Carré d'as : pour Miren |
à ceux qui se perdent la nuit...
Chacune de mes installations est précédé d'une marche, pendant la quelle, se passent différentes choses. C'est mon moyen d'oublier, de me déconnecter du monde, d'entrer en poésie. Ce texte, écrit en 2010, donne une idée de ce que je peux vivre chaque jour., chaque fois de façon différente. Roger Dautais
.../Le jour se lève. Il a fini par effacer la nuit et son cortège de cauchemars. Je regarde par la fenêtre, le gris délavé du ciel.Il pleut légèrement. Les marais seront encore plus humides, plus inhospitaliers. J'ai dans ma tête, mille chemins qui m'amèneront à destination la plus inconnue possible. Se perdre est nécessaire. Je longerai les murs du cimetière sans réveiller les morts. Je ramasserai dans mes poches, les plus belles pierres. Je passerai par le pont de chemin de fer. Je longerai la voie ferrée. J'entends toujours les chansons de Woody Guthrie, le long des voies ferrées et puis je prendrai à droite après le bois des jonquilles. J'emprunterai les chemins creux en pensant toujours à ceux qui dorment sous terre. J'irai jusqu'au menhir de Saint Sanson. J'en ferai sept fois le tour et j'écouterai son chant, comme nous savions l'entendre dans l'enfance. Il faut toujours écouter le chant des pierres. Le petit chariot est apparu deux heures après Orion. La nuit n'a pas délivré tous ses secrets. Je n'ai pas vu la voie lactée. La cavale blanche est passée vers trois heures. J'entends encore le bruit de ses sabots sur les pavés du Jerzual. Les nuits sont longues pour les chevaux de trait. Ils rêvent aussi à son passage dans les écuries. Le jour continue d'effacer la nuit peu à peu. Je regarde par la fenêtre. Le ciel est triste, ce matin. Les lichens seront couverts de rosée et le marais sera dangereux. Je ramasserai les dernières feuilles d'automne, celle qui sont d'un jaune orangé, surtout. Je les disposerai sur un sphère de cornouiller. Je la suspendrai comme une pleine lune, au dessus de la rivière, à une branche d'aulne. Je fabriquerai de mes mains , un nid d'oiseau pour y élever des escargots d'albâtre. Puis je continuerai ma route. J'emprunterai le chemin creux pour marcher sous la terre, avec mes morts, le temps d'une apnée.. Tu m'apparaîtra en rêve, avec tes yeux bleus 'd'amoureuse. J'élèverai pour toi, des cairns sur les rives de ton pays. J'écrirai ton nom dans les sables mouillés. Je me perdrai dans les grèves jusqu'à te retrouver.../
Roger Dautais
Notes de land art sur la Route 75
LE CHEMIN DES GRANDS JARDINS
http://rogerdautais.blogspot.com/
Photo : création land art de Roger Dautais
" Carré d'as " pour Miren
Côte de Nacre - Nord-est de Caen
Normandie - 2010
Sentinelles vigilantes à l'uniforme précis étudié pour faciliter le parfait garde à vous.
RépondreSupprimermanouche. Je n'aime pas trop l'uniforme. Regarde-les bien, ils n'ont pas la même peau, mais...united color.
SupprimerAmitiés.
Roger
"Il faut toujours écouter le chant des pierres..."
RépondreSupprimerj'écoute aussi celui des arbres
JosetteT 24
SupprimerMerci Josette.
Oh ! Comme je suis d'accord avec toi. Je pratique aussi.
Les druides m'ont enseigné.
Amitiés.
Roger
Wow.
RépondreSupprimerRick Forrestal
SupprimerMerci mon cher Rick. Cela t'aurait plu, in situ.
Amitiés et remerciements.
Roger
Je me suis perdue cette nuit, la lune était immense et j'ai vu se profiler quatre silhouettes fragiles et denses comme un château fort, merci pour ce rêve fou comme la lune et solide comme la pierre.
RépondreSupprimerorfeenix, Je savais que mes cairns partaient en voyage. Si heureux qu'ils soient passés chez toi, même un instant.
SupprimerJ'aime les gens qui se perdent. On en manque, aujourd'hui. Je t’embrasse d’amitié, chère Isabelle.
Roger
Un très beau texte ! bonne fin de dimanche.
RépondreSupprimerElisabeth.
SupprimerMerci, mon amie. Très touché.
Belle fin de semaine en amitié.
Roger
J'ai été un peu éloignée, ces temps ci , du monde des blogs, et je n'avais pas vu que vous aviez recommencé à publier vos œuvres et vos écrits. C'est un grand plaisir de vous savoir en meilleure forme et, même si je ne vous connais pas "en vrai" je me faisais du souci pour vous. J’admire beaucoup votre oeuvre. Amitiés. Ariaga (Ariane Callot)
RépondreSupprimerAriaga.
SupprimerMerci Ariane.
Ma forme s'améliore, mais ne me permet toujours pas de pratiquer le land art. Je puise dans plus de 20000photos, représentant mon travail de land artiste entrepris en 1997.Je n'ai pas la nostalgie de ce passé, mais je me réjouis de pouvoir encore présenter ces créations au public. Très belle journée à vous, chère Ariane. En toute amitié
Roger
Comme des chandeliers pour donner de l'espoir à ceux qui n'en n'ont plus
RépondreSupprimerMarie,
SupprimerMerci, Marie. Ce fut une réalité il y a encore quelques années, où, j'ai pu me confronter à la misère, qu'elle soit sociale ou par cause de maladie et j'ose dire que le land art fut à chaque fois un excellent médiateur, et parfois, soyons modestes, une aide à l'expression, voir, une ouverture vers une vie nouvelle.Je pense avoir donné et fait ma part, dans ce domaine, trop souvent critiqué par une foule de gens bien pensants, et qui ne faisaient rien pour aider.
Mais ton idée reste bonne, chère Marie.
Amitiés.
Roger
la couronne d'avent! d'avant...bises
RépondreSupprimerELFI
RépondreSupprimerMerci mon amie. Une vision très sympa. Tu as un cœur de poète.
Amitiés.
Roger
never easy to describe what your writing does to the reader. i suppose it does what your landart does, erases and then erects -- but one feels the closeness of your breath.
RépondreSupprimeran especially incredible installation, this one))