L'image d'un monde : pour Paul Quéré |
La maison de mon père : Pour Henri Droguet |
Les révoltés du Loc'h : pour Leeloo |
L'offrande à l'hiver : Pour Maïté /Aliénor |
Zénitude : pour Danièle Duteil |
Après la tourmente : pour Pastelle |
Les isolées : pour Serge-Mathurin Thébault |
Lampedusa story : Pour Isabella Kramer |
Le tour de l'île Stuhan : Pour Kristina |
First frost : pour Marty |
Banc de solitude : Pour Jacques Koskas |
Cœur d'hiver : pour Denise Scaramai |
Le vertige de l'âge : pour Odile Bossard |
Le souvenir de toi : Pour Rick Forrestal |
Parole de pierres : pour Marie-Josée Christien |
Passion d'Estran : pour Marie-Claude |
Couvaison blanche : pour Camino Roque |
à Marie-Claude...
Des sept îles à l'île de Stuhan, d'un tombolo à l'autre, j'avance vers le bout de l'an. Entre le difficile et l'inutile, comme le chante Félix Leclerc, je marche vers la conclusion. Le monde va mal et je marche. Je ne sais pourquoi, un vol d'oies Bernache me suffit pour ressentir la vie qui bat en moi.
Je dois être attentif à la renverse de la marée, qui me cernerait, pris au jeu des cairns. Encore un, s'il vous plait. La mer n'attend pas, ni la vie.
Trois jours que je consacre à la cueillette des graines de ruscus au rouge intense en cet hiver où les couleurs vives se font rares. De l'aube au crépuscule, d'un chemin creux à l'autre, je guette la goutte de sang qui perle sur la feuille piquante. J'ai les mains lardées. En fin de journée, descendant vers l'estuaire du Sal, la nuit vient me surprendre et j'aime ce jeu de la peur ancestrale où tous les repaires disparaissent. Reste le souffle un peu court, le pas hésitant, l'appel des chiens dans le noir, la découverte de l'eau, miroir du village sur l'autre rive, la marche du retour vers toi et ce précieux trésor gardé dans un sac de toile, pour de futures installations.
72, soixante douze hivers pour retrouver la peur de l'enfant, dans le grand jardin de mon père. Sous terre, les sentiments passent encore même lorsque l'horizon reste un souvenir.
Le froid est arrivé un matin de cette semaine, brutal, moins 8°. Toute la campagne est blanche. Il me faut retrouver ces sensations du travail au froid. Celui qui transperce, qui fait mourir, en France, ces jours-ci. Je me consacre à de petits travaux. En trente minutes à peine, je ne sens plus qu'une brûlure au bout des doigts. J'ai du mal à saisir ces boules de ruscus, que j'aligne sur la pierre pour traduire une idée. Je dois retrouver ces sensations pour comprendre l'hiver en moi et j'y arrive. L'engourdissement d'un corps, par le
froid est très rapide. Travailler, penser, tout devient plus difficile. Je n'aime pas cette annonce des morts par le froid, des sans domicile fixe.
Non, le monde ne va pas bien et je marche. Je marche pour me sentir en vie, pour dire avec mes pierres, le scandale de Lampedusa. A genoux sur le sol gelé, je pose mes ultimes installations. Viennent en moi ces idées d'opulence et de peu. Trop pour certain, si peu pour d'autres. C'est une colère glaciale mais qui ne résout rien.
Entre deux absences de toi, le jour s’effiloche Je marche droit devant. L'île de Stuhan accroche les derniers rayons de soleil. L'hiver de ma vie, je le passe, en marchant vers la mer. C'est mon lot, ma solitude de coureur de grèves, avec dans ma tête le souvenir de ton sourire, la bas, dans notre maison, au milieu des terres noires. Je ferai demi-tout, lorsque le temps sera venu, après les cairns, la salutation au soleil de Carnac, de te retrouver. Mais la vie continuera sans attendre personne, à dérouler son destin. Carpe diem.
Roger Dautais
31 Décembre 2014
Meilleurs vœux à tous les lecteurs du CHEMIN DES GRANDS JARDINS et à tous ceux , nombreux qui se sont exprimés ici, par les commentaires, tout au long de cette année.
Je m'immobilise
pour ne pas détruire
la furie des atomes
La hâte
égare
la précision des sens
consume l'éveil.
Marie-Josée Christien
mariejoseechristien.monsite-orange.fr/
Ile précaire
A Guénane
Mais cela même
Ton nom sur la page
Comme une île infiniment
Comme une île tout au bord
Le temps à peine…
L’écriture comme un regard
S’injecte du sang nécessaire au souffle
Ton cœur s’écarquille aux quatre vents
Guy Allix
Ile de Groix, été 2007.
guyallixpoesie.canalblog.com/