La vie, comme elle va

"S'il suffisait de lire comme dans une bulle de cristal, alors, ce serait, facile.Mais il faut vite déchanter, prendre la route, sac au dos et marcher, toujours marcher pour oublier ce que l'on a déjà fait, ce que l'on va faire. Il faut attendre que la nature nous prenne et nous ouvre sa voie. C'est une progression incessante, pour de si petites choses".
Roger Dautais . Septembre 2009

Un voyage étonnant au cœur du land Art

lundi 2 septembre 2013

Le  Témoin de l'ile Berder :  pour Joelma

Le muet de l'Ile Berder:  pour Okasan

1942 : à Raymond Anisten

L'heure unique :  à Jean Aunay

Zen :  To Erin

La porte du Loc'h  : à Guy Allix

Les fougères  : à Marie-Claude

Franchissement : pour Olivia Quintin

 l'autre rive : pour Edith et Maud




La mémoire de l'ombre :  à Youenn Gwernig
Les discrets :  pour Marilyse Leroux

Bois de Lebisey : à Fanny

Jubilation :  aux 130000 Lecteurs du CHEMIN DES GRANDS JARDINS


Le tour de  l'île...

Dans  une heure le passage sur  l'ile sera découvert. Je marche le long de la côte. Il faut laisser le travail de mémoire se faire lentement, provoquer l'amnésie jusqu'à ce qu'elle cède et fasse place aux images. Ma vie défile. L'enfance, la vieillesse, tout ça c'est pareil. On n'est pas dans le coup. Il faut s'inventer une vie possible dans le no  man's land, hors des schémas. Il faut prendre les chemins de traverse, se laisser séduire par la lumière avant qu'elle ne sombre et s'éteigne  pour de bon. Le temps est compté maintenant et personne ne me fera cadeau d'une seconde.
J'ai fermé l'autoradio tout  à l'heure en venant  ici.Les nouvelles sont hachées, mâchées, prédigérées,  orientées. A la télé, c'est pareil, et elles sont présentées par des bellâtres comme si cette pâtée ne devait le seul  moyen de comprendre le monde. Et si  l'on regarde ailleurs, on est perdu, désespérément  perdu, catalogué borderline.
Pendant tout ce temps, la mer  monte et descend sans demander  l'autorisation  à qui que ce soit. Le passage  à gué se dégage s'assèche. Je rejoins  l'Ile Berder. Je file vers  l'Est où les plages offrent un beau choix de pierres pour y travailler. Je m'arrête à  l'ombre  pour contempler le paysage marin. Douce chaleur, eaux calmes, bateaux  à l'ancre,  îles  à  portée de vue, le Golfe du  Morbihan  m'acueille, d'une bien belle façon et pourtant...
Je construis un premier cairn, un second,  puis  un troisième. Les pierres de base sont très lourdes et coupantes.
Un homme sort de la verdure qui me sépare du centre de  l'Ile Berder. Il veut  photographier mes cairns. On échange quelques mots. Il est plutôt sympathique. Je le laisse faire et  m'éloigne d'une centaine de  mètres pour continuer  mon travail.. Il  me rejoint alors que je suis  à installer  une étoile de David fabriquée cette semaine  à l'aide de tige de fougères séchées, liées  par  un coton  orange. Il s’apprête  à photographier.
Je l'arrête etlui donne quelques explications. L'étoile de David, Raymond Anisten,  mon ami,  mon frère, son association crée  par lui  à la mémoire des rescapés de la Rafle du Vel' d'hiv de Juillet 42. Je lui  parle des 42 membres de sa famille, raflés  puis morts en déportation quelques jours après et passés au four crématoire. Je lui dis notre amitié, nos actions communes pour ne rien  oublier, jusqu'à sa mort et après.
Je ne voulais pas qu'il photographie cette étoile comme  un vulgaire objet. Maintenant,  il sait.
Je continue le tour de l'île et, cette fois j'approche de l’endroit,  où le fameux courant de la Jument, est au plus près de l'île.. Je commence par entendre son souffle avant de le découvrir au travers des arbres. Une force  impressionnante,  une présence, une puissance qui rend humble. Il faut le voir dans une marée  à fort coefficient pour mieux comprendre cet immense mouvement d'eau, de flux et de reflux, qui s'inverse  à chaque marée, quittant le golfe  ou le remplissant. Cette eau que j'aime tant côtoyer, indispensable  à toute vie mais aussi capable de tuer l'imprudent. Il y a quelques jours,  une femme est morte noyée, ici. Son  petit voilier s'est renversé dans les remous et  ,  malgré l'arrivée d'autres bateaux, on n'a pas réussi à la sauver.
Et cette  mort  là,  on la sent possible à tout instant, car le courant borde les rochers  où j'évolue. Un faux-pas et, ce serait terminé. C'est pourquoi, je n'oublie jamais cette proximité,  incapable de regarder la mer  comme  une simple carte  postale.Une entité bien vivante et qu'il faut respecter.
Cette semaine encor, j'ai alternémes sorties entre la mer et la campagne,  mais  l'eau en est restée le fil rouge.
Ainsi me suis-je retrouvé dans cette rivière du Loc'h, remontant vers sa source et installant des cairns au fond d'une vallée,  un peu sombre mais accueillante. Descente très pentue  jusqu'à la rive gauche, sous les arbres touffus,  puis, découverte des enrochements, sous le soleil. J'ai revécu des souvenirs de montagne dans ces lieux.La plus grande difficulté a quand même été de rester debout en progressant dans le lit de la rivière aux  pierres  instables.
J'ai  goûté ces instants de solitude et de travail au coeur d'une nature peu visitée et qui garde  un caractère sauvage. 
Ainsi s'est passée une semaine bien remplie en attendant de prendre quelques  jours de vacances et reprendre ce blog   à  mon retour.

Roger Dautais

 A ce jour,  plus de 130000 lecteurs ont par couru 
LE CHEMIN DES GRANDS JARDINS assurant  un beau succès  à ce modeste blog d'artiste.




Où sont passés les penseurs, les passeurs...


Où sont passés les penseurs,
Et tous ceux qui faisaient nos grandes heures
Dans les librairies
Il y a encore des livres
En ces temps où l’image
Images dégoulinantes
Exhibant sans distinction
Le public
Le privé
Comme si le monde entier
Dans le même drap vautré
Mimétisme des pages
Ressembler à l’image
Dans les librairies
Il y a encore des livres
On devrait s’en réjouir
Où sont passés les passeurs
Autrefois éditeurs
Aujourd’hui
La plupart
De simples entrepreneurs
Derrière leurs étals
Un à un
Ils déballent
Tout ce que le public
À faire croire qu’il réclame
Spéculation
Sur la moindre éjaculation
Grandeur nature
Quelques-uns s’encanaillent
Dans le tripot des mots qu’ils impriment
À laisser
Une étrange
Et troublante
Impression
Et pendant ce temps
Les bus des grandes villes
Portent ostensiblement
Sur leur flanc
Les stigmates du dernier best-seller
Mondialisation
Communication
À l’unisson
Et le poète à rêver
De la maturité d’un monde
Où les vers
Comme les pensées des philosophes
À leur tour
Un jour
Sur le flanc des bus
À nous dire
Que le monde a changé
Que les cloisons sont tombées
Que la profondeur
N’a jamais eu peur des projecteurs
Arrêt sur image
Autrefois
Gutenberg
Mémoires anciennes
Où sont passées tes belles traces
En nos jours trash
Dans les caniveaux
Le reflet des cigognes
Qui vers leur printemps
Sur les trottoirs de la ville
Il y en a tant
Vers d’autres tourments
Et le soir dans les salons
À la lumière des télévisions
La tentation de lire
Le goût du jouir
S’éteint la vie
Où sont passés les éditeurs
Autrefois des passeurs
Où sont passés les penseurs
Qui faisaient nos belles heures
Derrières tous ces leurres
Qui sous les projecteurs

 Michèle Gautard
http://michele-gautard.blogspot.fr/

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Landartiste, photographe, auteur de livres pour enfants, Roger Dautais est aussi un artiste atypique, sensible et attachant.Il a sû, dans la diversité de ses expressions, trouver une harmonie par la pratique quotidienne de cet art éphémère : le Land Art. Il dit "y puiser forces et ressources qui lui permettent, également, depuis de nombreuses années, d'intervenir auprès de personnes en grande difficulté ( Centre de détention pour longues peines et personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer) pour les aider par la médiation de l'art.