Interview à: ROGER DAUTAIS ]
ART
| Que faites-vous ? Comment vous définissez-vous? Je suis landartiste et je pratique cet art à plein temps depuis un peu plus de dix ans. Je pratique aussi la photo, puisque j'assure les prises de vue de mes travaux | | Quel est votre message? J'essaie de mettre l'homme au centre de la pratique artistique et cet acte au centre de la Nature, en essayant de respecter l'un et l'autre. | | Votre biographie en quatre lignes Je suis né en Bretagne en 1942, j'ai rencontré ma femme en 1966. Nous avons eu deux enfants puis deux petits enfants. Études classiques, puis études aux Beaux Arts de Rennes et enfin une école de photo dans l'est de la France. Espaces verts, fleuristerie, décoration puis land art ont occupé ma vie, jusqu'ici | | Éditez-vous votre travail sur le net? Où peut-on le voir ? | | Comment une idée naît-elle ? Qu´est-ce que l'inspiration pour vous? Des idées, notre cerveau en est perpétuellement traversé. Les idées viennent de la vie, tout simplement, celle vécue à l'instant, mais aussi celle du passé. Disons que l'inspiration, si elle est comparable à une abeille butinant des fleurs en quète de pollen, sera faite d'un mixage de toutes ces mémoires qui viendront percuter une zone sensible, mettant en mouvement ma sensibilité. Je pense que les cinq sens sont des partenaires privilégiés de l'inspiration, c'est sans doute ce qui après déclanche le désir de faire puis l'acte. La marche d'un cerveau est complexe et personne ne pense sans doute à celà au moment de la recherche, lorsque la pré-image se forme dans cette boîte magique. l'inspiration est certainement sentimentale en même temps. Je pense que pour moi, c'est plus facile à vivre qu' à décrire car je ne suis pas un scientifique. | | Qu´est-ce que l´art? c'est une invention humaine, faite pour le plaisir de l'homme, pouvant parfoisle sauver l'homme d'un dessèchement social et qui pourtant l'emmène parfois à sa perte. Contrairement à ce que j'ai pu lire, ici et là, tout n'est pas de l'art. Je pense que l'art est l'essence même de la pensée humaine, qu'il est universel, transcende les codes établis et fait évoluer les mentalités. Il nécessite de la part de celui qui le pratique, un minimum de conscience et d'honnêteté intellectuelle, ce qui n'est nullement une barrière à la créativité artistique. J'ajouterai que l'art est un médiateur puissant lorsqu'il est mis à la disposition de malades mentaux, par exemple ou des personnes démentes. Je pense là à la maladie d'Alzheimer. | | Dans quelles circonstances vous apparaissent les meilleures idées? Dans ma pratique du land art, c'est dans des paysages marins que je ressens à plein, le sentiment de liberté. Après une marche d'approche, nécessaire à la décontraction, la vue du paysage, de la mer, les bruits ambiants, la lumière, me font très rapidement envisager des installations possibles. Je crois aussi que c'est très lié à des souvenirs marins de ma petite enfance. Il y a du bonheur dans cette démarche là. | | Quelle est votre preuve par neuf pour savoir si une idée est bonne? Je n'ai pas de réponse à cette question. La réponse, il me semble, appartient aux autres. | | Trois idées créatives que vous aimeriez, si c´est vous qui les aviez pensées. L'Art Thérapie La photographie La radio | | Quand, comment avez-vous commencé à vous sentir artiste? Dans mon enfance, 7, 8 ans peut-être. | | Pourquoi tant d'artistes et créateurs ont des personnalités volatiles? Par générosité ! Non ? Je pense, pour ma part que la sensibilité ou l'hypersensibilité pourraient bien en être la cause. | | Vous considérez-vous postmoderne? C'est le genre de question que je ne me pose jamais. | | Comment doit-on évaluer une œuvre d'art? A l' émotion qu'elle procure, pour le commun des mortels, à la montagne d'argent qu'elle rapportera pour les spéculateurs | | L'artiste doit-il se réinventer chaque jour? Ce serait l'idéal mais l'idéal existe-t-il ? | | Quels artistes admirez-vous et de quelle manière influencent-ils votre travail? Richard Long, Walter De Maria Ana Mendieta
Après plus de 10 ans de travail, je préfère, même si j'aime beaucoup ces artistes de Land Art, me laisser influencer par la nature. Malgré tout, je continue à rendre hommage à cette grande prêtresse du land art que fût Ana Mendieta, et je regrette sa disparition si tragique. | | Quelle est votre opinion sur les subventions publiques à l'art? J'ai souvent la sensation d'être dans ce domaine, frappé de cécité. | | L´art authentique est-il l'art nécessaire? Les deux adjectifs encadrent mal le mot art. Et puis à l'aulne de quel savoir, de quel tribunal allons nous décréter l'art authentique. Ensuite, une fois étiqueté authentique, pour qui cet art sera nécessaire? Rappelez-moi, ce qui est nécessaire à un homme pour vivre . | | Avez-vous du mal à vous séparer d´une pièce que vous avez vendue? Non, jamais. | | Achète-t-on le travail, ou achète-t-on plutôt l'artiste? D'après vous !!!! | | En art, il n'existe pas de guide, comment connaissez-vous vos prochains pas? C'est vrai, ce questionnement , cette inquiétude sont de moteurs. Le jour où le désir de faire n'est plus là eh bien je crois qu'il est temps de ranger ses chaussures de marche et son sac à dos, de laisser le land art de côté et de passer à autre chose. Cela revient à ce que je disais au par avant si l'on n'a ni conscience de ce que l'on est ni de ce que nous entreprenons, l'aventure s'arrête vite. Plutôt que de prochains pas, je dirai qu'il faut considérer une direction à suivre, ça me paraît plus ouvert. | | Voyez-vous d´un bon œil qu'une grande partie des œuvres exposées dans les musées d'art contemporains soient d´artistes déjà décédés? Vous savez, la mort, ça frappe tout le monde et puis il y a pas mal d'artistes vivants d'exposés dans les musées. A leur place, je me méfierai. | | Quel rôle ont joué dans votre trajectoire les figures du marchand, du représentant, de la galerie, et des intermédiaires en général? En principe, le land art nous écarte de tout cela. Bien sûr, une mode consiste à rapatrier tous ces indiens et à les faire travailler à l'intérieur. Je pense que c'est plus facile pour servir le champagne, qui ainsi ne refroidit pas. C'est l'argent qui a ramené les landartiste à l'intérieur. On n'y peut rien. Non, tout cela ne concerne qu'une petite partie des artistes , les plus riches. C'est à eux qu'il faudrait poser la question. | | Quel type de commandes vous passe-t-on généralement? Des interventions dans des écoles ou des villes. | | Lequel de vos travaux aimez-vous le plus ? Les spirales de sable qu'elles aient été réalisées aux portes du Désert dans le sud Marocain, dans le sud Tunisien, ou en France, à raison d'une centaine par an, après dix ans de cet exercice, j'ai toujours autant de plaisir à le réaliser | | Collectionnez-vous quelque objet? Des livres de voyage, des guides touristiques et des rêves | | Quels portails d'art on line fréquentez-vous? Je n'ai pas d'adresse particulière à part PORTAIL DU LAND ART, mais je visite aussi les sites d'artistes peintres,sculpteurs, et photographes essentiellement | | Que conseilleriez-vous à ceux qui commencent? De s'acheter une bonne paire de chaussures, un sac à dos, un appareil photo et de voyager. Voyager les yeux ouverts sur le monde, tel qu'il est, de rester modeste, de garder les pieds sur terre. Il faut bien sûr, pratiquer, généreusement, parler, échanger. Ne pas oublier que dans beaucoup de pays, le mot "Art" n'existe pas et qu'il vient après le mot "manger" que ce dernier devient " nécessaire" aussi. Je leur souhaite, à 67 ans, comme moi, d'avoir la santé et de continuer la route. Plus que jamais, le monde a besoin d'artiste et nous sommes en voie de disparition parce qu'en période de crise, nous ne sommes pas nécessaires aux yeux de beaucoup. Il me semble que le mot "résistance" est indispensable dans la panoplie de l'artiste actuel, dans tous les sens du terme. Je leur dirai, pour finir, que l'expérience des uns sert rarement aux autres. Alors, défendez votre droit à l'erreur, expérimentez, inventez, il reste encore de beaux jours. | | 197 visites
ROGER DAUTAIS hérouvile saint clair
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la dernière est magnifique..quand les mots de l'eau et les mots du ciel se confondent...on ne sait si l'on vole ou si l'on nage...si l'on voit ou si l'on rêve...
RépondreSupprimerinterview passionnante et qui permet de mieux te découvrir.. quelle richesse!
RépondreSupprimerquant aux images au dessus , que dire :
où est le ciel , où est l'eau? quand , sous ta main les deux se confondent et que les fragiles esquifs deviennent cerfs-volants voués à la fluidité.. Merveilleux! bravo!
Bonjour, Roger.
RépondreSupprimerL'éphémère est si beau dans l'instant en iris bleu cerf-volant...
Merci beaucoup pour cette poésie au pinceau si pur, poésie des yeux et de la lecture...
ET merci de te découvrir ainsi et de nous apprendre par cette intermwiew à mieux comprendre..
croukougnouche,
RépondreSupprimerMerci pour ce commentaire émouvant.
Les installations sur l'eau sont pour moi, les plus difficiles à réussir, car l'eau est très instable quand il y a du vent comme ce jour là. Il faut savoir laisser sa part au vent, jouer avec, photographier des instants éphémères, recommencer sans se lasser. Intéressant comme expérience de patience !
Roger
Herbert,
RépondreSupprimerMerci de ton commentaire. Content de savoir que l'ITW éclaire certaines choses.
Roger
Flo,
RépondreSupprimerun peu des trois, sans doute...
Il est vrai qu'étant très occupé à la réalisation, j'ai découvert une autre dimension grâce à la photo, mais dans mon esprit c'est ce que j'ai vécu " in situ" qui reste en mémoire.
Merci de ton amical passage.
Roger
Bonne idée de présenter ton travail plus en détails : ainsi, les "nouveaux-nouvelles" peuvent mieux comprendre ta démarche artistique, et ainsi mieux l'apprécier !
RépondreSupprimerPetit cerf-volant
Au gré des flots
Compte fleurettes
Aux p'tits poissons
Avant totale....
Dispersion !
Biseeeeeeeeeeeeeees de Christineeeee
Bonjour Roger,
RépondreSupprimerTu parles dans l'interview de l'intervention des cinq sens dans le processus créatif. Pour moi, ces 3 images parlent à mes sens par leur beauté, leur légèreté entre ciel et eau, leur poésie. Il est étonnant qu'un simple stimuli visuel puisse sollicité tout les sens, mystère neurologique, mais surtout magie artistique.
J'aime beaucoup ton approche et tes observations sur l'art. A la conscience et l'honnête intellectuelle dont tu parles, j'ajouterai la sincérité, qualité que je dois ressentir ( perception subjective, je l'avoue) devant une oeuvre, et en parcourant ton blog, j'en ressens beaucoup.
"Ce qui importe par dessus tout dans une oeuvre d'art, c'est la profondeur vitale de laquelle elle a pu jaillir". James Joyce
Christineeeeee,
RépondreSupprimerMerci pour ton commentaire.
Roger
Maïlliki,
RépondreSupprimerIl y a une réalité neurologique, anatomique, c'est vrai, mais combien de personnes parfaitement constituées sont incapables de ressentir ou ne veulent pas ressentir une émotion face à une création quelle qu'elle soit.Nos sens participent à capter un spectacle, de là à s'en émouvoir... Ne faut-il pas accepter de perdre le contrôle de tout, être attentif, passer du temps pour entrer dans cette dimension poétique ? Relisant la citation de James Joyce, je te dirai avoir vécu très souvent ce manque de profondeur qui n'aboutit à rien, ou au banal, ou encore à l'échec, la déception de ne rien ressentir au moment de l'installation. J'ai appris à l'accepter, à prendre des leçons de ce qui s'est passé, à passer à autre chose. Pratiquant le land art, nous vivons au beau milieu des éléments. Ils viennent souvent contrecarrer notre volonté. Ce matin, j'ai vainement essayé de réaliser des installations flottantes que le vent a détruites, une par une, avant achèvement. Je me suis contenté du spectacle de l'étang dont la surface était frisée par le vent, avec un sentiment de bonheur de respirer et d'être là.
Roger
Voilà exactement très exactement mon impression quand je "bute " sur une idée qui s'enfuit...regarder et vivre l'instant présent
RépondreSupprimervos compositions éphémères me touchent (sans restriction!) sans trop savoir pourquoi ....
et le reportage complète si bien votre parcours
Bravo de partager
Je suis vraiment très heureuse d'avoir trouvé le chemin de vos grands jardins. Votre univers est magnifique. J'aime énormément les trois installations que vous nous offrez aujourd'hui. MERCI, pour tant de poésie.
RépondreSupprimerarlettart
RépondreSupprimerMerci pour tous ces commentaires encourageants.
Roger
araucaria,
RépondreSupprimerIl y avait, dans le jardin des parents de ma femme, un superbe araucaria. Il provenait du Mexique et s'était parfaitement acclimaté à la Bretagne nord. Mes beaux- parents sont partis et la maison, a été vendue avec l'araucaria. Bien des années ont passé et lorsque je vois l'un de ses arbres dans un jardin, c'est d'abord à eux que je pense.
Ainsi, votre blog qui porte le nom de cet arbre, m'a d'abord fait penser à eux. J'y ai trouvé ensuite, cette ambiance que je recherche, de qualité, de poésie, de beaux textes, de photos bien choisies et je suis heureux de cet échange entre nous.
Roger
belle interview...ça donne toujours envie d'en savoir plus...
RépondreSupprimerles 3 images sont très féminines...pleines de douceurs et de poésies...de belles images à mettre en pages!
...
Et on dit aussi que "Ceux qui ne comprennent pas leur passé sont condamnés à le revivre"...à méditer pe?!
à bientôt!
BabyJane a ajouté un nouveau commentaire sur votre message " Citis.* SOIR D'ÉTÉ C'est le vent qui le..." :
RépondreSupprimerbelle interview...ça donne toujours envie d'en savoir plus...
les 3 images sont très féminines...pleines de douceur et de poésie...de belles images à mettre en page!
...
Et on dit aussi que "Ceux qui ne comprennent pas leur passé sont condamnés à le revivre"...à méditer pe?!
à bientôt!
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RépondreSupprimerMerci à BabyJane
Roger
Voyage au coeur de l'enfance....
RépondreSupprimerc'est frais, innocent sans être naïf : <3
J'adore
RépondreSupprimerManue,
RépondreSupprimerC'est le problème lorsque l'on réalise des installations avec des fleurs. C'est pourquoi, j'essaie de ne pas tomber dans ce travers.
Ta remarque est très juste. Merci.
Roger
Flo,
RépondreSupprimerDifficile d'être plus précis. Merci Flo !
Roger
Ces images si fragiles, si colorées, si éphémères qui capturent le temps, ces mots de l'enfance si gourmands, tout me touche et agrandit mon espace intérieur, merci.
RépondreSupprimerMarisol
Marisol,
RépondreSupprimerSeul, en cet après-midi d'été, les pieds dans l'eau du petit lac de Citis, j'étais à cent lieues de penser générer tant d'émotion. Très étonnant et surprenant pour moi. Comment ne pas continuer encore un peu sur ce chemin.
Roger
Entre vos îlots fleuris et vos constructions de pierre, une complémentarité bienvenue. Se côtoient fragilité et force. Dans tous les cas: une grâce...
RépondreSupprimerMima,
RépondreSupprimerMerci de ces compliments. J'essaie, en effet de travailler dans des lieux différents, des paysages nouveaux, avec des matériaux trouvés sur place et des végétaux qui suivent la cycle des saisons. Ceci génère ainsi, une complémentarité qui évite la routine. C'est très bien vu.
Roger
Chaque photo est un poème
RépondreSupprimeroù fleurissent les nuages
où la peau de l'eau
se pare de l'au-delà
Alterdom,
RépondreSupprimerSerait-ce un haïku venu à la rencontre du land art, par votre plume ?
Merci
Roger
j'en admire la maîtrise minimaliste, qui s'aparente à votre art, pour ma part je n'ai pas le zen nécessaire à écrire des haïkus, mais je les prise
RépondreSupprimeralterdom,
RépondreSupprimerJe voulais simplement dire que ces mots respiraient la poésie:
" la peau de l'eau
se pare de l'au-delà"
et qu'ils enrichissaient l'image..
Roger