaient tant de forces en échange. Etre vivant dans ces lieux, tous sens en éveil, se mérite,mais c'est aussi  un privilège.
L'échange fut total.
J'ai ré-inventé une géométrie des lieux, tracé des spirales positives, caressé  l'humus, effleuré le lichen des menhir de mes doigts, comme  un aveugle s'attardant  à  lire le message. Cette plongée verticale dans les racines de  l'humanité, parmi les grands témoins, menhirs et dolmens, me transporte,  m'élève, et me laisse bien heureux de  pouvoir balbutier dans ces champs de fougère que l'automne brunit,  un humble merci,  pour tant de petits bonheurs. 
Ils m'autorisent  une suite au voyage avant de conclure mon parcours terrestre.

Roger Dautais




Le Jardin des Délices

Au paradis
l'on souffre aussi
La volupté
est un  poisson qu'on  piétine
Il  y a peu d'eau
pour éteindre les brasiers
Dans la cohue de l'imaginaire
la créature ne trouve  plus son chemin
qu'à genoux
Les oiseaux soufflent sur la braise
L'herbe est esseulée
Où sont partis les arbres
Où est la bonne arche
On se met  à rêver
du désert
ou d'un enfer
fût-il de pacotille

Abdellatif Laäbi

"Petit  musée  portatif " 2002
Poésie du Maghreb
Al Manar



Peut-être
pourras-tu continuer
à dire que tu aimes

Cette vibration de l'air
dans la saison qui s'annonce
en avance sur son  heure

Ce désir de vivre
la pleine  lumière
encore  une fois

La solitude  à tes pieds
comme  un vieux vêtement
d'hiver.

Marilyse Leroux
" Le temps d'ici"
Editions Rhubarbe 2013

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Landartiste, photographe, auteur de livres pour enfants, Roger Dautais est aussi un artiste atypique, sensible et attachant.Il a sû, dans la diversité de ses expressions, trouver une harmonie par la pratique quotidienne de cet art éphémère : le Land Art. Il dit "y puiser forces et ressources qui lui permettent, également, depuis de nombreuses années, d'intervenir auprès de personnes en grande difficulté ( Centre de détention pour longues peines et personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer) pour les aider par la médiation de l'art.