La vie, comme elle va

"S'il suffisait de lire comme dans une bulle de cristal, alors, ce serait, facile.Mais il faut vite déchanter, prendre la route, sac au dos et marcher, toujours marcher pour oublier ce que l'on a déjà fait, ce que l'on va faire. Il faut attendre que la nature nous prenne et nous ouvre sa voie. C'est une progression incessante, pour de si petites choses".
Roger Dautais . Septembre 2009

Un voyage étonnant au cœur du land Art

mardi 8 octobre 2013

Au cœur du Mané croc'h : à Henri Droguet
Amnésie triangulaire : pour Henri Zerdoun
Transhumance meurtrière
L'adieu aux armes: Pour Mildred
Transition d'automne à Liza Rydin Erickson
Breizh :  pour Marie-Claude
Le terrier : Pour Ana Minguez Corella
Recherche de solution :  pour Sasa Saastamoinen
La sœur de La Rouge : Pour Marie-Josée Christien
La mémoire blanche :  pour Alain Jegou
La porte de Kerpenhir  :  pour France
Les sept frères d'infortune : aux mémoires englouties.
Le cairn du Retour ( Kerpenhir) :  pour Jean-Pierre Audren


Du Mané Croc'h  à Kerpenhir, souvenirs d'une semaine passée


Je sais que la mer sera grise, aujourd'hui, sans doute agitée.Je file vers le sud. Après trente minutes de voyage, j'aperçois la grande  plage de Locmariaquer, débarrassée de la cohue estivale. Elle fait face  à l'Océan,  prête  à tout affrontement. Je tourne   vers l'Est et j'arrive à la Pointe de Kerpenhir. Le spectacle est  grandiose. A l'entrée de la passe, entre Port Navalo et Kerpenhir, la mer est en ébullition. Elle  pousse ses eaux grises,  impatiente de remplir le Golfe du Morbihan. Je descends sur  l'étroite grève qui  borde le flot. Des vagues courtes et rapides battent le granite. Je choisis cet endroit  pour élever mon premier cairn. Je dois attraper les pierres, côté mer, et, très rapidement, j'ai les deux pieds dans l'eau, le jean trempé jusqu'aux genoux. Il ne fait pas froid. Je retrouve des gestes familiers. Je rentre dans une histoire que je raconte, ici, dans la solitude,  où chaque pierre est un  mot, chaque cairn, une phrase. Comment ne pas penser  à eux, après Lampedusa. Le premier cairn est un signal, le second  une porte, les cinq autres, une famille.Les sept frères d'infortune.
La mer  monte et m'oblige  à voir  plus  loin. Je me déplace sous  un grain assez violent qui achève de me tremper,de la tête aux pieds. Béni des Dieux !
Mais,  très rapidement comme cela se produit dans le golfe,  le temps séclaircit et  m'offre  même  un timide rayon de soleil.
A l'extrémité d'une petite plage qui s'avance dans la mer, un  peu mieux abritée que la première, je  monte un cairn solitaire sur la partie la  plus herbue du lieu. Je rassembles des pierres et continue mon va et vient pour aliment ce cairn qui  monte doucement.80cm, 1m., 1.20mètre de haut. Soudain,  il " me parle", m'avertit, craque, s'assied. Je comprends qu'il n'ira pas  plus haut sous peine d'éboulement, mais cela ne fait  riien,  il a fière allure comme ça. Je termine la coiffe en arrondit et passe  à autre chose.
Je  m'approche  à nouveau de la mer et continue ma série de cairns dans la sérénité et la solitude. Mes cairns dialoguent avec la mer, le golfe, le ciel incertain et  jouent avec les vagues. Je pense  à elle qui  m'attend  à la maison. J'aimerai partager ces instants avec ma femme. Je m’assoies et contemple le spectacle. Le temps s'arrête.
J'ai  passé le reste de la semaine en  pleine campagne, goûtant au  luxe de l'alternance.
Ne cherchez  pas ailleurs les couleurs de ma Bretagne, de ce Morbihan où je réside. Regardez simplement et vous verrez ce qui m'inspire. Je n'invente rien, tout existe.
J'ai pris le chemin de Crucuno,  puis de sa forêt. Entre les dolmens du Mané Croc'h et le Mané Braz,j'ai marché pour retrouver  "La Chaise de César" aux alignements de menhirs remarquables. J'ai laissé sur place quelques  installations éphémères,  parce que ces lieux, ces Terres Sacrées m'inspiraient ces poèmes végétaux. Je ne  pouvais faire  moins pour elles qui  me donnaient tant de forces en échange. Etre vivant dans ces lieux, tous sens en éveil, se mérite,mais c'est aussi  un privilège.
L'échange fut total.
J'ai ré-inventé une géométrie des lieux, tracé des spirales positives, caressé  l'humus, effleuré le lichen des menhir de mes doigts, comme  un aveugle s'attardant  à  lire le message. Cette plongée verticale dans les racines de  l'humanité, parmi les grands témoins, menhirs et dolmens, me transporte,  m'élève, et me laisse bien heureux de  pouvoir balbutier dans ces champs de fougère que l'automne brunit,  un humble merci,  pour tant de petits bonheurs. 
Ils m'autorisent  une suite au voyage avant de conclure mon parcours terrestre.

Roger Dautais




Le Jardin des Délices

Au paradis
l'on souffre aussi
La volupté
est un  poisson qu'on  piétine
Il  y a peu d'eau
pour éteindre les brasiers
Dans la cohue de l'imaginaire
la créature ne trouve  plus son chemin
qu'à genoux
Les oiseaux soufflent sur la braise
L'herbe est esseulée
Où sont partis les arbres
Où est la bonne arche
On se met  à rêver
du désert
ou d'un enfer
fût-il de pacotille

Abdellatif Laäbi

"Petit  musée  portatif " 2002
Poésie du Maghreb
Al Manar



Peut-être
pourras-tu continuer
à dire que tu aimes

Cette vibration de l'air
dans la saison qui s'annonce
en avance sur son  heure

Ce désir de vivre
la pleine  lumière
encore  une fois

La solitude  à tes pieds
comme  un vieux vêtement
d'hiver.

Marilyse Leroux
" Le temps d'ici"
Editions Rhubarbe 2013

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Landartiste, photographe, auteur de livres pour enfants, Roger Dautais est aussi un artiste atypique, sensible et attachant.Il a sû, dans la diversité de ses expressions, trouver une harmonie par la pratique quotidienne de cet art éphémère : le Land Art. Il dit "y puiser forces et ressources qui lui permettent, également, depuis de nombreuses années, d'intervenir auprès de personnes en grande difficulté ( Centre de détention pour longues peines et personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer) pour les aider par la médiation de l'art.