La vie, comme elle va

"S'il suffisait de lire comme dans une bulle de cristal, alors, ce serait, facile.Mais il faut vite déchanter, prendre la route, sac au dos et marcher, toujours marcher pour oublier ce que l'on a déjà fait, ce que l'on va faire. Il faut attendre que la nature nous prenne et nous ouvre sa voie. C'est une progression incessante, pour de si petites choses".
Roger Dautais . Septembre 2009

Un voyage étonnant au cœur du land Art

jeudi 17 octobre 2013

Ombres  portées à Kerendeven : pour Anne Lemaître
Passage secret à Kerguéarec : pour Isabelle Jacoby
Hommage au Tumulus e Kercado :  pour Serge Thébault
Testament inachevé :     à Guy Allix
Saint Cado, côté jardin :pour Salome Guadalupe Ingelmo
Silence rouge : pour Isabella Kramer
Grand  oblique de  l'Île Saint Cado : pour Sadaya
Quart de tour. Île St Cado :  Pour Marie-Josée Christien
Zénitude en Ria d'Etel  : Fabienne Marsaudon
Diablerie finale :

Cairn à  l'orange en Ria : Pour Alain Jégou

Le passeur d'idées : à Claude Pélieu
Boîte à légendes : to Erin

Rythmes d'automne en Ria : pour Patrick Lucas


A Marie-Claude, seulement...


Je ne suis  pas en recherche d'une rédemption  lumineuse mais j'aimerais au moins, finir ma vie en paix avec  moi-même. Cela devrait  pouvoir se faire, je vis déjà en bonne entente avec les morts ce qui  n'est pas le cas de tout le monde. Et c'est ce que je me dis en cet après  midi d'hier tout en  longeant cette vaste clairière de Kérisper, qui descend  vers la ria d'Auray avec une vue  imprenable. Je me suis fait cette réflexion , non sans avoir noté que mes voisins de travail ont adopté la plus spirituelle des positions, en confiant leurs cendres, qui  à un  olivier, qui à un chêne ou  un érable du Japon. 
Que voulez vous, c'est la vie,  une fois dedans,  une fois un pied dans la tombe. On ne plaisante pas avec ces choses parce qu'un jour...alors autant s'entendre avec ses voisin du dessous. Je vais donc, répétant mes erreurs, perdre  mon temps, comme me disait  un  voisin homme d'affaires qui n'a jamais une seconde  à  lui. Le pauvre ! 
Petit ennui passager,  une vielle blessure  à la jambe semble bien se réveiller et me valoir quelques vacances forcées. Le matériel  s'use, comme me dirait si bien  mon ami Serge. 
Comme j'ai définitivement abandonné la course au titre,  à la reconnaissance éternelle de mes proches, je vais  ou mon  imagination  m'emporte et ce, depuis  plusieurs jours, marchant le long de la Ria d'Auray, après avoir, fait le tour de  l'Ile de Saint Cado, arpentant le Golfe du Morbihan du côté d'Arradon, rendant  visite à Carnac et ses alignements, découvrant le Tumulus de Kercado. Bref, au total ça fait pas mal de chemin. Je ne vous raconte pas tout dans le détail. Trop  long.
Lorsque  j'arrive au bord de la ria, les berges sont inondées .  Le sentier côtier a disparu sous les eaux ce qui donne au paysage un air de plénitude absolue. La mer est  là, présente, bien au plein et je ne sais pas pourquoi, je pense immédiatement  au poète disparu Alain Jégou. Pourquoi à lui et pas  à  un autre. Bien sûr, je ne suis pas en  prise directe avec  l'Océan. C'est pourtant lui? cet Océan Atlantique et personne d'autre qui fait naître ce clapot régulier le long des berges. Simple chanson de quelques notes  pour me dire qu'il a compris le message et qu'il fera suivre  pour Jégou. Ne pas se tromper de tempo. Le message sera  un cairn,simple, élégant, solide, bien  posé sur ses bases, regardant la mer et puis à côté, une orange posée  là comme d'autres posent des bonbons  ou de la nourriture sur une tombe.L'intention  va jusqu'à ce détail.
Je me souviens soudain d'un mot reçu de Lu Pélieu, après  mon hommage  à Alain, "Breizh",  ma première spirale en terre Bretonne. Alors, j'enchaîne les idées, Lu... Claude, le second cairn sera  élevé  pour Claude Pélieu. Ces deux là devraient  bien s'entendre  ici, au  moins le temps d'une marée. Je m'y prends a  plusieurs fois car, ça  y est, je suis au ras du claquage, mais je termine  mon geste en équilibre sur un  pied. Ce qu'il ne faut pas faire  pour aller au bout de ses  idées. Je récupère en regardant ces deux cairns amis. J'aime aussi le land art  pour ces instants. Ils n’appartiennent   à personne si ce n'est au paysage mais  ils sont chargés d'humanité. Le soleil fait une belle apparition et me donne la force, d'aller  perdre  un peu de temps dans  une vielle  barque échouée dont le bleu délavé  m'inspire depuis longtemps. Je réalise  une petite installation avec des baies   fraîchement cueillies  mais je crois que le  plus admirable est fait par le soleil et ces ombres portées. Merci à lui. Le retour  a été moins glorieux. J'ai trainé la patte dans ce bois en pente, et j'ai profité de la vue sur ce merveilleux cimetière paysager.
Pour le reste, bien sur la Ria d'Etel que je découvre simplement, où je commence  à travailler,  un peu, c'est  un lieu d'une beauté rare dont les lumières m'ont déjà donné rendez-vous  pour des prochaines fois. Le tour de L'Île Saint Cado,à marée basse m'a donné quelques occasions de cairns éphémères, et de belles rencontres avec des  marcheurs.
Et  pour terminer, quelques  mots au sujet des installations Boite à Légendes et Rythme d'automne. Elles ont été réalisées le long de la Ria d'Auray et tous les composants  ont été récupérés, ramassés, cueillis dans un rayon de 2 kilomètres. Par exemple, les morceaux de bois goudronnés ont d'abord servi à  ostréiculteur  pour fabriquer des supports immergés en eau de mer et servant  à  la culture des huitres. Trop usés, ils sont débités et  j'imagine, brûlés. C'est  eux qui  m'ont servi de cadre. En dehors des heures passées  à la cueillette, l'assemblage et la composition de chacune de ces installations  m'a pris  un  peu plus de trois  heures. J'aime  à dire que je n'invente rien sinon ma vie et que c'est déjà une belle satisfaction. Bien sûr, je vais devoir m'arrêter encore pour cause de blessure mais cette fois,  une dizaine de jours devrait suffire.
Je vais reprendre mes cartes d'état major sur les quelles je passe beaucoup de temps et imaginer mes prochaines sorties. Je  montrerai bien quelques  photos de land art à  mon voisin, mais  il n'a pas le temps, et d'ailleurs, ça lui donnerait peut-être des cauchemars. Alors j'attendrai encore  un peu avant de lui en parler.Et  puis, en  matière de lecteurs, je n'ai  pas  à me plaindre, vous êts là, toujours plus nombreux. Merci  à tous.

Roger Dautais



Galet
tu es la parole concrète
de la patience

bois flotté
une ponctuation

tesson de verre poli,
anchronisme,

grumeaux de mazout,
lettre macabre
à l'adresse d'un condamné
que la nature récite
d'un idéogramme éphémère
des algues sèches.

La plage sait
que tout arrive.


Louis Bertholom

Bréviaire de sel  
Editions Sauvages 2013




Rituel

Quand  le silence a peine  à vivre

Ma  voix soudaine se cabre
Dévalant mon corps en quète d'un  lieu sûr

J'allume  un  grand brasier
A la mémoire des morts.

Guy Allix

Mouvance 
Mes Mots

Editions Rougerie 1984




Un sommeil  illusoire
agite et ronge
les efforts fragmentés
d'un temps secret.

Tout est posthume
depuis toujours.

Marie-Josée Christien

Les Extraits du temps.
Les Éditions Sauvages

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Landartiste, photographe, auteur de livres pour enfants, Roger Dautais est aussi un artiste atypique, sensible et attachant.Il a sû, dans la diversité de ses expressions, trouver une harmonie par la pratique quotidienne de cet art éphémère : le Land Art. Il dit "y puiser forces et ressources qui lui permettent, également, depuis de nombreuses années, d'intervenir auprès de personnes en grande difficulté ( Centre de détention pour longues peines et personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer) pour les aider par la médiation de l'art.