à Suminoto, fils du Soleil Levant...
Ce n'était pas cette plage, ce n'était pas à cette saison, il y avait eu cette cavalcade de chevaux dans les vagues, puis leurs naseaux bouillants au dessus de nous. J'avais tracé une première spirale sous les yeux ébahis des deux vielles japonaise qui l'accompagnaient. Puis une deuxième en direction du soleil levant. Il m'avait observé, en silence, avant de commencer lui même à transporter de lourdes pierres qu'il allait chercher presque dans la mer pour les remonter à ma hauteur. Il avait aligné son installation, sur mes spirales et le soleil levant. J'avais tracé un cercle à Ana Mendieta puis planté en son centre, une branche de saule que je courbais et lestais d'une pierre, afin d'obtenir une courbe parfaite. Je lui avais raconté la vie de Mendieta, sa fin tragique. Il m'avait dit' qu'alors, elle était maintenant avec nous, dans ce cercle et qu'il ne pouvait, lui, y pénétrer, à cause de son caractère sacré. Tout s'était passé ainsi parce que je l'avais rencontré à Caen, et grâce Julien, un ami interprète ayant vécu 10 années au Japon, j'avais réussi à l'inviter sur une des plages où je travaillais souvent, pour réaliser une œuvre commune, dédiée au soleil levant.
Cet artiste qui pratiquait aussi le land art au Japon s'appelle Suminoto. Je me souviens avoir parlé de la poésie Japonaise avec lui. C'est un peu en son honneur que j'ai choisi ces quelques HaÎku
Roger Dautais
Faisant de la quiétude
mon seul compagnon –
solitude hivernale
Hashin
Dans le clair de lune glacé
de petites pierres
crissent sous les pas
Kyoshi