Malgré les orages de la veille qui ont purgé le ciel, le temps reste encore très lourd lorsque je prends la direction des marais. Pour y parvenir, je dois emprunter un petit chemin de terre battue qui serpente entre les champs d'orge et de lin. J'ai connu ici des mois de juin caniculaires, mais ce n'est pas le cas, cette année. Je suis attiré par une grande tache rouge, sur le côté droit du chemin. Voici les premiers coquelicots. Quelques centaines de fleurs qui ont colonisé le bord du champ de seigle. En face, un champ de lin, avec ces millions de fleurs bleu pâle. J'ai l'idée de cueillir ce rouge pour le mêler au bleu en réalisant de petites installations flottantes. D'abord, un triangle puis une trainée de fleurs de coquelicots, en ligne, qui pénètre ce champ bleu comme pour indiquer le point de fuite. Je dois m'y reprendre à plusieurs fois car le vent est de la partie et me complique la tâche. L'effet obtenu est néanmoins, très intéressant.
Je reprends ma route. L'avantage d'un temps humide c'est qu'il a beaucoup moins de poussière et la marche se fait plus aisément. Je pense à Kérouac dont je relis souvent les livres.
Je descends un petit raidillon qui me mène à la croisée des chemins, une sorte de patte d'oie que je dois quitter pour longer un bois en marchant à la lisière d'un autre champ d'orge, dans lequel, cette fois encore je retrouve quelques coquelicots. Je les cueille avant de m'enfoncer dans un petit bois qui couvre le marais. J'ai rarement vu autant de moustiques et de moucherons dans cet endroit. Autant ce lieu est très sauvage et beau autant il reste inhospitalier par temps d'orage. C'est pourquoi, je me couvre de la tête au pied pour venir y travailler. Les iris d'eau sont défleuris, encore quelques uns, ici et la, et puis leurs touffes de feuilles généreusement étalées et épanouies. Je m'arrête un instant et constate que le sol est couvert de plantes rampantes dont je vais me servir pour réaliser quelques travaux de tressage, un cercle, puis une sorte de filet entre deux branches. Ces installations s'intègrent bien dans le paysage. Je continue à marcher vers la rivière. Quelques arbres morts à demi couchés dans son lit me servent de cadre pour un autre travail. Ici, avec un apport de quelques fleurs, je veux souligner la beauté des courbes de deux branches mortes par trois fleurs de coquelicot fixées sur deux petits morceaux de bois, installés à l'horizontal. Tout naturellement mes yeux suivent ces courbes et j'ai l'idée de déposer une autre fleur à l'extrémité de celles-ci, comme une sorte de papillon dont l'envol prolongerait cet instant de bonheur.
Je m'avance un peu dans la rivière mais dois battre retraite car le fond est vaseux et je risque bien de m'y enfoncer dangereusement. C'est entre deux autres arbres morts et abattus sur la rive droite que je me réfugie pour réaliser une autre installation ( non présentée ici) sur un radeau de feuilles d'iris, flottant et de quelques fleurs de coquelicot. Mon travail s'arrête ici. Cet après-midi, je serai sur la côte pour retrouver un terrain plus à l'air avec l'intention, cette fois, de faires des installations de pierres.
Pratiquer le land art peut paraître un luxe au yeux de beaucoup. C'est aussi un choix de vie, un art de vie qui demande en contre partie, beaucoup de sacrifices. Je ne serais pas arrivé à ces résultats sans y avoir consacré beaucoup de temps. Vivre cette expérience à long terme, y intégrer mon vieillissement, continuer la route, contribuent à me faire vivre ce que personne en dehors de moi-même, ne m'aurait sans doute permis. C'est le prix de la liberté.
Roger Dautais
Haïku
Entouré de branches mortes
il se redresse_
le printemps
Osawa Minoru
Bras croisés
le printemps médite
sur la vitesse des racines amères
Fuyuno Niji
Dans le secret du cœur
le printemps me manque_
j'ai vieilli.
Awano Seiho
Par-delà
le grand auvent du temple zen_
un papillon de printemps
Tkano Sujû
Je reprends ma route. L'avantage d'un temps humide c'est qu'il a beaucoup moins de poussière et la marche se fait plus aisément. Je pense à Kérouac dont je relis souvent les livres.
Je descends un petit raidillon qui me mène à la croisée des chemins, une sorte de patte d'oie que je dois quitter pour longer un bois en marchant à la lisière d'un autre champ d'orge, dans lequel, cette fois encore je retrouve quelques coquelicots. Je les cueille avant de m'enfoncer dans un petit bois qui couvre le marais. J'ai rarement vu autant de moustiques et de moucherons dans cet endroit. Autant ce lieu est très sauvage et beau autant il reste inhospitalier par temps d'orage. C'est pourquoi, je me couvre de la tête au pied pour venir y travailler. Les iris d'eau sont défleuris, encore quelques uns, ici et la, et puis leurs touffes de feuilles généreusement étalées et épanouies. Je m'arrête un instant et constate que le sol est couvert de plantes rampantes dont je vais me servir pour réaliser quelques travaux de tressage, un cercle, puis une sorte de filet entre deux branches. Ces installations s'intègrent bien dans le paysage. Je continue à marcher vers la rivière. Quelques arbres morts à demi couchés dans son lit me servent de cadre pour un autre travail. Ici, avec un apport de quelques fleurs, je veux souligner la beauté des courbes de deux branches mortes par trois fleurs de coquelicot fixées sur deux petits morceaux de bois, installés à l'horizontal. Tout naturellement mes yeux suivent ces courbes et j'ai l'idée de déposer une autre fleur à l'extrémité de celles-ci, comme une sorte de papillon dont l'envol prolongerait cet instant de bonheur.
Je m'avance un peu dans la rivière mais dois battre retraite car le fond est vaseux et je risque bien de m'y enfoncer dangereusement. C'est entre deux autres arbres morts et abattus sur la rive droite que je me réfugie pour réaliser une autre installation ( non présentée ici) sur un radeau de feuilles d'iris, flottant et de quelques fleurs de coquelicot. Mon travail s'arrête ici. Cet après-midi, je serai sur la côte pour retrouver un terrain plus à l'air avec l'intention, cette fois, de faires des installations de pierres.
Pratiquer le land art peut paraître un luxe au yeux de beaucoup. C'est aussi un choix de vie, un art de vie qui demande en contre partie, beaucoup de sacrifices. Je ne serais pas arrivé à ces résultats sans y avoir consacré beaucoup de temps. Vivre cette expérience à long terme, y intégrer mon vieillissement, continuer la route, contribuent à me faire vivre ce que personne en dehors de moi-même, ne m'aurait sans doute permis. C'est le prix de la liberté.
Roger Dautais
Haïku
Entouré de branches mortes
il se redresse_
le printemps
Osawa Minoru
Bras croisés
le printemps médite
sur la vitesse des racines amères
Fuyuno Niji
Dans le secret du cœur
le printemps me manque_
j'ai vieilli.
Awano Seiho
Par-delà
le grand auvent du temple zen_
un papillon de printemps
Tkano Sujû
Te voilà magicien des coquelicots. On dirait presque des anémones ceux dans leur courbe. Je crois qu'ils étaient heureux dans tes doigts et pour une fois ils sont restés habillés de rouge, fiers.
RépondreSupprimerApiculteur des marais dans une ruche verte d'eaux.
Merci pour le partage de ce voyage coloré et rafraichissant !
RépondreSupprimerC'est comme si nous y étions ...
Gabrielle
Lola, Quelle formule poétique...Je me demande si je la mérite.
RépondreSupprimerMerci beaucoup.
Roger
Gabrielle,
RépondreSupprimerLe land art est un art de partage. Puisque tu le ressens ainsi, tout va pour le mieux.
à bientôt,
Roger
couleur écarlate et fraîche verdure. . .
RépondreSupprimerC'est une très belle paire.
Ils semblent être des histoires de certains.
Merci.
ruma
Ruma,
RépondreSupprimerVenus d'extrême-Orient, ces mots colorent mon travail.
Merci à toi,
Roger
Je craque pour les coquelicots, une vraie merveille !
RépondreSupprimerBonne soirée à toi !
Norma
Pour la première fois de ma vie, j'ai vue la poésie dans une photo.
RépondreSupprimerCa m'a touché l'ame.
En voyant cette rangée de coquelicots, mon voyage peut enfin débuter.
Alors j'aimerais te demander si je peux imprimer cette photo pour la placer dans mon boudoir. Bien assise dans mon fauteuil, je pourrai la contempler pour ainsi me laisser bercer par les mots du moments.
Merci beaucoup d'etre venue sur mon blogue car j'ai découvert ton blogue. A ajouter dans mes favoris!
C'est drole la vie car j'ai passée mon enfance a Herouxville au Québec...:-)
Norma c
RépondreSupprimerIl faut les voir, les coquelicots,poussant ici, sur ces terres Normandes, devenus emblème du souvenir pour les vétérans Anglais,et doublement présents, dans les champs et sur les petites croix de remarque en bois blanc, dont ils ornent le cœur pour être piquées à même la terre afin de rappeler le sacrifice de leurs frères d'armes. Une sorte de résurrection du regard, un appel à ne jamais oublier. Une raison de plus pour aimer les coquelicots.
Roger
Magnolia,
RépondreSupprimerMais bien entendu que je t'autorise à te servir de cette photo pour décorer ta maison. Si cela te fait plaisir, c'est parfait et de plus, je suis très honoré par ce choix venant d'une Canadienne, le Canada étant un pays que j'aime beaucoup et qui a adopté une partie de ma famille, installée la-bas depuis 3 générations.
Roger
Moi aussi j'ai rapté une de vos photos, celle des coquelicots en ligne, elle ira (si vous le permettez) avec toutes les fleurs dont je remplis mon ordinateur... Je les sors chaque fois que je mail à mes amis...Vous serez donc avec mes amis...
RépondreSupprimerPas du luxe du tout, tout ça, de la nécessité pour nous tous.
Merci de nous arranger ça à vos façons d'artiste.
Roger, à votre prochain château de pierre...
Danielle,
RépondreSupprimerCe n'est pas moi qui parle de luxe, ce sont les autres. Ma pratique artistique est tout simplement vitale. Si je devais la perdre, ce qui forcément arrivera un jour, il me faudrait réinventer autre chose, à ma portée, qui me fasse avancer encore un peu vers l'inéluctable.
Hier j'ai élevé ce que vous appelez un château de pierre et moi, une échelle des jours à 7 niveaux et deux mètres de haut. Il sera présenté ces jours-ci sur le blog.
A très bientôt, donc,
Roger
Je suis toujours étonné par tes oeuvres Roger, je crois que c'est cela l'Art. Merci pour ton commentaire, précis et pertinent comme d'habitude.
RépondreSupprimerPas trop d'ordi cela dit...;-)
Serge
Serge Cornillet,
RépondreSupprimerPour l'ordi, ça va, je ne suis pas encore endormi dessus. Merci pour ton commentaire amical et ibérique !
Je voulais encore dire ici à mes lecteurs qu'il faut faire un détour par le blog de Serge A-FOTOGRAFIAR-T , c'est simple, en cliquant sur son icône pour aller découvrir l'univers d'un photographe original et de grand talent. Je l'écris comme je le pense.
Roger
bluffante...cette composition de coquelicots...on ne voit même pas l'intervention...on la suppose...car les coquelicots ,leur insouciante vitalité et spontanéité ne sont pas de ceux qui se mettent en rang...sauf pour faire une grande ronde...bravo!
RépondreSupprimerFlo,
RépondreSupprimerC'est vrai, les coquelicots sont des fleurs sauvages, libres, souvent détruites pour laisser place aux cultures "propres et intensives. Cette intrusion en ligne dans ce champ d'orge est un clin d'œil et aussi un hommage à la beauté de ces fleurs.
à bientôt,
Roger
Bonjour, Roger.
RépondreSupprimerJ'ai vu, j'ai lu et j'ai aimé.
J'aime toujours.
Se faufiler dans l'incertain et en fair naître des chemins, des fleurs qui s'animent, qui se courbent, qui s'inclinent...
des lianes en treillis sur un sol qui vit en paix et l'imaginaire qui s'installe dans le réel...
Merci beaucoup. Et pour tout
C'est de l'Art tout simplement. Et capturer ces coquelicots de cette façon est inoffensive. Bravo !
RépondreSupprimerBonne journée.
Les lutins ont eu fort à faire
RépondreSupprimerTout au long de la nuit dernière
Pour préparer leur terrain de jeux :
Bonne idée des musiciens :
Quelques coquelicots pour décorer
La harpe géante, vers le ciel élancée,
Belle trouvaille pour les sportifs :
Un magnifique treillis bien tressé
Fera office de filet...
Pour les joueur de foot acharnés
Quant au cercle suspendu,
Il fera l'affaire des amateurs...
De horse ball en miniature !
Y'a d'la joie
Dans cette campagne là !
Biseeeeeeeeeeeeeeeees de Christineeeeeeeee
PS/Heuuuu... pour la musique.... suis pas très spécialiste !!
Beautifulll very very beautifull!!
RépondreSupprimerToday France will play with Uruguay!!!! Have a great moment!!
See you dear
Les coquelicots... mon péché mignon :)
RépondreSupprimerJe trouve qu'il n'y a rien de plus beau...
Elle représente la fragilité,la douceur...
Magnifique série !
Margaut
Roger, c'est magnifique !
RépondreSupprimerMoi qui adore les marais, cette boule fait à la main, ces pissenlits, ce merveilleux jaune...
Et ces coquelicots, quelle beauté !
Quel plaisir de te découvrir, un site paisible qui apporte un tendre plaisir !
C'est idéal pour moi...
Je reviendrai, merci !
Bonne journée :)
Petra Malfada,
RépondreSupprimerEn effet et je regarde cet évènement.
Merci pour ton commentaire très sympathique;
Roger
Mademoizelle Margaut,
RépondreSupprimerTon "Z" de mademoizelle, pose des problèmes au correcteur d'orthographe de Google qui manque totalement de fantaisie, ce qui n'est pas ton cas, ni dans tes commentaires que j'apprécie beaucoup, ni dans ton blog qu'il faut aller voir au plus vite.
Roger
Dominique,
RépondreSupprimerTu n'es pas la première Canadienne à suivre mon blog et c'est toujours un honneur pour moi de les recevoir, ici.
J'aime beaucoup le Canada et ses habitants, tu es donc la bienvenue. N'hésite pas à faire connaitre mon blog dans ton grand pays.
Je te remercie pour ton commentaire chaleureux,
Très cordialement,
Roger
Salutr je viens à peine de me lever donc je te souhaite aussi une belle journée
RépondreSupprimer*** Coucou Roger ! ***
RépondreSupprimerQue la végétation est belle quand tu y mets "ton grain de sel" ou plutôt "ton grain de talent" !!!! :o) Ce vert, ce blanc et le rouge des coquelicots c'est une véritable merveille ! :o) MERCI ROGER, c'est un plaisir de venir admirer tes compositions. BISOUS ! :o) ***
France,
RépondreSupprimerTon souhait s'est réalisé. Ma journée a été belle et consacrée au land art, aujourd'hui, construction de cairns dans une carrière.
Roger
Nancy,
RépondreSupprimerSi venir ici est un plaisir pour toi, c'est un plaisir pour moi de t'y recevoir.
Roger
Roger, ces oeuvres sont admirables, les couleurs, toute l'étude, le dévouement et la manière de parvenir à ces résultats si bien intégré avec la nature!
RépondreSupprimerFélicitations pour votre forme d'art magnifique!
hugs!
Denise Scaramai,
RépondreSupprimerMerci des ces mots d'encouragement qui me viennent directement du Brésil
Roger
Mille grazie!
RépondreSupprimerLa Doce Vita,
RépondreSupprimerBienvenue sur Le Chemin des Grands Jardins.
Roger
Douceur de la nature,
RépondreSupprimerOù le rouge émaille la verdure,
Emotion de mots accordés,
Pour célébrer l'été...
Cordialement
Marie
Que de Bonheur!
RépondreSupprimerdu vert, entrelacé,
ponctué de rouges
exclamés
et des haïkus
comme s'il en pleuvait...
Marie,
RépondreSupprimerMerci de tes mots, toujours plein de poésie et d'amitié.
Roger
alterdom,
RépondreSupprimerN'est-ce pas ce que la Nature nous réclame un peu en retour ?
Merci de tes mots charmants.
Roger
Mais comment fais-tu... C'est si fragile un coquelicot !
RépondreSupprimerFlo,
RépondreSupprimerEffectivement, il faut de la patience et de la douceur dans les gestes. Mais rassure-toi, je ne réussi pas toujours de la première fois.
Merci pour ton commentaire.
Roger
super la ligne rouge...!!
RépondreSupprimerdeux semaines maintenant que tous les matins j'attends un rayon de soleil pour prendre en photo des coquelicots...désespérant...
;-D
Je pense comprendre ce que tu peux ressentir, Roger : une immense paix intérieure et un infini bonheur... et, oui, cela en vaut la peine !...
RépondreSupprimerBelle semaine à toi, et merci de nous offrir ton amour pour ce Land Art.
Tes installations, bien qu'elles ne se trouvent pas à Brocéliande, doivent ravir les elfes et petites fées de la forêts et des marais. Ton travail des terres est toujours subtil et aérien complémentaire de ton travail des mers plus austère mais tout aussi poétique.
RépondreSupprimerTu parles de la liberté et de son prix qui est fait, souvent, de choix difficiles, de renoncements et parfois d'incompréhensions de certains mais qui apporte sérénité et plénitude.
Maïliki;
RépondreSupprimerA l'instant où je lis ton commentaire, je rentre fourbu d'un après-midi de travail consacré à l'élévation d'un cairn le long d'un fleuve. Grand moment de complicité avec les eaux tumultueuses de celui-ci, mais grand plaisir de le réaliser, malgré le vent qui souffle en tempête depuis ce matin. Tu vois, encore une fois, je rejoins tes mots dont je te remercie.
Roger
J'adore la ligne de coquelicots ! §;)
RépondreSupprimerPolili,
RépondreSupprimerMerci. les coquelicots semblent être aimés d'un très grand nombre de personnes. il est vrai que leur rouge éclatant attire l'oeil et nous charme en même temps qu'ils ponctuent nos campagnes de façon très libre mais très agréable.
Merci pour ton commentaire.
Roger