La vie, comme elle va

"S'il suffisait de lire comme dans une bulle de cristal, alors, ce serait, facile.Mais il faut vite déchanter, prendre la route, sac au dos et marcher, toujours marcher pour oublier ce que l'on a déjà fait, ce que l'on va faire. Il faut attendre que la nature nous prenne et nous ouvre sa voie. C'est une progression incessante, pour de si petites choses".
Roger Dautais . Septembre 2009

Un voyage étonnant au cœur du land Art

dimanche 27 février 2011















à Marie-Claude qui enchante ma vie...
à Vincent et Stéphanie, nos enfants



Trouver l'espace situé entre le si peu et le trop. A l'étranglement du passage, si peu de place pour la tête et les épaules...Trop de sang dans la bouche et de lumière dans les yeux.
Si peu vécu dans ce trop peu de temps. Renverser la sablier...Lire dans les astres, trop peu de temps et avoir déjà tout vécu. Mort-né !
Trouver l'espace suffisant pour respirer à deux, puis seul, et de nouveau à eux, puis seul, dans ton jardin secret. Compter les sillons comme tu comptes les jours de Cavale. Compter les nuits parcourues, seul. Compter sur ses dix doigts le temps qu'il ne reste plus, sans rien regretter. Au tic tac du balancier en cuivre de l'horloge, accrocher ma mémoire amnésique et ne rien perdre des plages d'oubli.
Retrouver l'espace situé entre le si peu d'eau et le trop d'eau, attendre que tu les perdes, mon amour, debout lorsque tu me dis "ça y est". Te prendre la main et partir au-devant de ta vie que tu joueras aux dés, avec un inconnu devenu notre fils.
Il sera, chercheur d'espaces à son tour, dans ce royaume d'anachorète, entre le si peu et le trop...Espace qui deviendra sa vie.


Roger Dautais



à Brigitte Maillard...*

Si l'on ne quittait pas sa place, de temps en temps, où serait l'engagement? Droit d'ingérence des états à fin de se partager le monde par leurs interventions intéressées. Droit d'ignorance lorsque le bénéfice est nul. Diplomatie!
Sur le plan personnel, le droit d'ingérence n'existe pas et se mêler de défendre une cause perdue, seul, comme un grain de sable posé dans les rouages huilés de l'administration, est considéré comme folie pour la foule en délire qui juge sans faire partie du jeu. Pourtant, il est bien de se mêler lorsque cela ne nous regarde pas, et qu'il y a violence ou injustice. c'est l'esprit même de lute et de résistance, de désobéissance civique.
Cela peut être l'engagement d'une vie, la mienne, par exemple...
L'art donne à voir, propose sa vision des choses, traduit des émotions, sort des sentiers battus, parfois. En cela, l'artiste possède une âme en marge.
Il expose, s'expose, mais impose, c'est cela sa part de risque, son esthétique contestable, son éthique. Pensez-vous , par là, qu'il s'engage, change les règles du jeu de la roulette et dérange la tranquillité des historiens de l'art ? Que ne connaissiez vous, alors ce très beau film réalisé , cette fiction, qui portera le nom de Mépris.
Accepter dans ces conditions de continuer à avancer sans obtenir l'acquiescement des caciques , c'est s'avancer, s'enfoncer dans le voyage, jusqu'au bout de la nuit! BIen souvent, pour le pauvre malheureux, le public n'est pas consulté avant que l'œuvre n'advienne et c'est alors, le crime de laize majesté, constaté. Le marginal est banni, la société respire son air vicié dans la circulation sanguine du corps-artistique, évite le pace-maker, creuse une tombe pour le déviant et roule sur la terre fraiche.
Qu'est-ce que l'air du temps ? Que veut dire être à l'écoute, être en phase avec le monde tel qu'il est et non, tel qu'il va mal, si l'o n'accepte pas d'être pénétré, influencé, modelé, inspiré par la
vie ?
C'est un engagement qui tient beaucoup au dégagement de l'artiste face aux inventions proposées, face à l'hydre de la consommation, aux délires multimédias. Chemin de lutte sans drapeau, chemin de chute où le salut ne tiendrait que dans la capacité de" relève" et dans la résistance de l'homme. Pays étrange où l'écume des jours, l'éphémère du succès médiatique, succède à la nuit, mais doit systématiquement nous ramener au pied du chevalet, ou sur les sables mouillés de la plage ou bien encore devant la page d'écriture, au travail, humblement, toutes vanités effacées.
Je ne vois guère d'autres chemins, et certainement pas celui de s'arroger le droit d'enseigner son art, à peine affleure-t-on la surface de son propre doute, proclamant, par exemple ma "peinture à moi" quand on ne sait rien ou si peu. Les ânes ont des boîtes de couleurs, des théorie enfumées sur le land art. Nous devrions les rassembler et leur organiser des courses, y inviter des gogos. Ils seraient tellement heureux de les applaudir!
Après cinquante années de parcours artistique, tout en méandres, je sais que la vie d'artiste n'est pas une vie de certitudes et que les chemins de la création, comme Les chemins de la mémoire * restent encore bien mystérieux.

Roger Dautais




*Brigitte Maillard Blog : Monde en Poésie

*Les Chemins de la Mémoire
Inserm( Les essais du Pommier) juin 2010
de Francis Eustache et Béatrice Desgrange

Un ouvrage passionnant écrit par deux scientifiques de très haut niveau, qui vous permettra de comprendre la mise en place progressive de la mémoire chez l'enfant comme ses modifications au cours du vieillissement.




Avant que l'aube
s'exerce à la sanguine, les éboueurs
libèrent le quotidien
Ils soulèvent les poubelles
aux pêches dénoyautées vives
dispersent les fragments de lettres
où l'amour échangea des accents
avec les hirondelles d'un ciel bas
Accrochés à la benne
ils défilent entre deux haies de rêves
Être émet sur
une autre longueur d'ondes que le sang...

Gérard Noiret
Chatila




mardi 22 février 2011














Papa, Maman, les mots inutiles à présent...



En réponse à Mireille, car le deuil est uns "chose" si personnelle.


Les petites pages, tu les écris, entre deux gueules de bois, quand le soleil se fout bien de ta solitude et réchauffe les clodos de la gare.
Les petites pages, tu les noirci, seul, sur un coin de table de rade, face aux voies ferrées de la gare de triage en attendant le trains qui ne tardera pas à
maintenant à venir chercher le père pour son dernier voyage.
Il n'est pas plus Noël que le Premier de l'An et les guirlandes ont à mes yeux, l'allure de barbelé. La musique sortant de l'unique enceinte, accrochée dans l'angle du mur, envoie des gospels, mais c'est le froid de la porte qui me glace les pieds.
Deux Marocains trinquent à la bière. Ils ont de la chance d'être deux en ce jour de libations familiales.
" Tu te souviens Papa, au ramassage des feuilles d'automne, chez not'maître, comme il fallait appeler ce hobereau à lunettes cerclées d'écaille, lettré comme toi et qui te prêtait ses terres et sa forêt pour ramasser les feuilles d'automne dont on faisait les couches chaudes pour nos cultures horticole. Le travail étai rude. On gagnait peu. J'aimais ta compagnie, elle n'effaçait pas l'enfance si dure mais elle te montrait sous un angle plus humain."
C'est le Noël des tables opulentes, des sapins décorés et des petits enfants émerveillés, pour les autres
C'est maintenant le temps des Noël de solitude et dehors, la ronde des zombis qui cherchent un sens à tout cela dans une ville morte. A la porte des boulangeries pâtisseries, o,n se dirait revenus au temps du rationnement de guerre, des restrictions de pain, avec des queues interminables de gens frigorifiés venant chercher leur pain quotidien et, pour les autres, des bûches de Noël, des plateaux de petits fours, des chocolats fins, de quoi, se gaver, gaver et encore gaver tous les invités.
J'écoute la chanson de Graeme Allwright / Suzanne. Qui connait encore ce grand voyageur ? Sa voix douce, légèrement éraillée me renvoie quarante ans en arrière. Dieu, je n'ai pas changé, je suis toujours le même hobo, le même homme de mes vingt ans et je trouve la paix que dans la marche, le déplacement, le voyage. J'aurais aimé rencontrer Graeme Allwright aujourd'hui, jour de Noël, de solitude dans ce rade et partager un case-croûte avec lui dans ce café du Départ, non loin de la gare, avec le dernier train venu chercher mon père. Il aurait chanté sa mélancolie et moi je lui aurait raconté cette peine de voir partir mon père que ne me reconnaissait plus. Mais il a déjà rejoint la nuit sur les pentes de Saint Michel de Braspart. Il visite le Méné Bré, chante au Menez-hom pour tous les voyageurs. Alors, quand je sortirai d'ici, quand je retrouverai les rives du fleuve, c'est vers le vent que je me tournerai les gwerz de Youenn Gwernig. Peut-être y trouverai-je les couleurs de mon pays perdu et la voix de mon père quand il me disait au Chêne Ferron
"La remorque est pleine, nous avons bien gratté...Rentrons, mon fils, c'est bien comme ça, pour aujourd'hui...
Tu vois, les petites pages, tu les écris lorsque ta peine de le voir partir est trop forte, comme si l'écriture pouvait quelque chose contre la mort, comme si, elle n'était qu'un avant goût, comme si elle était une répétition du grand départ.
Il serait plus simple de se noyer dans un repas pantagruélique et laisser ce fardeau dans un coin. Telle n'est pas ma destinée. Il est urgent de reprendre la route, c'est elle qui mène au bout du chemin.

à mon Père, 25 décembre 2009

Je vais tourner une page dans un autre café, une halte, un rade, en compagnie d'inconnus. Il fait froid. Je suis transpercé et la mort fait son effet en moi. Il s'en va , mon père vers cet autre versant de larmes et je ne crois pas devoir prier un quelconque dieu pour sa longévité.
Il n'y a pas de place entre l'acceptation de sa souffrance et ma peine de le voir nous quitter. Les fausses paroles du toubib, m'atteignent, comme les bonnes et je ne vois pas pourquoi, ma peine devrait être secrète.
Il y a des solitudes plus lourdes que les ciels d'orage et des peines impossibles à dire. Il semblerait que ma vie va s'arrêter, aussi, à l'instant de l'adieu, comme il y a trente ans, pour maman.
L'heure approche pour tous, seconde après seconde et personne ne semble le savoir. Je suis maintenant orphelin, jusqu'à ma propre mort.

Roger Dautais

Ce texte non daté a été écrit avant le 15 février 2011 dans une sorte de vision de la fin.

Photos Land art : créations Roger Dautais.
La spirale a été réalisée lundi dernier, pour une commande d'une société de production parisienne, tournant un clip destiné à une publicité.
Sur la photo le réalisateur Matthias N.

vendredi 18 février 2011















à Raymond Anisten, mon ami..
.



C'est vivre et cesser de vivre qui sont des solutions imaginaires. L'existence est ailleurs.
André Breton



Si tu savais comme tu me manques, l'ami Raymond. Par ces jours de tempête et de lumière, j'aurai voulu que tu me raconta encore une fois ta vie. Tu savais si bien le faire. J'aurai voulu entendre ta voix, non pas comme au temps des courses folles dans les rues de Paris, non pas dans les cris , les hurlements et les aboiements de chiens policiers qui hantaient tes nuits, soixante dix ans après le drame, non pas dans les larmes de ta mère, ni de tes oncles, ni de tes tantes, ni de tes cousins, ni de tes cousines. Trente huit, tu répétais, trente huit, pfffft...partis en fumée.
J'ai vu tes larmes couler sur la plage d'Omaha Beach et la mémoire du sable en est à jamais emprunte.
Tu m'aurais raconté la rafle du Vel'd'hiv du 16 juillet 1942, la façon dont tu t'en étais échappé avec ton frère. Tu en riais encore de la farce faite aux bons gendarmes qui gardaient les moutons en route vers l'abattoir, l'holocauste, le mot qu'il ne fallait pas prononcer devant certains journalistes de la presse, ayant horreur des gros mots. Et toi, tu me disais, écris Roger, écris leurs noms dans les sables de Omaha Beach, Omaha la sanglante .
Le land art, tu ne connaissais pas et tu découvrais que tout art est porteur de message si c'est l'intention de l'artiste. Nous avions filmé, déjà. Tu te rends compte, moi qui ne sortait pas de l'IDEC. Et puis voila qu'aujourd'hui j'avais présenté un film dont nous avions parlé ensemble, deux ans avant ta mort : LA MÉMOIRE AMNÉSIQUE. Voilà que le film avait du succès, moi qui ne sortais pas de l'IDEC, trublion de la réalisation. J'aurai voulu que tu sois là, avec Jeanine à cette avant-première donnée à l'Amphi Pierre Daure de l'Université de Caen. J'aurai voulu te donner l'accolade fraternelle devant les 450 spectateurs, comme au bon temps, lorsque tu venais à mes expositions de photos,ou lorsque tu étais présent pour mes performances de Land Art avec mon groupe international PLAGES DE LIBERTÉ.
Tu leur aurait dit, toi, mon Raymond, mon frère, que je n'avais pas la grosse tête ,à tous ces faux modestes qui ne se réjouissent que des pâles succès. Des vrais masochistes de la création. Tu leur aurait dit que dans mon atelier d'art-thérapie, juif ou arabe, catholique, protestant, libre penseur, atteints par la maladie d'Alzheimer, ils étaient tous , mes patients, avant tout, respectables, respectés, jusqu'à la fin de leurs jours. Tu leur aurait dit que mon atelier ne conduisait pas des innocents dans les fours crématoires d'Auschwitz, par soucis d'eugénisme,mais que certains, de mes patients âgées de 85 ans et plus étaient toujours hantés par les horreurs de la guerre. Tu leur aurait dit que la promotion de mon film à la télé, dans les radios, et les médias, ce n'était pas pour attraper le melon, la grosse tête comme me disent ces aigris. Tu leur aurait dit comment Papa était mort le 15 février 2011, qu'ils avaient oublié, mais pas moi.Tu leur aurait dis, mon Raymond, touchez pas à Roger, c'est mon frère et puis...et puis, on aurait été boire un coup à leur santé, c'est çà la santé de la vie, à la santé de Jeannine et de Marie-Claude, d'Odette et Jacques, de Jean-Pierre et Mireille, de Lucien et Moïse, de Théo et Suzanne. Ma famille, celle qui dérange.
Bien sûr, tu n'es plus là. Tu es sur le chemin des étoile, celles qui embêtent le petit archi, tu sais, celui qui me demande toujours si je suis juif ?
ça m'a fait du bien de te parler et de t'écrire, mon Raymond. Sûr que le 25 février 2011 , dans la salle de cinéma du Cabieu de Ouistreham, lorsque nous présenterons notre film LA MÉMOIRE AMNÉSIQUE, à quelques centaines de mètres de mon atelier d'art-thérapie de la Maison de Retraite Rivabel'Âge, tu seras dans la salle, assis entre Marie-Claude et moi, parce qu'ils ne peuvent plus t'arracher de notre cœur et que dans mon porte-feuille, j'ai la carte de membre de l'association des enfants et petits enfants rescapés de la rafle du Vel'd'hiv, avec ta dernière signature , avant que tu ne sois mort,avant que tu ne sois parti retrouver les tiens, les trente huit membres de ta famille, raflés et passés aux fours crématoires nazi, les "éparpillés dans le vent". Pour moi, être artiste, c'est porter cette mémoire en moi, jusqu'à la fin du parcours et témoigner, témoigner que je suis ton ami, au-delà de la mort.

Roger Dautais




Texte de présentation de mon travail de landartiste sur le PORTAIL DU LAND ART( google)

Adepte de l'expression minimaliste, parce qu'elle me convient, j'ai choisi le Land Art, depuis dix ans, comme mode d'expression principal et complémentaire à l'écriture. Dans ma pratique journalière, devenir sculpteur d'éphémère, c'est réaliser, rêve après rêve, une rencontre au "coeur à coeur" avec la Nature. C'est au milieu des éléments, parfois éprouvants, qui la constituent que je trouve, l'équilibre et matière à nourrir mon imaginaire. J'arrive, ainsi, à faire prendre le relais de la parole et des mots dans la création d'une installation silencieuse et muette. C'est ma façon d'honorer cette Nature, si mal en point, d'y vivre malgré tout, en osmose avec elle. J'essaie de faire partager cette passion en rencontrant des publics divers, sans oublier ceux pour lesquels, privés de liberté ou de moyens, l'art devient médiation, autre façon d'approche singulière, lien d'humanité, tout simplement.

LE VOYAGE DE LA SPHERE

Délaissant, pour une fois, mes espaces maritimes favoris, qui se prêtent aux grandes installations, je me suis lancé dans un voyage de compagnonnage d'une année, avec une sphère végétale de ma création. Réalisée en coudrier, en aulne et en osier, je lui trouvais une telle énergie contenue dans ses courbes que l'idée me vînt de l'engager dans une route, une sorte de voyage initiatique, qui lui ferait connaître les quatre saisons et représenterait sa vie. Nous avons réalisé ce rêve, parcourant bois et forêts, mais aussi, la campagne, remontant les berges d'un fleuve, descendant les ruisseaux, arpentant les plages, sous la neige et par tous les temps. Cette sphère aura été le fil conducteur d'un voyage réalisé dans un carré de 30 kilomètres de côté. J'ai vu cette sphère, se modifier d'aspect au fil des saisons, alors que je l'habillais de couleurs locales. Je la trouvais "magique" et "magnétique " à la fois, cette compagne solitaire, qui me suivait à la rencontre du monde. Puis, considérant sa vie terminée, je l'ai brûlée le long du fleuve, avant d'y répandre ces cendres. Depuis, j'ai souvent raconté le Voyage de la Sphère, estimant que cette oeuvre éphémère englobait, la fabrication, le voyage, et l'évocation de sa mémoire. Roger Dautais

En Normandie, le 14 juin 2009



UCCELLI


Un soffio di vento

sruzzava

gocce d'inchiostro

ucelli vagabondi

sulla pergamena gialla

comme me immobile

del deserto.


(Alveare di specchi)


Les oiseaux

Un souffle de vent

aspergeait en nuées

de gouttelettes d'encre

telles des oiseaux vagabonds,

ce parchemin jauni

comme moi immobile

qu'était le désert.


Gina Labriola

jeudi 3 février 2011












à mon Père,
Lucien,

ses frères et soeurs,
Pierre, Théophane, Maria,Suzanne

tous partis rejoindre les étoiles.


Hier, j'ai reçu un cadeau de mon ami Driss. il m'a offert une phrase de John Lennon, imprimée sur un bout de papier kraft et que voici :
La vie c'est ce qui arrive quand on avait prévu autre chose.
Cela ressemblait tellement à ma vie dans ma pratique du land art, que je l'ai reproduite ici. Le texte que j'avais aussi prévu d'écrire pour cette semaine, je l'ai abandonné au profit d'un autre, parce que je le sentais, lui aussi , devoir être édité maintenant et pas plus tard.


Tu as voulu, au cœur de ma nuit, me parler des ténèbres, du sol brûlant et des os brisés par les bombes. Tu m'as voulu, témoin du sang versé dans les sables, des rivières pourpres qui s'étendaient des plaines du Jourdain aux sables l'Omaha beach. Tu m'as voulu, agneau du sacrifice, enfant soldat, vieux, porteur de bombe. Tu me disais le dieu d'amour. Par trois fois, je te remerciais et te disais que les noms de Moïse, Ahmed, ou Théophane, n'étaient pas musique céleste.
Ils verseront le sang en son nom, se fabriqueront des médailles et chanteront la paix. Ils armeront le monde, défieront l'hiver et le froid, la jeunesse, ou l'histoire. Ils élèveront des murs de la honte, entre les peuples, briseront les os de l'enfant dans les bras de sa mère. Il assisteront dans la prière, le frère agonisant, tiré par un sniper. Ils oublieront, eux-même, leurs tirs meurtriers sur les populations civiles, de l'autre côté de leur conscience, de l'autre côté du mur...
Casques lourds,turbans, bérets , kippa, couvre-chefs, vous signifiez l'appartenance et vous partez en guerre contre le genre humain.
Dans les cendres des camps, s'envolant au vent de Pologne et d'ailleurs, au cœur des rivières pourpres qui s'échappaient de moi, cette nuit, j'étais résistant Afghan, ou mort Pakistanais.
Ici, je suis, l'enfant Hiroshima. Je suis l'homme, la femme, l'enfant, réunis dans le silence de mort après explosion fatale.
Je suis la mémoire vivante de holocauste, le chant du muezzin, le cri de la mère qui accouche sous les bombes.
Je suis l'enfant de toi, errant sans espoir comme Yéudi, Mosché, Pierre, Abdalghani ou Mouloud.Je suis fatma, accouchant en plein désert dans les mains d'un berbère. Je suis la tombe blanchie de chaux,de Matmata, de Sfax ou Kairouan. Je suis le ciel, la terre, le feu. Je suis la vie mourante, la mort en vie qui déambule et vient me dicter sa loi.
Ô morts, venez en moi, sonnez trompettes de Jéricho. Je suis serviteur et il m'importe de savoir.
Demain, lorsque le jour se lèvera, mon frère, tu mourras à ton tour, comme je suis mort au cœur de cette nuit. Demain, tu te te lèveras et tu proclameras, dieu est mort, dieu est mort, comme Elie.
Sauve toi, Elie sur le Cheval Crayon. Sauve les enfants du monde, dans cette nuit étoilée où tu es venu me visiter. Les larmes d'Israël ont gonflé les vagues d'Omaha Beach. Le sang des frères a coulé, ici. Les cendres sont toujours brûlantes à Auschwitz, malgré les marées d'équinoxe.
A qui la faute
à qui la gloire
à qui l'espoir
à qui le mur
à qui les bombes
à qui l'enfant soldat
à qui la veuve
à qui l'enfant soldat,
à qui les larmes,
à qui la veuve ?
L'adieu aux larmes est nécessaire. Les armes tomberont et le bûchers de la paix s'élèveront sur les ruines du mur.
Il importe que l'enfant, blond ou brun, naisse d'une mère en paix et non d'une louve ou d'un chacal.
Il importe que dieu renaisse pour qui ose encore y croire.
Il importe que je naisse à chaque seconde pour mourir à la nuit qui coule en moi.
Les étoiles sont comptables de mes nuits blanches et mon amour est mon aimée, tout simplement, jusqu'à la fin de mes jours.

Roger Dautais





agrandir
ton cercle
aviver
ta lumière
être plus
c'est à cela
que tu t'employais
mais ton centre
a éclaté
et tandis que
tu prends conscience
des ruines qui te peuplent
tu découvres
que rien
ne demeure plus
de ce qui
jusque là
t'éclairait.

Charles Juliet
Approches II



Dos-je me détourner
déposer mon sac
dresser mon bilan


devenir sable et cendres
le fécond sous-sol
où cheminait l'eau
qui dévalait
de mes sources.

Charles Juliet
Approches II

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Landartiste, photographe, auteur de livres pour enfants, Roger Dautais est aussi un artiste atypique, sensible et attachant.Il a sû, dans la diversité de ses expressions, trouver une harmonie par la pratique quotidienne de cet art éphémère : le Land Art. Il dit "y puiser forces et ressources qui lui permettent, également, depuis de nombreuses années, d'intervenir auprès de personnes en grande difficulté ( Centre de détention pour longues peines et personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer) pour les aider par la médiation de l'art.