à Youenn Gwernig.
"Qui sait si je ne retrouverai pas derrière cette porte de bois, les fantômes de Kerouac et de Gwernig en goguette. Après la dernière tempête de cet hiver, la mer avait été généreuse sur toute les côtes de la Manche. La laisse de mer, telle une langue longue et humide avait apporté des morceaux de choix jusque derrière les dunes plantées d'oyats: parmi les bois flottés, une magnifique porte, vite plantée dans le sable et dressée comme un menhir, dans cet endroit désert, à l'entrée du grand trou noir : le royaume des morts. D'un côté de la médiatrice , les vivants et de l'autre côté, les disparus et leurs paroles de vent.Je sculptais un gisant dans le sable mouillé, juste derrière la porte, avant de jouer la scène. Je suis parti des dunes, dans une marche orientée. Arrivé à la porte, j'ai frappé trois fois et je suis passé dans le trou de la porte. J'ai salué le gisant et j'ai repris ma route. J' entendais la voix de Youenn Gwernig, m'encourager de cette phrase écrite par lui, que je connais par coeur :
"Car il faut que chacun compose le poème de sa vie".
J'ai marché, marché sans me retourner, comme un aveugle emporté vers le large, dans les pas de l'exilé". Roger
Dautais "An Toul en nor : Le trou dans la porte". LE CHEMIN DES GRANDS JARDINS