La vie, comme elle va

"S'il suffisait de lire comme dans une bulle de cristal, alors, ce serait, facile.Mais il faut vite déchanter, prendre la route, sac au dos et marcher, toujours marcher pour oublier ce que l'on a déjà fait, ce que l'on va faire. Il faut attendre que la nature nous prenne et nous ouvre sa voie. C'est une progression incessante, pour de si petites choses".
Roger Dautais . Septembre 2009

Un voyage étonnant au cœur du land Art

jeudi 8 octobre 2009




à Ali Badri,
poète inspiré, sur la route...




aux femmes d'Orient...




Femme fétichée
comme une gazelle

ta course éteint le feu
au passage

Mais le vent fou du désert
ravive

les braises rouges comme
ta bouche

quand
elle mord le vide.

Atteindre
les Pleïades ou Cassiopée

constellations de toi
expulsées d'une vaginale plainte

poignée de sable jetée au ciel
accrochée à la voûte.

L'Orient me fascine
me danse

me transe
m'envoûte

Je retombe, flasque
fétiché à mon tour.


Roger Dautais
Nuit du 7 au 8 octobre 2006


poème composé après avoir vu le spectacle donné par le Theatre de Saadi, d'Ali Badri.
Il est aussi offert à toute la troupe.


DE LA COMPLICITÉ DU MONDE AU SILENCE DES ÉTOILES

Ce n'est pas moi, je le jure, rien que le script, dans la nuit noire de Normandie. L'e reste est dicté par l'Iran et s'écrit dans les sables de Tunisie. Vivre une création poétique d'Ali Badri, poète Iranien et ami, c'est prendre le risque de se perdre. Ali Badri est un grand artiste modeste, que je veux honorer ici, en France, sa terre d'exil et d'adoption depuis plus de vingt ans. Poète, je l'ai dit, auteur, compositeur, interprète, metteur en scène, réalisateur, bientôt cadreur, n'est pas tout dire, car il chant son pays, avec quel coeur !
Ali Badri vit l'exil come une longue plainte silencieuse, dont il ne sortira pas vainqueur. Je considère Ali comme un frère. Vous me direz, quelle famille, eh oui, quelle famille ! Lorsque j'ai parlé avec lui, il y a quinze jours,sur le marché de Caen, à la terrasse d'un café, nous ne faisions qu'un : l'humanité.
Je sais, fraternité, humanité, égalité, liberté, sont des mots qui font rire les imbéciles et il y en a beaucoup trop en France en ce moment. Nous avons projeté ensemble d'organiser une rencontre avec un grand poète de son pays, l'Iran,pour l'interviewer et lui demander un poème en Iranien, avec traduction Française, afin de le présenter sur LE CHEMIN DES GRANDS JARDINS, puisque ce chemin, continue, grâce à vous à parcourir la planète d'une manière très intéressante.
Parler d'Ali, sans parler de Sam, c'est parler de Dupont (t) sans parler de Dupont (D) de vrais jumeaux de coeur, travaillant la main dans la main dans tous les spectacles. Parler d'Ali Badri sans évoquer Hossein, son frère peintre resté au pays, c'est méconnaître son sens de la famille. Evoque Hossein, sa peintre, très expressive, ses relations avec le monde du handicap, je veux parler des aveugles qu'il arrive à faire peindre. Tout ça est visible dans le film d'Ali Badri, LE ROUGE A RÊVES. Plus grand qu'un documentaire, c'est un témoignage humain sur l'espoir, la croyance en l'homme à se sortir du handicap, à lutter, aussi contre un régime totalitaire qui poursuit et entrave ses artistes quand ils ne chantent pas les louanges du pouvoir. Ca ne vous rappelle rien ? Chili, URSS, Chine, Argentine, France. Même la France ? Patrie des Droits de l'Homme ? oui, à une certaine époque, celle de ma naissance en 1942. Le fascisme accouche de monstres mais ausi d'êtres doués d'un esprit de résistance et talentueux qui ont chois l'art comme arme contre la barbarie. Nous ne serons jamais assez vigilents face à la bête immonde, elle continue à faire des petits.

à Yvon Poirrier...
"
Le spectacle d'hier soir, s'intitule "Voyage Persan "et je vais tout de suite citer toute la troupe, car ce papier est écrit aussi pour le remercier. Eloïse Salomé qui m'inspira le poème. Yvon Poirier, comédien fétiche d'Ali, dont la présence en scène, est "troublante" de sincèrité. Il raconte, par apparitions successives au public, un conte persan dit en français et d'une grande beauté.

à Karim Habali et Mohamad Talémi...

Karim Habali, au Oud, cet instrument oriental qui vous transporte loin, très loin sur les pistes d'Iran. Mohamad Talémi et son Santur, sorte de Cithare au son métallique, trait d'union musical entre beaucoup de pays puisque la cithare, venu de l'extrême orient, Viet Nam, je crois qui suivit la course du soleil, en se transformant dans chaque continent, l'Afrique, aussi, pour rejoindre l'Europe. Autant dire que ses mélodies parlent du grand voyage.

à Eloïse Salomé...

Je reviens à la danse après avoir évoqué la musique. Aucun homme, c'est mon avis, ne peut rivaliser avec la femme, quand celle-ci danse comme une flamme au beau milieu du feu de camp.
Eloïse, est générosité, volupté, dans ses déplacements, subtilité jusque dans les moindres détails, le corps tendu, maitrisé, pour traduire de subtiles intentions . Elle est dans la maîtrise de son art, arrivée à nous faire oublier son travail tant elle nous en présente l'essence même quand, elle danse en nous racontant une histoire. Une telle présence se mérite et je pense que si elle est en mesure de donner beaucoup,c'est parce qu'elle reçoit beaucoup de la troupe d'Ali Badri.
On voudrait tous se noyer dans son regard debraise mais ses yeux sont, aileurs, comme des sources secrètes, qui gardent un mystère oriental. Respect pour cette grande dame de la danse.

à manue...

J'écris au bout de ma nuit, au bout de mon" sang d'encre" comme tu me l' écris Manue,( je préfère ton vrai prénom, Emmanuelle) .Je t'aime comme tu es, de la même façon que j'aime Eloïse, parce que , l'ami Michel F. de Peros Guirec me le dit, ce sont de belles personnes. J'essaie de me mettre au niveau des vibrations ressenties au contact de vos expressions, Manue dans tes "dires et écrits" tes poèmes, Eloïse, dans votre danse.

à Lilia...

Complémentarité des peaux, des yeux, des voix intérieures, transe ou spasme, sueurs froides ou frissons, mains qui palpent ou guérissent, parfois. Du sel des joues aux larmes qui coulent, comme des petites rivières dans la bouche et les humeurs, aussi. Gros sur le coeur, oh ! oui...Que mon enfance est à fleur de peau, dans ces instants divins. Mon Dieu, toutes hontes bues, tout enfer atteint, toutes fautes d'enfance, avouées, que nous reste-t-il, Lilia, du papier, un peu d'amour de l'humanité pour écrire, une poignée de dattes pour se nourrir, la promesse éphémère d'eau fraîche pour se désaltérer.

à Reza...
Photographe Iranien et humaniste

Le vent, ah, oui, le vent qui porte la mélopée. Entends-tu maintenant, la longue plainte qui s'étire, ondule dans l'espace, née de l'âme d'un chanteur assis au pied d'une porte bleue. Peut-être assis, comme hier, devant un tapis d'Ispahan. Peut-être enturbanné, Pachtoun ou non, guerrier tapis dans l'ombre qui attend la mort et reçoit cette mélopée en plein coeur. Demain, sang figé, regard aux étoiles, bouchée bée, le soleil saluera ton sacrifice. De quelque côté qu'il soit de la lutte, il aura quitté la vie...

à Marie-Claude,
mon aimée, ma femme...


Mélancolie ...Mélancolie des âmes en partance pour l'Acheron , rejoignant l'autre rive des morts, sur la barque de Charon, ornée de souvenirs. Femme aimée, qui dans ton travail, assista tant de personnes âgées et fît passer, accompagnées de ta douceur, au plus juste du limès, des êtres chers en fin de vie. Ne parlez pas d'euthanasie, malheureux, c'est contraire à sa vie de rectitude, de droiture et de fidélité. Ecartez-vous quand elle passe et rendez-lui hommage de cela.

à Ali Badri...

Regarde et pleure sur le fleuve noir d'un peuple opprimé, des femmes voilées, des burka étouffant l'âme de la femme. Entend-tu le Muezzin, au-dessus des tombes blanches de la grande mosquée de Kairouan...Je les entends, ces voix Tunisiennes, je vois ton peuple Iranien, je les imagine ces peuples d'Orient, rassemblés, sans guerre, dans un même chant, le tiens, une même musique, une même danse, celle de la vie. Oh Jérusalem, délivre tes fils de la guerre et de ce mur inutile.Dans ma nuit de solitude, je ne suis qu'un pauvre humain à la dérive, au cerveau éclaté., portant l'étoile jaune autour du cou.

à Sam Badri...

Il faut enlever les sandales, mettre pied à terre, sur la terre, dans la terre. Il faut creuser, retourner, labourer, ensemencer la Terre, comme le ventre d'une femme. Il faut qu'elle crie de plaisir, non de douleur. Et les enfants du monde viendront regarder ta vieillesse, comme ils regarderont mes cendres, bientôt.


à Hossein Badri...

Eteint la lumière. Sort dans la nuit Iranienne. Marche dans le désert, quitte les mots et regarde les étoiles. Les reconnais-tu, tes soeurs, celles qui voyaient souffrir les hommes emprisonnés injustement et qui ne disaient rien...Les mêmes étoiles me regardaient trahir,et mentir, dans le même silence.

à Lucien, Moïse Dautais,
mon père
...

Le sacré est dans le pardon. Nous sommes impardonnables, bannis, jetés à l'écriture, abandonnés des nôtres. L'ivresse des mots me saoule, cette nuit.Tu me dis, l'espoir de vivre tes 93 printemps. Tu sens la mort mais ne lui en veut pas. Tu es mon exemple, maintenant. Je voudrais retrouver mon enfance et ta jeunesse, Papa. Je voudrais mes étoiles d'enfance, la Petite Ourse, la Grande Ourse,dans notre jardin de la rue Paul Sébillot. Je voudrais encore, Orion et Cassiopée et les Pléïades,aussi. Je me voudrais, enfant marchant près de toi, dans le noir d'une nuit glacée, ma petite main dans la tienne, quand elle ne frappait pas, me promener avec toi sur le chemin des grands jardins Je voudrais rejoindre Maman dans son silence blanc. Je voudrais t'entendre dire, une dernière fois, comme hier :
-"regarde là-haut, petit Roger, les Etoiles, la Voie Lactée".
Ah, comme il était gentil mon père, entre les coups. Comme je t'aimais, Papa. Comme je t'ai pardonné, comme je t'aime aujourd'hui, petit vieillard de quatre vingt treize ans. Je t'ai perdu si tôt, mon Papa, que je ne peux me résigner à te voir t'éteindre, maintenant que la haine a disparu entre nous deux.


Pardon de m' épancher, mais ça tu me fais du bien Lilia, à écouter mes mots, derrière le moucharabié. Prépare le thé, bois le à ma santé, à celle de mon aimée. Nous sommes déjà dans le désert, tu sais et le cheval fou attend la cavale blanche dans la grande palmeraie de Douz.
Je suis lié aux tombes. Je suis lié aux tombes berbères de Matmata, par un serment, celui des pierres, tu les sais bien, dans ta clairvoyance. Jy retournerai, un jour, avec Marie-Claude pour voir ses yeux bleus s'émerveiller des montagnes Tunisiennes, de l'hospitalité d'un peuple nomade. Ce sera enfin le temps de se découvrir sous la voie lactée, mais avant, laisse moi quitter cette nuit d'apnées mortelles.
Le jouer se lève, l'enfer est aussi ensoleillé, parfois comme à Guantanamo. Ici la pluie tombera sur la tête d'Ali Badri, comme une bénédiction des dieux Persans.

Je fais un rêve, celui d'entendre ce texte, une fois au moins, lu par Yvon Poirrier. Je fais un autre rêve, qu'il soit traduit en Iranien pour la diaspora Iranienne en reconnaissance de leur culture, de leur âme persane et la musique viendra d'elle même.

Roger DAUTAIS

LE CHEMIN DES GRANDS JARDINS

en Normandie, nuit du 7 au 8 octobre 2009




Photos : Installations land art Roger Dautais

1 Occurrences Presqu'île de Crozon août 2009
2 le silence des pierres Plage de Pors Pin Brehec Bretagne Nord
3 le silence des pierres Plage de Pors Pin Brehec Bretagne nord

Textes et photos assujetties au droit d'auteur.
Pour tout renseignement ou achat, s'adresser à
roger.dautais@numericable.fr

3 commentaires:

  1. Sylvie,
    Ta fidélité me comble.
    Merci de ta poésie, de tes encouragements, aussi.

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  2. Il y a une phrase que j'aime par dessus tout et que je te livre comme un drapé de soie
    Puisse-telle te réconforter!

    "C'EST POUR LE PÉCHÉ QUE LE PARDON EXISTE"

    PS/ JE NE SAIS PLUS DE QUI C MAIS COMBIEN J AIME!

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Landartiste, photographe, auteur de livres pour enfants, Roger Dautais est aussi un artiste atypique, sensible et attachant.Il a sû, dans la diversité de ses expressions, trouver une harmonie par la pratique quotidienne de cet art éphémère : le Land Art. Il dit "y puiser forces et ressources qui lui permettent, également, depuis de nombreuses années, d'intervenir auprès de personnes en grande difficulté ( Centre de détention pour longues peines et personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer) pour les aider par la médiation de l'art.