Les trois sœurs de l'eau : Pour Danièle Duteil |
L'instant Zen : pour Paul Quéré |
Ode à la salamandre dorée : Pour Anne Lemaître |
Autolyse : Pour Saravati |
Le tambour du monde : pour Maïté /Aliénor |
Chant d'adieu : à Jean Clément |
Fosse commune du temps : Pour Christian Cottard |
Flux : à Camino Roque |
L'appel du large : pour Jacques Thomassaint |
Prisme du temps : Pour Paul Quéré |
Chant sacré de la Terre : pour Helma |
Le feu le sang et l'eau : pour Mira Kuraj |
Les demoiselles de Baden : pour Leeloo |
Les jours sans pain,
Je t'aime aussi.
à Marie-Claude
La journée commence par un cri d'absence au pied du menhir. La mer s'est retirée. Même proche, elle me manque. A genoux, je gratte le sol et le dégage à la manière d'un chat. La mémoire est toujours une question de lieu pour moi. A l'heure ou naissent dans ma tête des idées de voyage, je suis en route et je marche, j'approche du lieu journalier. Celui que j'apprendrai à oublier. Le fatigue me prend dans les jambes, m'explique qu'il faut ralentir.
Toutes cette énergie dépensée pour vivre, à chercher, trouver, couper, cueillir, ramasser. Tout ce qu'il faut pour inventer une forme, un langage qui collera à la terre, au paysage. Toutes ces installations que je recouvre parfois, une fois terminées, par des végétaux. Ainsi la terre, comprend mieux l'offrande, la dissout, la digère.
Important ces grandes émotions de la rencontre avec celle qui me recueillera un jour.
Il m'a dit que je bégayais ma vie, que je me répétais. Il oubliait que le jour et la nuit se répétaient aussi jusqu'à ce que...
Je rêve de neige, blanche comme celle qui recouvrit le corps de ma mère défunte, pendant les semaines qui suivirent son enterrement.
Sans doute lui ai-je dit mais je le pense toujours , sédimenter l'instant est une gageure vouée à l'échec. Se vouloir immortel a quelque chose d'indécent, même avec une épée au côté.Le temps doit rester libre.
Je termine ma spirale sur la plage vide. La mer arrive. La toile se déchire. Le masque tombe et la nue vérité ne veut rien dire. La mer reprend chaque certitude, chaque boucle de la spirale, jusqu'à la dernière et l'avale sans concession. Ne pas attendre d'autre réponse à se festin que la satisfaction des vagues qui ondulent de plaisir.
La ria séduit, attire, trompe aussi et qui l'a vue grosse des eaux de l'Atlantique la découvrira plus tard, vidée comme un poisson, étalée, grise. Ses berges piégeuses et envasées dissuadent le marcheur qui ne connait pas les passages. J'aime cette association du plein et du vide qui s'effectue parfois sous le cris des oiseaux de mer, parfois dans un silence étonnant.
J'ai toujours une boussole dans la poche. J'aime l'orientation, comprendre où je suis, imaginer la rotation de la terre, dans un endroit reculé.C'est fabuleux.
J'aime cette impression d'être invité au silence de la baie lorsque la mer s'est retirée. Je m'approche d'une plaque de salicornes et les mange sur place. L'âme de la baie Saint Jean est salée. Je pense à mes amis acadiens rencontrés en Normandie. Ils auraient aimé ce lieu..
Je remonte vers le nord. Une tourterelle quitté les pins maritimes, vole au dessus des bruyères et devient un trait-d'union.
Je confectionne un bouquet de bruyères, avec application.
Rond, il devra être équilibré et pouvoir tenir debout, posé à même le sol. Je retrouve des gestes de fleuriste. J'apprends à connaître cet homme lumineux que devait être Paul Quéré. Potier d'exception, peintre, poète. Ce sont mes premiers pas vers lui, disparu il y a vingt ans. Ce cairn minuscule, ce bouquet, posés dans ce lieu de beauté naturelle, de silence et équilibre. Dans l'intime grandeur de la ria, j'invoque son esprit. Il passe.
Morts, réveillez-vous, levez-vous et dansez sous le chant du merle, du loriot . Que vos bouches pleines de terre, accueillent l'akène, que le chêne proclame sa vie transmise et vous, disparus, couchés sous son ombre, devenez sa mémoire.
Les salamandres dorées gardent les sources des sept îles. Le cercle d'or roule sur l'horizon. Orion répond à la nuit. Passez votre chemin, incrédules, mes pas résonneront longtemps encore sur la route qui mène au tombolo.Mané er Hroec, Mane Rutal, Mané Lud, soyez les grands témoins de mon engagement, dans vos silences de Dolmen. Le tambour du monde bat la chamade au creux du Loc'h. Sang versé et cris, flétrissures du temps ont donné de bien beaux chênes bicentenaires.
Le feu le sang et l'eau se marient dans l'abreuvoir et mon dos courbé prend l'averse. L'usure a du bon qui nous apprend notre propre finitude
Non loin de là, les zézés font chauffer les cartes bleues et se remplissent la panse dans les rues bondées de Carnac et de la Trinité..
La terre est dégagée, noire, tiède. Je peux maintenant commencer ma prochaine installation en offrande à la terre-mère avant de reprendre la route vers celle que j'aime.
Roger Dautais.
intérieur de votre tête
n'est pas cette
masse
grise et blanche
que l'on vous a dite
c'est un
paysage
de sources et de branches
une
maison de feu
mieux encore
la
ville miraculeuse
qu'il vous plaira
d'
inventer.
Paul Nougé
http://www.universalis.fr/encyclopedie/paul-nouge/
http://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_Noug%C3%A9