La vie, comme elle va

"S'il suffisait de lire comme dans une bulle de cristal, alors, ce serait, facile.Mais il faut vite déchanter, prendre la route, sac au dos et marcher, toujours marcher pour oublier ce que l'on a déjà fait, ce que l'on va faire. Il faut attendre que la nature nous prenne et nous ouvre sa voie. C'est une progression incessante, pour de si petites choses".
Roger Dautais . Septembre 2009

Un voyage étonnant au cœur du land Art

mardi 20 novembre 2018

Passion d'estran  : à Marie-Claude
 
 
 
La mémoire s'ensauvage et se rebelle
lorsque l'âge s'impose dans la dernière ligne droite.



.../Je continue l'exploration des lieux et je pense à ces vers de Xavier Grall qui me sont parvenus d'une artiste Dinannaise:
Viens en cette Bretagne ancienne /Je plaide pour l'homme nouveau /Je chante la route, le cercle, la danse /Je dis le retour de la fraternité.
Après ceci, je ne peux me tromper de geste. Les pierres s'accoupleront au chêne mort, ou bien entre elles, les sables serviront de linceul aux vaines pensées car l'enfouissement des souvenirs demande beaucoup de précautions si l'on veut, garder une chance de les retrouver.
La mémoire s'ensauvage et se rebelle lorsque l'âge s'impose dans la dernière ligne droite. Garder un peu d'images pour nourrir mes racines avant la bascule fatale. Les cairns montent, issus de la terre. Il faut assurer leur langage. La maladresse d'un mot, d'une pierre mal posée,une bousculade, un retard et voilà l'oubli qui règne en maître aux Sept Îles et nous ressert des plats vides et froids. On n'invite pas les morts aux festins virtuels, ils n'aiment pas ça. La mer est froide, l’exercice périlleux. La solitude habitée des vers de Grall n'est pas là pour arranger les choses. Aucune thérapie ne peut l'éradiquer. La progression se fera entre les hauts murs de la mémoire, les cris entendus, les cadavres rigides et bleus. Les descentes aux enfers tatouent le cœur de stigmates aux fers rouges. Puisqu'il faut se perdre offrons au soleil les dernières pierres froides. Qu'il les transforme en or au regard de l'enfant qui partagera sa joie avec son père.
Ici tout est permis puisque l'esprit divague et se laisse enchanter par la poésie des lieux. Aux rides profondes d'une pierre plate, j'ai osé ajouter quelques couleurs vives et les chemins de traverse m'ont emmenés jusqu'au bout de la nuit, danser au Sabbat du mont d'Etemclin, en attendant le solstice d'hiver.../
Roger Dautais
Notes de land art pour la Route 75

LE CHEMIN DES GRANDS JARDINS
http://rogerdautais.blogspot.com/

Photo : création land art de Roger Dautais
"Passion d'estran " à Marie-Claude
Presqu'île de Quiberon
Morbihan - Bretagne


*


dans les jardins paissent les morts

dans les jardins paissent les morts. ils se redressent
quand ils crient.
ils ne crient pas. personne les a entendus.
ils nagent dans l’herbe.
sur le dos nagent.
ils ne tournent pas leurs mains
seulement le menton.

tôt dans la rosée ils rient se vautrent en tous sens
quelques-uns boxent ensemble.

à midi ils se recroquevillent crabes sur le sol.
le soleil les martèle à plat. leur couteau
entaille le ciel par-dessous.
ils ne saignent pas. l’argile
les cuirasse. sur le dos
ils se défendent contre les jets de pierre d’en haut
et détournent la tête
quand une étoile s’abat entre eux.

Source : Franz Mon :

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Landartiste, photographe, auteur de livres pour enfants, Roger Dautais est aussi un artiste atypique, sensible et attachant.Il a sû, dans la diversité de ses expressions, trouver une harmonie par la pratique quotidienne de cet art éphémère : le Land Art. Il dit "y puiser forces et ressources qui lui permettent, également, depuis de nombreuses années, d'intervenir auprès de personnes en grande difficulté ( Centre de détention pour longues peines et personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer) pour les aider par la médiation de l'art.