La voie des petits soleils d'avril...
Avec ma découverte d'une pierre tombale dans les enrochement du port de Ouistreham, je voulais faire mon billet sur ce sujet. Mais en consultant mon fichier des travaux récents, j'ai changé d'avis. Pour cette histoire ce sera pour une autre fois. Pratiquer le land art au jour le jour, c'est se trouver devant une collection si important qu'il est difficile de tout montrer. Alors, " je pioche" au hasard, dans mon stock. Aujourd'hui, je suis tombé sur des travaux réalisés avec de modestes fleurs de pissenlits. Oui, je sais, c'est risible de voir un homme d'un certain âge, pour ne pas dire un âge certain, courbé dans l'herbe, occupé à cueillir des fleurs de pissenlit, sans tige, pour en remplir un sceau en plastic blanc. Pour moi, qui travaille depuis tant d'années sur les deux rives du petit fleuve côtier qui arrose la ville de Caen en Normandie et se jette dans la mer par l'estuaire situé entre Sallenelles et le port de Ouistreham, il n'y a rien de de plus naturel, au contraire. Depuis 15 jours, j'attendais cette floraison, car j'aime cette fleur pour la beauté de sa fleur et sa couleur lumineuse. Une météo plutôt grise, retardait tout ça et puis ce jour là, explosion de milliers de fleurs en même temps. Je n'ai pas résisté et me suis mis, aussitôt à la cueillette, remplissant mon sceau, assez vite. J'ai choisi les lieux, au plus près du fleuve, sur la rive droite et sur la rive gauche et je me suis mis à installer avec une véritable joie de réaliser ce travail, précis, libre,éphémère, inscrit dans la continuité de travaux manuels qui me relient à la terre où je devrais, normalement finir un jour. Plaisir de cueillir, plaisir de se courber devant cette terre que j'ai travaillé pendant tant d'années, plaisir, maintenant de choisir cette façon de vivre, cet art de vivre transformé en art de vie, loin des trépidantes péripéties de nos concitoyens, bloqués dans les embouteillages urbains. Alors, je me posais la question de savoir à quoi pouvait servir d'être dans cet état de déconnexion. A rien, me disais-je, sinon à vivre, à me maintenir en vie, à exprimer des petits bonheurs avec des fleurs de pissenlits. C'est vrai, cela peut paraître dérisoire, mais c'est le choix que j'ai fait en adoptant cette pratique éphémère du land art et en abandonnant tout calcul spéculatif sur des quelconques résultats. Bref, ces quelques photos sont pour vous, fidèles lecteurs, et vous les méritez bien. La voie des petits soleils d'avril que représentaient toutes ces fleurs, m'ouvrait à votre amitié.
Roger Dautais
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Mes mains s'étoilent comme si j'approchais d'un feu. D'un brasier. Dedans se consume le réel.
Ici on a des gestes de nomade, on est dehors, sur le sable. Dans le provisoire.
Comment habiter un tel lieu ? /...
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Il faudrait s'arrêter un instant,
poser la charge, retrouver une seconde, dans le même cercle, la force du manœuvre, la main du maçon, les signes tracés du maître d'œuvre. Une seconde fois, pas plus. Puis revenir à l'endroit où la maison s'entrouvre pour apercevoir les enchanteurs. /...
Thierry Metz
Le journal d'un manœuvre. 1990
Roger Dautais
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Mes mains s'étoilent comme si j'approchais d'un feu. D'un brasier. Dedans se consume le réel.
Ici on a des gestes de nomade, on est dehors, sur le sable. Dans le provisoire.
Comment habiter un tel lieu ? /...
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Il faudrait s'arrêter un instant,
poser la charge, retrouver une seconde, dans le même cercle, la force du manœuvre, la main du maçon, les signes tracés du maître d'œuvre. Une seconde fois, pas plus. Puis revenir à l'endroit où la maison s'entrouvre pour apercevoir les enchanteurs. /...
Thierry Metz
Le journal d'un manœuvre. 1990