Le gisant de Brec'h : Thibault Germain |
Digenvez ( Le Loc'h ) : pour Fanch Kerouac |
Le secret des sources : Pour Patrick Lucas |
Ombre et lumière au dolmen : Pour Marie-Josée Christien |
An dro de Plas ker : pour Tilia Da bep lec'h ( Brec'h) : Pour Danièle Duteil |
Le lien de Kerpenhir : pour Marie-Claude |
Ar gouzrec'h : Pour Laodina Legal |
Cairn au jusant : Pour Anne -Marie Santiago |
La porte de Kerpenhir : pour Denise Scaramai |
Le premier venu : Pour Mohamed El Jeroui |
Rencontre : Pour Catherine Grall |
La répétition : Pour Serge Mathurin Thébault |
Identité : pour François Esperet Exil : pour Guy Allix |
à François Esperet,
en toute amitié
L'échappée belle
J'aime quitter la côte, le vent du large que je retrouverai, un jour ou l'autre et plonger au cœur de la forêt, marcher au travers des jeunes fougères en pleine pousse, aller où la nature m'invite, débusquant de nouvelles fontaines où savent s'épanouit la salamandre dorée. L’échappée belle est une drogue dure. J'aime tomber sur ces chapelles improbables, introuvables, vivant dans une solitude absolue, sans se plaindre aucunement. J'aime leur accueil généreux, du mécréant que je suis, dans leurs enclos ouverts à ces créations de mondes à mon échelle, semblables à ceux de mon enfance perdue et retrouvée, ici. Ce jour là, dans mes créations, je dépasse le réel, je me défais de cet habit de certitude, du formatage des idées de notre époque et je redonne vie à trois pierres, m'approchant dans l'esprit, des guérisseurs de pierres de Guinipili. Ces traits d'union entre deux mondes sont des offrandes qui voyagent et me reviennent.
Une fois de plus, ma santé a failli pendant cette quinzaine et ralenti le rythme de mes créations et je ne suis pas tiré d'affaire mais j'ai vécu de grands et beaux instants de vie, comme au pont romain de Brec'h.
L'heure unique des petits rituels
Ce pont, très abîmé par les dernières inondations de l'hiver, est un lieu marqué par l'histoire. Plusieurs batailles s'y déroulèrent, et l'on ressent cette terre devenue sacrée par le sang versé.
Lorsque je débouche du bois surplombant ce lieu et le lac de retenue d'eau du Loc'h, celui-ci a perdu, en quelques semaines, une grande partie de son eau. Les berges sont élargies, asséchées et le Loc'h serpente entre des banc de sable ou de terre, ce qui change complètement la configuration du paysage. Je profite d'un possible accès à pied au milieu du cours d'eau pour élever deux cairns dans une lumière sublime. Viendra ensuit, le gisant que j'installe sur la rive droite.
Je compte pas mes prémonitions, je les laisse vivre mais je savais que ce gisant était inscrit dans ce paysage depuis très longtemps, attendant l'heure du jaillissement mémoriel.
L'heure des petits rituels qui vont changer provisoirement la vie du lieu a sonné. Peut-être suis-je plus fossoyeur des âmes en peine, leur accordant une permission au monde des vivants, une incarnation subtile, des soubresauts salvateurs, qu'un accoucheur du réel. J’invoque Ana Mendieta et le corps sableux émerge de la mémoire inondé du Loc'h.
Très rapidement, je le sculpte grossièrement puis je vais, pour le lier au paysage, aller cueillir sur la rive,
droite quelques tiges de fougères juvéniles, d'un vert tendre, qu'elles perdront dans leur maturité. Je les installe sur le corps, de la tête au pied de telle façon qu'elles deviennent la circulation sanguine de ce gisant,comme le faisait Ana Mendieta.
Je le sens vivant, porteur de mémoire de tous c es hommes morts au combat, valeureux et lâches rassemblés en un ru de sang mêles.
Un geai muet nous survole et nous unit au paysage tout entier. Rien ne peut s'ajouter à l'émotion, à cette fraternité des rives, aussi soudaine qu'éphémère. Dans les secondes qui suivent, chacun repart dans sa vie, lui, dans l'autre monde et moi, improbable chaman ou visionnaire poétique, je sais qu'une part de la Genèse du monde sera passée par ce rituel sacré.
La descente secoue et il faut le chant du merle, accompagné d'une grive pour décider du reste et choisir le bon côté : la vie.
Un frison m'indique la fin du rêve. Je caresse l'eau du Loc'h. Elle est fraîche et paisible. Elle parle de la vie, de la sienne, descendant de petites collines, de la mienne, Bretonne, et de l'amour qui nous unit.
Je quitte les lieux. Je sais que je vais la rejoindre, la retrouver et que je me noierai, une fois de plus dans ses yeux bleus dont je suis éperdument amoureux.
Roger Dautais
Dans les ruines de l'état du temps
Des traces vertes
On peut monter
Prendre la veille aux angles morts
comme avant mais vite
Mais vite ébloui
Par l'inquièt soleil
Que l'on a voulu
Jean-Pierre Abraham
Etoilerie Journal d'hiver
Elle a fait signe
Sur le fer des bateaux
Sur les vannes et le bois des vantaux
Sur les sables elle étale
Ses objets tout neufs
sa verroterie.
Jean-Pierre Abraham
La mer à voir Journal d'hiver
On ne s'excuse pas d'une santé défaillante,ni d'un panne d'informatique. Tout ça c'est du pareil au même, les aléa se la vie. Et pourtant c'est bien ce qui m' éloigné de vous. J'ai fait ce que j'ai pu pour vous retrouver. Le Chemin des Grands Jardins? Il va bien, merci 165 500 visiteurs au compteur. De ce côté là, rien à dire. Si, j'allais oublier : Merci, merci pour votre soutien et pour l'amitié que vous me portez.
Roger Dautais