Passer en maille : pour Anne Le Maître |
a Marie-Claude
In extêmis, se souvenir d'un visage,
le tien, et puis sombrer.
L''espérance de vie d'un homme européen est de 78 ans,ce qui est considérable. à 76 ans passés, il est vain pour moi, de faire des calculs de longévité. Il est urgent de vivre chaque seconde, de cœur à cœur.
La marche en côtoyant le vide est un exercice équilibriste consistant à ne pas se faire griser par le fond.
J'aime entendre le bruit d'une feuille qui pousse et l'écho de son chant chargé d'éternité.
Roland Barthes m' a appris à saisir les forces actives du présent, pour devenir plus libre, plus léger.
Je viens de détruire une grande quantité d'écrits qui n'attendait que ça et je pense à l'ami qui trépigne pour une de mes lettres égarée, avec sept de me textes. Une futilité.
Cloué à mon fauteuil, j'invente ma vie d'insomniaque, je construis mes rêves comme un ouvrage de brodeur bigouden.
L'orage est en moi, éclairant les plaines à blé, comme le chant du ruisseau charme le rossignol. Je suis accompagné de mon étoile, de mes morts en mémoire. Mes mains habiles tressent les joncs comme en enfance. Les coquelicots m' appellent et Morgane se perd en eux.
Tu me connaissais, marcheur sur les Rives de Sal, ouvrant ta voie Je suis le même et j’aime toujours ce cimetière à bateaux du Bono, que nous regardions ensemble, sur l'autre rive.
Tous nos animaux morts ont été incinérés. Je veux les rejoindre de cette façon, dispersé dans l'immense nature.
Il me reste encore à aimer, beaucoup aimer, avant.
Roger Dautais
LE CHEMIN DES GRANDS JARDINS
http://rogerdautais.blogspot.comPhoto : création Land art
" Passer en maille " pour Anne Le maître
Port de Cabourg.
-Normandie
années 2000
"L'amour en cage" prisonnier des filets, le libérer et aimer jusqu'au dernier souffle.
RépondreSupprimerManouche.
SupprimerJ'ai connu les barreaux et le mot prisonnier résonne toujours dans ma tête. Une pensée pour mes frères du "dedans ". Je t'embrase. Roger
Du 26 octobre 1977 (lendemain de la mort de sa mère) au 15 septembre 1979, R. Barthes a tenu un journal de deuil, 330 fiches pour la plupart datées. Un ensemble publié pour la première fois en 2009.
RépondreSupprimerLe 22 mars 1978, il y a tout juste 41 ans, il écrivait : "Quand le chagrin, le deuil prend son régime de croisière..."
(Journal de deuil / Roland Barthes/ Seuil Imec p.112
Un livre intime et beau, sensible et beau qui touche inévitablement l'humain que l'on est.
Je t'embrasse Roger
mémoire de silence
SupprimerMerci chère Maria. Je ne connais pas ce livre. J'ai des lacunes en matière de lecture. J'ai beaucoup lu, énormément, et je lis encore beaucoup, mais comme ça vient, en vrac. Barthes, peu lu, je l'ai beaucoup écouté sur YouTube et le trouve passionnant. On append beaucoup auprès de tels maîtres. J'ai suivi la naissance de l'Imec à Saint Germain Blanche Herbe. J'y étais lecteur. J'ai assisté à de grandes rencontres pour lire, comme celle consacrée à Marguerite Duras, entre autre. Il y avait de très belle expos. L'iMEC était installé dans une ancienne grande ferme, disons, un domaine, contenant une superbe chapelle. La famille Vico, possédait le lieux. Quatre de ces membres furent de grands résistants Normandes, . Dans les années 90, réalisant des performance land art sur les plages du Débarquement, je tournais en m^me temps, des portraits de héros de guerre. Monsieur VICO, ayant plus de 80 ans, passa souvent devant ma caméra. Puis, nous devinrent amis et le passais souvent le voir chez, lui, dan son bureau qui croulait sous les courriers du monde entier, l’écouter me raconter les dessous de la grande histoire. Il s'engagea dans la 2eme DB, fit la campagne de France, et s'engagea dans la reconstruction de la France de l'éducation. C’était un homme discret, sportif, qui montait encore à cheval chaque jour, quelques semaines avant sa mort. Plus humblement bien sur, je me sentais de cette trempe là et me disais que, si un jour, le fascisme s'installait dans notre pays, je saurai donner ma vie pour le combattre, même vieux.
Je t'embrasse chère Marie-Dolorès,
Roger
PS.
Quatre membres de la famille VICO, les parents et deux enfants, s'engagèrent dans la résistance et dans le même réseau. Ce n'est qu'à la libération qu'il surent leur lien de résistant. On peut admirer ces gens là.
Très grand respect pour tes écrits.
RépondreSupprimerAmitiés.
Thérèse.
SupprimerMerci Thérèse. Un jour, un écrivain me dit, tu écris pas mal, mais tu ne feras jamais de livres. Tu n'es pas des nôtres. ça m’allait assez bien de vivre hors de cette coterie là. Je n'avais pas besoin de sa reconnaissance d'agrégé. Tant de ces gens là se sont désagrégés dans leurs titres. J'ai commencé à écrire en 1979, le lendemainde la mort de ma mère. Mes premiers écrits, je suis allé les lui lire sur sa tombe de terre, pendant des mois. Ce fut elle ma première lectrice. Tu vois, bien autre chose qu'un peigne cul prétentieux. Et malgré cet oiseau de malheur, j'ai publié des livres d’artistes, fait des films, des vidéos et il en a même acheté. Nul n'est parfait dans sa Silvio de l'avenir. Ce que je retiens de tout àa ? L'amour de ma femme, d'être encore vivant, de pouvoir tout perdre de ma production sans regret, et d’avoir le courtage physique de me faire opérer du cœur dans quelques semaines, de revoir mes enfants et de revenir terminer mon parcours sur terre.. ça,ce serait honorable, chère Thérèse.
Je t'embrase.
Roger
Ta force intérieure c'est ton roc, les pierres le savent.
SupprimerL'amour pris dans les filets
RépondreSupprimerMais là il est juste sur les filets libre et pourtant si présent
J'ai l'envie d'aller marcher sur le sentier du Bono vers Plougoumelen
Bonne soirée
Je t'embrasse Roger
Océanique.
SupprimerPrend la rive gauche du Sal et parcours-la pieds nus. Tu sera dans mes traces. A bientôt, par là, si je reviens.
Je t"embrasse,
Roger
Peut-être aimeras-tu ce poème de Jean lavoué
RépondreSupprimerTout cela qui s’effondre autour de nous
Met à nu nos croyances :
Sur quoi sommes-nous fondés,
Sur le roc où le sable ?
Ce sont nos pauvretés qui sont ainsi mises au jour,
Nos flaques de nuit soudain révélées,
Signées de vide par le vent des marées.
Tôt ou tard nous serons noués au mât des hautes mers,
Emportés par l’azur,
Tordus par les courants,
Secoués par les tempêtes...
Ce n’est qu’en nous que s’ouvrira l’entaille d’un printemps,
L’offrande d’un bourgeon,
Nos branches aux nids d’oiseau...
Marie
SupprimerMerci chère Marie, Je vis l'hiver de ma vie, le 76ème, un peu comme je l'avais imaginé, très dépouillé.
Enfant j'avais ce goût du dépouillement et les années de maltraitance me faisaient me comparer à un animal abandonné, un chien battu.
Vivant, très libre,parce que peu surveillé par des parents occupés à autre chose, souvent dans la rue, fugueur, je côtoyais ces animaux difficiles à approcher et je les aidais. Vers l'âge de 12 ans, j'ai cessé de croire ces adultes qui enseignaient l'évangile,prônaient la pauvreté et vivaient comme des chanoines gras. Je préférait lire la Bible, mon livre de référence.
J'ai fait une école militaire,par dépit amoureux appris à tuer, efficacement. ça changeait des beaux arts.
La vie marginale m'a dépouillée au-delà de l'imaginable et les drogues ont fait le reste. J'ai connu ma femme, fait des enfants avec elle et les ai élevés, en tribu, souvent dans la pauvreté.
Nous entendions bien les sons de cloches des curés en chair, mais si nous, étions maigres, eux prospéraient physiquement. J'ai connu quelques curés honnêtes et engagées avec nos mouvements d’extrême gauche, mais combien. J'ai toujours combattu le fascisme.
Je suis sur le même chemin, aujourd'hui, habitué à voir mes pauvretés mises à jour, à les accepter, à aider les gens en difficulté, mais loin des parleurs en soutane et de ce qu'ils font aux enfants.
Je suis fondé sur le roc, né comme ça, enfant contesté, mais fier de ce combat qu'aura été ma vie.
Ce poème me va, mais ma vie en est un autre qui le vaut, chère Marie.
Je sais quel amour te fais me l'envoyer et je te renvoie cet amour, sincèrement.
Je t'embrasse très fort.
Roger
je comprends...
Supprimerrien n'est simple en cette vie