La vie, comme elle va

"S'il suffisait de lire comme dans une bulle de cristal, alors, ce serait, facile.Mais il faut vite déchanter, prendre la route, sac au dos et marcher, toujours marcher pour oublier ce que l'on a déjà fait, ce que l'on va faire. Il faut attendre que la nature nous prenne et nous ouvre sa voie. C'est une progression incessante, pour de si petites choses".
Roger Dautais . Septembre 2009

Un voyage étonnant au cœur du land Art

vendredi 22 septembre 2017

En espoir de retour  : à Patrick Lucas*
Le  point final  :  à Guy Allix
Route 74. Le dernier jalon  :  à Serge Mathurin Thébault
Déchirure  blanche  :  pour Marie-Josée Christien
Nés en  mer :  pour Erin
De  pierre et d'eau  à Rossichka, Nadezda et Noushka, pour leur petite  musique de l'âme.
Liste noire  à Lampedusa;  :  pour Mémoire de Silence
Gémellité:  pour Synnöve et Ruma
Guetteur de marée :  pour Joelma ( A.T.D.Judas)
La  longue marche  :  pour Bernard Moitessier
Autrefois, l'Afrique  :  pour Christian cottard
12 vie  à Lampedusa : pour Fifi
Le rappel  :  pour Pastelle
L'insoumis de Saint Phil.:  pour Anne Le Maître
Palpitation rouge   :  pour Marie
Pour toujours... : A Baboon, chien fidèle 
Trait-d'union :  pour Rick Forrestal

Un  homme est riche de tout ce dont  il  peut se passer.
H.D.Thoreau


à Marie-Claude


Lundi
Suis-je vieux, maintenant,  ou simplement un passager du temps, approchant  du terme ?
Exister, demande la plus difficile des acceptations, celle de  mourir  à terme. Ai-je le droit de me laisser  envahir par mes silences, jusqu'à l'ivresse ? Je le fais.
Mardi
Le calme de  l'océan a disparu au moment de la renverse. Je  l'ai constaté  au remous de la première vague  frappant l'estran. Brassage de  galets,  à vif. Je viens de terminer ma  énième série sur  l'exil, celle  où je fais parler  les  pierres de la mémoire. Mémoire sacrifié des migrants de Lampedusa. Je connais la  puissant vague d'oubli qui nous frappe l'esprit, après chaque tragédie. Perché sur  un rocher, mes personnages vivent leur destin. Au fond de la Méditerranée,  Nafy,Mohammed, Onnab, Hiba, Zanouba, Zayane, Zakia et des  milliers d'autres que nous avons refusé. J'ai dressé  des  pierres jusqu'à  user toutes mes forces pour dénoncer  ce scandale.Ce ne sera jamais fini et d'autres doivent prendre le relai.
Mercredi, 
J'ai rendu visite  à Bernard Moitessier, en sa dernière demeure, au cimetière du Bono, au  pied de son  palmier.Il sut, en son temps, refuser  les honneurs dus  à son exploit de tour du monde en solitaire, a bord de son mythique Joshua. Il considérait que la liberté valait  mieux qu'une  breloque. Une fois passé la  ligne d'arrivée en vainqueur,  il continua sa route sans s'arrêter. Bel esprit de résistance aux trompettes de la renommée.Son livre de  bord, La longue route, est un de  mes  livres de chevet préférés.Il   m'accompagne sur ma route de land art
Jeudi
Silhouette d'outre Atlantique : Erin
Je ne  l'ai jamais vue autrement qu'une  ombre opalescente,  une présence  intimement  liée au paysage, un regard  posé entre passé et futur, mais  nous sommes devenus amis.
Vendredi
Je suis emporté par le  mouvement  de  l'existence  humaine. Jours de disette  où  j'accomplis, malgré tout, mon destin. Les vagues frappent la côte de Kerpenhir, en cadence, drues,  têtues, avec force. Je sens vibrer la roche sous mes  pieds.Face au vent,je rejoins  la vie qui se love dans ces  petits instant de temps  long. Je ne céderai  ma  place  pour rien. Fabriquer des cairns,  ici,  est une belle gageure, mais les réussir,  une grande  joie. Il ne s'agit pas, ici,  de chercher  l'original, ou la flatterie vile mais  l'épaisseur et la profondeur de ma vie qui me branche avec la nature.
Samedi
Je relève le col de  ma veste de quart et  lève les  yeux au ciel. Je tente  une  ultime négociation : il  pleut depuis 12 heures sans  interruption,  pourriez-vous chasser tous ces  nuages, d'un seul coup de vent?
Les oies bernaches  ont fini  par décamper  pour de bon.
Rien...Aucune réponse...Le ciel est toujours vide au-dessus de moi. Je reprends la marche sur le chemin douanier. L'embellie a fini par s'établir alors que je suis  trempé  jusqu'aux os et transi de froid. Ah qu'il me fait mal, ce  premier pierrier. Je suis comme un enfant retrouvant son terrain de  jeu. Je n'ai d'enfant que les yeux du rêve.../
Non, le land art ne se  pratique pas dans  un salon. Il est  pour  moi, le  prix d'une vie.
Dimanche
Travailler sur  un cairn en voie de disparition, c'est un peu faire  mon  auto-portrait.
En équilibre dans les falaises de Ty Bihan,  à Carnac, je  m'absente du monde gris; Le rêve permet cette absence salutaire qui, elle  même, permet  une vison de la nature, toute différente.Cette vision disparaît dès que  le rêve s'interrompt.
 Cette technique  me fut donnée  par  mon ami, Peter Irnik, chaman  Inuit de son état,  lors de son  voyage en France au Mémorial Canadien Juno Beach (Courseulles sur Mer) Normandie. Il était chargé de ramener les âmes  indiennes, tombées au combat lors du débarquement de la seconde  guerre  mondiale, sur leurs  terres amérindiennes,  par la médiation d'un  Inuksuk, construit  par lui, en ma  présence. Une telle rencontre marque une vie.
 Sur la route du land art, je suis toujours en  partance, sans  idées  préconçues. C'est cela,  l'esprit de découverte.
Roger Dautais

                                                                           ***

Ce texte clos la route 74. Je serai heureux de  lire vos commentaires. Je  pourrai  le faire  jusqu'au Jeudi 28 septembre, à midi. Je serais ensuite admis  à l’hôpital puis  opéré le lendemain. La période  poste -opératoire sera difficile  à vivre et je ne sais ni quand  je reviendrai, ni dans quel état. Merci à vous de  m'avoir soutenu de votre amitié. J'espère  un jour, ouvrir la route 75, si je le  peux. Je vous embrasse  bien amicalement
Roger Dautais

                                                                           ***

/..."  Nous voulions seulement rameuter
       les aubes  primitives
       et capturer  l’extase
       de  l'alouette
       au fond du dé  à coudre de  nos pensées.)
Sylvie Brès

Tu les entailles
au diamant
tes mots
tu leur voudrais
tant d’éclat
mais les voilà qui saignent
et rien ne peut arrêter
cet épanchement. 
Sylvie Brès  1954/2016

(Cœur troglodyte,Castor Astral, 2014)




*Patrick Lucas
Auteur,  poète,  photographe 
"Terre d'asphalte"
E et D éditions Mai 2017
" Vraiment  un rêve dans  un monde  bleu, serein,  plein de  beauté"  ( Araceli,  bloggeuse )

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Landartiste, photographe, auteur de livres pour enfants, Roger Dautais est aussi un artiste atypique, sensible et attachant.Il a sû, dans la diversité de ses expressions, trouver une harmonie par la pratique quotidienne de cet art éphémère : le Land Art. Il dit "y puiser forces et ressources qui lui permettent, également, depuis de nombreuses années, d'intervenir auprès de personnes en grande difficulté ( Centre de détention pour longues peines et personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer) pour les aider par la médiation de l'art.