Les cardinales des sept Îles : pour Marie-Claude |
Identité : pour Sylvie (Epamin') |
Identité ( Évolution n° 2° ) : pour Partick Lucas |
Le rescapé : pour Rick Forrestal |
L'adieu aux siens : pour Guy Allix |
Composition celtaoïste : pour Paul Quéré |
Rêve de grives : pour Fifi |
Azimuts : pour Marilyse Leroux |
Les ombres : pour Annaïg et Gwenola Gwernig |
Breizh : pour Alain Jégou |
Les libertaires : pour Isabelle Jacoby |
Mandala de Brec'h : Pour Joëlle Mandart |
L'échappée rouge : pour Gine |
Les cupules : Pour Lune |
Le chemin vert : Pour Christian Cottard |
Spirale
A Kerpenhir, la mer cache sa violence, mais je connais ces rapports déchaînés avec la terre. Il faut l'aimer ou la fuir. Chacun défend son territoire. Le cri d'un cormoran poussé contre les hommes, indifférents à sa vie, me remet en place. Face à l'océan, la pensée se dilate, libère l'imaginaire mais l'auto-censure n'est jamais loin. Pas de concessions à faire ici. Les ondes en retour bombardent mon cerveau comme des radiations de chimio.
Vacillement du corps pris entre l'absolue nécessité de mourir et l'obligation de se sentir vivant. Pour aussi de trahir l'idée première par des postures ordinaires. Je rêve de mandalas s'épanouissant comme la fleur de lotus au premier matin de son existence.Je cherche la clé du songe.
Il faut s'allonger sur le sable, attendre la marée montante. La flottaison sera la réponse sensible et visible.
L'arrivée de l'eau galvanise mon idée. Le froid me découpe n lambeaux comme l'oubli des miens. Je n'ai aucun droit à revendiquer sur cette plage, aucune plainte à porter en ce moment délicat. J'ai simplement quelques instants délicats à partager avec elle, la mer.
Plus tard,j'irai aux Sept Îles, donner naissance au mandala d'hiver, plus tard, retrouver les rives du Loc'h pour des installations délicates.
Maintenant, je touche ici, à l'irréversible conclusion, celle qui accompagnera mon idée de création : la mort annoncée de cette spirale éphémère à qui je vais donner la vie.
To the sea
De la mécanique des plages, j'ai retenu sa sauvagerie totale, précédent l'accalmie. Le cisaillement répété des lames de fond qui accouchent des vagues mordeuses, destructrices du trait de côté, est clandestin, sans pitié. En cette fin Décembre, la plage est vide. Elle garde en mémoire, des corps allongés, parallèles, sous les parasols rayés, souvenirs ensablés d'amours adolescentes. Décoiffés par les vents dominants, les dunes chauves attendent la repousse des oyats.Elles se sentent abandonnées, trop vieilles,trop vides, trop frigides.
J'entame le sable de mon pied gauche et commence à tracer une spirale. Durée du voyage 1 heure et 15 minutes.Circonférence plus importante que d'habitude : 54 mètres. Sable granuleux, contenant quelques pierres ralentissent mon tracer en déportant mon pied gauche de l'axe de progression. Vent frais. Mal aux jambes. Soleil absent. Le gris domine. La mer approche, sûre d'elle, vorace. Elle attaque la spirale terminée dix minutes après la fin de mon travail. Elle la déguste comme un gros gâteau. To the sea , mon dernier cadeau de l'année pour elle. Dans quatre jours, j'aurai 72 ans.
Mare Nostrum
Ils ont quitté leur terre d'Afrique dans l'espoir d'une vie meilleures. En 20 ans d'exil 20 000 morts. Beaucoup par noyade. Mare Nostrum, cette Méditerranée commune à tout de civilisations est devenue une fosse commune. Dans les falaises de Ty Bihan, je fais une place dans ma création pour réaliser à leur mémoire, une scène comprenant 25 personnages, hommes femmes ou enfants , rassemblés symboliquement sur cette roche. Ils auraient pu s'appeler Lima, Ahmad, Senhareed, Majd, Ghaith, Jibari, Jahi, Jafara, Geb, Gyasi, Ayana, Amare, Dawit, Gabra, Numa, Aatifa, Zula, Azzeza, Iggi, Nasih, Boussena, Faouzi, Nahla, Youta, Anissa..
Roger Dautais
On ne s'habitue pas
à se dissoudre
dans la nuit qui monte
pour tenir
on se retire plus loin
on essaie de ruser
pour unir ce qui nous déchire
sans comprendre.
Marie-Josée Christien
mariejoseechristien.monsite-orange.fr/
***
Le temps pour toi
me semble recourbé
Forme échouée, un peu
le poisson mort rendu par le filet.
sa gueule bée sur un son
étouffé.
Michel Dugué
" Tous les fils dénoués "
Editions Folle Avoine 2014