L'adieu au soleil : pour Mémoire de silence |
Le guetteur du pont Romain : pour Odile B. |
Équilibre: Pour Rick Forrestal |
Vision druidique : pour Tilia |
La cabane du pêcheur : Pour Lara Ferri |
Petit mandala d'hiver : Pour Chantal Miscoria |
Boîte à mémoires : pour Yannick Bonaventure |
Le cadet : Pour Lara Ferri |
Cairn aux bernaches : Pour François Esperet* |
Gwenn : Pour Marie-Josée Christien |
Les vivantes : pour Ana Minguez Corella |
Attachement : Pour Jefferson B.Cezimbra |
Le souvenir de toi : pour Remei |
Les âmes perdues de Lampedusa: Pour Erin |
La parole donnée : Pour France |
à celle que j'aime...
Dolmen du Mané Brizil
Partager mon temps, mais avec qui d'autre dans cette immensité, sinon avec ses habitants? Je parle des Bernaches, avant qu'elles ne repartent en Sibérie, des courlis, des pluviers, des mouettes, des cormorans et même des corbeaux perdus sur l'estran. Des hommes? il n'y en a pas aujourd'hui, chassés par le froid, ou bien trop loin pour leur parler, embarqués sur de petits chalutiers en route vers l'horizon.
Je suis seul, oui. Ce n'est pas que je perde en humanité, mais l'heure est venue d'approcher de l'autre âge, . C'est un constat, je deviens plus vieux, jour après jour, moins facile à côtoyer. L'insignifiance me guette et, bientôt, la transparence. L'effacement n'est plus une figure de style à pratiquer lorsque le corps se dérobe, c'est une réalité. Je connais mes semblables, les courbés, les fatigués, les encombrants. Ils deviennent, petit à petit, des invisibles, de ceux qui ne rentrent plus dans les comptes. Il se fait que je le sais et que je les rejoins.
Les perdues de Lampedusa
La rugosité des pierres qui m'arrache les mains, n’empêche rien à l'ouvrage. Tassés, les uns contre les autres, ils croient en la chaleur humaine, la leur et qui ne servira à rien pour les sauver.En répétant cette figure de petits personnages de pierres depuis tant d'années, je veux rappeler les drames de l'exil. Victimes des passeurs et de l'indifférence Le monde a décidé, ils périront. Rien ne va, ici. Il semble que la mer se soit foutue dans l'idée de désaltérer la terre et ses côtes découpées avant de s'occuper des hommes.Avec ses eaux salées, elle te lui colle une pépie dont elle ne sortira qu'en implorant une autre marée, malgré les corps flottants.
Baie Saint Jean
La fabrication d'un mandala est chronophage. Vision druidique. Le temps présent, à peine tu marches dedans qu'il est déjà remisé dans le rayon des souvenirs. Autant te dire qu’avec leur nombre, il devient vite un objet non identifiable, une amnésie de plus. Et pourtant, il sera pris en compte dans la mémoire du monde.
Lann Guerban
A genoux, courbé en deux, je respire l'humus. Je dispose tous les éléments rassemblés dans une boite à mémoires. Sitôt terminé, je suis happé par la route. Il faut filer, décamper, courir, s’arracher au lieu, l’oublier et reprendre la marche. Vous comprenez, il n'y a pas de statut d'itinérant. On est le surplus, le trop qui fait déborder le vase. On est cerné par les propriétés privées. La terre, je ne la vois pas comme ça, alors bien sûr, quelques rencontres sont rugueuses. La liberté se respire en pointillés, entre deux rangs de barbelés.
Souvenirs.
Tous les soirs, elle s'endort en lisant un haïku.Sa vie est réglée par cette pratique.
Hier soir, j'ai ouvert une boîte de photos land art datant de 1997. Mes débuts. Oui, mes débuts, suivis de quatre ou cinq ans de recherches et d'essais, avant de prendre la route. Maintenant on fabrique un artiste en 8 jours de stage.
Brec'h
Comment dire ces instants de beauté fragile lorsqu'au coucher de soleil, un de mes cairns s’apprête à vivre l'unique vie de sa courte existence.
Pointe de Kerbihan
L'effort est violent. Décoller 40 kilos du pierrier, avec des appuis au sol, glissants, demande une concentration de toutes mes forces, sur l'action. La base du cairn est prête. Le poser doit être réussi, sinon, la pierre tombera, roulera et ne sera plus récupérable.Une fois posée, si je constate une petite bascule, je dois la caler avant de monter plus haut.La deuxième pierre sera encore lourde. Les autres suivront, plus légères. Chaque cairn raconte une histoire, la mienne et balise ma route. L'océan clapotte contre la roche. Une vingtaine de Bernaches, suit le mouvement avec élégance. Elles sont à une quinzaine de mètres Avec le temps, elles se sont habituées à la présence humaine. Elles sont belles et tranquilles, pourtant j'ai lu que dans certaines îles, non loin d'ici, on cherchait à les éradiquer.
Roger Dautais
Patience de la terre
Juste une poignée de terre
Et un peu d'eau
Juste une poignée terraquée
Et tu attends
Que germent les premiers mots
Entre tes doigts
Dans le silence recueilli de cette main
Qui consent à l'humus
A ce cycle terrible
Où toute vie terrassée
Pour que renaisse le vivant
Guy Allix*
* Guy Allix : http://guyallixpoesie.canalblog.com/
* François Esperet : une de ses dernières interview, à la sortie de son roman
Les Gagneuses Edt. Le Temps des Cerises 2015
http://www.20minutes.fr/livres/1477918-20141110-gagneuses-francois-esperet-chez-temp
Les perdues de Lampedusa
La rugosité des pierres qui m'arrache les mains, n’empêche rien à l'ouvrage. Tassés, les uns contre les autres, ils croient en la chaleur humaine, la leur et qui ne servira à rien pour les sauver.En répétant cette figure de petits personnages de pierres depuis tant d'années, je veux rappeler les drames de l'exil. Victimes des passeurs et de l'indifférence Le monde a décidé, ils périront. Rien ne va, ici. Il semble que la mer se soit foutue dans l'idée de désaltérer la terre et ses côtes découpées avant de s'occuper des hommes.Avec ses eaux salées, elle te lui colle une pépie dont elle ne sortira qu'en implorant une autre marée, malgré les corps flottants.
Baie Saint Jean
La fabrication d'un mandala est chronophage. Vision druidique. Le temps présent, à peine tu marches dedans qu'il est déjà remisé dans le rayon des souvenirs. Autant te dire qu’avec leur nombre, il devient vite un objet non identifiable, une amnésie de plus. Et pourtant, il sera pris en compte dans la mémoire du monde.
Lann Guerban
A genoux, courbé en deux, je respire l'humus. Je dispose tous les éléments rassemblés dans une boite à mémoires. Sitôt terminé, je suis happé par la route. Il faut filer, décamper, courir, s’arracher au lieu, l’oublier et reprendre la marche. Vous comprenez, il n'y a pas de statut d'itinérant. On est le surplus, le trop qui fait déborder le vase. On est cerné par les propriétés privées. La terre, je ne la vois pas comme ça, alors bien sûr, quelques rencontres sont rugueuses. La liberté se respire en pointillés, entre deux rangs de barbelés.
Souvenirs.
Tous les soirs, elle s'endort en lisant un haïku.Sa vie est réglée par cette pratique.
Hier soir, j'ai ouvert une boîte de photos land art datant de 1997. Mes débuts. Oui, mes débuts, suivis de quatre ou cinq ans de recherches et d'essais, avant de prendre la route. Maintenant on fabrique un artiste en 8 jours de stage.
Brec'h
Comment dire ces instants de beauté fragile lorsqu'au coucher de soleil, un de mes cairns s’apprête à vivre l'unique vie de sa courte existence.
Pointe de Kerbihan
L'effort est violent. Décoller 40 kilos du pierrier, avec des appuis au sol, glissants, demande une concentration de toutes mes forces, sur l'action. La base du cairn est prête. Le poser doit être réussi, sinon, la pierre tombera, roulera et ne sera plus récupérable.Une fois posée, si je constate une petite bascule, je dois la caler avant de monter plus haut.La deuxième pierre sera encore lourde. Les autres suivront, plus légères. Chaque cairn raconte une histoire, la mienne et balise ma route. L'océan clapotte contre la roche. Une vingtaine de Bernaches, suit le mouvement avec élégance. Elles sont à une quinzaine de mètres Avec le temps, elles se sont habituées à la présence humaine. Elles sont belles et tranquilles, pourtant j'ai lu que dans certaines îles, non loin d'ici, on cherchait à les éradiquer.
Roger Dautais
Patience de la terre
Juste une poignée de terre
Et un peu d'eau
Juste une poignée terraquée
Et tu attends
Que germent les premiers mots
Entre tes doigts
Dans le silence recueilli de cette main
Qui consent à l'humus
A ce cycle terrible
Où toute vie terrassée
Pour que renaisse le vivant
Guy Allix*
* Guy Allix : http://guyallixpoesie.canalblog.com/
* François Esperet : une de ses dernières interview, à la sortie de son roman
Les Gagneuses Edt. Le Temps des Cerises 2015
http://www.20minutes.fr/livres/1477918-20141110-gagneuses-francois-esperet-chez-temp