L'aiguille blanche |
Spirale positive (port de Ouistreham) |
Énergie circulaire |
Carrés sur mousse |
Égalité des chances |
Revue de détail |
Réflexion |
Impression de printemps |
Intrusion rouge |
Convergence |
Signes sur l'asphalte |
Mémoire vive |
Sur le quai, le rouge est mis |
à celle que j'aime...
Il pleut. Je rêve plus facilement en ces jours gris, bien que j'aime la pluie, elle ne me facilite pas le travail. Alors je rêve à mes spirales de sable que je ne peut plus faire pour raison de santé, aux très grosses pierres que je ne peux plus déplacer pour la même raison. Cette aiguille blanche de la première photo, dépassait les deux mètres et je me souviens exactement de la grotte marine où je l'avais soulevée puis mise en équilibre, avant de terminer ce grand cairn blanc, il y a ...7ans. J'avais donné le nom d'Ana Mendieta à cette grotte de la côte de Nacre, en Normandie, et j'y travaillais souvent en pensent à cette grande artiste du land art, trop vite disparue. Mais voilà, ce temps est passé. Il me reste une photo, je la montre de temps en temps.
En cette saison , difficile de travailler autrement qu'en ciré, veste et pantalon si on ne veut pas terminer trempé.
Ces jours derniers, je suis retourné dans l'arrière port de la ville qui se situe entre l'ancien quai au charbon et les chantiers navals. Quelques centaines de mètres de quai et d'asphalte battus par les vents, qui parfois accueillent de trop gros bateaux pour rentrer dans le port, au cœur de la ville. Je pense par exemple à ce magnifique 3 mats Le Bélem, qui était sensiblement à à l'endroit où je vais travailler aujourd'hui.
Le manque de lumière fait que les flaques d'eau recherchées aujourd'hui, ne donnent pas l'effet miroir habituel. Je vais quand même faire quelques essais.
Je travaille à genoux, le dos courbé et j'imagine qu'une telle silhouette,pratiquement immobile, vue de la route, doit intriguer. Cela me vaut quelques visites de vététistes, assez curieux pour faire un détour jusqu'à moi, dans ce no man 's land pour se rassurer, mais trop pressés pour s'arrêter sous la pluie. Je passe des heures à entourer des flaques d'eau avec mes baies rouges. J'aime laisser quelques traces éphémères dans des endroits choisis et je me déplace en même temps vers le bassin, jusqu'à atteindre le quai en granite. Je domine l'eau qui frise sous le vent. J'ai froid aux mains mes ongles bleuissent et je sais trop ce que cela veut dire.
Un autre jour, je décide de m'arrêter dans cette même zone portuaire, auprès de très grosses pièces métalliques grises, qui pourraient bien être des éléments de pont. Je vais dans un premier temps,travailler à proximité sur un tapis de mousse très attirant et je réalise un mandala à partir de la mousse, des derniers fleurs de buddleia de la saison, de baies rouges, et de tiges de roseau, cueillies non loin de là. Pour une fois, il ne pleut pas.
Ce qui m'intéresse sur ces très grosses pièces métallique, c'est leur surface lisse et leur couleur grise dont je vais tirer partie. Il y a un tel contrastante entre les végétaux et l'acier que j'ai l'impression de dessiner et peindre sur un grand cahier. En fait, je ne me fixe d'autres limites d'expérimentation dans le land art, que celles imposées par mon corps. C'est difficile à faire comprendre.
Plus difficile encore est de répondre aux questions que l'on me pose sur un travail land art. Si je le fais, on me dit que je juge, si je refuse on me dit que je manque de simplicité. Les gens font ce qu'ils veulent mais je ne pense pas que l'on s'improvise artiste en 5 minutes et un bel appareil photo et un blog fourre-tout.
Ici, je montre ce que je fais,mais pas tout ce que je fais. Je vis avant tout une passion qui m’amène à être la plus grande partie de mon temps, dans la nature, parce que j'y suis bien, que c'est mon seul lieu de travail, et que j'y trouve matière à exprimer mon art. Après, que l'on aime ou pas, c'est autre chose et j'accepte toutes les critiques sauf les insultes.
Ce blog me montre combien vous êtes attentifs et vos commentaires m'encouragent à continuer quand j'aurai toutes les raisons de stopper. Je vous en remercie, sincèrement.
Carpe diem.
Roger Dautais
Avoir été
un élémént du paysage
ici, sous le soleil
à telle heure en été
Avoir vu trembler
un instant cette branche
en l'air qui se rassemble
et s'abreuve de bleu
Avoir été
l'esprit, le centre
de cet espace entre deux feux
puis se couler dans le silence
pour une éternité sans yeux.
Marc Alyn
(Extrait, in INFINI AU-DELÀ, 1972