La vie, comme elle va

"S'il suffisait de lire comme dans une bulle de cristal, alors, ce serait, facile.Mais il faut vite déchanter, prendre la route, sac au dos et marcher, toujours marcher pour oublier ce que l'on a déjà fait, ce que l'on va faire. Il faut attendre que la nature nous prenne et nous ouvre sa voie. C'est une progression incessante, pour de si petites choses".
Roger Dautais . Septembre 2009

Un voyage étonnant au cœur du land Art

vendredi 27 avril 2012











Toubib, réservez-moi  une chambre avec vue sur le Havre...


Cette fois, c'est du sérieux. Je suis allongé dans une ambulance qui  m'amène aux urgences de CHU. Présomption d'infarctus  m'a dit le médecin avant  d'appeler les secours. Je passe  un dernier coup de téléphone  à ma femme et je me laisse emporter par mon destin. Nous passons  au travers des quartiers et je vois les tours défiler,  une  à  une. La tête me tourne. La route est mauvaise et je suis bringuebalé sur la civière. Je pense  à tellement de choses. Un chaos fait de d'un  mélange de peur, de résignation et d'espoir. L'arrivée aux urgences ressemble  à ce que l'on  peut imaginer. Des civières partout, entassées le long des murs avec des gens qui attendent, certains perfusés. Aucune plainte ne s'élève de ce groupe d'allongés. Les ambulanciers doublent tout le monde et s'engouffrent dans une pièce séparée en 9 box par de grands rideaux de  plastique, réservée aux urgences cardiaques. Dans la minute qui suit, c'est la prise en  main  par l'équipe médicale sous la direction d'un toubib, assez sympa. Prise de sang,  perfusion, électrocardiogramme,  échographie. Je suis ces examens dans l'inquiétude. Je voudrai savoir. Je vais savoir très vite. 
-Le médecin de garde et responsable des urgences, s'approche de moi. Il  me met la mains sur l'épaule et me dit:
- mon vieux, vous avez fait une très grosse connerie en ne venant pas plus vite. Vous avez fait un  infarctus. Il  y a du dégât mais on est la pour vous réparer,  on va vous réparer.
On ne peut être plus précis. Un tel diagnostic  me glace.
Oui, j'avais des inquiétudes par rapport  à  mes forces qui me lâchaient souvent, dans mes sorties land-art, seul, dans la nature. Je m'allongeais sur le dos, regardais le ciel et étendant que cette douleur s'en aille,  et que me revienne  un souffle nécessaire  pour rentrer. Des mois comme ça, mais sans imaginer que mon cœur lâcherait.Et  puis mon médecin traitant me disait que c'était rien, sinon  l'âge. C'est merveilleux parfois, les médecins.
marie-Claude est entrée dans le box. Plus rien ne pouvait m'arriver. J'ai vu son regard bleu,  j'y ai  lu son amour. Elle m'a embrassé et  pris par le bras.
- Alors?
- Infarctus.
- Ils te font quoi ?
- Je ne sais pas encore.
- Tu vois, je te disais
- Je sais.
Le médecin est revenu me voir
- On va vous garder,  mon vieux,  vous montez en réanimation -cardio, au 20 ème
- Dites, toubib, réservez-moi  une chambre avec vue sur le Havre
- OK, ça marche.
Lorsque je suis arrivé dans ma chambre, puis branché de partout, j'ai regardé  par l'étroite fenêtre  du  bâtiment, il  pleuvait. Le lendemain   matin, sous  un beau ciel dégagé,  j’apercevais le Havre,  me disant que la chance était avec moi.
Une semaine plus tard, je rentrais  à la maison après avoir été opéré le jeudi. Je fais ma première sortie demain, mais compte tenu des "dégâts" je ne sais pas quand je recommencerai  à pratiquer le land art. Un jour ? Je l'espère. Différemment, oui, c'est certain. Je ne peux oublier que le land art représentait  un grande partie de ma vie depuis 1998. Mais il faudra rééduquer  mon cœur, avant tout.

J'ai voulu fermer ce blog, incapable depuis le 8 avril d'éditer une nouvelle page et puis j'ai vu que vous continuiez  à le visiter, alors je continuerai aussi  à  l'animer  pour vous.

Merci de votre présence et à bientôt


Roger Dautais





Urgence

Il faut parfois que cesse le visage
que s'insurge le nœud
c'est l'heure du vêtement mouillé
qui crie la faim et la peur.

tu arraches ton élan
tu couvres la  bête et tu t'y enroules
comme pour mourir

et depuis l'espace lacéré de ton  haleine
tu réécris le pacte de vivre
le nom de ta peau
ton  poème tendu de questions.

Guy Allix

Retrouvez  l’œuvre poétique de Guy Allix   :   guyallix.art.officelive.com/poemesguyallix.aspx

lundi 2 avril 2012


































































































































Le printemps n'est pas une saison comme une autre
.



Chaque sortie me pose le même problème. Par où vais-je me diriger aujourd'hui et c'est bien la météo qui me guide. Il y a quinze jours, malgré un vent bien établi, j'ai tenté de rejoindre les plages et il faut dire que mon travail en fût contrarié. J'ai beau aimer cet environnement, j'avoue que manger du sable n'est pas mon repas favoris. Ainsi, la semaine dernière, je me suis retrouvé, à la campagne, le long d'un fleuve, près d'une fontaine en pleine ville, dans les zones de chasse des gabions, et en forêt. J'ai rencontré quelques personnes et parlé avec eux de ma pratique du land-art mais la plupart du temps, je me suis retrouvé seul et souvent sans aucun bruit de voiture ou autre, simplement accompagné du chant des oiseaux et des premières grenouilles dont le cri, repris en nombre me parût vraiment stressant.
Le premières fleurs sauvages apparaissent suffisamment en nombre pour pouvoir envisager, à cette époque du Printemps, une cueillette qui servira dans une installation, sans que cela n'abime ces ensembles. Si la floraison est trop maigre, je m'abstiens et trouve autre chose.
Arrivé sur un lieu, je peux imaginer atteindre tel ou tel but, mais je me laisse porter par l'inspiration du moment et pratiquement , à chaque fois, je me lance dans une installation née de cette disponibilité d'esprit. J'arrête ma progression, observe, écoute et décide d'entreprendre une installation" in situ" Je ressens alors, pendant la pratique, une libération profonde, un lien essentiel à ma vie, partagé avec une nature généreuse qui me permet tant. Je pense ainsi, mieux la comprendre et saisir au mieux la notion d'éphémère qui se rattache au land-art et que certains ne comprennent pas ou bien, arrivent à nier. J'essaie de saisir cette différence de point de vue. Je l'explique par le fait que ces personnes pratiquent le land art le Dimanche, quand ils peuvent, alors que pour moi, c'est une démarche quotidienne. Mais ils pensent ce qu'ils veulent et moi aussi.
Le land art étant déclinable à l'infini, il me permet de passer des travaux de force, ici je pense aux cairns, aux petites installations qui ont occupé mon temps, il y a deux semaines passées. Pour moi, c'est très lié à mon état de santé qui est fluctuant depuis mon accident de voiture, même si cela va mieux. C'est un vrai plaisir de varier les sujets et parfois, comme je l'ai fait, il y a plusieurs années, après avoir trouvé un jeu de Scrabble le long d'une route, ouvrir une parenthèse et réaliser des créations plus libres et amusantes pour moi, même si cela a été de courte durée. Malgré tout, ces installations gardaient un vrai lien avec ma vie d'art-thérapeute, par exemple travaillant auprès des personnes âgées atteintes par la maladie d'Alzheimer.
Je suis sensible aux mots et considère le land-art comme une autre sorte d'écriture dans la nature, avec ses codes et il m'arrive encore de faire apparaître de vrais mots qui me suivent tels que : Liberté. Frontière. Lire. Écrire. Peace and Love. où de plus longues phrases empruntées au poète Youenn.Gwernig. C'est aussi un échange entre ma mémoire et celle plus ancienne de la Nature. Rien de plus mais cela me paraît si essentiel.
Cette semaine, je reprendrai la direction des plages.

Je vous remercie de votre fidélité au CHEMIN DES GRANDS JARDINS, qui continue de remporter un très beau succès auprès de vous.


Roger Dautais

Seules les cinq premières photos sont choisies dans les installations réalisées la semaine dernière






Si
se souvenir du futur
est nécessaire
ne pas négliger pour autant de
prévoir le passé
toute la question étant de venir
à bout du présent

afin que
puisse être viable
chaque seconde de la durée
de chaque jour.

Gérard Prémel

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Qui êtes-vous ?

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Landartiste, photographe, auteur de livres pour enfants, Roger Dautais est aussi un artiste atypique, sensible et attachant.Il a sû, dans la diversité de ses expressions, trouver une harmonie par la pratique quotidienne de cet art éphémère : le Land Art. Il dit "y puiser forces et ressources qui lui permettent, également, depuis de nombreuses années, d'intervenir auprès de personnes en grande difficulté ( Centre de détention pour longues peines et personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer) pour les aider par la médiation de l'art.