La vie, comme elle va

"S'il suffisait de lire comme dans une bulle de cristal, alors, ce serait, facile.Mais il faut vite déchanter, prendre la route, sac au dos et marcher, toujours marcher pour oublier ce que l'on a déjà fait, ce que l'on va faire. Il faut attendre que la nature nous prenne et nous ouvre sa voie. C'est une progression incessante, pour de si petites choses".
Roger Dautais . Septembre 2009

Un voyage étonnant au cœur du land Art

jeudi 3 novembre 2011













































































écrire sur le bord des rivières...


à Marty,


Ils m'ont téléphoné pour me rencontrer.
Dix étudiants en B.TS. de communication, vont faire le voyage jusqu'à Caen pour me rencontrer après m'avoir choisi parmi quelques artistes contemporains pour préparer une exposition photo de mes travaux. Ils seront dix, mercredi prochain et cette rencontre m'honore bien sûr mais elle m'inquiète aussi.
Qui suis-je et que vais-je pouvoir leur dire sur le land art ?
Pourquoi j'écoute Miles Davis ce soir, pourquoi Kind of Blue m'accompagne dans cette soirée, pourquoi je pratique le land art? Je ne sais pas. Enfin, si je sais, mais de quelle méthode relève mon travail, je dirai... aucune.
J'aime écouter cette musique, sorte d'écriture automatique qui répond à ma sensibilité d'auditeur, quasiment néophyte.
J'aime aller dans cette insouciance du lendemain artistique, avec cette idée que je n'ai pas fait grand chose en ces treize années de pratique, enfin, pas au point de me " plomber " l'esprit de références lourdes, d'encyclopédie de mes propres œuvres, non, rien de cela.
De simples carnets de routes dont le vent aurait arraché les pages, une à une, pour ne laisser que la spirale.
En somme, un oubli joué avant l'heure, puisque, à la fin du jeu, j'entends par là, notre fin,
ce qui reste n'empêchera pas les oiseaux de voler.
J'aurai dû, sans doute, collectionner, classer, concourir, mais je ne l'ai pas fait. Je n'étais et je ne suis toujours pas fait pour cela.
Je préfère la légèreté de l'oubli, la profondeur du questionnement sur le terrain, l'attente stérile parfois d'une inspiration qui se fera attendre, à la profonde chute qui m'aurait rattaché au conventionnel, au plaisir de plaire.
Je marchais dernièrement sur un chantier maritime de la Côte de Nacre qui, il faut le dire a effacé une partie de mon territoire où j'aimais réaliser des spirales pour des ferries en partance.
Je ne suis pas contre le progrès, mais certains chantiers me font mal, lorsque je vois un paysage tout entier disparaître au profit d'une zone portuaire.
J'étais sur ces immenses blocs à regarder la mer et j'ai trouvé à mes pieds, quelques poignées d'éclats de roches, aussitôt transformés en spirale minuscule que j'offrais à la Manche, en cadeau. Dérisoire geste, où simple résistance de l'infiniment petite intention au bouleversement du paysage ? Chacun choisira.
Ici, sur ce blog du Chemin des Grands Jardins, j'aurai sans doute aussi dû classifier, par date, lieu, saison mais comme je ne vis pas comme ça et que depuis mon accident, je fais avec ce qui me reste, je passe toutes les frontières, à ma guise, presque avec affront, sans freiner l'enfant qui est en moi.
En forêt, il y a deux jours, pour sentir l'automne qui bizarrement m'inspire moyennement car elle apporte trop de couleurs d'un coup, je me suis laissé aller dans cette rêverie qui permet aux choses de se transformer à mes yeux, avant de les réaliser.
Vous jugerez des routes de mon inconscient pour traduite des " pensées forestières".
Depuis bien longtemps, j'arpente cette terre, et après avoir failli, stopper le voyage en Mai de cette année, je devrai, sans doute vivre comme un vieux qui ne sort plus de chez lui et compter mes jours. Mais non, je ressens, petit à petit, la vitalité reprendre le dessus, et cette envie de sortir, de ressentir , l'eau, la terre, l'air m'accompagner dans cette quête, sur cette route devenue ma vie.
Après tout, je devais être programmé ainsi, vivant un peu à l'écart du troupeau, capable de sortir de ma poche, un bout de laine trouvé en marchant, capable de m'agenouiller pour regarder couler l'eau, et puis, tout simplement, écrire sur le bord des rivières...



Roger Dautais







Po Chu Yi


Le monde est plein de bruits et de fureur
Il fait froid
Trop paresseux pour me lever
Les pensées en désordre
J'ouvre mon vieux livre de poèmes
Je pense à l'endroit où personne ne vient
Je pense aux arbres, aux nuages et aux rochers
Je pense à l'odeur des herbes
Je pense aux corbeaux de la montagne
Je pense aux jardins de Lo Yang
Je pense aux deux grues qui savent danser
Je pense à Po chu Yi
Je pense au poète tranquille et oisif
Je pense au parfum du vin
Je pense au son de la pluie
Je pense au goût du ciel
Je pense à la nuit profonde et silencieuse
Je pense au poète qui s'enivre et dort profondément
Je pense au bon vent dans le clair de lune.



Bruno Sourdin


Retrouvez ce poète :


guyallix.art.officelive.com/brunosourdin.aspx

vendredi 21 octobre 2011


























































































à Marie-Claude...


Lorsque tout bascule en quelques secondes, dans un accident, il n'est pas encore question d'en calculer toutes les conséquences. D'abord se réjouir d'être en vie tous les deux et sortis de ce tas de ferraille qui reste sur la route, inutile.
Après, vient le temps de la douleur et de la reconstruction. Je savais qu'un jour, je n'aurai plus pratiqué le land art, à cause de l'âge, mais pas si vite, si brutalement.
Sorti du jeu, mis sur la touche, en marge, tout ce que vous voulez et qui ne correspond plus au rêve d'une vie normale, avec ses ennuis certes, mais normale.
Je ne voulais plus rien regarder qui m'échappait. Cette grande nature où tout était offert sans jamais être donné et dans la quelle je puisais tant de ressources pour m'exprimer. Comment avais-je pu en douze années avoir vu, avoir réalisé des milliers d'installations sans même penser à trouver une autre sorte d'expression.
Il y avait bien les photos, qui s'étaient accumulées dans mon ordinateur, mais plus cette envie, plus ce regard, parce que le corps ne suivait plus et que l'esprit lui emboitait le pas.
Et puis un jour, après tant de petites marches entreprises, d'abord avec Marie-Claude, puis seul, je me suis mis à nouveau à regarder cette nature et me dire que je devais encore avoir à faire avec elle.
Je ressentais à nouveau le besoin d'être dehors, de sentir le vent, la pluie. Je me prenais à cueillir des fleurs et à les installer. Je trouvais ces gestes infantiles et pourtant il fallait en passer par là, retrouver la magie de la couleur, du déplacement des éléments, de l'insertion d'une installation dans un site.
J'ai retrouvé le bord de mer. Je ne tenais plus en équilibre sur un rocher. Je ne pouvais plus soulever de pierres, ayant perdu toute forces et la marche dans le sable arrêtait vite. Pourtant le spectacle de la mer me réconciliait avec moi-même. Breton, je restais lié à cet élément, à cette immensité, à ce paysage où tout avait commencé dans ma petite enfance.
Cinq mois de reconstruction et à nouveau l'envie de faire, le besoin de créer, de partager, de montrer. Ce n'est pas rien, c'est un moteur.
Et Marie-Claude qui me demande tout à l'heure : au fait, tu as essayé de faire une spirale ?
Oui j'ai essayé, mais quand il faut entre une heure et une heure trente pour la tracer dans les sables, mon dernier essai il y a un mois s'est soldé par un arrêt des travaux au bout de cinq minutes.
Je n'ai pas remis ça depuis, mais cette question m'a remis sur le chemin d'un nouveau challenge : essayer, encore essayer pour retrouver cette magie de la spirale et ressentir cette ivresse physique qui s'empare de moi dans ce mouvement circulaire qui me relie au centre de la terre.J'ai à nouveau besoin de retrouver cette scansion de la marche circassienne, où le souffle seul s'accorde à l'horizon et permet de tenir debout. Un grand oubli du monde pour mieux le ressentir, le sublimer dans un geste poétique.
Il faudra que je retrouve tout ça, pour elle, pour moi, pour vous aussi bien sûr.



Roger Dautais





Je presse le pas
vers l'oubli
qui ne s'éteint pas

Jusqu'à l'épuisement
je passe mon chemin

Je m'absente
à son indifférence.


Marie-Josée Christien 2011


***


Je m'exile du vertige
et retourne au silence
d'où je viens
hors d'atteinte
de la griffure des mots

je m'absente
à son indifférence

en cercle hors d'atteinte.


Marie-Josée Christien 2011




Retrouvez l’œuvre poétique de Marie-Josée Christien :

mariejoséechristien.monsite-orange.fr/poesie / index.htlm

guyallix.art.officelive.com/mariejoseechristien.aspx

vendredi 7 octobre 2011
























































































Aux 5O OOO lecteurs du Chemin des Grands Jardins...


Je vous remercie de votre fidélité au Chemin des Grands Jardins. Je continue tant bien que mal, à faire vivre et animer ce blog malgré les coups du sort.
Nous avons franchi ensemble le cap des 50000 visiteurs( exactement 5O271, ce matin) et je reste étonné de recevoir, maintenant, des commentaires du monde entier. Ce blog m'a permis de découvrir des univers différents, des talents divers, des artistes avec qui je suis resté en contact. Cette humanité si présente dans vos commentaires, est certainement le point le plus fort de l'aventure entreprise, vécue avec vous.
J'espère pouvoir encore un peu vous faire partager ma passion du land art vers qui je reviens peu à peu.
Belle journée à vous tous.

Avec mon amitié,

Roger Dautais





LES ÉTOILES A PORTÉE DE MAIN


La paupière se soulève
l’œil tient le firmament tout entier
chacun des mondes rendus visibles
porte l'un des noms de notre amour
de l’un à l'autre nous naviguons
nous chantons nous pleurons dans les cordages
le sel se dépose sur les mots


Nous traversons des nuits et des nuits
des lunes dansent
leurs rondes enfantines
leurs rythmes s’emparent
des syllabes égarées


Nous nous enfonçons dans le brouillard
éblouissant où naissent les étoiles
elles palpitent sous nos doigts
elles sont le couvain des ciels futurs


Dans une galaxie très lointaine
nous sommes à jamais adolescents
la lumière dévie sa trajectoire
répète notre image nous multiplie
nous habitons toutes les planètes
nous parlons toutes les langues


Françoise Han

Retrouvez cet auteur sur le site de Guy Allix et dans son anthologie subjective:

http://guyallix.art.office.com/francoisehan.aspx

vendredi 23 septembre 2011
















à Sylvain,
sur la route...


Dernier jour de l’été. C'était hier...Je marche dans mes souvenirs. Port de Caen.Je connais ces lieux par cœur. C'est ici que plusieurs entreprises construisent ou réparent des bateaux., les plus racés, taillés pour de longues courses. Les ouvriers travaillent indifférents au paysage.Je m'écarte un peu de ces chantiers navals et descend le long de la voie ferrée qui accueillait autrefois des trains à charbon ravitaillant l'usine métallurgique du plateau.
Cette voie abandonnée, disparaît sous les herbes.
Je m'approche de hangars désaffectés dont les murs se sont couverts de vigne vierge.
Voilà des semaines que je ne me suis pas arrêté et les feuilles ont pris de la couleur. Je vais travailler à partir de ces belles feuilles.
Je cueille les feuilles une a une pour ne pas les abîmer. Je les classe en fonction de leur couleur et de leur grandeur. Puis je cueille une réserve de pétioles, rouge orangé. J'ai repéré une forme en béton, le long du mur nord d'un très grand hangar qui semble abandonné. A quoi cet objet pouvait servir. C'est très lourd, massif, en béton. C'est cette entaille oblongue ouverte au dessus du bloc qui me donne l’idée de travailler en l'entourant de pétioles coupés en trois.
C'est un peu long à faire et je suis obligé de travailler à genoux car mon dos commence à se faire sentir.
Je coupe quelques feuilles mortes pour entourer le tout, les dispose sur le sol, puis, je prends quelques photos et je m'en vais.
Il me faut rejoindre l'ancien terminal de chargement de minerais de l'usine métallurgique. Je descends cette fois vers l'estuaire pendant deux kilomètres tout en restant sur la rive droite.
Bien qu'un peu lugubre, le lieu est intéressant pour certains travaux. Imaginez une digue qui s'avance dans l'eau, sur 50 mètres, surmontée d'une structure en béton dont la partie supérieure portait une voie ferrée amenant les wagonnets de minerais, jusqu'aux cargos. Cette voie ferrée est soutenue par des poutrelles de béton en X qui rend l'ensemble très perméable à la lumière, aux vents et à la pluie. La partie basse dessine des petites piscines d'eau noirâtre où il ne vaut pas mieux tomber.
J'ai choisi cette noirceur de l'eau accentuée par le manque de soleil pour mettre en valeur les couleurs des feuilles de vigne. Je les assemble, une à une à l'aide de leur pétiole et fabrique une sorte de serpent d'eau.
Un remorqueur de bonne taille remonte le canal vers sa base, située plus en amont. Je suis a deux cents mètres de lui et pourtant sa vague d'étrave atteint le rivage, déclenchant une série de vagues assez violentes. Je suis impressionné par la puissance de l'eau, inquiet aussi pendant quelques instants. Positionné au mauvais endroit, on peut être balayé facilement. Tous les pêcheurs du canal le savent et sen méfient.
J'attends que les eaux se calment et je déroule le serpent de feuilles dans l'eau noire. C'est du plus bel effet. Comme il n'y a pas de courant ni de vent, je l'anime et le fais nager avec une branche d'aulne. Il s'enroule, prends des formes géométriques, puis s'enroule sur lui m^me et c'est dans cette position que je vais le laisser en offrande aux eaux du canal.
Bien sûr, j'ai des rêves de grandes installations, de cairns immenses, de spirales de sable, de voyages, mais je ne peux plus réaliser tout cela pour le moment. Alors, je me contente de ces travaux plus modestes et je continue ma route vers des jours meilleurs.



Roger Dautais


En réalisant cette page, je pense à un artiste de Land art, de grand talent, qui vient de me faire parvenir des photos de ces récents travaux et je me dis que ce serait bien de lui dédier, en toute amitié.
Je vous conseille de découvrir son travail ( si vous ne le connaissez déjà) à cette adresse :
http://galerie.sylvainarbez.com





Il est toujours beau de commencer
de fabriquer cette naissance qui part de soi
d'une main apte à faire des lettres
à éteindre, à caresser.
Ainsi la volonté trace
à même l'heure et dans l'inorganique aérien
une sorte de ressemblance
où se retrouvent ni le port de tête ni des yeux.
Rien qu'une allure sensible
par laquelle rester mémorable
mais de celui-là peu de temps on dira
qu'il fût
Puis un oubli le remisera au rang des pierres
qui éclaire parfois l'ultra violet du non-savoir.


Jean Lux Steinmetz


Retrouvez cet auteur : http://guyallix.art.officelive.com/jeanlucsteinmetz.aspx

dimanche 18 septembre 2011

mondo misterioso: Le pietre di Ica

mondo misterioso: Le pietre di Ica: Ica è una cittadina del Perù di 150.000 anime ai piedi delle Ande, non lontano dagli Altipiani di Nazca e Machu Pichu. Ica deve la sua fam...

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Landartiste, photographe, auteur de livres pour enfants, Roger Dautais est aussi un artiste atypique, sensible et attachant.Il a sû, dans la diversité de ses expressions, trouver une harmonie par la pratique quotidienne de cet art éphémère : le Land Art. Il dit "y puiser forces et ressources qui lui permettent, également, depuis de nombreuses années, d'intervenir auprès de personnes en grande difficulté ( Centre de détention pour longues peines et personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer) pour les aider par la médiation de l'art.