Petit bassin du parc |
Occurrences rouges |
Rencontre au marais |
Elle s'appelait Maud |
Sur les pas des sidérurgistes |
Cairn à marée montante |
Vies parallelles |
Flottaison d'Août |
Banc de solitude |
Quiétude |
Au cœur de la ville |
Fracture sociale |
Diagonale d'août |
à Patrick Lucas, cette page d'été*
Qui me rappellera mieux l'enfance que les griffures de ronces et mes genoux écorchés que l'eau froide d'un ruisseau, bienvenue sur mes plaies. J'ai sans doute gardé un pied dans mon enfance mais l'écuelle avec ses deux oreilles où je buvais du lait chaud est bel et bien bien cassée. Belle et bien éteinte la voix de la mer en écume de Saint-Malo du côté du Grand Bé. Il est revenu le temps de la disette et des faux souvenirs d'été en soleil. Il faut laper le sol aride et sec comme un chien abandonné et trouver un abri avant le prochain orage. L'enfance était ainsi qui annonçait déjà la vieillesse en solitude. Je prends malgré tout la route, tous les jours et cherche l'inspiration dans une marche sans cesse renouvelée et pénible maintenant. Inventer ma vie et vouloir l'embellir par cette pratique du land art, sans doute déjà démodée. Je sens le temps passer et ces dernières années peser plus lourd sur mes épaules. Le risque est réel, maintenant de m'aventurer seul dans des lieux reculés et incertains, tels que ces grandes carrières désaffectées où j'aimais travailler avec des pierres.Mes installations sont plus petites, plus modestes, faisant plus appel à la couleur qu'au volume proprement dit. Je suis, dans cette dimension, plus proche de mon enfance et cela me plait aussi, mais constater ce qui est perdu en résistance physique n'est jamais bien agréable. Je m'étais dit vouloir continuer le plus longtemps possible cette expérience de land art et je n'imaginais pas cet accident cardiaque. Je continue donc cette aventure qui m'appartient de mener jusqu'au bout, je veux parler de ma vie.
Roger Dautais
*Patrick Lucas, voyageur impénitent,
membre du club du Grillon.
à retrouver d'urgence sur son blog :
onmylucasroads.blogspot.fr/
LE SOURIRE DES ROIS
Le vert de gris se propage
Entre les ongles
Il est temps de douleur
Temps d’ensemencer
Un nouveau jardin
À la lisière des yeux
Il est difficile de se prononcer
Car le temps y bascule
Et la peur assouvit sa faim
Libération au miroir
Les visages s’accouplent en silence
Fera-t-il temps de moisson ?
S’engrangent les mots sous la couette
Le sourire des rois
Accompagne l’infante
Auprès du bois une halte
Des chiens la gardent
Pousser sur le ventre pour en extraire
Liseron et chardon bleu
Expectorer du ciel
Le retrouver entre des mains de partage
Se tenir droit
N’offre aucune garantie
Les nuages
Poursuivent leur course
Les jardins s’éveillent
[…]
Emmanuelle Le Cam,
Le sourire des rois (extrait) in Les Nus, Éditions Rhubarbe, Auxerre, 2011,