" Propitiation " : au dolmen du rossignol. |
Les
grandes choses peuvent se manifester par de petits signes.
Sigmund Freud
Sigmund Freud
À Marie-Claude
PellWell.
Entre
les jours de pluies éprouvantes pour vieux corps, qui étaient
parfois vécues comme une contrainte à la marche, incontournable,
existait la nuit. Une seconde vie. Elle permettait les expressions
les plus libres . J’avais dû en parler autrefois du
« « dire » avant la nuit qui se déployait en
chuchotements dans les espaces interstitiels ensommeillés, où le
souffle s’assèche. Garder le cœur in-perceptif, devenait parfois
difficile, à cause du jeu . Le demi-mot se faisait discours.
Mon corps silencieux, obéissait au vide qui l’entourait d’une
mélancolie délicieuse.
Je
cherchais à rejoindre les chants de Maldoror pour m’y réfugier,
comme un détenu en cavale. Le poème de Lautréamont transcendait
les hauts murs, ni ombre ni lumière, et il me convenait.
Au
temps pour moi, dans cette troupe issue de la glèbe, marchant au
pas quand il me fallait trouver seul, la sortie d’une condition
ouvrière, vouée à la perdition et au mépris de la classe
dominante, loin des livres. J’avais la révolte, tatouée au
cœur.
Il
existait entre cette fondrière nocturne et ma personne, au-delà des
plaines morphiniques, une sorte d’espace suspendu, où
j’existais.. Quelques mortes saisons, quelques orages, quelques
trahisons, quelques scories ou mauvais souvenirs de voleuses d’âme,
trouvaient leur place, en ce lieu de perdition, du Sin Paradise,
afin d’être détruits par me feu intérieur.
Ne
subsistaient au matin, que des forces nouvelles, pour affronter la
vie et ses juges embourgeoisés, et aller plus loin, explorer de
nouveaux horizons.
La
confrontation avec ce monde frileux, truqueur, repliée sur son
quant-à-soi, et imprécateur, m’intéressait. Il y avait de
belles luttes à gagner. Cela me mettait en vibration, dans un
état de combattre sans armes létales.
Le
land art m’ouvrait des voies possibles d’expression
différentes, dans la nature dont l’attirance remontait à mon
enfance, parfois sauvage et à mes premières fugues.
J’avais
découvert mes premiers menhirs, à Carnac , en 1947. J’avais 5
ans. Mon oncle maternel, était un conteur né .J’ai toujours
pensé que mon riche imaginaire, avait en grande partie, été
forgé, là, en écoutant des contes qui parfois me faisaient
peur, entre ces grosses pierres levées.
Beaucoup
plus, tard, lors d’un séjour en Loire Atlantique, quelqu’un
m’avait parlé d’un très beau dolmen, situé à une dizaine de
kilomètres de notre résidence., du nom de Pell Well. Le dolmen
était dit « du rossignol », et partiellement enterré.,
mais , bien conservé.
Quittant
Pell Well, pour une marche plein Nord, je savais trouver ce dolmen
entre terre et mer, sous les pins. Après renseignement, à
mi-chemin, je marchais dans la bonne direction.
Au
bout d’une heure de marche, j’arrivais au dolmen. Il était,
en effet, en partie,enterré. Face à l’ouverture de l’allée
couverte, trois magnétiseurs, pendule en main, opéraient. Je
sortis de ma musette, les végétaux ramassés en route et me mis
à réaliser une petite installation land art. Elle se voulait
offrande au Dolmen du rossignol.
Une
fois terminé le travail, je rencontrais ces trois hommes. Après
quelques échanges de politesse, je les interrogeais sur leur
ressenti. Le magnétisme était très fort, pour nous quatre. Puis,
nous nous étions séparés, toutes choses à faire ayant été
accomplies.
Roger
Dautais
Route
78
Photo :
création land art de Roger Dautais
«
Propitiation » au dolmen du rossignol.
Loire
Atlantique - France.
Comme toujours c'est très beau. je veux dire les images et le texte. Quel souffle à côté des petites choses
RépondreSupprimerOui, c'est ça: Du souffle!
RépondreSupprimer"J’avais la révolte, tatouée au cœur."
RépondreSupprimerQuelle splendeur est cette parure rouge et verte sur cette peau noire.
" toutes choses à faire ayant été accomplies."
Magnifique oui.
merci
Je t'embrasse
Quelle âme se niche sous ce petit dolmen ? En tout cas tu l'as joliment honorée...
RépondreSupprimerHermoso adorno para el roble.
RépondreSupprimerUn saludo,
i hear the words magnetism and energy repeated in your posts. this translates, doesn't it, to love?
RépondreSupprimerjames and i drove a nearby island today. winter. a cold day but some sun. little tufts of snow were picked up from the surface of old snow and created a kind of brume. the trees were. the rock was. the sky was. as we drove all i wanted was to love, to be dispersed atop of everything. touch. and be touched.
art is only ever for art's sake. (and the salvation of the artist.) but you know this. with every cairn you have been saved))