Le cairn de la route du sud...
Lorsque je me déplace, je suis toujours à l'affût de lieux nouveaux, de dépôts de pierres naturels ou organisés et je les mémorise pour plus tard. Ainsi lors de la construction d'une quatre voies au sud de ma ville, j'avais repéré, depuis plusieurs années, ce genre d'endroit et je m'y suis rendu en début de semaine. La quatre voies m'y conduit raidement puis je termine le chemin à pied. Une zone a survécu à toute cette infrastructure routière et a consacré une aire de dépôt pour recevoir, terres de remblais et pierres de toute sorte. J'escalade le talus de plusieurs mètres qui borde cette zone et je découvre un " trésor". Entendez par là, un énorme dépôt de pierres de très grosse taille, que je ne remuerai pas avec mes bras, mais aussi de moins grosses, plus transportables. Ce lieu me ramène aussitôt par la pensée aux cairns élevés dans la montagne de Matmata, dans le sud Tunisien, auprès des tombes berbères. J'en garde un souvenir inoubliable et au moment de commencer ce travail c'est à mes amis berbères que je pense. Le sol est instable, les pierres qui ne sont pas calées me font avancer comme un équilibriste. La différence avec lui, c'est que je ne suis pas léger car les premières pierres transportées dépassent largement les 25 kilos. J'établis une base solide, bien calée et je les monte sur le haut du talus et commence à les, empiler les unes sur les autres. Pas question de chercher la rigueur, le calibrage, non, ici les lieux sont sauvages et la construction doit garder cet esprit. Il faut accepter ce rugosité des pierres qui me blessent le bout des doigts, et les élever jusqu'à ce que le point du cairn haut soit atteint. A cette hauteur, une seule pierre, même très petite suffit à faire vaciller l'ensemble et le précipiter par terre.
Il faut très chaud et je n'ai pas amené d'eau pour me désaltérer. Dans le mouvement, je ne peux pas me permettre d'arrêter pour aller boire, ce serait casser le rythme dont j'ai besoin. Heureusement, j'ai connu tout au long de ma vie, ces efforts soutenus dans les travaux de la terre et je crois que la passion l'emporte sur la soif. Je termine mes trois cairns qui seront les
" guetteurs de la plaine". Je pars à l'exploration de la zone de dépôt et, tout au fond, je découvre un second amas de pierres installé sur une petite butte de terre de remblai. J'évalue le volume des pierres disponibles et le temps qu'il me reste devant moi, avant de me mettre au travail. Je vais élever un cairn plus important que les trois précédents, ici, avant de quitter les lieux. Je trace le cercle de base sur lequel il va s'élever et commence à rassembler de grosses pierres qui serviront de socle.
En deux heures, il est debout. Hauteur, 1.80 m environ et une fière allure dans ce lieu désert. Il portera le nom du cairn de la route du sud.
Deux jours plus tard c'est sur plage de la Côte de Nacre que j'entreprendrai d'en élever un autre dont je vous parlerai, une prochaine fois.
Roger Dautais
La parole
bref instant d'un spasme
stalactite sculpté
rune sertie
sous le parquet du ciel
muse muette
lettre de l'âtre
écho congelé
que la main estropie
sur la plage des pierres.
Patrice Delbourg.
L'ampleur du désastre
Il faut très chaud et je n'ai pas amené d'eau pour me désaltérer. Dans le mouvement, je ne peux pas me permettre d'arrêter pour aller boire, ce serait casser le rythme dont j'ai besoin. Heureusement, j'ai connu tout au long de ma vie, ces efforts soutenus dans les travaux de la terre et je crois que la passion l'emporte sur la soif. Je termine mes trois cairns qui seront les
" guetteurs de la plaine". Je pars à l'exploration de la zone de dépôt et, tout au fond, je découvre un second amas de pierres installé sur une petite butte de terre de remblai. J'évalue le volume des pierres disponibles et le temps qu'il me reste devant moi, avant de me mettre au travail. Je vais élever un cairn plus important que les trois précédents, ici, avant de quitter les lieux. Je trace le cercle de base sur lequel il va s'élever et commence à rassembler de grosses pierres qui serviront de socle.
En deux heures, il est debout. Hauteur, 1.80 m environ et une fière allure dans ce lieu désert. Il portera le nom du cairn de la route du sud.
Deux jours plus tard c'est sur plage de la Côte de Nacre que j'entreprendrai d'en élever un autre dont je vous parlerai, une prochaine fois.
Roger Dautais
La parole
bref instant d'un spasme
stalactite sculpté
rune sertie
sous le parquet du ciel
muse muette
lettre de l'âtre
écho congelé
que la main estropie
sur la plage des pierres.
Patrice Delbourg.
L'ampleur du désastre
BESOIN d'aide ?
RépondreSupprimerFrance,
RépondreSupprimerJe vois que les pierres ne te laissent
pas "de marbre"...mais tu en as vu d'autres !!!
Merci de ton passage sur Le Chemin que tu n'oublies pas.
Roger
OUi j'aime je regarde les pierres et puis c'est pour moi une grande passion.Je fais mes murs en pierres seches chez moi et je cherche tj la pierre qui m'ira à merveille. Rose mauve je cherche . Et dés qu'il pleut avec ma pioche en avant pour une nouvelle découverte. TU vois ce monde de pierres est donc pour moi. MERCI
RépondreSupprimerbonsoir Roger en Bretagne la semaine dernière à la pointe de la torche
RépondreSupprimerj'ai pu photographier des dizaines de cairn d'anonymes, c'est un lieu très émouvant et vos photos m'y font écho...sur ce merveilleux chemin! merci Roger
France,
RépondreSupprimerJ'avais vu ça sur ton blog. C'est une belle passion de "bâtisseuse". De mon c^té, je courre les routes, les plages, les iles et les déserts à la recherche du même trésor mais, seule différence, mes constructions sont éphémères.
Roger
Brigitte Maillard,
RépondreSupprimerC'est normal,de trouver des cairns à la pointe de la Torche, ce lieu est tellement beau qu'il attire l'hommage de l'homme de passage. Et puis, il faut le dire, plus qu'ici en Normandie, la Bretagne, ma terre natale est plus riche de cette tradition très sympa et touchante à la fois.
Roger
Le plus étrange c'est que "ça" tient!! miracle de l'équilibre totems de notre vie qui se tend vers le ciel
RépondreSupprimerArlettart
RépondreSupprimerça s'écroule aussi de temps en temps au moment de la construction et crois moi, ça peut faire mal. Certains de mes cairns, dépassent les 8 tonnes ( pas ceux qui sont représentés, ici.Si tu cherches bien dans mon blog, tu devrais en trouver)
Bonne soirée.
Roger
ces étranges constructions me fascinent et m'émerveillent ! un régal des yeux et des sens
RépondreSupprimerSonia Blanc,
RépondreSupprimerBien que j'en sois l'auteur, je suis moi-même fasciné par ces " présences minérales " dans le paysage qui dépassent de loin de simples tas de cailloux.
Merci pour ton commentaire.
Roger
Le décor qui vous attraper est totalement onirique.
RépondreSupprimerMagnifique photographie.
Votre œuvres ressemblent à un autel Oriental.
Merci de visiter mon blog.
Bonne fin de semaine.
De l'Extrême-Orient.
Meilleures salutations.
ruma
le 3ème a les épaules solides pour soutenir le clocher de sa tête pointue .. capteur des esprits des routes , veilleur de voyages lointains .
RépondreSupprimerRuma2008
RépondreSupprimerMerci de ces mots qui me touchent venant d'Orient. Il est vrai que mon travail évoque l'Orient aux yeux de beaucoup de visiteurs ayant connu ces pays. J'ai aussi rencontré un chaman Inuït, sculpteur de son état, qui me disait trouver des points communs entre ce qu'il pouvait faire dans le grand nord Canadien et mon travail avec les pierres. Le land art possède en lui, un lien universel.
Très cordialement
Roger
croukougnouche,
RépondreSupprimerTrès inspiré , ce commentaire dont je te remercie,sincèrement.
Roger
En lisant ton texte,j'étais présent dans ce lieu féérique et magique.
RépondreSupprimerJ'aime cet art éphémere et c'est cela qui donne son charme,comme enfant avec la fabrication de mes cabanes.
Je pense qu'une de mes créations artistique avec la nature peut venir de la?
Faire des expèriences,des assemblages avec les éléments naturels et laisser libre cours à son imagination.
Voila une sensation de bien-être et de plaisir,comme à chaque visite sur ton blog.
MERCI à toi,Roger et cours encore sur tes chemins.
Bonjour, Roger.
RépondreSupprimerBeaucoup d'admiration pour cette passion au-delà du temps...
Les aechéologues devraient se tourner aussi vers toi.
Merci beaucoup.
En fraternité.
On dirait un chaque fois un défi aux lois de l'équilibre.
RépondreSupprimerJe me souviens d'un film consacré à Andy Goldsworthy, que j'ai beaucoup apprécié. On l'y voit échouer, recommencer, échouer... et enfin réussir à faire tenir debout son "œuf" éphémère juste au moment où la marée vient commencer à l'engloutir.
Son attitude face à l'écroulement de l'œuvre quasiment terminée est une véritable leçon de flegme...
As-tu déjà vécu l'écroulement du tout à la dernière pierre ? J'imagine que oui...
Jawah !
RépondreSupprimerC'est vrai qu'il reste un lien avec notre enfance, dans la vie de chacun, et jusqu'à la fin.Mais notre évolution, notre maturité continuent à transformer notre être et c'est cette alchimie qui nous permet de créer, non comme des enfants que nous ne sommes plus, mais comme des hommes dont la mémoire les relie au passé. C'est totalement différent de la création enfantine qui garde une part de naïveté par manque d'expérience, que nous perdons en prenant de l'âge.
Herbert,
RépondreSupprimerMerci de ton passage sur Le Chemin...
Salut fraternel
Shaton,
RépondreSupprimerJe connais aussi ce film et comme toi je l'apprécie à chaque fois que je le vois. En effet il m'est arrivé très souvent de vivre ces écroulements de cairns. Il faut être attentif et concentré sur son travail. Tu peux imaginer qu' un cairn de plus de 3 mètres, pesant plusieurs tonnes, s'il s'écroule sur toi, peut être fatal. Une seule pierre se détachant du sommet et te tombant sur la tête, suffirait. Le dernier écroulement vécu l'a été dans une carrière, il y a quelques semaines seulement, sur un cairn de presque 2 mètres qui s'est écroulé alors que je m'apprêtais à le terminer. On est alerté par des craquements, des petits bruits, par le tassement de pierres ou le détachement de l'une d'elles, de l'ensemble. En général, l'écroulement suit de quelques secondes à quelques minutes. Il ne faut pas rester dessous. Même pour des colonnes où je soulève des pierres entre 2o et 30 kilos pour les premiers étages, il est difficile de réussir les équilibres sans un peu d'expérience. Il vaut mieux commencer " moins lourd. Passer à la prise de vue est nettement moins dangereux ! J'espère que j'ai répondu à tes questions.
Très cordialement,
Roger
Je n'imaginai pas que tes empilements pouvaient être aussi impressionnants et aussi dangereux. Sur les photos leur force s'allie à la légèreté et à l'élévation. Ils jouent avec le ciel et le paysage une musique pleine d'harmonie. Je ne sais pourquoi alors que j'admire le land art depuis longtemps je ne m'autorisai pas d'en faire alors que je vais vers d'autres formes d'art. Ton blog et tes encouragements m'incitent à me lancer.
RépondreSupprimerMerci.
Marisol
Marisol,
RépondreSupprimerMerci de tes mots sympa. IL faut bien sûr que tu te lances dans des essais et n'oublie pas de m'envoyer les photos de tes premiers pas en land art.
Roger
Roger, merci pour tes précisions. Dans mon admiration pour le travail, j'en avais oublié les dangers...
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