La vie, comme elle va

"S'il suffisait de lire comme dans une bulle de cristal, alors, ce serait, facile.Mais il faut vite déchanter, prendre la route, sac au dos et marcher, toujours marcher pour oublier ce que l'on a déjà fait, ce que l'on va faire. Il faut attendre que la nature nous prenne et nous ouvre sa voie. C'est une progression incessante, pour de si petites choses".
Roger Dautais . Septembre 2009

Un voyage étonnant au cœur du land Art

lundi 9 novembre 2009





Toute ressemblance avec un quelconque artiste de land art ne serait que pure coïncidence. Le portrait de cet homme ci-dessus représenté n'est pas non plus le poète dont on parle en fin de cette chronique journalière, sans prétentions. Les œuvres ont été prêtées par Roger Dautais et détruites par la Manche, il y a bien longtemps.Quant à la 2ème œuvre, longtemps sélectionnée par les sélectionneurs d'œuvres sélectionnées, elle n'a pas résisté à l'usure , finissant par devenir anonyme comme le personnage ci-dessus, lui- même, passablement usé. Fervent lecteur de Pierre Dac, il coule des jours heureux dans un monastère breton du côté de Landevennec.



DOCU-FICTION


Si le mur de Berlin est tombé, grand bien leur fasse à ces tombeurs d'une dictature barbare et sanguinaire. Cependant, il reste encore à faire tomber le mur de la honte. Alors lequel, me direz vous ? Celui que j'ai élevé entre mon frère et moi, mon alter ego, devenu" si différent" qu'il m'est "indifférent".

Pour ceux qui me lisent à vélo, le nez dans le guidon, je n'ai pas de frère.
Je parle de mon frère humain. Ai-je le droit de "paraboler", même sans marcher sur les eaux troubles ?
Le mur de la honte passe par tous les pays et entre tous les pays. Il est rampant, parfois s'élève vers les cieux au nom de Dieu. Il est philosophique et ampoulé, "parisianitude des palabres de titans", puis télévisé pour expliquer que le portage de riz sur l'épaule gauche ( symbole politique) est destiné à capitaliser des rentrées de fonds pour des caisses de résonance, sans fond.
Il est, ce mur de la honte, moins facile à foutre en l'air que le mur de Berlin, quand il met d'un côté les bien-portants et de l'autre côté, les malades. Par exemple les Alzheimers que je côtoie depuis 18 ans de près et dont je peux vous parler quand vous voudrez, il suffit de m'inviter. .
Pensez-vous, braves lecteurs ou croyez vous possible que des personnes bien sous tout rapport possédant de très belles villas sur notre côte, puissent faire "enlever" des vieux, assis sur des bancs, en front de mer, parce que, ils abiment le paysage, dénaturent la société en vacances, par leur accoutrement de pauvre ou parce que les vieux font peur aux enfants ?
Mon dieu que ce blog est incroyable, n'est-ce pas ?
N'est-ce pas plutôt notre société qui est devenue incroyable, avec ce mur de la honte, rampant qui sépare ceux qui ont le droit de ceux qui n'ont pas le droit.
Sûr qu'un jour, si ce mur tombe, les marchands de domino seront milliardaires et moi, je me mettrai sur les rangs pour en peindre un, comme ceux mis en scène à Berlin aujourd'hui pour célébrer le 20ème anniversaire de la chute du mur de la honte.
Mais, ce n'est qu'un rêve, je ne suis qu'un pauvre inconnu prêchant dans le désert, personne ne me laissera approcher des dominos, personne. .

Je suis optimiste, comme mon amie Epamin' dont le nom rime avec vitamines. Alors, vive la chute du mur de Berlin et honneur aux hommes qui eurent le courage de mettre à bas le communisme pratiqué de l'autre côté du rideau de fer.
Ma pensée va aussi à ceux qui, en passant ce mur, y laissèrent leur peau, car ils ne sont plus là pour tenir un blog, eux, ni pour lire celui d'Epamin' , de ses Esperluettes. Allez donc la voir , la visiter, couper du bois et lui offrir pour ces feux de cheminée à venir. La neige approche, Noël, aussi. N'oubliez pas de passer chez Emmanuel Prunevielle, landartiste en progrès constant , et ami, ni chez Grégory Goffin, autre artiste et ami, ni chez Vincent Arbez, autre ami et artiste de qualité. Un carré d'as à découvrir sur google.

Comme on va se fendre la poire cet hiver à la neige entre nous, pendant que les voyous vont tenir les murs dans nos cités.
" à cinq ans...on est voyou ?...ben, tiens, avec leur informatique, tout va très vite, nous en TGV eux, dans la connerie...Ils apprennent vite la nôtre, vous savez et puis il n'y a pas de skis pour tout le monde. Ah, je vous dis...les murs, on n'a pas fini de ...".

Moi, je suis vieux, je fais pas de ski, je fais des fotes de français pour embêter les institutrices qui tiennent de blogs, et j'irai pas à la neige. Je serai avec les voyous, mais je tiendrai pas les murs puisque je commence un film sur la maladie d'Alzheimer et que j'en ai pour 5 mois de taf*, avec 5 personnes : 2 cadreurs, un ingénieur du son, un monteur et un producteur. Film monté en co_production avec LE CHEMIN DS GRANDS JARDINS.
Bon, là, c'est du sérieux et le mur que nous voulons abattre, il est encore plus costaud que le mur de Berlin.C'est celui de l'indifférence, de l'abandon, de la solitude des vieux Alzheimer. Je risque d'avoir besoin de vous, amis de France et d'ailleurs. Faites circuler l'info, s'il vous plait.
Merci Bonne soirée à tous ...

Roger Dautais

*Taf : Travail

Au fait, vous connaissez GUY ALLIX ? sa poésie...son oeuvre...Non ? Tous sur google et découvrez, c'est lui...mon frère.

dimanche 8 novembre 2009



Devant le carnage dû à deux pêcheurs du coin, devant cette Saint Barthélémy du bar, devant toutes ces têtes décapitées vivantes et jetées à la mer, j'ai voulu organiser cette chorale de reproches. Ces merveilleux hommes, amis des animaux qui savent que le poisson ne souffre pas n'ont pas compris mon geste. Les sanguinaires sont mieux considérés que des poètes !

Photos land art et installations : Roger Dautais Ver sur mer 2009


S'il m'arrive de marcher dans ma nuit, je ne désespère pas de la situation et je ne peux décemment pas remercier ceux qui me souhaitent d'y rester. La poésie me guette, c'est un haut mal. Certes, convulsions paroxystiques et cris d'effroi s'emparent de mes détracteurs. Je les laisse à leur sport favori, la critique. J'aime la compagnie des poètes. Qu'ils soient morts ou non.J'aime inventer des rapprochements, ce que je fais encore, ici dans ces textes écrits à Caen, ce matin.
Tous ces noms assemblés me semblent ressembler à la fraternité...alors, pourquoi pas.


à Youenn Gwernig et Marie-José Christien, si proches...
aux anges d'Auschwitz...


Les dires
dans l'âme
comme des escaliers
ferrés...
Déjà la rampe
et puis la douche...
après la fumée...
L'Âme
dans les dires
de Youenn
An diri dir

Roger Dautais



à Guy Allix et Clémence...


Je ne voulais pas
être
comme
un oubli.
Je voulais
vivre.
Ils sont venus
avec leurs
certitudes.
Ils sont morts
un à un. Je reste
par habitude
et j'invente
la vie
au jour la nuit.
Maintenant
il est temps
de ne plus rien
presser.



à l'inconnue...


Longue
plainte de toi
écartée des étoiles
tes errances
me blessent
sœur,
en ta nuit
je te rejoins. Ici
la catastrophe
est le pain
quotidien.
Les tueurs sont aux fenêtres.
L'autre jour, j'écoutais ta voix. Elle revenait de loin
comme moi.
Dansons
la solitude.
Aux solstices d'hiver
les bascules
sont en marche.
Il faut vivre
jusque là

roger.Dautais



à Marie-Claude
Ecoute ça
des fleurs
en main
des pleurs
un peu
de pain
Trois sébastes
en vol
Le marché
du matin
Il est
Dimanche
Je ne mangerai pas.
.............................
Roger Dautais



à Marie-Claude...



Nous
c'est le jeu
des je
nous
c'est les hors
les Morts
enchaînés à nos
mémoires
qui nous protègent
Nous
fugitifs sacrés.

samedi 7 novembre 2009


sémiologie d'une identification


Il y en a qui se focaliseront sur l'arrière plan de la photographie pour m'en souligner la sur- exposition.
La sur-exposition est toujours facteur de problèmes. J'en parle en connaissance de cause, étant mat de peau et très brun l'été à cause de mon plaisir à profiter du soleil. De mat je passe au bronzé et de bronzé au quolibet.
Il n'en faut pas plus pour que les ennuis s'enchaînent. Une couleur de peau, un manque de papiers et votre identité deviens "intéressante". Vous devenez l'objet d'observations, d'invitation au voyage en charter.
La langue vernaculaire se veut charmante, charmeuse et l'échotier, sûr de son bon droit.
Nous deviendrons tous "identité", du bertillonage à la carte numérique, pourvu que le meilleur gagne.
Comme disait Coluche, "tout le monde sont pareil, avant de faire embarquer un car de touristes, les foncés, irons derrière et les blancs seront aux premières loges". Combien faut-il aimer l'ordre et la propriété pour continuer, encore et encore à proclamer le blanc supérieur à l'homme de couleur et l'Occident comme terre promise
Mais c'est encore plus compliqué puisque le dit sous-homme de couleur va élire le dictateur, soumis au bon blanc, pour soumettre à son tour le quidam. En fin de compte, l'espèce humaine réduite à l'homme se cherche une identité capable de la faire traverser la vie sans encombre, parmi les radars, les contrôles, les scanners, les barrières, les no man s'land, les code barre, les caisses enregistreuses, les parcmètres, les lois, les normes, et autres gâteries.
Et si l'homme-expulseur au sexe court( selon son épouse) perd ses deux mains, que prouvera-t-il au douanier avec ses deux moignons, face au piano d'empreintes ? Sa peau de bani se mettrait-elle à brunir de honte l'engageant illico dans la file des embarqués d'office, vers un paradis défiscalisé et offert aux bombes.
L'arroseur arrosé ne pourrait plus faire de doigt d'honneur à France 2, ni du stop pour renter chez lui, ni se gratter le nez. Cette dépendance ne déclancherai-elle pas un début de démence, voire, un internement, précédent l'embarquement vers un ailleurs pour cause de perte d'identité. Verrions nous refleurir les étoiles jaunes afin d'organiser mieux les rafles.
Gardons nous de développer une sémiologie de l'identité capable de produire une langue de bois, un brouillard si dense que nous ne verrions plus décoler les avions.
Je sais ce que je vais faire, moi, je vais m'acheter des gants pour préserver mes empreintes intactes, des fois que l'été prochain soit encore plus chaud qu'en 2009 et que je devienne un Sénéganormand embarquable à tous moments.
Avec les temps qui courrent, même les polyglottes ne suivent plus le progrès. Vous allez voir qu'ls vont finir par nous inventer l'eau chaude.

Moïse Clément
Photo land art : Identité R.Dautais


mercredi 4 novembre 2009




La mort, ça rampe sournoisement auprès de vous. C'est là, tapie dans l'ombre, comme une certitude dont nous n'aurions en fin de compte, pas besoin. La mort, c'est beau dans les livres, dans les poèmes pour faire pleurer Margot avec des vers de mirliton.
La mort c'est : moi, j'ai pas peur... parfois, maman...et puis le corps qui bascule sur un champ de bataille à 20 ans, en Afghanistan.
La mort, c'est comme une boule, une sphère, un monde à part que l'on nous donne à transporter tout au long de notre vie en faisant semblant d'oublier. La mort, elle nous ressemble, changeante, capricieuse, insidieuse, boudeuse ou rieuse. Et puis un jour, elle s'invite. Elle vient , entre chez vous et vous fait signe:
à ton tour.

Et là, il faut bien quitter tout. Tout, vraiment Tout.
Une personne atteinte de la maladie d'Alzheimer, elle a déjà commencé à quitter une partie de ce qui faisait d'elle, une personnalité reconnaissable par tout un chacun, parce que "identifiable". Mais quand les troubles apparaissent, apraxie, aphasie, agnosie, et que la vie courante devient une "incompréhention" pour eux et pour leur entourage, restent-ils des humains ? Non, pas pour tout le monde puisque certains les abandonnent, les renient, ne les reconnaîssent plus, les prennent pour des fous.
Il n'y a presque pas de personnes Alzheimer en Afrique parce que les personnes âgées vivent jusqu'au bout leur vieillesse dans le groupe social du village.C'est juste à méditer. Sans entrer dans les détails de ce qui déclanche une telle maladie, les chercheurs ont clairement démontré que le l'affectif entrait aussi en jeu, dans le processus de déclanchement de la maladie, par accumulation de stress. Une personne vivant un sentiment d'abandon, après un deuil, un départ en retraite, la perte d'un être cher,développera plus aisément cette maladie. Il n'est pas question de culpabiliser quiconque face à une maladie dont on cherche encore les causes avec précision afin d'en trouver les remèdes. Il est question de dire qu'à partir du moment où les symptomes ne permettent plus à la persone malade d'être autonome et de vivre chez elle et dans la société, en toute sécurité, il est mieux d'envisager pour elle un séjour en maison médicalisée et spécialisée;
C'est ainsi que j'ai connu Germaine A.
elle allait avoir 92 ans. Je l'accueillais chaque semaine dans mon atelier d'Art Thérapie. Germaine était atteinte de la maladie d'Alzheimer. Elle ne savait plus dire, où elle était,ni ce qu'elle y faisait, dans cette grande Maison. Bien sûr, elle reconnaissait "les filles" qui la soignaient et me disait : oh, vous savez, elles sont charmantes.
J'allais la chercher dans sa chambre pour la mener à l'atelier. Elle me reconnaissait, mais était incapable de dire qui j'étais, et pourquoi je l'emmennais. Dans les 10o mètres de couloir à parcourir entre sa chambre et mon atelier, elle me demandait, au moins dix fois, où on allait et pour quoi faire. Je lui répétais à chaque fois, avec patience, pour calmer son angoisse.
Germaine peignait peu. Elle avait un style qui mettait en évidence sa démence et la semaine dernière, quelques jours avant sa mort, elle avait simulé un combat entre le pinceau et ses deux mains. J'en avais été troublé.
Germaine riait, nous faisait rire avec ses traits d'esprit, son humour décapant. Elle chantait, pensait qu'elle avait du avoir des enfants, me parlait de ses frères, de ses baignades à Courseulles sur mer, du débarquement et des Américains- ah ! les Américains, ils étaient beaux...Y'en avait- Puis, dans ce grand vrac elle me parlait du Genéral de Gaulle qui était très grand et qu'ele avait vu à Bayeux. Il lui avait même serré la main si...si...Ni date, ni repaires, juste des touches d"émotion, quiallaient jusqu'aux larmes perlées.

Il faut connaitre cette intimité avec nos patients pour pouvoir comprendre le peu de savoir ou le peu d'intéret en matière des ressources humaines, présentes en eux même à un stade avancé de la maladie
Lorsque du haut de leur chair, ils les prétendent "morts" nos patients " morts debout", combien ils se trompent.
D'ailleurs, pour beaucoup, nous mêmes, art thérapeutes ne sommes ni vus, nireconnus...
effacés du monde des" savants". Lorsque j'ai assisté à la conférence du professseur Eustache , grand spécialiste mondial de la maladie d'Alzheimer, à la mairie de caen, l'été dernier, lorsque je lui ai parlé, j'ai trouvé plus d'écoute et d'intérêt portés à ma démarche que chez bien des " soignants" appelons les comme cela, intervenants de l'extérieur, chez nous, dont j'attends toujours le bonjour après 18 ans de présence à l'ARDAPA.

Germaine regardait beaucoup les peintures des autres et me parlait de celles de sa fille- une artiste, pas comme moi- me disait-t-elle.
Parfois, Germaine avait des absences et je l'observais, toute petite femme, bien habillée, coquette, dans sa finde vie, dans sa reflexion d'être blessé. Pensait-elle alors que cela suffisait, que le temps était venu de rendre l'âme que sa mère lui avait confiée en la mettant au monde ? Possible.
Je l'avais longuement filmée et photographiée car je voulais en faire le sujet de mon film OSEZ OSEZ JOSEPHINE qui traiterait de cette maladie et de notre rapport avec elle au travers de l'art thérapie. Tout allait bien, la semaine dernière la Directrice de Rivabel'Âge m'avait commandé le film et j'avais acepté de le réaliser en co-production avec mon association LE CHEMIN DES GRANDS JARDINS, j'avais trouvé un deuxième cadreur, un ingénieur du son, un monteur. Tout allait bien. Nous allions commencer le tournage, la semaine prochaine. Germaine nous a quittés, le 2 novembre 2009. Elle est morte pendant son sommeil.
Elle sera enterrée ce matin et avant d'aller rejoindre mon atelier d'Art Thérapie, j'irai la saluer et lui dire adieu.
Je ne la remplacerai pas. On ne remplace pas un mort. Nous accueillerons un autre patient. Je réaliserai ce film, pas comme prévu bien sûr, car ele ne sera plus là. Quand j'ai appris sa mort au téléphone, j'ai décidé de lui dédier ce film, ainsi qu'à sa fille, dans la peine aujourd'hui.
La mort, en Maison de Retraite n'est pas un folklore, c'est une réalité. Plus que quiconque nous sommes bien placés pour dire qu'avec 50% de nos résidents atteints de la maladie d'Alzheimer et les autres à prendre en charge et suivre de très près,il est plus qu'urgent de développer toutes les aides possibles participant à l'amélioration ds conditions de vie, à la protection et à la défense de ces grands malades qui nous ont été confiés. C'est un cas de conscience à étudier au niveau national. Je crois avoir compreis que c'est le cas. il nous reste à être vraiemt aidés dans cte mission de santé publique.
Merci, Germaine de m'avoir tant donné. Merci de m'avoir souvent donné l'envie de continuer de vivre parfois, tant le monde est désespérant dans sa bêtise et sa lâcheté. Je vous parlais de mon père, âgé de 93 ans, et bien malade lui aussi et vous me disiez: il est courageux . Comme je vous demandais pourquoi, votre oeil frisait en me disant:
" faut du courage, vous savez pour vivre jusque là".
Je le pense vraiment,surtout de nos jours.

Vous y étiez presque arrivée, vous aussi, avec courage, avec le moral, malgré vos douleur et votre mobylette comme vos appeliez votre déambulateur. Je vous demandais- Germaine, avez vous mis d l'essence dans votre réservoir ce matin ? Vous me regardiez, malicieuse, en me répondant: oui, j'ai fait le plein. Puis nous partions en chantant "Ma Normandie".
Merci de votre joie de vivre. Je vous embrasse.
Que votre voyage soit éternel.

Roger Dautais
LE CHEMIN DES GRANDS JARDINS

à Youenn Gwernig


L’inconnu

qu’il me faudra déchiffrer

arrondit en moi

le silence

de sa sphère

Cette aube à l’affût

accueille une autre lumière

où conduit

toute naissance.


Marie José Christien



à Marie-José Christien

Tu vois cet arbre, petit, ils en ont coupé la plus grosse de branches pour en faire un cercueil. Je l'ai entendu gémir. Ils étaient trois pour ce méfait. Ils ont scié une partie de la nuit avec un mauvais harpon, édenté comme Job de Locronan. Bon Dieu, on s'est saoulé au chouchenn en les attendant, ces fils de pute. Nous on veillait le grand, dès fois qu'il se serait réveillé. Ils sont arrivés vers 11 heures. La nuit étai noire comme la mer. On leur a ouvert l'atelier du grand. Ils ont allumé les machines et tranché dans le vif. L'arbre, il n'était pas mort. Un vrai sacrilège. Mais pour le grand, comme disait Jobic, y lui faut un pull over taillé sur mesure. Ah les fi'd'garce, y nous ont coûte cher en gwen ru et du qui tâche. On avait dégotté la vinasse derrière les fagots. Tu connais la Marie, elle voulait plus qu'il picole,vu que le docteur, il l'avait dit. C'est bien simple, les docteurs, tous des menteurs. Ils nous font la morale et des que t'as le dos tourné, y te sautent ta bonne femme,en plus et ils boivent ton vin bouchonné. C'est comme les curés, pareil, eau bénite, goupillon, morale et pis, la soutane entre les dents. On connaît.

Le Grand, il avait dit au bistrot :

- Les gars, si je meurs un jour, tu te rends compte...si je meurt un jour ! enfin, on prenait ça bien, venant de lui. "Les gars, si je meurt un jour, je vous préviens, pas de curé". Et nous, ça nous allait assez bien. Tu comprends, pas de curé, pas de gendarme, pas de docteur. Au calme, quoi.

Ben, il est mort, le Grand et bien mort, dans son atelier fourre tout. C'est moi qui l'ai trouvé, au pied des scies à ruban qu'il accrochait au mur. La machine tournait encore. ça fout un coup. Je savais pas comment arrêter ce machin là, moi.

Je suis allé chercher la Marie, vu que la machine...et je l'ai ramenée dans l'atelier du Grand. Ah le choc, qu'elle a eu. Je lui ai dit tout de suite que j'y étais pour rien, je savais pas arrêter la machine. Pauvre imbécile qu'elle m'a dit, va donc chercher le médecin. J'y suis allé, il est venu. Il a dit:

- le grand est mort. Remarquez, j'avais bien vu qu'il n'était pas dans son état normal. Tout s'est compliqué lorsque la Marie elle a voulu appeler les pompes funèbres pour le cercueil. J'ai appelée les copains et j'ai dit: faut pas les laisser faire. C'est à nous d'enterrer le Grand, à personne d'autre-

Faut aller à la ferme de Hilarion Videloup, son gars d'ferm il nous indiquera un arbre assez vieux, on choisira la branche. On coupera. Y dira rien, avec deux litrons, ça suffira.

Des vrais, perdus,nous aut' que cette troupe. Mais on avait un secret partagé. On connaissait les petits carnets rouges du Grand. Le soir, après la rincette, il nous réunissait autour de la cheminée pour nous lire sa poésie . Et ça, rien que ça, valait bien de lui faire sa dernière boîte, au Grand.

Ils ont bossé toute la nuit et au petit matin, ils sont allés l'offrir à la vieille, sa boîte à bijoux. Ils ont couché le Grand dedans, avec tous ses carnets rouges, ses poésies, rangés de chaque côté du corps. La Marie a embrassé le vieux. Ils ont refermé le cercueil. ils l'ont placé sur le char à ban tiré par le percheron du Videloup.

" Adieu vieille branche, qu'il a dit Videloup en voyant descendre le cercueil dans le trou. S'il avait su que la branche c'était la sienne.

Après, on est allé chez Yvon. On s'est saoulé jusqu'à rouler par terre. Le lendemain , le Guy, il nous a réuni.

Les gars qu'il a dit, le Grand est plus là. Il nous avait habitué à lire de la poésie alors, j'ai pensé que...

Quoi, on a dit.

Ben, il faut continuer dans son atelier. J'ai demandé à la marie, elle est d'accord.

On est allé. On a débouché du cidre et Guy a sorti un livre de Marie-José Christien et il s'est mis à lire :

L'inconnu

qu'il me faudra déchiffrer

arrondit en moi

le silence

de la mer...

Nous, on a pleuré en pensant au Grand, aux textes qu'il nous lisait ici et puis on a bu à sa santé.

C'est ça, l'amitié, chez nous, les Bretons. c'est pas aut'chose.

Roger dautais


Dans cet exercice périlleux, j'ai voulu rassembler, la mémoire de Youenn Gwernig, le talent marie-josé Christien et le travail de Guy Allix, qui par amour de la poésie, passe une grande partie de sa vie à mettre en valeur, l'oeuvre des poètes.

Il me semble, par ce geste vivre une fraternité qui, avec l'humilité de ses personnes , constituent le terreau poétique dont notre époque désinscarnée, à la recherche d'une identité, a besoin de défendre si elle veut gagner sa liberté.

Cette désinvolture, n'entame en rien, le respect que je porte à ces poètes. C'est aussi pour moi, affirmer mon identité Bretonne, ma nostalgie d'exilé et l'amour d'une vie véritable en laissant mon imaginaire rassembler les vivants et le mort dans un dernier fest noz. J'ose espérer qu'il me sera beaucoup pardonné. Que mon délire de manouche rejoigne l'esprit sauvage de Marie-Josée Christien, en ses terres de Cornouailles.

Roger Dautais

LE CHEMIN DES GRANDS JARDINS

Née en 1957 à Guiscriff, dans la Cornouaille morbihannaise, institutrice dans une école maternelle, ses textes poétiques, ses collages et ses chroniques sont publiés régulièrement dans une quinzaine de petites revues. A cofondé en 1991 une publication annuelle, Spered Gouez/L'esprit sauvage. Son recueil Lascaux et autres sanctuaires (Jacques André, 2007), dédié à la mémoire d'André Leroi-Gourhan notamment, interroge « la pierre caverneuse où soufflent les esprits énigmatiques de nos ancêtres millénaires » écrit dans sa préface José Millas-Martin.

Retrouvez-là sur le site du poète Guy Allix

http://guyallix.art.officelive.com/invites.aspx

mardi 3 novembre 2009







à Sylvie, Lilia et Emmanuelle



INSOMNIES




Le soleil déclinait. Le petit homme se pencha sur Ana, allongée dans l'herbe, les bras ramenés sous la tête. Elle attendait la nuit.
L'homme consultait un carnet. Il tournait les pages.
_ tiens, écoute ça.
" car je sais qu'il n'allonge ni ne raccourcit la vie,. Je parle du sommeil, de ce que tu m'as écrit, hier sur ta carte de visite. Je me suis permis d'ajouter " du sommeil, tu as fait ton ennemi".

Ça te vas , comme ça, Ana N'ké?
- Enfin, disons, ça ira.

Lyon, était si loin, pour lui, de la Bretagne et Ana, de sa vie Tunisienne.
Il riait à l'idée de ces rassemblement de pies. Sur les berges de la Rance, près de Dinan, en hiver, il en comptait par dizaines à la fois.Toujours à se battre pour un morceau de cadavre. Médecin légiste, il était devenu pie, à son tour.

La logorrhée maniacodépressive, d'Ana, l'emportait comme les eaux d'un fleuve. D'une simple rivière, elle en faisait le Gange, mais il l'aimait tant, cette femme. Rien ni personne n'arrête les eaux d'un fleuve, très longtemps.

- Des siècles, tu me dis...mais, croyants que vous êtes tous, des siècles, n'est-ce pas une goutte d'eau dans l'éternité ?
-Assieds-toi sur le bord du fleuve, regarde passer les cadavres et compte les gouttes. Tu viendra me voir lorsque ton travail de comptable sera terminé.

Ana N'ké vomissait son enfance. Elle se vidait d'un diarrhée de mots .Sidi Bou Saïd, ses ruelles chaudes , les bougainvilliers au parfum entêtant, c'était la carte postale pour les touristes en mal d'enfant à baiser pour pas cher.
Ana haïssait les blancs et ce n'est pas sa condition de médecin de campagne en Avignon qui pouvait arranger quoi que ce soit. S'asseoir sur le bord du fleuve, regarder passer des cadavres, mais, bon dieu, c'était sa vie, tracassée, brisée, agitée. Elle rêvait de faire l'amour au monde entier, pas avec des porcs! Pourquoi tombait-elle toujours sur les mêmes salauds.
Un homme n'était-il qu'un sexe, un tire bouchon ?
Pourquoi, ce pécher originel, pourquoi cette honte, pourquoi cette fille menteuse... sa propre fille.
Ana, dans sa folie avait changé trois fois de nom, d'identité. Rien n'y faisait. Elle dégueulait la lâcheté du monde, le crime, le viol, l'enfance pourrie par ces gros porcs débarqués en Tunisie, pour baiser, baiser, et encore baiser des enfants, avant d'aller retrouver les leurs, épargnés, en Europe. Mon Dieu, qu'elle avait pleuré toutes les larmes de son âme si belle.
Des ruelles de Kairouan aux bas fonds de Tunis, des Montagnes de Matmata, à l'ile de Djerba, elle expiait, elle délirait , elle écrivait, elle dégueulait son enfance.

" dis, mon frère, cette fuite dans la nuit, cet adieu à Sidi bou Saïd, nos bourreaux, était-ce le début de l'histoire. Pourquoi nous, pourquoi expier, se prosterner devant un Dieu qui n'existe pas. Pourquoi tous ces fous, pourquoi Sabra et Chatila. Ô, Liban déchiré comme un chiffon rouge sang.
Sa beauté attirait les hommes, son intelligence aussi . Sa bi-polarité l'emportait dans des délires luxurients. Elle consommait la vie. Elle brûlait sa vie, n'appartenant qu'à elle même. Trois tentatives d'autolyse et trente ans plus tard, en avaient fait un médecin d'exception qui se laissait dévorer par sa profession. Ele était restée malgré tout, la petite Lilia aux pieds nus de Sidi Bou Saïd, avec ses blessures, son chagrin, ses larmes comme la pluie en Bretagne.

L'homme s'était éloigné d'elle. Ana N'ké défit ses longs cheveux noirs, les ramena devant ses yeux et s'assit en tailleur, à l'orientale, dans l'herbe humide de la rive gauche du fleuve.
Elle se mit à peigner longuement et soigneusement ses cheveux noirs. Elle se fit une raie au milieu de la tête. Elle écarta ses cheveux comme on écarte un rideau de théatre.
Sa bouche gourmande s'entr'ouvirt laissant passer un murmure. Ses lèvres bougeaient à peine. Elle se mit à compter.
-Un, deux, trois,quatre,cinq, six sept, huit, neuf.
Sa peau mate, son regard noir, ses cheveux d'ébène, son corps enveloppé, sa voix chaude, composaient sa mélopée.
Petite Juive, elle avait aimé, malgré le drame, la compagnie de ses amis Arabes. Pour Ana, seule la fraternité pouvait sauver la mise de ces peuples ennemis, non la religion qui les séparait.
Elle revoyait Pégase, petit cheval de bois, marionnette accroché à la fenêtre de son enfance. Elle revoyait Moshé, son père. Ce doux géant qui tirait de la langue lorsqu'il écrivait. Comme elle n'avait pas su l'aimer assez.
Pour Ana N'ké, le fleuve n'était que son désir insatisfait des hommes. Elle le savait. Les secondes à compter, les minutes, les heures, les gouttes, des cris d'amour dans sa nuit.
Elle vit passer le premier cadavre vesr onze heurs trente.
- Mon dieu, mais c'est mon père, se dit-elle.
perdant la cadence, elle arrêta de compter. Elle se mit à pleurer, à vomir, encore une fois.
Ana N'ké se précipita dans les eaux du Rhin et coula àpic.
Lorsque Moshé revient sur les lieux du compte, il trouva une misbaha abandonnée dans l'herbe, un petit foulard bleu nuit qu'elle ne quittait jamais et la trace de son corps dans l'herbe foulée.
- Elle est partie, cette fois, bien partie. J'espère qu'elle aura compris la leçon... Toujours ausi tête en l'air avec ses affaires !
Ana N'Ké descendait le fleuve depuis deux jours, livide. Ses cheveux flotaient comme un drapeau de deuil.

Dans le cimetière qui surplombait le village de Sidi Bou Saîd, le petit homme, devenu vieux, chercha la tombe d'Ana N'ké. Une femme se pencha à la fenêtre de sa maison bordant le carré des morts.
- Vous cherchez quelqu'un ?
- Oui, Ana N'Ké.
- Retournez-vous, la deuxième tombe sur votre gauche.
- là ?
- exactement.
-Mais...il n'y a pas de nom.
-Pourquoi voulez-vous qu'il y ait un nom, ma mémoire suffit.
-Je ne comprends pas.
- je m'appelle Fatma. Je suis une amie d'enfance de Lilia. Avant, vous savez, Arabe ou juive, pour nous, enfants, c'était pareil. Elle avait eu une enfance terrible, ne l'oubliez pas. Il ne faut pas lui en vouloir de son geste désespéré. Elle était devenue un très bon médecin. La France, ce n'était qu'un péripétie, pour rejoindre un homme. Elle se sera noyée par accident, mais vingt ans après, qui s'en souvient. Qui se souvient encore de la petite Lilia aux pieds nus...

L'homme se pencha sur la tombe blanche et l'enveloppa de ses deux bras.
Derrière les cyprès, la Méditerranée qui les avait rassemblés, n'avait qu'un bleu d'azur à leur offrir en souvenir.

Roger Dautais
Déjà...

LE CHEMIN DES GRANDS JARDINS


Photos et installations Roger Dautais

: Le land art... parfois, comme une écriture pour accompagner l'amitié, les sentiments, la vie comme elle va. Désespérer du monde ne veut pas dire être passif.J'ai besoin de retrouve ma respiration, mon souffle, ma liberté et certaines rencontres trop brûlantes, trop passionnées me détournent du chemin des grands jardins. Du miel, je fais des tartines, je m'en nourris. De souvenirs, je garde le meilleur et l'amitié continue à être présente. il suffit parfois de s'écarter un peu.
Le soleil reviendra.
Nous reverrons la Tunisie bien sûr. C'est juré, sur les tombes de Matmata depuis 2008.




à Marie-Claude...


Make love
tu dis
mais love

( Lilia ...)

Tu tires le

rideau
noir

( Folie...)

Cessez pluies

d'or
cassez
le rythme
de chevaux ailés

( Cassiopée ... )

tirez

le petit charriot
de feu

( Matmata...)

Elle est revenue

l'amante
religieuse

Elle sépare
l'inséparable
jusqu'à
demain.


Roger DAUTAIS

La nuit reste éternelle jusqu'à l'aube. Nous irons ensemble, mon amour, au pays du soleil. Matmata nous attend.


Land art : installations May sur Orne, Roche d'Oetre, Caen et photos R.Dautais

lundi 2 novembre 2009



CNOTAPHE

à ceux qui sont partis en fumée, à ceux qui sont parts, abandonnés, à ceux que l'on appelle et qui ne répondent plus, aux morts en cette journée qui leur est consacrée. Seule la Mer pouvait laver notre peine,ce soir


Je me promenais sur le bord du lac de Genève avec une amie. Elle se disait, souffrante. Écrivain de talent, elle craignait que son mal ne contamine ses mots, ma pensée, mon point de vue. Elle prenait l'avion dans trois heures et nous devions rendre la voiture de location avant son envol pour l'Algérie. Sonia était neuro-psychiatre dans un grand hôpital d'Alger. Insomniaque, elle tuait le temps sur des blogs à longueur de nuit et le jour, elle passait son temps à secourir de pauvres hères qui lui dévoraient la vie.

Sonia me prit la main et s'arrêta. Elle me faisait face, et me planta son regard noir dans le fond des yeux. Je la savais, inquiète, fragile. Je la sentais emportée pas ses tempêtes, ses doutes. Elle abordait très mal le tournant de la cinquantaine.
- tu me comprends, Jean
- parfois, non.
- Je sais, mon passé embrouille tout. Tu crois que je devrais raccrocher?
- Bien sûr que non. Tes mots sont forts mais l'écoute est différente. Elle est volatile, un oiseau, peut-être. Elle est labile. A moins que ce ne soit ton discours que tu agites comme un chiffon rouge au nez d'un taureau. Rien ne me gêne dans l'écoute, tu le sais. Je maîtrise cet art.
- La surface de ce lac est limpide et immobile, répondit-elle et rien de semble atteindre sa tranquillité. Tu pense comme moi ?
- ... ?
- Excuses-moi, continue...
- Oui... Entre nous, l'air, la vibration, la couleur de ta peau, les yeux, les lèvres, les dents, les cheveux.
- Tu penses ça ?
- Les attitudes parlent, Sonia, les attitudes, aussi. L'oralité touche l'oreille, porte étroite de la sensualité.

Le temps se couvrait, virait au gris. Jean regardait le visage expressif et mobile de son amie.Il percevait le frémissement des ailes de son nez parfait.
Jean aimait cette beauté forte., cette vitalité débordante mais il s'en méfiait.
Il continua.
- le mot est glèbe, glaise, glaive. Il est du livre, comme toi ou moi. Il est l'indispensable pause des voyageurs que nous sommes. Il est oasis, désert de pierres, Sahara. Il saigne, il est menstrues, bandaison, platitude, érection, comme les pierres levées de Carnac. Noir, ce mot devient lieu de pélérinage, concentrique prière. Le mot est ce que nous sommes, entre culture et faiblesse, révélations et mensonges, entre silences et logorrhées.
- Logorrhées, mes mots écrits ?
- enfin, je veux dire mélopées. Voila ce qu'est le mot, tueur de certitudes, ébranleur de socle. Il est, subversif jusqu'à la concordance, hésitant dans la balance, amoureux de l'ombre ou se tortillant au soleil, nu comme un ver. Il est l'enfant entre tes cuisses, du cri primal à la trahison. Il est le dernier regard lorsque la tête tourne et s'incline, puis se lâche dans un dernier mouvement et tombe pour te quitter.
Il est l'adieu.
Il est la vie
Il est pour nous, l'amitié. c'est pour cela que je l'aime.

Sonia ferma les yeux; Mes morts...ils viennent à moi. Elle serra les mains de jean pour résister à la syncope. Ses larmes coulaient, libres, comme elle.

Nous ne changeons que très rarement les êtres, nous ne pouvons que les aimer ou les quitter.


J'ai écrit ce texte en ce jour des Morts, loin des miens, dans la peine des éloignements des nôtres. Nous avons aussi le droit au respect et aux larmes de silence. Nous ne mesurons jamais la force des mots. Ils peuvent tuer. Ils peuvent aimer, aussi. J'ai choisi la seconde solution. La semaine qui vient sera d'éloignement et de retrouvailles. Il n'y a pas de place entre nous, simplement à côté de nous.

Roger Dautais
"Avant le départ"

LE CHEMIN DES GRANDS JARDINS

dimanche 1 novembre 2009




Ce n'est pas pour ce soir, encore...



Ce pourrait
être
une dernière
fois
t'embrasser
sur tes lèvres chaudes...

Ce serait
voir notre maison
s'éloigner
et mon souffle
se tarir
comme une source
du Sahel

Ce serait
clore les occurrences
taire les dires
faire sauter
le melting pot,
perdre le logos,
sombrer

Une colombe
en vol
arrivera demain
porteuse de mon souffle
Demain
j'attendrai encore le soleil.


Moïse Clément

En Normandie le 1er novembre 2009




J'ai le blues...Il est impossible de dire je t'aime. Impossible dans ce monde d'aveugles et de sourds. Ma route est de solitude. Ici, je suis en représentation si loin de l'essentiel...Si loin...Seul le détachement et l'humilité peuvent nous faire avancer dans l'art mais l'exercice est périlleux. Ce que vous croyez atteindre est un mirage. Il y a trop de combines dans l'art. Qui accepte le dépouillement?
Nous sommes grugés. Les apparences triomphent, mais ne le dites pas, vous finiriez comme moi. Pardonnez moi de ne le dire qu'en aparté. Partager la lumière est un danger permanent. J'aime ce danger. Il me constitue.

Le seul moyen de sauver le radeau, est bien de recentre sa dérive vers l'humaine condition. Il ny a qu'à voir pour comprendre ces décrochages dont nous sommes, nous êtres ultra sensibles, les premières victimes. Il n'est pas question se plaindre, mais de résister et la résistance passe par cette proclamation.
Oui, le land art est porteur d'espoir, oui, il appartient à tout le monde et non à un brelan d'as. Qui se met en course pour le maillot jaune oublie que certains courrent sous anphé.
La désespérance qui ne se conclute pas par une mort est une composante de l'art. Qui le conteste.
Mon espoir tient dans le fait d'être aimé depuis très longtemps par une femme d'exception Marie-Claude ce qui n'a pas empêché une Bloggeuse du sud Ouest de me conseiller d'enlever son nom du Chemin des grands jardins, car elle trouvait notre romance ringarde.
Alors je vais terminer cette rubrique par une pensé philosophique et lui dédier

ON NE PEUT ÊTRE ET AVOIR ETE, LA PREUVE
J'AI CONNU DES CONS QUI LE SONT TOUJOURS

PIERRE DORIS



Roger Dautais
LE CHEMIN DES GRANDS JARDINS

vendredi 30 octobre 2009





à l'absente...
Souvent, tout refaire, pour aimer à nouveau...


Petits écheveaux
de bois
comme ma gueule
ouverte
l'effiloche des jours
et des
écholalies


tout le ciel est tombé noir
dans mon café

ici je pleurais
tu démêlais
tes longs
sanglots


entre tes seins blancs
J'ai posé
un baiser de feu
amoureux

La bamboche
a fini
par me casser et la tête
et le cœur

Petits écheveaux
tournez
montez au ciel d'Orion.


Jeanne veille et
tend
son bras numéroté
Jean-Moïse

n'est plus
que l'ombre de moi.

Ô ma fille
disparue que je t'aimais,
aussi

écholalies

Papa
dis tu pleures,
pourquoi
...

non je t'aime de larmes
mon enfant de nous
reviens

Je pleure.

Moïse Clément
"la nuit, c'est quand tu n'es pas là
"
LE CHEMIN DES GRANDS JARDINS


J'aimerai avoir les absences des vieux, les départs, le décrochements de ce monde incompréhensible dont ils s'échappent lorsque ,nous leur montrons notre indifférence, notre savoir, notre jeunesse, notre belle auto " t'as vu Papa, ma grosse auto, ma béhemdoublevé ma mercédasse et son chauffeur. j'aimerai avoir l'absence de ces Alzheimer qui décrochent de notre beau monde de gens stressés, pressés, ce monde m^me qui les a précipité dans la maladie. Ce monde qui déserte, nie et renie :
- nous...? de notre faute...
Nous, mais enfin voyons...Papa
T'as vu ma mercedasse, ma déasse
ma Béhemedoublevé et son chaufeur.

J'ai remis Osez Osez Joséphine sur le lecteur de CD ROM et j'ai continué à filmer ces instants rares, ces vies d'Alzheimer que j'approche si souvent pour les aider.
S'ils s'absentent, je fais le voyage avec eux, s'ils plongent en apnée, je plonge en apnée.
Réaliser un documentaire dans ces conditions demande des compétences. Je les ai. Bien d'autres aussi mais je n'ai pas trop de concurrence, il faut le dire. Le vieux n'est plus à la mode. Je suis de quoi je parle, je suis vieux et à 67 ans, je me l'entend dire et répéter chaque jour.
Ecoutez la chanson de Bashung, vous comprendrez ma démarche de soignant dans ce monde qui vous intrigue tant. Cela vous aidera aussi à comprendre e ce que j'écris, un peu mieux.
2010 sera une année de tournage, pour moi, avec trois documentaires, dont un sera consacré à mon travail professionnel : le land art. Il sera réalisé sur les 90 km des plages du débarquement,et dans la Hague. Je vous en reparlerai en temps utile.

N'oubliez pas mes amis Emmanuel Prunevielle, Grégory Goffin, Richard Shilling, Dominique Gros Alejandro Guzzetti, Articia, Jean Jacques Lion,Guy Allix, Mohamed Siad, Jocelyne Bof, Manue, Epamin'Lilia,Patricyan, HervéPerdriolle, hoboville studio, Anne Vanderlove.
et tous ceux qui sont en lien sur mon site.

Ils sont tous des voyageurs au pays de l'écriture,de la poésie, du land art, de la sculpture, de la peinture, du théâtre, du cinéma, de la vide, de la photo.Ils enseignent nos enfants et résistent au Mammouth et au" dégraisseur", lui-même très gras et fort poilu
Ils rêvent, s'expriment, réalisent, montrent, pour votre plaisir, vos loisirs, et donnent leur vie à l'art, à l'enseignement digne de ce nom.
C'est le monde qui s'absente, pas eux.
C'est le monde qui stresse le monde. C'est le profit des spéculateurs et des cupides qui fait les guerres. Nous n'avons rien inventé de plus intelligent que l'art et la culture ( je n'ai pas dit les cocktails onéreux) pour mettre à bas cette dictature du profit.
Le temps de la Toussaint est pour les chrétiens dont je ne fais pas parti, le temps de célébrer ses Saints, puis d'aller se recueillir sur les tombes des morts.
Où se recueille-t'on quand le corps de la victime s'est volatilisé dans un attentat, perdu en Mer, disséminé sur les sols gelés de la Silésie, ou à Auschwitz après avoir été douché et brûlé ou encore au Cambodge, en Chine...
Baumes la Rolande, cette rampe de lancement franco française n'aurait été que pure invention d'un historien fou ?

Le monde n'est pas un cénotaphe.

Nous marchons sur nos morts.
Nous marchons sur nos vivants,
aussi,
Nous marchons sur la jeunesse perdue. Junkies aveuglés de shit, d'amphé, de coke , d'alcool, voguant de défonce en shoots se servant et payant de leur vie la dîme des temps modernes aux dealers qui prennent la planète en main, et font concurrence aux marchands de canon.

Nous marchons sur les vieux abandonnés,
sur les artistes, souvent.

Oui, la vie est sacrée. Mais la vie est aussi un sacré bordel où tout le monde ne trouve ni son compte, ni à manger tous les jours.

Les blogs dorés ou rose bombon, il en faut mais il faut aussi secouer le cocotier sans se contenter de dire
Ouafff.
Hifff !
O.K D'acc... coco
Comm, d'abb.
Ouaou, c'est cool ton truc.
et puis retrouver son cartable de petit prof qui emmerder tout le monde, après. Il y a des intermittents de la marge. Ils ne trompent qu'eux-même. Y font pas le poids. Ca sent le baltringue de loin.
Je ne les vois pas, ces mecs, là, au charbon.
Il y a du taf, mais certains travaux d'intérêt général, je veux dire, côtoyer les vieux, les jeunes qui ressemblent à rien de "cotoyable", dont on ne peut plus rien tirer, " l'absence " là, toutes les figures de style à la Brice de Nice, c'est pas suffisant.
La morale, c'est pas a moi de la faire, c'est pas non plus à ceux qui prennent la parole sans se moucher.
Où est la vérité. Ele est devant ssoi. Faut ouvrir les yeux et vivre à poil, enfin je veux dire, nu de certitudes. C'est compliqué.

Oui, parfois, je les envie ,ces vieux que j'aime tant, parce que je ri avec eux, nous peignons, parlons, devisons, écoutons de la musique et dans leurs silences, dans mon atelier d'Art Thérapie.
J'apprends mieux la vie auprès d'eux, avec eux,que dans n'importe quel meeting politique à la mode.Le land art mène à tout même à ouvrir les yeux, car le chemin est rude qui mêle à l'humilité comme le dit l'ami Guy Allix, poète initié, le frère retrouvé.

Mon blog est toujours un blog de land art mais il ne sera jamais une galerie si propre que même la gripe H1NI ne peut atteindre le directeur, même la vie,n'y entre pas. Non, ce sra ce qu'est la vie, un mélange de plein de choses, de poèmes, de textes libres, de dédicaces à mes copains, de déclarations à ceux que j'aime, de photos de land art. Je vous l'ai dit mille fois, je possède
25 000 photos de land art, des films, je fais ds expo,je donne des conférence. En fait, c'est un métier d'être artiste, alors pourquoi vous me demandez tout le temps et à part ça, qu'est-ce-que vous faites ?
Prendre 25 000 fois sa belle mère, en photo, ça peut surprendre, mais 25 000 photos de land art, c'est d'abord installer, performer, bâtir, élever des formes, des objets, des végétaux, des matières. C'est, passer sa vie dehors, pendant 11 ans pour moi sans oublier ce que j'ai fait de 0 à 55 ans. 25000c'est beaucoup et c'est rein à la fois. Trop pour regarder mais asez pour avir en moi, de qui reprendre la route chaque matin et savoir que je suis en mesure de m'exprimer.

Je réponds ici à quelques critiques toujours bien vachardes et venant de gens qui, soit sont à leur 2 ème semaine de stage land Art, soit dans rien mais qui savent, soit dans la méchanceté pure et qui vivent eux, dans la combine à nanard, le robinet à subventions ouvert dans leur goule. Ils sont élus, élus pour recevoir,pas pour doner, si...des leçons pour que les autres, nous, on n'approche pas du gâteau. Ceux là qui m'habillent et me taillent des costards, ce n'est plus la peine qu'ils me lisent ou parlent de moi. Qu'ils m'oublient, je les laisse à leur médiocrité de combinard petit bras.
Mes journées sont longues de 5 h du matin à 11 heures du soir. Longues et passionnantes. Je ne vois pas pourquoi j'arrêterai. Je veux monrir, vivant. C'est ce que j'avais écrit à un peintre aujurd'hui disparu, Yvonne Guégan. Nous avons fait un livre d'artiste ensemble, Fol'Art. J'ai souvenir de retrouver cette phrase imprimé dans ce même livre. Yvonne est partie, je continue la route, comme elle le fit, en travaillant jusqu'à la fin.

Roger Dautais

mardi 27 octobre 2009

C'est l'infinitude qui fait lien entre l'art et le réel..*.


Lorsque Christina Barolo nous parle du regard infini, elle dessine les contours de son âme, simplement et permet à celui qui l'approche de la pénétrer.
Il est bien entendu, disons, sous-entendu, que toute œuvre de création implique son créateur. En l'occurrence, sa vision holistique de son être, projeté sur le support miroir de l'âme, une toile, va suffir au déplacement sémantique.
La virginité de l'objet, sa "platitude" même, engage l'artiste dans un process qui met en œuvre un transfert d'ordre psychanalytique.
Christina Barolo, qui peint le cheval, nous parle de son regard, et prend comme alibi Descartes, pour nous parler de la passerelle possible entre le monde animal et le monde des humains, touche au sublime.
Le subliminal s'incarne, et le mot amour prend tout son sens, car Christina Barolo, est une grande amoureuse.
Amoureuse, femme dans sont épanouissement, bien sûr, mais non sans cette faille, cette fragilité qui lui permet d'être une artiste majeure. Sa palette lui ressemble, diaphane, élancée, aristocrate et ses nuances la rendent d'une humanité touchante.
Si la femme existe, elle est, berceau de l'humanité dans son accomplissement de mère. La création est une maternité et qui s'arrêtait au visible et serait à mille lieu de l 'entrée des possibles interprétations. Après, il faut encore la clé. Elle pend à son cou.

Comprendre Christina Barolo, se fait dans un regard, le sien.
J'y ai lu comme dans un livre ouvert et la limpidité de sa souffrance m'est apparue d'une humanité incontestable, tant le doute était présent. Cette humanité, je l'ai retrouvée dans ses toiles.
Voyons le catalogue en ses titres révélateurs :

Le doute évoqué par " Break"

L'intuition se dégage dans "feeling3
La raison s'inscrit dans " Duel3
La pensée se reflète dans " cogito ergo sum"
La connaissance appelle le "Tête à têtes"
Le tryptique de la passion " Coramespri"
ainsi que celui u "bBaptême"
et enfin "l'infini"

et voila ce que Christina Barolo écrivait en exergue de son œuvre peinte :

"Au cours de mes escapades d'enfance, mon REGARD avait déjà croisé celui des chevaux. Je l'ai retrouvé, je n'ai pu par la suite le porter ailleurs, tant leurs yeux avaient à me dire. J'ai été stupéfaite par la profonde et intense réflexion qui se dégageait de tous ces regards. Comme s'ils me renvoyaient à mes propres tourments de fragile humaine. Ces regards miroirs m'ont bouleversé jusqu'à me demander qui d'eux ou moi appartenait réellement au monde animal"...




Humble jeu de cartes, tarots de Marseille ou véritable connaissance de la nature profonde de l'homme, l'œuvre de Barolo est emprunte de la Renaissance Italienne mais aussi d'une modernité issue de l'univers cosmopolite de New York.
Les références flagrantes, sont de l'humanité et porteuses d'archétypes. Elles sont le reflet d'une humilité, je le répète , socle de toute œuvre majeure, face au mystère de l'homme, de sa relation à l'animal, au cosmos, à sa finitude.
Si les Jésuites ont choisi comme devise Perinde ac cadaver, c'est bien que la construction de toute oeuvre passe par la mort, quelqu'en soit son degré de connaissance ou d'initiation. Cette humilité nous rattache en son passage obligé, au retour à la terre-Mère, comme le sabot du cheval au galop, qui malgré sa puissance a lui aussi besoin de cette présence , de cette complicité, de cet accouplement avec la matière qui nous compose.
Tout envol présomtueux mènerait l'artiste,comme Pégase à se brûler les ailes.
A chaque fois qu'elle entreprend une toile, Christina Baroso, va chercher au tréfond de son âme, cette force de tout recommencer, inlassablement, comme un enfant qui balbutie devant sa mère, à chercher le langage pictural qui unira, le cheval-passion au spectateur-passif, qu'elle saura animer par un commentaire judicieux. Le" je ", est présent, le" nous " se conjugue au présent et le" jeu" du casino, de la roulete au black Jackincarne ce qu'elle nous offre à voir sur ses toiles. Une émotion de l'ordre de la Renaissance.
Je n'ai pas d'images à vous montrer de cses toiles, car je n'avais pas prévu d'écrire ces lignes nées d'une conversation téléphonique, mais on doit pouvoir parler de peinture à un aveugle. Si vous pensez que Christinas'était contée de montrer au Casino de Cabourg, pendant les equidays de l'automne 2009, une anatomie du cheval, déclinée en couleurs, ce qui est partiellement vrai, tant elle " possède " le cheval, dans son trait, vous aurez maintenant l'envie de découvrir l'oeuvre à Paris dans une galerie que je vous indiquerai plus tard ou à la galerie artioli Findlay 11east 94th Street New York NY10128.
Vous comprenez mieux ce qui peut me relier à Christina Baroso, lorsqu'en 2006, je créais la série des" Gisants de Sallenelles". Un lon cordon ombilical reliait le défunt à la Mère-Fleuve. En ces temps l'Achéron,fleuve des enfers, chariait des eaux boueuses et le passage d'une rive à l'autre s'effectuait sur la barque dee Charon.
Le land art est "Terra incognita". Le land art est "vibration" et non, ratiocinations de petits vermicaux présomptueux et pédants. C'est une oeuvre d'homme, ni en dessous ni au-dessus, encore faut-il trouver la bonne longueur d'onde. Pour moi, elle s'appelle, l'amour de la vie.

Roger Dautais
" en revenant de Balbec avec Marie-Claude"

LE CHEMIN DES GRANDS JARDINS

* William T.Vollman
Chronic 'Arts Septembre 2009

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Landartiste, photographe, auteur de livres pour enfants, Roger Dautais est aussi un artiste atypique, sensible et attachant.Il a sû, dans la diversité de ses expressions, trouver une harmonie par la pratique quotidienne de cet art éphémère : le Land Art. Il dit "y puiser forces et ressources qui lui permettent, également, depuis de nombreuses années, d'intervenir auprès de personnes en grande difficulté ( Centre de détention pour longues peines et personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer) pour les aider par la médiation de l'art.