Le Témoin de l'ile Berder : pour Joelma |
Le muet de l'Ile Berder: pour Okasan |
1942 : à Raymond Anisten |
L'heure unique : à Jean Aunay |
Zen : To Erin |
La porte du Loc'h : à Guy Allix |
Les fougères : à Marie-Claude |
Franchissement : pour Olivia Quintin |
l'autre rive : pour Edith et Maud |
La mémoire de l'ombre : à Youenn Gwernig |
Les discrets : pour Marilyse Leroux |
Bois de Lebisey : à Fanny |
Jubilation : aux 130000 Lecteurs du CHEMIN DES GRANDS JARDINS |
Le tour de l'île...
Dans une heure le passage sur l'ile sera découvert. Je marche le long de la côte. Il faut laisser le travail de mémoire se faire lentement, provoquer l'amnésie jusqu'à ce qu'elle cède et fasse place aux images. Ma vie défile. L'enfance, la vieillesse, tout ça c'est pareil. On n'est pas dans le coup. Il faut s'inventer une vie possible dans le no man's land, hors des schémas. Il faut prendre les chemins de traverse, se laisser séduire par la lumière avant qu'elle ne sombre et s'éteigne pour de bon. Le temps est compté maintenant et personne ne me fera cadeau d'une seconde.
J'ai fermé l'autoradio tout à l'heure en venant ici.Les nouvelles sont hachées, mâchées, prédigérées, orientées. A la télé, c'est pareil, et elles sont présentées par des bellâtres comme si cette pâtée ne devait le seul moyen de comprendre le monde. Et si l'on regarde ailleurs, on est perdu, désespérément perdu, catalogué borderline.
Pendant tout ce temps, la mer monte et descend sans demander l'autorisation à qui que ce soit. Le passage à gué se dégage s'assèche. Je rejoins l'Ile Berder. Je file vers l'Est où les plages offrent un beau choix de pierres pour y travailler. Je m'arrête à l'ombre pour contempler le paysage marin. Douce chaleur, eaux calmes, bateaux à l'ancre, îles à portée de vue, le Golfe du Morbihan m'acueille, d'une bien belle façon et pourtant...
Je construis un premier cairn, un second, puis un troisième. Les pierres de base sont très lourdes et coupantes.
Un homme sort de la verdure qui me sépare du centre de l'Ile Berder. Il veut photographier mes cairns. On échange quelques mots. Il est plutôt sympathique. Je le laisse faire et m'éloigne d'une centaine de mètres pour continuer mon travail.. Il me rejoint alors que je suis à installer une étoile de David fabriquée cette semaine à l'aide de tige de fougères séchées, liées par un coton orange. Il s’apprête à photographier.
Je l'arrête etlui donne quelques explications. L'étoile de David, Raymond Anisten, mon ami, mon frère, son association crée par lui à la mémoire des rescapés de la Rafle du Vel' d'hiv de Juillet 42. Je lui parle des 42 membres de sa famille, raflés puis morts en déportation quelques jours après et passés au four crématoire. Je lui dis notre amitié, nos actions communes pour ne rien oublier, jusqu'à sa mort et après.
Je ne voulais pas qu'il photographie cette étoile comme un vulgaire objet. Maintenant, il sait.
Je continue le tour de l'île et, cette fois j'approche de l’endroit, où le fameux courant de la Jument, est au plus près de l'île.. Je commence par entendre son souffle avant de le découvrir au travers des arbres. Une force impressionnante, une présence, une puissance qui rend humble. Il faut le voir dans une marée à fort coefficient pour mieux comprendre cet immense mouvement d'eau, de flux et de reflux, qui s'inverse à chaque marée, quittant le golfe ou le remplissant. Cette eau que j'aime tant côtoyer, indispensable à toute vie mais aussi capable de tuer l'imprudent. Il y a quelques jours, une femme est morte noyée, ici. Son petit voilier s'est renversé dans les remous et , malgré l'arrivée d'autres bateaux, on n'a pas réussi à la sauver.
Et cette mort là, on la sent possible à tout instant, car le courant borde les rochers où j'évolue. Un faux-pas et, ce serait terminé. C'est pourquoi, je n'oublie jamais cette proximité, incapable de regarder la mer comme une simple carte postale.Une entité bien vivante et qu'il faut respecter.
Cette semaine encor, j'ai alternémes sorties entre la mer et la campagne, mais l'eau en est restée le fil rouge.
Ainsi me suis-je retrouvé dans cette rivière du Loc'h, remontant vers sa source et installant des cairns au fond d'une vallée, un peu sombre mais accueillante. Descente très pentue jusqu'à la rive gauche, sous les arbres touffus, puis, découverte des enrochements, sous le soleil. J'ai revécu des souvenirs de montagne dans ces lieux.La plus grande difficulté a quand même été de rester debout en progressant dans le lit de la rivière aux pierres instables.
J'ai goûté ces instants de solitude et de travail au coeur d'une nature peu visitée et qui garde un caractère sauvage.
Ainsi s'est passée une semaine bien remplie en attendant de prendre quelques jours de vacances et reprendre ce blog à mon retour.
Roger Dautais
A ce jour, plus de 130000 lecteurs ont par couru
LE CHEMIN DES GRANDS JARDINS assurant un beau succès à ce modeste blog d'artiste.
Où sont
passés les penseurs,
Et tous
ceux qui faisaient nos grandes heures
Dans les
librairies
Il y a
encore des livres
En ces
temps où l’image
Images
dégoulinantes
Exhibant
sans distinction
Le public
Le privé
Comme si
le monde entier
Dans le
même drap vautré
Mimétisme
des pages
Ressembler
à l’image
Dans les
librairies
Il y a
encore des livres
On devrait
s’en réjouir
Où sont
passés les passeurs
Autrefois
éditeurs
Aujourd’hui
La plupart
De simples
entrepreneurs
Derrière
leurs étals
Un à un
Ils
déballent
Tout ce
que le public
À faire
croire qu’il réclame
Spéculation
Sur la
moindre éjaculation
Grandeur
nature
Quelques-uns
s’encanaillent
Dans le
tripot des mots qu’ils impriment
À laisser
Une
étrange
Et
troublante
Impression
Et pendant
ce temps
Les bus
des grandes villes
Portent
ostensiblement
Sur leur
flanc
Les
stigmates du dernier best-seller
Mondialisation
Communication
À
l’unisson
Et le
poète à rêver
De la
maturité d’un monde
Où les
vers
Comme les
pensées des philosophes
À leur tour
Un jour
Sur le
flanc des bus
À nous
dire
Que le
monde a changé
Que les
cloisons sont tombées
Que la
profondeur
N’a jamais
eu peur des projecteurs
Arrêt sur
image
Autrefois
Gutenberg
Mémoires
anciennes
Où sont
passées tes belles traces
En nos
jours trash
Dans les
caniveaux
Le reflet
des cigognes
Qui vers
leur printemps
Sur les
trottoirs de la ville
Il y en a
tant
Vers
d’autres tourments
Et le soir
dans les salons
À la
lumière des télévisions
La
tentation de lire
Le goût du
jouir
S’éteint
la vie
Où sont
passés les éditeurs
Autrefois
des passeurs
Où sont
passés les penseurs
Qui
faisaient nos belles heures
Derrières
tous ces leurres
Qui sous
les projecteurs
Michèle Gautard
http://michele-gautard.blogspot.fr/