La vie, comme elle va

"S'il suffisait de lire comme dans une bulle de cristal, alors, ce serait, facile.Mais il faut vite déchanter, prendre la route, sac au dos et marcher, toujours marcher pour oublier ce que l'on a déjà fait, ce que l'on va faire. Il faut attendre que la nature nous prenne et nous ouvre sa voie. C'est une progression incessante, pour de si petites choses".
Roger Dautais . Septembre 2009

Un voyage étonnant au cœur du land Art

mercredi 6 août 2014

Les trois sœurs de  l'eau : Pour Danièle Duteil
L'instant Zen : pour Paul Quéré
Ode  à la salamandre dorée   :  Pour Anne Lemaître
Autolyse :   Pour  Saravati

Le tambour du monde :  pour  Maïté /Aliénor

Chant d'adieu :  à Jean Clément

Fosse commune  du temps  :   Pour Christian Cottard

Flux  :   à  Camino Roque

L'appel du  large  :  pour Jacques Thomassaint

Prisme du temps : Pour Paul Quéré
Chant sacré de la Terre : pour  Helma
Le feu le sang et  l'eau  : pour Mira Kuraj
Les demoiselles de Baden :  pour  Leeloo


Les  jours sans  pain,
Je t'aime aussi.

 à Marie-Claude



La journée commence par un cri d'absence au pied du menhir. La mer s'est retirée. Même proche, elle me manque. A genoux, je gratte le sol et  le dégage à la manière d'un chat. La mémoire est toujours  une question de  lieu pour  moi. A  l'heure  ou naissent dans ma tête des idées de voyage, je suis en route et  je marche, j'approche du  lieu journalier. Celui que j'apprendrai à oublier. Le fatigue me prend dans les jambes, m'explique qu'il faut ralentir. 
Toutes cette énergie dépensée pour vivre,  à chercher, trouver, couper, cueillir, ramasser. Tout ce qu'il faut pour  inventer une forme,  un langage qui collera  à la terre, au paysage. Toutes ces installations que je recouvre parfois,  une fois terminées, par des végétaux. Ainsi la terre, comprend   mieux l'offrande, la dissout, la digère.
 Important ces grandes émotions de la rencontre avec celle qui  me recueillera  un jour.

Il  m'a dit que je bégayais ma vie, que je me répétais. Il oubliait que le jour et la nuit se répétaient aussi  jusqu'à ce que...
Je rêve de  neige, blanche comme celle qui recouvrit le corps de ma  mère défunte, pendant les semaines qui suivirent son enterrement.

Sans doute  lui ai-je dit mais je le pense toujours , sédimenter  l'instant est une gageure vouée  à  l'échec. Se vouloir  immortel a quelque chose d'indécent,  même avec  une épée au côté.Le temps doit rester libre.
Je termine  ma spirale sur la plage vide. La mer arrive. La toile se déchire. Le masque tombe et la nue vérité ne veut rien dire. La mer  reprend chaque certitude, chaque boucle de la spirale,  jusqu'à la dernière et l'avale sans concession. Ne pas attendre d'autre réponse à se festin que la satisfaction des vagues qui  ondulent de plaisir.

La ria séduit, attire, trompe aussi et qui  l'a vue grosse des eaux de  l'Atlantique la découvrira plus tard, vidée comme  un  poisson, étalée, grise. Ses  berges piégeuses et envasées dissuadent le marcheur qui ne connait pas les passages. J'aime cette association du  plein et du vide qui s'effectue parfois sous le cris des oiseaux de  mer, parfois dans  un silence étonnant.
J'ai toujours une boussole dans la poche. J'aime  l'orientation, comprendre  où je suis, imaginer la rotation de la terre, dans un endroit reculé.C'est fabuleux.

J'aime cette  impression d'être  invité au silence de la baie lorsque la mer s'est retirée. Je m'approche d'une plaque de salicornes et les  mange sur place. L'âme de la baie Saint Jean est salée. Je pense  à  mes amis acadiens rencontrés en Normandie. Ils auraient aimé ce  lieu..
Je remonte vers le nord. Une tourterelle  quitté les pins maritimes, vole au dessus des  bruyères et devient  un trait-d'union. 
Je confectionne  un bouquet de bruyères, avec application. 
Rond,  il devra être équilibré et pouvoir tenir debout,  posé  à même  le  sol. Je retrouve des gestes de fleuriste. J'apprends  à connaître cet homme lumineux que devait être Paul Quéré. Potier d'exception,  peintre,  poète. Ce sont mes premiers pas vers  lui, disparu il  y a vingt ans. Ce cairn  minuscule, ce bouquet, posés dans ce  lieu de beauté naturelle, de silence et équilibre. Dans  l'intime grandeur de la ria,  j'invoque son esprit. Il passe.

Morts, réveillez-vous, levez-vous et dansez   sous le chant du merle, du  loriot . Que vos bouches pleines de terre, accueillent l'akène,  que le chêne proclame sa vie transmise et vous, disparus, couchés sous  son  ombre, devenez sa mémoire.

Les salamandres dorées gardent les sources des sept îles. Le cercle d'or roule sur  l'horizon. Orion répond  à la nuit. Passez votre chemin,  incrédules, mes pas résonneront longtemps encore sur la route qui mène  au tombolo.Mané er Hroec, Mane Rutal, Mané Lud, soyez les grands témoins de  mon engagement, dans vos silences de Dolmen. Le tambour du  monde bat la chamade au creux du Loc'h. Sang versé et cris, flétrissures du temps  ont donné de bien beaux chênes bicentenaires.
Le feu  le sang et  l'eau se marient dans l'abreuvoir et  mon dos  courbé prend  l'averse. L'usure a du bon qui nous apprend  notre  propre finitude
Non  loin de  là, les zézés font chauffer les cartes bleues et se remplissent la panse dans les rues bondées de Carnac et de la Trinité..

La terre est dégagée, noire, tiède. Je peux  maintenant commencer  ma prochaine installation en offrande  à la terre-mère avant de reprendre la route vers celle que  j'aime.

Roger Dautais.



L'
intérieur de votre tête
n'est pas cette
masse
grise et blanche
que l'on vous a dite

c'est un
paysage
de sources et de branches
une
maison de feu

mieux encore
la
ville miraculeuse
qu'il vous plaira
d'
inventer.



Paul Nougé

 http://www.universalis.fr/encyclopedie/paul-nouge/

 http://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_Noug%C3%A9

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Landartiste, photographe, auteur de livres pour enfants, Roger Dautais est aussi un artiste atypique, sensible et attachant.Il a sû, dans la diversité de ses expressions, trouver une harmonie par la pratique quotidienne de cet art éphémère : le Land Art. Il dit "y puiser forces et ressources qui lui permettent, également, depuis de nombreuses années, d'intervenir auprès de personnes en grande difficulté ( Centre de détention pour longues peines et personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer) pour les aider par la médiation de l'art.