à Michèle Schang |
De
mon enfance en caniveau, il me restait si peu de bonheur. Mais le
sourire de ces deux soeurs de misère, je les garderai à vie.
*
*
À Édith et Maud,
mes étoiles de guerre..
*
*
La clandestinité, on l’avait choisi pour elles, dans cette France de collabos , devenue trop dangereuse à vivre. Même pour de jeunes enfants, le temps n’était pas à se promener dans les rues, avec une étoile jaune sur le cœur. Leurs parents s‘en étaient séparées, pour les sauver. Elles étaient arrivées, toutes les deux, un hiver dans une ferme des côtes du nord, en Bretagne. La famille était protectrice. On les avait aussi obligé à changer de nom. Elles s’appelleraient, désormais, les sœurs La croix. Issues d’une famille juive non pratiquante, elles avaient dû, provisoirement, suivre la religion catholique, aller à la messe, réciter des prières, qu’elles ne connaissaient pas. Ce n’était pas leur nature de prier et elles n’aimaient pas ça.
Édith et Maud, étaient restées cachée dans cette ferme jusqu’à la libération avant de rejoindre Paris. A part une tante du côté de leur mère, tous les membres de leur famille avaient été déportés, puis exterminés.
Leur tante était venue avec elles, habiter dans une petite ville, du nord de la Bretagne. Elles vivaient toutes les trois dans ma rue.
Très vite, Édith et Maud étaient devenues mes amies. Cela me permettait de m’échapper très souvent de ma maison, où j’étais maltraité. Je leur racontais tout.
C’est ainsi qu’en échange, elles m’avaient fait des confidences sur leur vie.
Le père de mon ami Titi,le voisin du dessus, n’aimait pas les juifs .Pour cette seule raison,Titi ne participait pas à nos jeux. Un jour, il m’avait montré un livre, appartenant à son père: Mein Kampf. Pour que je le lise.
Cela ne me disait rien de lire un livre sans images et il l’avait remporté chez lui.
Nos escapades, à la vieille rivière, nous les faisons tous, les deux, sans les filles.
Un jour, j’avais emmené Édith et Maud, au cimetière de la ville. Elles avait trouvé le lieu des morts, très beau. Un grand jardin, qu’elles disaient.
Elles avaient récupéré des perles dont on fabriquait de couronnes mortuaires, pour en faire des colliers et des bracelets. Très élégantes, dans leur pauvreté, elles s’ en paraient, tous les jours.
Je les avait toujours trouvé jolies avec leurs longs cheveux et leurs regards noirs. Je pense que j’aurais pu les aimer, en vrai, si elles n’étaient pas mortes, jeunes.
De chagrin, je crois.
Avec le temps, toutes ces histoires s’étaient transformées en empreintes profondes qui relevaient de leurs passages sur terre et dans mon environnement.Je les comparais à ces rivières bleues qui apparaissaient, sans que rien ne les annonce, sur les étangs du lac aux lotus.
Rien ne pouvait expliquer leur présence, mais je savais, qu’Édith et Maud, mes étoiles d’enfance, continuaient à vivre près de moi.
Roger Dautais
Route 78
Photo : création, land art de Roger Dautais
« Rivière bleue» pour pour Michèle Schang.
Région nord de Caen.
Normandie
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À Édith et Maud,
mes étoiles de guerre..
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La clandestinité, on l’avait choisi pour elles, dans cette France de collabos , devenue trop dangereuse à vivre. Même pour de jeunes enfants, le temps n’était pas à se promener dans les rues, avec une étoile jaune sur le cœur. Leurs parents s‘en étaient séparées, pour les sauver. Elles étaient arrivées, toutes les deux, un hiver dans une ferme des côtes du nord, en Bretagne. La famille était protectrice. On les avait aussi obligé à changer de nom. Elles s’appelleraient, désormais, les sœurs La croix. Issues d’une famille juive non pratiquante, elles avaient dû, provisoirement, suivre la religion catholique, aller à la messe, réciter des prières, qu’elles ne connaissaient pas. Ce n’était pas leur nature de prier et elles n’aimaient pas ça.
Édith et Maud, étaient restées cachée dans cette ferme jusqu’à la libération avant de rejoindre Paris. A part une tante du côté de leur mère, tous les membres de leur famille avaient été déportés, puis exterminés.
Leur tante était venue avec elles, habiter dans une petite ville, du nord de la Bretagne. Elles vivaient toutes les trois dans ma rue.
Très vite, Édith et Maud étaient devenues mes amies. Cela me permettait de m’échapper très souvent de ma maison, où j’étais maltraité. Je leur racontais tout.
C’est ainsi qu’en échange, elles m’avaient fait des confidences sur leur vie.
Le père de mon ami Titi,le voisin du dessus, n’aimait pas les juifs .Pour cette seule raison,Titi ne participait pas à nos jeux. Un jour, il m’avait montré un livre, appartenant à son père: Mein Kampf. Pour que je le lise.
Cela ne me disait rien de lire un livre sans images et il l’avait remporté chez lui.
Nos escapades, à la vieille rivière, nous les faisons tous, les deux, sans les filles.
Un jour, j’avais emmené Édith et Maud, au cimetière de la ville. Elles avait trouvé le lieu des morts, très beau. Un grand jardin, qu’elles disaient.
Elles avaient récupéré des perles dont on fabriquait de couronnes mortuaires, pour en faire des colliers et des bracelets. Très élégantes, dans leur pauvreté, elles s’ en paraient, tous les jours.
Je les avait toujours trouvé jolies avec leurs longs cheveux et leurs regards noirs. Je pense que j’aurais pu les aimer, en vrai, si elles n’étaient pas mortes, jeunes.
De chagrin, je crois.
Avec le temps, toutes ces histoires s’étaient transformées en empreintes profondes qui relevaient de leurs passages sur terre et dans mon environnement.Je les comparais à ces rivières bleues qui apparaissaient, sans que rien ne les annonce, sur les étangs du lac aux lotus.
Rien ne pouvait expliquer leur présence, mais je savais, qu’Édith et Maud, mes étoiles d’enfance, continuaient à vivre près de moi.
Roger Dautais
Route 78
Photo : création, land art de Roger Dautais
« Rivière bleue» pour pour Michèle Schang.
Région nord de Caen.
Normandie
Merci de tous vos commentaires.
RépondreSupprimerDurant le deuxième mois de confinement, mon état de santé s'est dégradé à nouveau. Je dois subir une petite opération chirurgicale, début Juin. Bien que je sois affaibli, je pense que cela se passera bien.
Grâce à vous, à vos visites nombreuses, LE CHEMIN DES GRANDS JARDINS a dépassé les 555000 visites, ce qui est inespéré pour moi. Je vous en suis reconnaissant. Je vous embrasse.
Roger Dautais
Qué gusto leerte querido Roger y que a pesar de la pandemia y la operación que tendrás, vas a sobrevivir como buen soldadito de Le chemin des grands jardins. Felicitaciones por el récord alcanzado por las visitas.
RépondreSupprimerCuidate y pronto restablecimiento.
Un grand bisu
Qui n'a rêvé de naviguer sur une rivière de fleurs ?
RépondreSupprimerje t'embrasse.
Ce chemin aquatique est une magnificence.
RépondreSupprimerPuisse-t-il te mener vers des jours tranquilles et meilleurs.
Avec toi de coeur à coeur ami.
Pensées.
Coucou
RépondreSupprimerJe t'ai perdu en route on dirait bien , je suis désolée Roger ...et je te retrouve au moment ou tu ne vas pas très bien
J'espère que cette opération se passera bien
J'aime toujours autant être ici entre tes écrits , tes photos ,le land art ...
Merci à toi pour ce partage
Gros bisous à toi
Bonjour, Un voyage étonnant au cœur du land Art qui nous fascine de part sa beauté... merci à vous !
RépondreSupprimerJ'ai oublié de passer ici où tes créations pourtant m'enchantent
RépondreSupprimerCeux que nous avons aimés ne nous quittent jamais
Je cherche une création sur le sable que j'ai vu sur une page FB de mon fils, je la cherche et je reviens
Amitié
une belle image, une sinuositée bleue du plus bel effet...
RépondreSupprimerj'ai du mal à publier sur ton site Roger
je te souhaite une belle soirée