Aux chercheur d'or...
Je marche dans les pas de Florence Aubenas. Il est dix heures trente, les quais de Ouistreham sont déserts. La grille du terminal des Ferries est fermée. Au-dessus de l'entrée, une enseigne lumineuse minuscule, me souhaite Happy New Year et annonce une fermeture du site jusqu'au 2 janvier.
.Un seul poids lourd Espagnol, pris au piège sur la l'immense parking ! Le chauffeur malheureux émerge de sa nuit. Il attendra jusqu'au 2 janvier, 6 heures du matin.
Le ciel est gris, bas, plombé, comme dans le roman de Florence * L'hiver Normand est rarement souriant. J'ai terminé de lire son livre il y a deux jours et je voulais me replonger dans l'ambiance. C'est fait.
Devant moi, le Ferry à quai, sur fond de mer grise, à droite, en principe, on voit le Havre, mais aujourd'hui, le rideau est tiré. Seul l'estuaire du fleuve est dégagé. Avant de quitter ces lieux inhospitaliers, je prends la décision de commencer mon année en allant installer dans l'estuaire, rive gauche.
Promis, dès demain matin.
Jeudi 5 Janvier, la météo a suivi la couleur locale des journaux de la radio: gris, bas, pluvieux, venteux et l'on recommence.
Premier jour correct, Jeudi et nous y sommes. J'arrive sur les lieux en début d'après midi. Le terrain est vaste et l'estuaire s'étale à loisir entre les vasières, les zones marécageuses, les herbus et même un petit bois qui a résisté à bien des tempêtes. Il faut faire attention à ne pas glisser dans le fleuve, à ne pas s'envaser et rester prisonnier sur place, et, dernier danger, les chasseurs qui tirent depuis les gabions où carrément depuis la plage. Une fois que l'on a compris tout ça, le travail peut commence.
Je longe une digue qui retient les hautes eaux au moment des plus fortes marées. La partie Nord-est qui donne sur des praires est recouverte entièrement par une herbe glissante tandis que la partie Est, découvre un empierrement massif que les hautes eaux ont un peu chahuté, ça et là. De belles pierres ont glissé des brèches et je vais m'en servir pour élever une quantité de petits cairns élevés à l'esprit du fleuve. Je démonte tous les cairns une fois photographiés ét replace les pierres dans les brèches de la digue.
Une tache de lichen me donne le prétexte pour lier les murs au marais. Lorsque je vois des pierres ou des murs comme ici, je n'oublie jamais les six années passées à aider les longues peine du Centre de Détention, en les accompagnant dans des projets artistiques. Comment oublier ceux que j'ai vus et écoutés, ce que j'ai entendu, derrière les hauts murs. Nous parlions souvent land art. J'y ai même exposé des photos de mes installations.
Je quitte la digue et la franchis puis marche plein nord, pour retrouver, la plage, la mer. L'air est vif, mais j'aime ça. Je trouve un bout de coton orange, et je m'en sers, tel une araignée qui tisse sa toile. Piéger les vents, attraper des rêves au passage, jeu d'enfant que je suis parfois.
Je descend vers le bas de la plage et sonde le sable. Oui, je pourrai réaliser un spirale prochainement, ici, en arrivant plus vite sur les lieux.
je me demande quelle force me guide, à parcourir ainsi, la nature, tel un chercheur d'or. Faut-il croire que j'y trouve matière à vivre et à dire au monde que je n'ai pas d' autre façon d'être qui me convienne aussi bien. Et pourtant, ce n'est pas facile.
Je rejoins une construction en bois, qui sert d’observatoire, assez haut perché et ouvert aux quatre vents. La vue est imprenable. J'y fais une halte et sort de mon sac à dos, quelques poèmes de Henri Droguet, recopiés dans une revue, la semaine dernière, à la bibliothèque centrale de Caen. J'aime ces lectures faites au hasard dans lesquelles je puise pour vous les présenter. Aujourd'hui, ce sera Continuo. Il y a une force dans ce texte qui colle bien au côté sauvage de cet estuaire, l'hiver.
Je redescend sur le sol et décide de rentrer par le bois qui occupe toute la partie centrale de la petite presqu'ile. Une souche d'assez belle taille s'offre à ma vue et je pose mon sac pour mieux la regarder. Elle est magnifique. Je vais y installer une horloge avant que le jour ne décline de trop.
Je fixe les aiguilles , après avoir cueilli de grosses épines de ronce qui vont ensuite tenir en place, douze morceaux de mousse sur le cadran. Ainsi, vous pouvez savoir à quelle heure j'ai terminé mon travail.
Je suis heureux de ces travaux, et je marche d'un pas léger. Pourtant, une pensée me rattrape, Morgane, ma chienne fidèle. Elle est partie depuis plusieurs année, sans que je puise la remplacer, ni l'oublier. Tout à coup, elle est là, plus présente que tous ces travaux et me raccompagne jusqu'à la voiture. Je ne pense plus à rien et la suis du regard jusqu'à ce qu'elle disparaisse de ma vue.
Roger Dautais
* Le quai de Ouistreham
Florence Aubenas Editions de l'Olivier 2010
P.S. Seules, les cinq premières installations sont concernées par ce texte
Continuo
Tout ce qui fût
magnifiquement tu
rêve sauvage ou total gouffre
aux cendres bleues refouies
ça claudique et ça flâne
hurle à la dégobille à l'absente goinfrée
esclaffements noir fureur
mélancolique des vents bourrus
dans les hivers
Piètre miroir aux alouettes
que l'embrun fulmineux galvanise
le ciel roule ces déflagrants vaisseaux
touffes à crever plumes écumeuses
aux bas sépulcres chères.
Henri Droguet
Variations saisonnières
9 décembre 2006
J'adore l'horloge de bois !
RépondreSupprimerMême si elle ne marque plus minuit, j'en profite pour te souhaiter une bonne et belle année, pleine d'inspiration et de joies "naturelles"...
Loved that clock. I want it for my future garden :)
RépondreSupprimerBrilliant artist.
RépondreSupprimerFantastic shots!! Congrats!!
RépondreSupprimerSalut,Francesc
aimez votre travail
RépondreSupprimerAloha from Waikiki
Comfort Spiral
> < } } ( ° >
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Espectacular!!! Enhorabuena Roger!!!
RépondreSupprimerEn profiter pour vous, nous souhaiter une année à venir pleine de ces oeuvres qui nous émerveillent!
RépondreSupprimerMerci encore de ces dons.
una brizna roja y la tierra verde!
RépondreSupprimerTes voeux sont superbes: tea time dans le bois,une marguerite effeuillée à "je t'aime",des fruits, des fleurs ,des divinités bienveillantes,un anti dollar vert mais en feuilles, la mer qui joue au oula hop...
RépondreSupprimerFais attention à toi.
Bonne et prolifique année.
La Licorne,
RépondreSupprimerMerci, venant d'une licorne, le voyage ne peut être que beau.
Amicalement,
Roger
Kaipiroska,
RépondreSupprimerOù tu viens en France la chercher avec un camion grue, où tu réalises la tienne dans ton jardin.
Merci pour ta visite,
Roger
Bob Bushell,
RépondreSupprimerJe ne me vois pas comme cela, mais puisque tu le dis...je prends la moitié du compliment.
Belle journée,Amitiés,
Roger
Francesq Balaguer,
RépondreSupprimerMerci pour ton commentaire chaleureux.
Bien amicalement,
Roger
Cloudia,
RépondreSupprimerC'est un bon conseil. Le jour où je n'aimerai plus ce que je fais, j'arrêterai.
Belle journée.
Roger
Comfort Spiral,
RépondreSupprimerJe ne lis pas ce code, mais il y a ici, de l'ordre du rapprochement. En tous les cas, je le prends pour un geste amical.
Merci, Belle journée sous les tropiques.
Roger
Maria Jesus,
RépondreSupprimerMerci pour ta visite et tes mots d'encouragement.
Roger
Chri,
RépondreSupprimerC'est vrai, il est encore temps de se souhaiter une belle année 2012? Je le fais donc ici, en espérant te revoir sur Le Chemin...
Amicalement,
Roger
Camino Roque,
RépondreSupprimerC'est comme cela qu'elle m'est apparue, et tu l'as justement remarquée, ainsi avec ton regard de peintre.
Belle journée en Espagne et à bientôt sur ton blog,
Amitiés,
Roger
manouche,
RépondreSupprimerMerci pour ce beau commentaire. C'est vrai, il faut faire attention à soi, mais le land art comporte néanmoins quelques risque. C'est la loi du genre.
A propos de ce cerceau rouge, c'est la mer qui l'avait rejeté ainsi que le deux gros troncs d'arbres gorgés d'eau. Il sont tombés plusieurs fois avant que je ne n'installe ce delta ce qui me valut un beau tour de rein.
Belle journée à toi et encore bonne année,
Roger
J'etais il ya quelques jours sur ces plages chargees de souvenirs...
RépondreSupprimerUne tres bonne annee pleine de promesses heureuses!
Magnifique!
RépondreSupprimerMagnificent. My heart smiles. Thank you.
RépondreSupprimerI needed to come back again to view that last piece. Elegant, in rugged form, and delightfully witty in it's placement!
RépondreSupprimerIngeniosos y originales trabajos.
RépondreSupprimerQue tengas un Feliz Año 2012.
Saludos.
DeebeeL,
RépondreSupprimerA qui connait l'histoire, impossible d'oublier ces plages du débarquement.
Belle année à vous également.
Roger
Franco,
RépondreSupprimerBienvenue sur Le Chemin des Grands Jardins depuis l'Espagne. Merci de ta visite et à bientôt,
Roger
Sharon,
RépondreSupprimerJe ne m'habitue pas à tout cet élan de sympathie que me provient de tant de pays. C'est toujours un petit bonheur de l'instant, comme ici.
Merci Sharon.
Bien amicalement,
Roger
Ciao, Le tue idee sono originalissime e le realizzazioni spettacolari. I tuoi lavori mettono di buonumore e in pace con il mondo e la natura... un risultato eccezionale no?
RépondreSupprimerCiao, ciao, Floriana
Je suis toujours surpris que mon travail puisse faire de l'effet sur une personne et embellir sa vis,si peu soit-il.Comment ne pas en tirer un peu de joie pour moi aussi.
SupprimerJe te remercie et te souhaite une bonne fin de journée.
Amitié.
Roger
Je te souhaite une bonne année 2012, qui commence à l'heure, à ce que je constate ! Je suis régulièrement tes installations, mais ne trouve pas toujours les mots pour te dire combien je les admire.
RépondreSupprimerJ'aime bien ton rapport à la nature, et la façon dont tu l'écris... avec un coup de cœur pour cette horloge de bois !
SupprimerBonne année 2012
Amartia,
SupprimerJe te remercie de tes bons voeux et je t'envoie les miens en retour.
Belle soirée,
Bien amicalement,
Roger
Fascinante, en especial, el reloj para el que no pasa el tiempo. En efecto en los bosques se aprende a medir de otra manera. Abrazos.
RépondreSupprimerNous nous mouvons entre le temps et l'espace...Saludos y que sea un creativo y luminoso 2012!
RépondreSupprimerKoja,
RépondreSupprimerBeaucoup de personnes aiment ces horloges éphémères que j'aime essaimer dans la Nature, tout au long des routes et des saisons. Belle soirée à toi et à bientôt,
Roger
Salomé Guadalupe Ingelmo
RépondreSupprimerMerci pour ton commentaire amical. Le temps est un de mes thèmes favoris. Je pense qu'en vieillissant vraiment, notre rapport au temps est plus présent.Combien de temps nous reste-t-il à vivre. Passionnant comme décompte.Non ?
Belle soirée,
Je t'embrasse amicalement,
Roger
Esmeralda Torres,
RépondreSupprimerA nous de trouver notre chemin !
Belle fin de soirée, Amicalement,
Roger
la nature prend un autre regard avec vous. merci de nous faire partager cette quête.
RépondreSupprimerit would be delightful to bump into your designs in the middle of no where...
RépondreSupprimerJ'aime la pendule des beaux jours et les verts dégradés qui serpentent...
RépondreSupprimerRahina,
RépondreSupprimerBienvenue sur Le Chemin des Grands Jardins, et merci pour ton commentaire. En quatorze année, c'est arrivé bien souvent comme hier, sur une plage de la Manche, où, revenant d'une sortie Land art, j'ai trouvé un promeneur, à genoux dans les cailloux, en train de photographier un série de cairns que je montrerai, prochainement. Je n'ai pas eu le temps de lui parler, car il est parti trop vite avec ses souvenirs.
Belle soirée à toi,
Roger
Quel beau voyage dans tes pensées, dans la nature que tu as fait tienne, pareille et différente, dans ces paysages où tu dressé ton pinceau pour y glisser ta marque.
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup la façon dont tu nous fait entrer dans ta tête, tu n'es plus seul au milieu de la solitude, nous sommes là à te suivre, à regarder, à nous émouvoir devant tes résultats pourtant si éphémères.
Et puis cette pensée émouvante pour Morgane, dont le coeur continue à frémir parmi les cailloux et les herbes.
Il faut que tu rassembles ces merveilles, ces photos, ces mots pour qu'elles fassent partie de l'histoire collective. Merci, Roger pour les émotions que tu suscites avec tant de naturel ...
croukougnouche,
RépondreSupprimerAinsi, je suis le maître d'un temps qui n'existe pas et qui dure une l'éternité fixée par le bon vouloir du temps. Quoi demander de mieux.
Je te souhaite une très belle soirée, chère Agnès.
Roger
Lautreje,
RépondreSupprimerC'est un plaisir aussi que de pouvoir montrer mas créations.
Merci de votre commentaire,
à bientôt,
Roger
Saravati,
RépondreSupprimerPersonne ne m’accorderait le droit de pratiquer ainsi le land art,ni,ne parierait un kopeck sur ma tête, si je m'adressais à la poignée de spécialistes de la bien bienpensance artistique,pour rechercher un quelconque adoubement. Alors je me permets tout, bien humblement, dans ce domaine.
L'outre mesure et l'amnésie me guident pour que je ne sois limité que par ma propre envie d'exprimer, sans penser à cette censure qui sied aux pleutres.
Une fois tout perdu, on est libre, bien sûr, avec un prix, mais dans quelques dizaines d'années, nous serons tous de la même famille, soit bouffé par les vers, soit réduits en cendre, pour le meilleur des cas.
Il suffit que ces beaux théoriciens attendent un peu et la place sera libre pour d'autres résistances capables d'exprimer hors des sentiers battus.
Merci à toi, pour ce commentaire qui m'a fait régir ainsi.
Bien amicalement,
Roger
C'est un plaisir pour toi de montrer tes créations et c'est toujours avec autant de curiosité et de joie que je passe admirer ce que tu proposes .J'aime beaucoup ton horloge qui marque la fin de ton travail.
RépondreSupprimerJ'aime la nature, mais tes créations éphémères me la font apprécier davantage
J'adore le soleil en mousse et feuilles! Et la dernière tour en pierres est impressionnante. Ça a dû demander des heures pour l'assembler sans que ça tombe! Bravo!
RépondreSupprimerMerci pour le partage. Et avec un peu de retard, très belle année 2012!
Brigitte,
RépondreSupprimerC'est une chance pour moi et aussi pour la Nature que ces travaux te rapprochent du land art.
Merci,
Roger
Mildred,
RépondreSupprimerBienvenue sur Le Chemin des Grands Jardins.
Rassure toi, il arrive que ces cairns tombent. C'est ce qui rend l'exercice intéressant.
Ma dernière sortie a été entièrement consacrée à l'élévation de cairns au bord de la mer.
Je vais bientôt les montrer sur mon blog.
Merci à toi pour ce commentaire.
Roger
Merci pour ton passage Roger.....Tes chemins sont toujours autant poétiques et lumineux
RépondreSupprimerJe te souhaite une année riche, créative et pleine d'inspiration....
A bientôt
Greg
This is just magnificent! The pictures are absolutely fantastic!
RépondreSupprimerA chaque fois je me surprend de voir et de constater qu'on peut faire beaucoup avec pas grand choses... côté matériel...
RépondreSupprimerencore bravo...
C'est bon lire ton texte et suivre ton chemin. Les photos sont le resultat des travaux fantastiques.
RépondreSupprimerQuel plaisir les regarder!
Bonne semaine.
Maria Emília.
Seguir los caminos llenos de belleza que tú nos señalas constantemente, es un placer inenarrable, lleno de toda la hermosura del mundo.
RépondreSupprimerGracias por estar.
Un abrazo.
My dear friend Roger
RépondreSupprimerAll your work, is a masterpiece of artistic imagination!!!
The clock, amazing!
Congratulations!
Best regards
Magda,
RépondreSupprimerJe suis très sensible à ta visite depuis la Grèce et je te remercie de ce beau commentaire,
Roger
just beautifull
RépondreSupprimerNouvelles couleurs-vienna atelier
SupprimerMerci beaucoup.
Amitiés;
Roger
belas!
RépondreSupprimer