lLe voyage de la sphère : à Pierre Bénichou. |
Marie-Claude
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*Le mot amour, c’était tout.
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Le monde d’où je venais, n’existait plus et celui auquel j’aspirais, paraissait inaccessible. Entre les deux était apparu un état d’urgence.Des mots sinistrés en moi, pendant de longues périodes de mutisme, affleuraient. Le dire manquait de spontanéité. La société, devenait incurable.Le monde d’où je venais n’existait plus. Cette sauvagerie de souvenirs enchevêtrés dans ma mémoire amnésique , finissait par créer une désordre qui m’emportait dans son sillage.
Petite enfance
On fonctionnait, pareillement, rue Paul Sébillot. On naviguait à l’estime, sans futur. En 1948, ça sentait encore la guerre.les disparus, les déportés, les collabos.Nous, on avait faim et cette sensation de creux au ventre, scellait notre amitié à trois : Edith, Maud et moi. Ces deux sœur juives avaient vu disparaître une grande partie de leur famille dans les camps Nazi. Maud résistait le mieux à son statut d’orpheline de guerre qui lui était offert comme cadre de vie, mais les deux sœurs en souffraient beaucoup. Leur courte vie était inscrite dans ce drame.
Nous étions tous les trois des enfants de la guerre, livrés à eux-mêmes. Notre royaume était la rue et le fleuve de nos navigations, le caniveau.
A quelques centaines de mètres de la maison, en remontant la rue Paul Sébillot, se trouvait le bar de l’Étoile. Plus exactement, un bordel à soldats, comme il en avait beaucoup, à cette époque, dans les villes de garnison, afin de calmer les troupes. L’armée avait une vue tout fait pratique, de la femme au service de la nation. Une exaction de plus à mettre à son palmarès de violence institutionnalisée.
Enfants perdus, nous allions jouer sur le trottoir de ce bordel, attirés, par le bruit, la vie l’ambiance et la musique largement diffusée par le patron, pour attirer le client dont les filles s’occupaient, ensuite. Installés, parmi ces filles à même le trottoir, on jouait aux billes pendant qu’elles racolaient les soldats. On profitait des gentillesses de ces « dames » qui nous distribuaient des bonbons en nous passant la main dans les cheveux. C’était, nos mamans de la rue. Mais on ne comprenait pas plus de ce qui se passait là-dedans. J’avais 6 ans et mes deux amies, deux à trois ans de plus.
De temps en temps, le patron du bar de l’étoile, sortait en vociférant, donnait un coup de pieds dans nos billes, pour nous casser, nous traitant de petits voyous, de sales juifs. On se comportait comme des piafs effrayés, pendant un quard d’heure, avant de revenir devant le bar, accueillis par les sourires de ces « dames ».
Une fois, Maud avait entendu, le mot amour, c’était tout.
Parenthèse.
Ce genre de souvenirs,arrivait dans ma vie, comme une tintinnabulations d’anges déchus de Sin Paradise. De sangsues noires pompaient, le sang de leurs yeux, repoussant toute envie d’accouplement avec leurs estuaires incnadescents.
Le land art occupait maintenant, ma vie, durablement, ouvrant en moi, un large champ d’inquiétude et de questions, auxquelles je me devais de répondre. Au moins, m’y essayais-je de tous mes moyens. Tout était à réinventer, à défricher chaque jour, jusqu’au bout de mes forces.Cette longue et passionnante trajectoire, ne devait en aucun cas, faire de moi, un savant, un spin Doctor, un brillantissime artiste que les foules admireraient,. Non, il s’agissait d’orienter ma vie et de la vivre au jour le jour sans déshumaniser la pratique.
L’imprévu de cet art physique, restait la blessure.Elle revenait, souvent. J’avais quitté la foule besogneuse et ouvrière que je respectais, mais aussi, celle des affairistes, des cupides, du consumérisme et je me retrouvais projeté dans une sorte de houle où je devais surnager, parfois survivre. J’y arrivais.
Carré des anges.
Les visages d’Edith et Maud, mortes toutes les deux dans les années 50, me revenaient en mémoire, très souvent, comme des éclats lumineux. Elles étaient devenues mes étoile. Je les enviais dans leur grand voyage, elles qui reposaient au carré des anges du petit cimetière de ma ville. Souvent, je me trouvais au pied du mur de ce cimetière, prêt à accrocher le voyage , pour de bon, sur fond de mélancolie qui arrivait à percer mes peaux succinctes, et atteignant mon cœur
Reprise.
Mais , je retournais au chantier, dans les petits matins gelés qui font les doigts gourds, au dialogue avec la mer amoureuse, aux danses sur les terres noires, bordées d’ajoncs,. Puis un jour, il y avait eut cette sphère magique, magnétique, avec qui j’avais accepter de voyager.
Elle m ‘avait redonné de l’élan, fait battre mon cœur jusqu’à la chamade, et surtout me redonné l’envie de continuer le chemin pour toi, seule femme aimée, jusqu’au bout.
Roger Dautais
Route 78
Photo : création land art de Roger Dautais
« Le voyage de la sphère » à Pierre Benichou
Région de Caen - Normandie
Très beau partage Roger ..Merci à toi
RépondreSupprimerBonne journée
Bises
La sphère dans sa douce perfection a quelque chose de consolant...
RépondreSupprimerMERCI !!!
RépondreSupprimerPour être là
pour cette parure de pierre
et pour ce cher Pierre
MERCI !!!
j'ai retrouvé le nom de cet artiste dont mon fils Arnaud publiait la photo sur a page, Jamie Harkins, c'était une vidéo de Thalassa en fait, cet artiste qui dessine ses oeuvres sur le sable. Bien sûr j'ai pensé à toi, à tes belles oeuvres éphémères mais aussi aux mots que tu manie si bien.
RépondreSupprimerCes derniers mois, j'ai perdu le fil, non sans raison...
Amitié Roger
marine D