tag:blogger.com,1999:blog-9261723919349118352024-03-08T03:34:12.497-08:00LE CHEMIN DES GRANDS JARDINSUn voyage étonnant au cœur du land ArtLE CHEMIN DES GRANDS JARDINShttp://www.blogger.com/profile/04692507137734264498noreply@blogger.comBlogger783125tag:blogger.com,1999:blog-926172391934911835.post-87196490156119616892023-06-23T10:16:00.002-07:002023-06-23T10:16:43.116-07:00<p>Les obsèques de ROGER DAUTAIS auront lieu le mardi 27 juin 2023 au crématorium de Ploescop (dans le Morbihan près de Vannes) à 11h30. Une cérémonie hommage lui sera rendue.</p><p>Vous pouvez également lui faire un dernier au revoir, au salon funéraire de Roc Eclair à Auray (56) à partir du 24 juin après-midi, jusqu'au lundi 26 juin. La journée du 27 juin étant réservée à ses proches.</p><p>Son inhumation aura lieu entouré de ses proches le 28 juin 2023; il sera inhumé au cimetière de Pluneret (56). Son urne funéraire y sera déposée dans un colombarium.</p><p><br /></p>LE CHEMIN DES GRANDS JARDINShttp://www.blogger.com/profile/04692507137734264498noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-926172391934911835.post-75533061382283550872023-06-23T10:09:00.001-07:002023-06-23T10:09:05.236-07:00<p> </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEg46WWIOqolEOd65JUvMShIYLepi0wBpngfjwrc9eS47hyOFdB70sZzhMvq5PZi7KDDeC4ufAXyTjmYAvRxDBFNI-26bEwIIo-dADZMKKgGtKFk_WtxpdAqVffn6WnjfiayDKRps8z_GnKHQdT1iKeMAvEU525JOc07gZhUSN59pRUDhkzMj-jmSWAH0-Mh" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="" data-original-height="199" data-original-width="254" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEg46WWIOqolEOd65JUvMShIYLepi0wBpngfjwrc9eS47hyOFdB70sZzhMvq5PZi7KDDeC4ufAXyTjmYAvRxDBFNI-26bEwIIo-dADZMKKgGtKFk_WtxpdAqVffn6WnjfiayDKRps8z_GnKHQdT1iKeMAvEU525JOc07gZhUSN59pRUDhkzMj-jmSWAH0-Mh" width="306" /></a></div><br /><p></p>LE CHEMIN DES GRANDS JARDINShttp://www.blogger.com/profile/04692507137734264498noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-926172391934911835.post-84514009924384197012023-06-23T10:01:00.000-07:002023-06-23T10:01:41.108-07:00<p>Poème de Henry Scott-holland "je suis de l'autre côté du chemin", en hommage au courage de Roger, parti ce jour de l'autre côté du chemin à l'âge de 80 ans, des suites d'une longue et douloureuse maladie, à son domicile et entouré de ses proches... Avec tout notre amour, son épouse Marie-Claude et ses enfants Vincent et Fanny.</p><p>La mort n'est rien,</p><p>je suis seulement passé, dans la pièce d'à côté.</p><p>Je suis moi. Vous êtes vous.</p><p>Ce que j'étais pour vous, je le suis toujours. </p><p>Donnez-moi le nom que vous m'avez toujours donné, parlez-moi comme vous l'avez toujours fait.</p><p>N'employez pas un ton différent, ne prenez pas un ton solennel ou triste.</p><p>Continuez à rire de ce qui nous faisait rire ensemble.</p><p>Souriez et pensez à moi.</p><p>Que mon nom soit prononcé à la maison comme il l'a toujours été, sans emphase d'aucune sorte, sans une trace d'ombre. La vie signifie tout ce qu'elle a toujours été.</p><p>Le fil n'est pas coupé.</p><p>Pourquoi serais-je hors de vos pensées, simplement parce que je suis hors de votre vue ?</p><p>Je ne suis pas loin, juste de l'autre côté "du chemin des grands jardins".</p><p>Voyez, tout est bien. Roger</p><p><br /></p><p><br /></p>LE CHEMIN DES GRANDS JARDINShttp://www.blogger.com/profile/04692507137734264498noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-926172391934911835.post-23738081019331720162020-09-17T02:50:00.000-07:002020-09-17T02:50:06.731-07:00<p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-Gn5xM59KBDY/X2Mw4NwGbDI/AAAAAAAAhWU/1gjmYaKIQVcYJ1XbK7LHuR7EKsslRP_SACLcBGAsYHQ/s2048/TRAVERSEES%2BDE%2BJUILLET%2B038.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1536" data-original-width="2048" height="300" src="https://1.bp.blogspot.com/-Gn5xM59KBDY/X2Mw4NwGbDI/AAAAAAAAhWU/1gjmYaKIQVcYJ1XbK7LHuR7EKsslRP_SACLcBGAsYHQ/w400-h300/TRAVERSEES%2BDE%2BJUILLET%2B038.jpg" width="400" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">« Flottaison d’été » à Lilou Loute, en amitié.</td></tr></tbody></table><br /> </p><p>À Marie-Claude.<br /> *<br /> *<br /> *<br /> *Je n’aimerais pas être le meilleur. Je préfère être vivant.<span class="text_exposed_show"><br /> R.D.<br /> *<br /> *<br /> Signes.<br /> Mes gestes sont petits et répétés. Comme une seconde respiration tout au long du jour.<br /> Sous les feuillages des arbres, existe une accumulation de signes, qu’il faut bien accepter.<br /> Variation permanente de la lumière sur les eaux dormantes.<br /> Je me dois de dialoguer avec ce qui existe .<br />
.Sur la rive, je tresse un radeau de fortune, avec quelques joncs. Il
prend une forme triangulaire. Mes mains cueilleront le reste, de
quoi, le terminer, avant le départ..<br /> J’emprunte un peu au temps,
et j’embarque vers l’inconnu. La traversée se fera dans un silence
tremblant, et dans l’espérance de bien arriver un jour, à échapper au
poids du monde.</span></p><div class="text_exposed_show"><p> Roger Dautais<br /> « Flottaison d’été » à Lilou Loute, en amitié.<br /> Lac de Lebisey.<br /> Normandie</p></div>LE CHEMIN DES GRANDS JARDINShttp://www.blogger.com/profile/04692507137734264498noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-926172391934911835.post-48491605860436250722020-09-05T04:31:00.000-07:002020-09-05T04:31:34.239-07:00<p> </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-af5WDGvNwxI/X1NlihRKJLI/AAAAAAAAhVo/MpFotOMBLZIsD_N9DNJjaZm9FlzK3oh3gCLcBGAsYHQ/s2048/D%25C3%25A9cembre%2B%25C3%25A0%2Bpart%2B2006%2B115.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2048" data-original-width="1536" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-af5WDGvNwxI/X1NlihRKJLI/AAAAAAAAhVo/MpFotOMBLZIsD_N9DNJjaZm9FlzK3oh3gCLcBGAsYHQ/s320/D%25C3%25A9cembre%2B%25C3%25A0%2Bpart%2B2006%2B115.jpg" /></a></div><br /><p></p><div class="_5pbx userContent _3576" data-ft="{"tn":"K"}" data-testid="post_message" id="js_3"><p>à Marie-Claude.<br /> *<br /> *<br /> *<br /> *<br /> *Je ne recommencerai pas.</p><p> Le poète s’était suicidé un mois après notre rencontre.<br /> Je n’y étais pour rien. Affecté, oui. <br /> A l’annonce de cette nouvelle, le silence s’était fait dans notre cuisine.</p><p>
On avait trouvé sur son corps, un papier quadrillé, protégé par une
pochette de plastique. Il y avait écrit, sa dernière phrase, au
crayon à papier, avant d’en finir <br /> « Je ne recommencerai pas ».<br />
Depuis quelques années, cet homme c’était intéressé à mes travaux et
moi, à sa poésie. Il aimait mes land art mettant en scène,
l’étoile de David. J’appréciais car ces étoiles ne faisaient pas
l’unanimité. Je lui avais envoyé pas mal de photos sur ce sujet,. Je
lui avais aussi confié ma proximité avec la communauté Israélite de
ma région. Et ce, malgré mon peu d’intérêt pour toutes les religions.</p><p> Nous avions convenu d’un travail commun sur la Shoah. Lui écrirait le texte que je mettrai en images, pour un court métrage.<br />
Concernant le choix de la musique, ce serait la chaconne de Bach, très
jouée à Auschwitz par les prisonniers dans les conditions dramatiques,
de nombreuse fois racontées par ces musiciens réquisitionnés par les
SS.<br /> Elle serait, dans notre film, interprétée par trois musiciens
que le Rabbin de ma ville, un ami, m’avait indiqués et recommandés.
Sarah Aberge, au violoncelle accompagnée de deux violonistes ,Abraham
Benesti et Hanan Helbaz. A sa demande, je lui avait fait passer les
photos des musiciens. Il avait trouvé, Sarah, très jolie<br /> Je n’avais fait aucun commentaire.<br />
De mon côté, pour les besoins de la mise en scène, je m’étais mis
à fabriquer une grande quantité d’étoiles de David : trente en
peuplier, dix coudrier, dix en lin et dix en roseau. Cela m’avais pris
beaucoup de temps. Certains soirs, je m’étais fait aider par
Marie-Claude.</p><p> Le repérage des lieux de tournage m’avait angoissé
.Lorsque je m’étais trouvé seul, face à ce wagon vide, sur un e voie
ferrée désaffectée de la gare de la ville,entouré de présences
inexpliquées. Un murmure d’êtres humains. Des enfants, qui appelaient
leur mère. Des femmes des hommes qui appelaient au secours. Je
délirais. Je les imaginais, perdus, en partance vers les fours
crématoires de Pologne, ignorant tout de leur sort . Je n’avais jamais
pu effacer ces images de ma mémoire.</p><p> Les répétitions avaient eu lieu, dans un dépôt désaffecté de la SNCF, prêté par le chef de gare.<br />
Les musiciens avaient joué à proximité des voies ferrées et d’un
ancien wagon à bestiaux, amené sur place à l’occasion du tournage. Une
insolente clarté d’avant l’orage avait probablement mis à nu bien
des choses enfouies dans leur mémoire, à la vue de toutes ces étoiles
de David, sortant du wagon et s’étalant sur les voie ferrées. <br /> Un grand nombre de valises en carton, comme abandonnées par leurs propriétaires, s’empilait sur un quai. <br />
Le scénario prévoyait l’arrivée de deux hommes vêtus de blanc,
ramassant toutes les étoiles, puis s’enfermant avec elles dans le wagon.
<br /> Nous l’avions fait. <br /> Ne manquait plus que la présence du poète, lisant son texte en direction de l’est.<br />
Nous étions en 2002, le nouveau siècle avait généré d’autres peurs. Ma
pratique quotidienne du land art , en solitaire, me permettait
d’évacuer toutes les tensions nées à mon histoire personnelle.<br /> Naître en temps de guerre, n’était jamais anodin.</p><p>
A cette époque, je réalisais beaucoup d’installations flottées, parce
qu’elles étaient belles, éphémères et difficiles à réussir. Cela me
donnait l’équilibre nécessaire à continuer mon projet sur la Shoah. <br />
Une semaine avant la rencontre avec le poète, j’avais entrepris
d’élever une série de cairns monumentaux, dans une carrière
désaffectée. Ils dépassaient tous les dix tonnes de pierres.J’étais
crevé et manquais de sommeil.<br /> Mis au courant de cette fatigue, il
avait refusé de reporter notre rendez-vous. Le poète avait insisté à
me voir pour le prochain week-end. Six cents bornes aller-retour.<br />
Je l’avais trouvé chez lui, travaillant dans un chalet de bois,
construit au fond de son jardin. Il était entouré de quatre chats,
trois de gouttière et un chartreux. Il avait épinglé au mur, toutes mes
photos land art que je lui avais envoyées au cours de ces derniers
mois . Toutes biffées d’un gros trait au feutre noir, sauf les étoiles
de David. Son intention était de brûler les photos inutiles et d’en
déposer les cendres dans un carré de jardin, où il avait enterré ses
chiens depuis leur mort. J’avais aimé l’idée.<br /> Je lui avait
présenté les photos des lieux de tournage, l’ancienne gare de triage
SNCF, les voies ferrées et l’ancien wagon à bestiaux, ramené sur
place, pour l’occasion. Je lui avais remis une étoile de David, en
coudrier, qu’il avait posée sur son bureau. Enfin, j’avais ajouté
qu’une amie vietnamienne, cadreuse, se chargerait du tournage. Tout lui
convenait.Juste avant de partir il m’avait dit que ce serait la dernière
contribution à un tournage. Puis il avait ajouté : Je vous croyais
moins vieux et plus grand.<br /> J’avais pris ça pour un compliment de
poète. J’ignorais à l’époque que je ne le reverrai plus jamais. A
l’annonce de sa mort, j’avais eu une pensé pour ses chats.</p><p> Plus
tard, je continuais à introduire des étoiles de David, notamment dans
mes performances réalisées sur les plages du débarquement, en
Normandie, avec mon groupe international de land art, composé de cinq
femme est un homme : Une Américaine, une Anglaise, une Canadienne, une
Coréenne et une Francais, en l’occurrence, Marie-Claude, ma femme.
Elle avait eu l’occasion de m’assister plusieurs fois sur des
performances importantes. Je ne compte pas nos soirées à fabriquer ces
étoiles de David à l’atelier.<br /> Cette mésaventure, mit fin à la
fabrique de mes étoiles, qui dura encore quelques mois, avant de stopper
définitivement. Mon land art se trouvait imbriqué dans ma vie, mais
aussi dans mes souvenirs. Il tenait compte de rencontres comme celles du
poète, qui se terminaient habituellement moins dramatiquement.
Certes ma conception du land art était très personnelle, mais je ne
devais rien à personne et tenait à continuer ce chemin, librement.
Commencé par le très fort appel d’Ana Mendieta, il me permettait de
poursuivre une exploratoire artistique et une recherche personnelle,
avec l’idée de la pousser au plus loin.<br /> Lorsque viendrait le temps de quitter ma route définitivement, je n’aurai aucun regrets. <br /> Roger Dautais</p><p> Route 78 <br /> « Photo : création lard art de Roger Dautais<br /> « L’étoile de David » à Raymond Anisten*, mon ami<br /> Caen-Mondeville<br /> Normandie</p><p> * Créateur de l’Association nationale des enfants et petits enfants des évadés et rescapés du Vel d’Hiv ; du 16 Juillet 1942</p></div>LE CHEMIN DES GRANDS JARDINShttp://www.blogger.com/profile/04692507137734264498noreply@blogger.com5tag:blogger.com,1999:blog-926172391934911835.post-61478727830491070582020-07-29T09:07:00.003-07:002020-07-29T09:07:40.384-07:00<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-09WN-YTVQ28/XyGehnXX0VI/AAAAAAAAhUo/93x0EylGeGkmx3bTBUjqRb-a2OfrcjxXwCLcBGAsYHQ/s1600/9f03b9f5f7bab2ee4a82d6298408d33c.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="400" data-original-width="266" height="400" src="https://1.bp.blogspot.com/-09WN-YTVQ28/XyGehnXX0VI/AAAAAAAAhUo/93x0EylGeGkmx3bTBUjqRb-a2OfrcjxXwCLcBGAsYHQ/s400/9f03b9f5f7bab2ee4a82d6298408d33c.jpg" width="265" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Le mouton blanc : pour Lilou Loute</td></tr>
</tbody></table>
L’imaginaire et le réel sont deux lieux de vie. <br /> Jacques Lacan.<br />
À Marie-Claude.<br />
<div class="text_exposed_show">
Dernières pages.<br />
Page 142<br /> On me prête trop d’intentions, je ne suis qu’un homme en résilience, un homme ordinaire en recherche du droit de vivre.<br />
Page 143<br /> L’expérience que je fais du monde en ce moment, est irremplaçable pour moi,car elle ne se reproduira pas.<br />
Page 144<br />
J’aime les chansons tristes, non que j’aime pleurer, mais parce
qu’elles me rappellent ma mère, d’où je viens.Mon enfance peut se
résumer depuis ma naissance, jusqu’à mes quatre ans, à une série de
déménagements précaires qui se seront enchaînes sans que je n’eus mon
mot à dire.C’était la guerre. Cette guerre qui générait la peur de la
mort et de toutes sortes d’autres choses. Ma mère n’eut de cesse de
me raconter cette peur subie, jusqu’à la fin de sa vie.. Elle me
répétait que c’était une expérience commune, tragique. Dure
expérience, ancrée en moi, à la quelle je pense encoure, à
soixante-dix-sept ans passés, sans pouvoir la chasser de mes souvenirs.
J’ai su plus tard, que ma mère me chantait des chansons tristes et
mélancoliques qui ressemblaient à sa vie. Est-ce à cause de son chant,
de sa voix disparue, de la musique, il m’est devenu totalement
impossible d’oublier tout ça.<br /> En grandissant, mon enfance
s’enfonça dans le drame de la maltraitance, à la maison, du désamour,
des coups, des privations, de l’enfermement et de l’humiliation, dont
mon père avait fait sa spécialité. Cela dura jusqu’à mes 14 ans.<br />
Page 145<br />
Vint un jour, beaucoup plus tard, après différentes expériences
artistiques, où je croisais la route du land art. Cette rencontre
permit de me prolonger ma vie.<br />
Roger Dautais<br /> La route aveugle.<br />
<br />
Photo : création land art de Roger Dautais<br /> « Le mouton blanc » à Lilou Loute, en toute amitié.<br /> Région de Caen - Normandie</div>
LE CHEMIN DES GRANDS JARDINShttp://www.blogger.com/profile/04692507137734264498noreply@blogger.com11tag:blogger.com,1999:blog-926172391934911835.post-55066148505091018892020-07-26T01:24:00.004-07:002020-07-26T01:24:39.094-07:00<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-iKxiOrmcnc8/Xx09ZqWMfjI/AAAAAAAAhUU/GOuotKnv8aIAptOUMlvQ-UlksAd9dVBsQCLcBGAsYHQ/s1600/SEA%252BAND%252BCAIRNS%252BJuly%252B15%252B028.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="266" data-original-width="400" height="424" src="https://1.bp.blogspot.com/-iKxiOrmcnc8/Xx09ZqWMfjI/AAAAAAAAhUU/GOuotKnv8aIAptOUMlvQ-UlksAd9dVBsQCLcBGAsYHQ/s640/SEA%252BAND%252BCAIRNS%252BJuly%252B15%252B028.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">" Solitude en Mor Braz " pour Christian Cottard</td></tr>
</tbody></table>
<div class="_5pbx userContent _3576" data-ft="{"tn":"K"}" data-testid="post_message" id="js_3">
À Marie-Claude<br /> *<br /> *<br /> *<br /> Inventaire…<br /> avant fermeture possible.<br />
A force de soulever des pierres, de monter des cairns, de tracer des
spirales géantes dans les sables, mon corps s’était abîmé et je
souffrais souvent.. Mais il m’arrivais certains jours, d’avoir mal
nulle part , d’avoir vingt temps dans ma tête, sans pour autant en
chasser cette idée fixe d’être programmé pour une existence
courte.Certains de mes amis, avaient réussi leur suicide. Pourtant,
jamais dans les dangereuses falaises maritimes de Ty Bihan, je n’avais
pensé au grand saut, ni à la chute fatale.<br /> Voilà que j’allais
bientôt avoir 78 ans. Une provocation que de l’avouer , de nos jours,
dans une société qui ne rêvait qu’à nous enfermer pour cause de
vieillesse constatée, afin de nous protéger du Covid19. C’était trop
irréel. <br /> Aucun oiseau de mer ne me le faisait remarquer et
j’aimais leur compagnie. Non, çà venait en douce, dans la conversation
de mes semblables, en pleine rue, au moment où je m’y attendais le
moins.<br /> - Je me demandais en vous regardant, qui était ce petit
vieux voûté qui sortait du brouillard en approchant vers moi,
lentement .<br /> Toujours bien appuyé, le propos, pour faire mal. Un
coup de poing verbal dans l’estomac, pour te remettre à ta place et te
déstabiliser.<br /> Concernant mon âge, si quelqu’un me le demandais,
j’avais quelques trucs à servir au curieux. Je portais sur moi, une
ancienne boussole en laiton, offerte par Billie, en 1958, dans notre
première course en montagne, dans les Alpes. Elle était guide de haute
montagne et moi, novice. En montrant ce bel objet au curieux, je
précisais que j’avais juste 16 ans, Billie, dix de plus. Avec ça, le
curieux trouvait facilement mon année de naissance, puis mon âge
actuel, s’il le voulait. Je ne livrais rien d’autre pouvant le mettre
sur la piste.<br /> Chantier.<br /> Question réparations nécessaire durant
cette longue route, j’avais confié le gros du rafistolage, à quelques
chirurgiens habiles : 18 centimètres en travers du cou, 25 cms sur le
thorax et 26 cms, sur la colonne vertébrale. Je ne comptais ni la
fracture du crâne qui n’avait pas laissé de traces, ni la paralysie.
Une fois fermé, mon corps tenait encore un peu et ne prenais pas
l’eau. <br /> J’avais aimé et voulu, une vie marginale, ne craignant ni d’être mis à l’ombre ni les barreaux.<br />
Et pourtant, pendant tout ce temps, ce que j’avais pu aimer, ma
brune aux yeux bleus. Nous avions un cœur pour deux et la grande
envie de faire de beaux enfants. Ceux qui ne le comprenaient pas,
décampaient vite.<br /> Les gens en bonne santé qui se sentaient éternels
sur leur tas d’or flattant leur cupidité, ne se lassaient pas de
consommer, au détriment de notre planète et je les fuyais. Qu’aurais-je
eu à leur offrir ? Rien.<br /> La santé, je ne l’avais jamais eue, ni
la fortune. Juste la rage de vivre. Pour être aussi vieux, j’avais dû
passer en maille, plusieurs fois. Trouver le filon pour ne pas
crever de faim. J’avais déjà profité dans ma jeunesse sacrifié, d’un
temps extraordinairement libre pour apprendre un peu,quelques tours de
main, en la matière. Si souvent battu et enfermé que je me disais ‘
tout ça n’existe pas. La douleur, le chagrin,mais si, elles
envahissaient ma vie. <br /> Plus tard, j’avais tellement de souvenirs à
oublier que je devais faire le tri. Je ne pouvais pas me la raconter
ma vie, elle était suffisamment riche en incidents et il fallait
l’assumer, même devenu vieux. Que veux-tu, c’était comme ça.<br /> Les
autres, les riches avec leurs matelas de fric, ils faisaient des
conneries, aussi, ils tombaient, mais ils se relevaient, facile, les
poches pleines.<br /> Moi, à chaque fois, j’y laissais ma place, quittais le patron, pour lui avoir demandé trop.<br />
Un peu raturé le petit homme, mis en marge de la société,
automatique et sans regrets. Par ici la sortie. Des multiples entrées
par la case prison, sans jamais y habiter, ils ne comprenaient pas ,
les bourges. Les taulards, selon eux, il fallait qu’ils pourrissent,
au trou, au mitard de la zonzon. Aux oubliettes pour toujours.<br /> Je pensais le contraire et j’agissais. <br />
Les emmerdes n’avaient pas traîné. Coupées, les subventions
officielles. Je m’en foutais, j’existais ailleurs, en land art, pour
mon aimée, pour eux, les bannis, pour moi, un peu. Le reste
importait peu.<br /> Les falaises de Ty Bihan, faisaient face au Mor
Braz. Pleines de danger, et pour moi, un lieu d’inspiration. Ici, je
n’étais jamais tombé, protégé par une putain de chance. Çà
compensait la poisse qui me collait ailleurs.<br /> J’élevais des
cairns dans ce territoire, devenu mien. Des petits, des minuscules,
des solitaires, guetteurs de marée, des grands, avec leurs feux de
solitude, des très grands qui provoquaient le ciel. Des familles de
cairns, en multitude. Au départ, c’était pour vivre une nouvelle
expérience. Et puis en Mor Braz, la lumière n’était jamais la même.
J’aurais voulu, ne pas dormir. Au milieu de ces cairns, je me sentais
en sécurité. Et puis, je pouvais leur parler de ma belle aux yeux
bleus sans qu’ils se lassent. Allez donc trouver meilleure compagnie.<br /> Roger Dautais<br /> Route 78<br /> Photo : création land art de <a class="profileLink" data-hovercard-prefer-more-content-show="1" data-hovercard="/ajax/hovercard/user.php?id=100008900171233&extragetparams=%7B%22__tn__%22%3A%22%2CdK-R-R%22%2C%22eid%22%3A%22ARBvZQSEutNqa7amjGSCJxtya83EnkiDFqEPTVwnoqrh81Go4uhjnARdBNjiwPWx_GoBbddEBbaRDSzN%22%2C%22fref%22%3A%22mentions%22%7D" href="https://www.facebook.com/profile.php?id=100008900171233&__tn__=%2CdK-R-R&eid=ARBvZQSEutNqa7amjGSCJxtya83EnkiDFqEPTVwnoqrh81Go4uhjnARdBNjiwPWx_GoBbddEBbaRDSzN&fref=mentions" title="Roger Dautais">Roger Dautais</a><br /> " Solitude en Mor Braz " pourChristian Cottard<br />
Morbihan - Bretagne</div>
LE CHEMIN DES GRANDS JARDINShttp://www.blogger.com/profile/04692507137734264498noreply@blogger.com6tag:blogger.com,1999:blog-926172391934911835.post-84136153383642667062020-07-25T00:24:00.000-07:002020-07-25T00:24:01.109-07:00<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-WCHZ0p2qKkM/XxvdugMS2RI/AAAAAAAAhTw/5MTLgmW8RA4ef3hmTViyupCR6dhKHSvkQCLcBGAsYHQ/s1600/cairn%2Bcairn.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1200" height="640" src="https://1.bp.blogspot.com/-WCHZ0p2qKkM/XxvdugMS2RI/AAAAAAAAhTw/5MTLgmW8RA4ef3hmTViyupCR6dhKHSvkQCLcBGAsYHQ/s640/cairn%2Bcairn.jpg" width="480" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">" Guetteur de marée" à Nathalie Novak</td></tr>
</tbody></table>
<div class="_5pbx userContent _3576" data-ft="{"tn":"K"}" data-testid="post_message" id="js_6">
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
À Marie-Claude, femme aimée.<br /> *<br /> *<br /> Années 40 .<br />
J’avais, s’en m’en rendre compte, bien fait partie des enfants de
nulle part, comme Edfith et Maud, comme Titi, des fleurs de caniveau
que si peu de monde regardait. Dans cet après-guerre, l’enfance
s’élevait toute seule, encore heure se manger et de ne pas dormir
dehors. <br /> On avait appris tout ce qu’il ne fallait pas, dans la rue.
Restait l’autre partie de l’éducation, dont on ne voulait entendre
parler. Et cela brouillait les codes. <br /> Nous étions des créatures
frêles. Pour moi, commençait une dizaine d’années où j’appris ce
qu’était la maltraitance, la douleur, la faim. Ma façon de voir
l’avenir était très floue. Je comprenais, années après années que la
place qui m’était impartie dans cette société, ne me convenait
absolument pas et je décidais très vite de la quitter. <br /> La marge me
tendait les bras, c’est encore très jeune que j’en fis mon lieu
d’existence Si l’espace adopté était un peu exigu, pratiquement pas
occupé par mes semblables, il me revenait de le creuse pour augmenter
sa surface habitable. Mon imaginaire s’en chargea très vite.<br /> Les horloges tournaient.<br />
Le temps passait, favorable aux héroïques hommes d’affaires, qui non
seulement avaient copieusement trahi le pays pendant la guerre, mais
en recevaient, une fois la paix revenue, toute la gratitude qu’il
convient d’exprimer à la richesse la plus crapuleuse, l’argent
n’ayant pas d’odeur. Devenu adulte, le choix était simple, où j’entrais
dans les combines, ou je refusais, me condamnant à marcher toute ma c
vie à l’ombre. Ce système cachait son, fonctionnement, verrouillait
les postes importants et cadenassait le reste.Dans ce monde l’on ne
me demandait rien, excepté de me soumettre. Je savais prendre une
apparence feinte, entrecoupée de fugues. Vivre était devenu une sorte
de clandestinité, si souvent vécue dans mon cagibi de malheur où mon
père m’enfermait, privé de tout.<br />
1995<br /> Plus tard, était
venu le temps du land art pour moi, qui allait prendre le dernier
tiers de ma vie. Il devenait mon langage, derrière lequel je
m’effaçais, et qui me permettait de communiquer, dans mon pays natal,
où, à l’étranger. Il me posait des questions les plus inattendues,
et me donnait les réponses chargées de m’apaiser.<br /> Tout ceci se passait hors du monde et au cœur de celui-ci. <br />
Dans les strates de ma mémoire amnésique, se trouvaient des lieux
secrets, comme cette réserve naturelle d’indociles marais, piégeux
comme des belles filles.<br /> Mais sur les rives,je découvrais, avec
émotion, les rousseurs au cœurs palpitants, des plus têtues des
fougères. Il avait bien fallu, qu’elles cèdent, elles aussi, à leur
jeunesse sauvage, pour qu’elles acceptent, à l’automne de leur vie,
donner le meilleur, avant de sombrer dans l’entropie.<br /> J’apprenais tous les jours.<br />
La dépossession de l’œuvre, était enrichissante. Le land art
m’apprenait que parfois, venait se mêler des histoires d’argent, de
droit, qui assombrissaient le tableau. La célébrité ? Je l’avais
connue, mais l’idée n’était pas d’être en avance ou pas, pour suivre
une mode. Non, je préférais être sur la déferlante et prendre tous
les risques dignes d’une vie bien remplie. <br /> Insoumis au système,
on me proposait des arrangements pour y revenir. Un oui de ma part
aurait eu valeur de rédemption. Comment pouvais-je y croire, à cette
rédemption, puisque mon ciel était vide.<br /> Avais-je marché assez ?
Avais-je bien ressenti ce vide qui s’installait en moi, précédent la
création ? Qu’avais-je fait de ces vibrations nées de mes plus belles
émotions ? J’avais choisi de poser mon sac, attendu ce silence qui se
faisait en moi, pour saisir la première pierre du premier cairn de
la journée, saluant le soleil, et vivre dans le paysage, pour un
instant devenir le paysage, enfin.<br /> J’étais alors, dans cette
démarche dépouillée de tout orgueil, redevenu l’enfant du caniveau,
pendant que la vie devait être belle ailleurs, et qu’il suffisait
d’aller la chercher. <br /> Roger Dautais<br /> Route 78<br /> Photo : création land art de Roger Dautais<br /> " Guetteur de marée" à Nathalie Novak<br /> Bretagne-sud</div>
LE CHEMIN DES GRANDS JARDINShttp://www.blogger.com/profile/04692507137734264498noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-926172391934911835.post-68158253828287981132020-07-20T00:30:00.001-07:002020-07-20T00:30:03.338-07:00<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-D33TejKY1Vc/XxVHqKuJ-0I/AAAAAAAAhTg/UMG5B-348O45mLbckDFms0rZVyo8oXGwwCLcBGAsYHQ/s1600/les%2Bimprobables%2B001.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1200" height="640" src="https://1.bp.blogspot.com/-D33TejKY1Vc/XxVHqKuJ-0I/AAAAAAAAhTg/UMG5B-348O45mLbckDFms0rZVyo8oXGwwCLcBGAsYHQ/s640/les%2Bimprobables%2B001.jpg" width="480" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">« L’échelle de Jacob » à Brigitte Maillard</td></tr>
</tbody></table>
<div class="_5pbx userContent _3576" data-ft="{"tn":"K"}" data-testid="post_message" id="js_4">
<br />
<br />
<br />
<br />
L’histoire d’une vie s’inscrit dans le <br /> corps tout autant que dans le cerveau.<br /> Edna O’Brien<br />
à Marie-Claude.<br /> *<br /> *<br /> Certains jours de misère, l’océan mangeait des pierres.<br /> *<br />
La mer respirait à peine, juste des petits haussements d’épaule qui
généraient une faible houle. Certains jours de misère, l’océan
mangeait des pierres. Je savais son appétit pendant les tempêtes
d’hiver. Il était capable de foutre un désordre terrible en quelques
heures, et même parfois de prendre des vies en Mor Braz. Que saviez
vous de tout ça ensuqués dans le confort ?<br />
La côte avait l’âme
rude et pierreuse. Sa complainte était mélancolique.J’aimais m’y
perdre, en attendant les belles occurrences pour commencer mes
installations land art. La présence des oies bernaches qui broutaient à
proximité , était rassurante. J’aimais leurs échanges bavards qui
remplaçaient allègrement le bavardages des touristes aux questions
stupides.<br /> J’avais toujours préféré cette solitude contemplative,
loin des cages cadenassées de la société bourgeoise. L’entre-soi me
fatiguait très vite.<br /> La vie voulait que mon chemin passa par ici ce jour précis et je n’avais aucune raison de m’en réjouir.<br />
Par les nuits de forte lune, les deniers d’argent couvraient la
surface de la Mor Braz. Puis ils rejoignaient le fond, autour des
ramassis des péris en mer dont l’eau fortement salée, blanchissait les
os. Ces rutilances de surface, arrachaient les yeux des guetteurs de
marée, au pied des leurs feux de solitude, je les ressentais jusque
dans mon âme, capable ensuite, d’enchanter le lieu où je me trouvais.
Elles influençaient mes créations. Si par hasard, la petite musique
du succès, s’insinuait dans mes pensées, je la chassais comme
l’intruse qu’elle était, suceuse de sang noir et de synapses. Seul mon
cœur avait le droit de battre la mesure, comme le tambour du monde.<br /> Je recherchais la belle forme du cairn, l’extrême limité de l’équilibre, capable de s’harmoniser avec le paysage marin.<br /> Le land art restait une école de l’humilité, obligeant à intégrer l’échec dans le process de création.<br />
Le courage nécessaire à toute construction éphémère, lourde,se
ressentait dans tout le corps mis à l’épreuve. Chaque muscle, chaque
tendon éprouvés par la douleur acceptée était poussé au plus loin de
sa résistance physique.<br /> Parfois, un chapelet de cris et d’onomatopées ponctuaient mon travail,. J’y avais l’impression de le rendre plus acceptable.<br />
Puis, j’étais avec le temps, devenu l’ombre de moi-même, ouvert de
partout, recousu, blessé. Je marchais à reculons, poussé par le vent.<br />
Ma danse solitaire sur le rocher, était celle de la fascination. Aucune
saison n’existait autre que l’instant où mes rétines dilatées
provoquaient la rupture de sens et l’arrivée des anges déchus du Sad
Paradise. Je repoussais la peur affrétée par le nuit, qui aurait tiré le
rideau. Ma gueule saisie par le froid des embruns, bleuissait, lâchant
les derniers jurons à la mer.<br /> Non ! Je ne mourrai pas, ici, ni
ailleurs ! Mutin embarqué dans cette galère, je refusais l’autorité de
l’ankou. Une solution me venait à l’idée pour échapper à cette
finitude. Je bifferai mon nom sur la liste des prochains appelés à
mourir par la camarde.<br /> Dorénavant, j’irai, fièrement, sans dieu ni maître, jusqu’au bout de mon histoire.<br /> Roger Dautais<br /> route 78 . Après la bascule.<br /> Photo : création land art de Roger Dautais<br /> « L’échelle de Jacob » à Brigitte Maillard</div>
LE CHEMIN DES GRANDS JARDINShttp://www.blogger.com/profile/04692507137734264498noreply@blogger.com7tag:blogger.com,1999:blog-926172391934911835.post-75243422396006433512020-07-02T09:40:00.000-07:002020-07-02T09:40:02.995-07:00<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-A1ybHi6k168/Xv4NiMu89SI/AAAAAAAAhSw/-I8Vmm4mxdIRhiqnY1RkipzBw9I8m3wMwCLcBGAsYHQ/s1600/COUP%252BDE%252BVENT%252B%252BJANV%252B2017%252B062.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="400" data-original-width="300" height="640" src="https://1.bp.blogspot.com/-A1ybHi6k168/Xv4NiMu89SI/AAAAAAAAhSw/-I8Vmm4mxdIRhiqnY1RkipzBw9I8m3wMwCLcBGAsYHQ/s640/COUP%252BDE%252BVENT%252B%252BJANV%252B2017%252B062.jpg" width="480" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Guetteur de marée : pour Virginie Roels</td></tr>
</tbody></table>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
À
Marie-Claude.</div>
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Le
temps s’était occupé de brouiller les cartes.</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Chaque
jour, tout restait à découvrir dans la peau d’un rebelle qui
prenait de l’âge, sans autre projet de vie que celui de
survivre.</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Après
la pluie, le vent qui me claquait la face, refroidissait mon cœur,
dangereusement. J’avais pris le chemin des îles et je devais
coûte que coûte, y arriver. Vivre en land art ne pouvait être
qu’un mixte entre le plaisir de la découverte et le brûlant
constat des échecs vécus in situ. Sans réaction à ce voyage au
long cours je me serais désagrégé très rapidement. J’étais né
seul, avec une mélancolie attachée à mes basques. Il n’était
pas question d’abandonner ni de devenir un pâle imitateur à
cause de cette difficulté de plus.</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Bien
sûr, il y avait eu ces épisodes vécus à l’hôpital. Pour qui
n’y avait jamais souffert, c’était l’incompréhension totale.
Parce que c’est triste, un hôpital, entre les morts planqués en
morgue, ceux qui attendent d’y être allongés, la fin avait une
odeur fade qu’il était de bon ton de ne pas sentir. Et puis, il
y avait cette foule bigarrée de passage qui faisait semblant de
survoler tout ça, de ne pas être là, ou, par hasard, avec une
seule idée, se barrer vite fait de la visite. Encore heureux pour
moi, j’avais toujours eu ma femme aimée, pour m’accompagner et
me tenir la main, près de mon lit.J’avais pris le relais, quand
cela avait été son tour.</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Le
reste, ça tenait entre les odeurs d’éther de désinfectant, les
chariots de soin, les poubelles souillées, encombrant les couloirs,
parcourus par les bancales à roulettes ou autres malades poussant
leur mat à perf, le pyjama tombant sur les mules, pour aller
acheter des clopes, à la caféte. Ajoutez le personnel et vous avez
le tableau de cette ruche à souffrance.</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Privé
d’horizon , d’air frais et de toutes ces choses de l’extérieur.
j’avais malgré l’âge avance, gardé le besoin d’aimer la
femme de ma vie, avec un cœur ardent et recousu .</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Si
ce temps de la douleur existait bien dans ma vie, alors, ce
n’était pas le mien. Jamais je n’aurai voulu en être le
complice soumis. Çà rappait dur, toutes les convictions, ces
passages obligés dans la souffrance. Bien peu retournaient à leurs
rêves en sortait de ce merdier.</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
J’y
étais retourné, à chaque fois, avec plus ou moins de temps
consacré à la convalescence qui vous tombait dessus comme un
paquet-cadeau.</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
<br />
</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Le
jour s’était levé et répétait sa leçon. La vie pour moi, se
passait, dehors. Dans le vent, sous la pluie, en plein soleil,
mon corps ne demandait que ça. A chaque instant, toutes le
couleurs du temps m’accueillaient. Il y avait bien ce vide
s’élargissant jusqu’à mon enfance détruite pour toujours,
mais je n’y plongeais plus à chaque fois. Je voulais fuir cet
abandon comme j’avais fuit les coups donnés à la maison.</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
C’était
depuis mon grenier que je t’écrivais tout cela, mais c’était
déjà trop tard. D’une rive à l’autre j’avais glané des
silences glacés, sauvé une poignée d’idées dans le courant du
fleuve, rassemblant le tout en un pauvre viatique auquel je
m’attachais pour ne pas me noyer.</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Le
temps s’était occupé de brouiller les cartes. L’amnésie avait
progressé en moi, comme la marée sur l’estran. Il me restait
l’essentiel, un souffle de vie ténu, si précieux que je veillais
sur lui car c’est lui qui me rattachait à toi.</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Je
retournais dans les pierriers des îles ,où la marche était si
difficile, mais le choix de pierres, à l’infini. Aucun mot
n’avait la richesse des pierres assemblées en cairn pour chanter
mon amour pour toi. Et comme c’était avant tout une affaire de
vivant que d’aimer, j’étais sur le bon chemin.</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
<br />
</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Roger
Dautais</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Route
78</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Photo :
création land art de Roger Dautais.</div>
LE CHEMIN DES GRANDS JARDINShttp://www.blogger.com/profile/04692507137734264498noreply@blogger.com4tag:blogger.com,1999:blog-926172391934911835.post-87690788689276791752020-06-21T11:32:00.003-07:002020-06-21T11:32:20.051-07:00<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-UbI1E7XrGP4/Xu-natBLZII/AAAAAAAAhSM/3W2cms1pXucfoQ-cj34EKYM_5ruD_U1GACLcBGAsYHQ/s1600/Bavent%2Bfinale%2Bprintemps%2B2005-%2B9.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1200" data-original-width="1600" height="480" src="https://1.bp.blogspot.com/-UbI1E7XrGP4/Xu-natBLZII/AAAAAAAAhSM/3W2cms1pXucfoQ-cj34EKYM_5ruD_U1GACLcBGAsYHQ/s640/Bavent%2Bfinale%2Bprintemps%2B2005-%2B9.JPG" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span class="text_exposed_show">"<span style="font-size: small;"> Chemin de vie " à ma femme aimée</span></span></td></tr>
</tbody></table>
<br /><br />
<br />
À Marie-Claude.<br /><br />
Absence de toi.<br /> L’ordinaire de mes
jours, dévore le vent, derrière les collines. Il retourne les terres
noires et moissonne les idées venues en masse. L’ordinaire, efface la
mémoire, en convoque une autre, plus enfouie, plus intime et qui te
tire les larmes. L’ordinaire, c’est le blues de toi qui me prend aux
tripes, lorsque tu t’absentes. L’ordinaire se vit sur les quais du port,
d’où tu as embarqué pour les îles et qu’il attend le flux de la pr<span class="text_exposed_show">ochaine
marée. L’ordinaire , c’est quand je me mets, seul à table, écartant
les miettes du repas d’un revers de main, avant de me servir un verre
de vin, main tremblante. L’ordinaire, c’est chercher jusqu’à mon dernier
sou, pour acheter le pain. L’ordinaire, c’est raccommoder le temps
perdu à raconter des vies et des vies, à des inconnus, sur un quai de
gare. L’ordinaire, c’est poser une lune dans les coquelicots, puis
une deuxième et attendre que le soleil vienne les éclairer. L’ordinaire
ce sera de voir le ciel s’assombrir et disparaître les copains, un à
un, l’hiver, et de se rendre compte que le monde retournera quand
même, sans eux.<br /> L’ordinaire changera le jour où, à la pointe de
Kerpenhir, je verrai s’approcher la belle vague d’étrave de la Sterne,
vedette blanche et bleue comme te yeux. Parce que je te saurai de
retour et bientôt dans mes bras, pour vivre notre ordinaire à deux.<br /> Roger Dautais<br /> Route 78<br /> Photo : création land art de <a class="profileLink" data-hovercard-prefer-more-content-show="1" data-hovercard="/ajax/hovercard/user.php?id=100008900171233&extragetparams=%7B%22__tn__%22%3A%22%2CdK-R-R%22%2C%22eid%22%3A%22ARCZkH3JLZb651NgzD70uuylWtHbulq7widWhF0GHdR2EXC54_LgatypIMDH8OgPnmVxow6eEU5lA67N%22%2C%22fref%22%3A%22mentions%22%7D" href="https://www.facebook.com/profile.php?id=100008900171233&__tn__=%2CdK-R-R&eid=ARCZkH3JLZb651NgzD70uuylWtHbulq7widWhF0GHdR2EXC54_LgatypIMDH8OgPnmVxow6eEU5lA67N&fref=mentions" title="Roger Dautais">Roger Dautais</a><br /> " Chemin de vie " à ma femme aimée<br /> Bavent - Région de Caen - Normandie<br /> Année 2000</span>LE CHEMIN DES GRANDS JARDINShttp://www.blogger.com/profile/04692507137734264498noreply@blogger.com8tag:blogger.com,1999:blog-926172391934911835.post-64040191088337144652020-06-16T08:41:00.003-07:002020-06-16T08:41:36.047-07:00<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-ZTRp5W0K1_M/XujnrgiMOXI/AAAAAAAAhRg/V_edTY3TT50ZizRdK3kz1fQOQ2ROHAk_ACLcBGAsYHQ/s1600/beaux%2Bjours%2Bmars%2B2007%2B019.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1200" height="640" src="https://1.bp.blogspot.com/-ZTRp5W0K1_M/XujnrgiMOXI/AAAAAAAAhRg/V_edTY3TT50ZizRdK3kz1fQOQ2ROHAk_ACLcBGAsYHQ/s640/beaux%2Bjours%2Bmars%2B2007%2B019.jpg" width="480" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: small;">Maelstrom de vie : à Guy Allix</span></td></tr>
</tbody></table>
<div class="_5pbx userContent _3576" data-ft="{"tn":"K"}" data-testid="post_message" id="js_3">
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
À Marie-Claude, femme aimée.<br /> *<br /> *<br /> *<br /> maelstrom de vie<br /> *<br />
Dans ces montagnes russes parcourues tout au long de ma première
vie, il m’arrivait de vomir mon enfance. Certains soirs, je pensais
avoir vécu un jour de trop.A chaque fois mes tripes se crispaient.
Pourtant au lever du jour, mes doigts agrippaient à cette vie
détestable, croyant vivre du mieux, bientôt.Je sauvais du naufrage,
quelques idées glanées la nuit, d’un rêve à l’autre. De belles
occurrence rapprochaient les êtres qu’il fallait vivre avant leur
fragmentation.<br /> Mes souffrances avaient une existence circulaire, allant et venant comme les marées dans la baie.<br />
Il m’arrivait de me lancer dans quelques travaux intérieurs,
réglant une circulation sanguine, trop bouillonnante, consolidant mes
os de quelques prothèses. Mais les moisissures colonisaient mes
synapses. Ma mémoire amnésique, s’épaississait, cédait la place et la
mélancolie reprenait de plus belle.<br /> Plus proie que chasseur, je
craignais la meute de chiens, chassant le hobo, empêtré dans les
marais, emportant mes restes, comme dans le pire des cauchemars.<br />
Te souviens-tu des images folles collées comme des affiches sur les
murs du port de Caen ? Portraits au fusain, de hobos morts sur la route
et que le vent décollait sans pitié. L’âme de ces morts
tintinnabulait dans les impasses des docks. On dansait avec eux, sur
les trottoirs à putes, certains soirs avinés.<br /> Finir là-bas ou ailleurs, au pied des cargos dont certains marins ravitaillaient en came, nous était égal.<br /> C’était toujours ce fichu et même temps donné qui s’écoulait.<br />
Il aurait fallu ,après l’incendie de nos êtres, trouver une place
sur les pavés luisants pour répandre la dernière poignée de cendres
que le vent aurait dispersé.<br /> Mon univers se situait au-delà de mes
propres limites. Ma lumière , se partageait l’espace intime avec ma
part d’ombre intérieure. Ce lieu incertain contenait une once de
magie née de cette tension alternative.<br /> Une sorte de réponse au
doute. Les affres de mon corps vivant, différenciaient ma chair de la
pierre. Éveil de sensualité à fleur de peau.<br /> Je laissais à l’univers le soin de m’absorber.<br />
Je vivais ailleurs, avant tout, étranger, sans appartenance. Ma peau
témoignait de mes gênes.A peine posé quelque part, je poussais mes
racines dans le vivant. Une manne inattendu qui sauvait la mise. Puis,
je reprenais la route<br /> Si je m’en étais sorti à chaque fois,
jusqu’ici, je payais pour savoir que les rescapés n’avaient jamais
raison. Personne ne voulait entendre leurs récits catastrophiques,
pleins de geôles, de cachots, de trains et de barbelés..<br /> Etais-je perdu dans ce maelstrom de vie?<br />
Non, j’avais toujours une boussole dans mon sac à dos. Je savais les
routes à ne jamais prendre comme celles qui menaient au fascisme.
L’orientation aux étoiles, que je pratiquais depuis mon enfance,
gardait un parfum poétique. Je conservais cette habitude, depuis ma
jeunesse sacrifiée et les nuits à la belle étoile.<br /> J’aimais, dans
la baie, cueillir les salicornes que je mangerai le soir avec toi, dans
notre cuisine. J’aimais de plus en plus, lorsque tu me regardais avec
tes yeux bleus.<br /> L’âme de la baie où je pratiquais le land art,
était curieuse, venteuse, grise. Sous ses airs de poésie flottante, les
bulots continuaient à manger les yeux des péris en mer, entre deux
marées.<br /> Sortie d’un bois de pins maritimes, la tourterelle turc,
devenait le trait-d’union vivant entre le souvenir du lieu gardé dans
sa mémoire d’oiseau et la réalité d’une étendue d’eau de mer, quelle
survolerait sans jamais la maîtriser.<br /> Vous désiriez où je vivais, passante, sans soucis ? Si je le savais vraiment, sinon en moi lorsque je ne me quitte pas.<br />
Enfant de pourchassé, très vite indésirable, j’avais pris la route de
l’exode dans ma jeunesse pour chercher le passage vers l’autre rive.
J’y marchais encore.<br /> Pourquoi attende qu’une bonne âme me tende la
main et me montre l’embarcadère, pour cet autre monde, sans guerres,
sans racisme, sans dominants, sans violence, sans colons ? Je le
connais, rêvant aux jours meilleurs et c’est là que je vais m’asseoir
les nuits de grande peine.<br /> <a class="profileLink" data-hovercard-prefer-more-content-show="1" data-hovercard="/ajax/hovercard/user.php?id=100008900171233&extragetparams=%7B%22__tn__%22%3A%22%2CdK-R-R%22%2C%22eid%22%3A%22ARDXO9Mh6HPv2EPJphNK0QJUJ8ubDnkWVpYo7semidwUMF_WCbHvfSIFeO_H-RnDQDUF9wsHao922KdU%22%2C%22fref%22%3A%22mentions%22%7D" href="https://www.facebook.com/profile.php?id=100008900171233&__tn__=%2CdK-R-R&eid=ARDXO9Mh6HPv2EPJphNK0QJUJ8ubDnkWVpYo7semidwUMF_WCbHvfSIFeO_H-RnDQDUF9wsHao922KdU&fref=mentions" title="Roger Dautais">Roger Dautais</a><br /> Route 78<br />
Photo : création land art de <a class="profileLink" data-hovercard-prefer-more-content-show="1" data-hovercard="/ajax/hovercard/user.php?id=100008900171233&extragetparams=%7B%22__tn__%22%3A%22%2CdK-R-R%22%2C%22eid%22%3A%22ARDjqwVfAO_AXrGGVh4Z8N2p6Wh6RroQz6ggoKFitE4nI87yqclAOh6U1mkDJMQCzhoeNR8JtSChZdNy%22%2C%22fref%22%3A%22mentions%22%7D" href="https://www.facebook.com/profile.php?id=100008900171233&__tn__=%2CdK-R-R&eid=ARDjqwVfAO_AXrGGVh4Z8N2p6Wh6RroQz6ggoKFitE4nI87yqclAOh6U1mkDJMQCzhoeNR8JtSChZdNy&fref=mentions" title="Roger Dautais">Roger Dautais</a><br /> " Maelström de vie " à Guy Allix.<br /> Normandie.</div>
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LE CHEMIN DES GRANDS JARDINShttp://www.blogger.com/profile/04692507137734264498noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-926172391934911835.post-33557420651894636512020-06-08T05:59:00.004-07:002020-06-08T05:59:35.745-07:00<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-MOGO3X1Y94g/Xt41gBGIDgI/AAAAAAAAhRE/6qBqwjuIbPsJv09ehrVTzQcN_UgqKzl8QCLcBGAsYHQ/s1600/108321906.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="800" data-original-width="600" height="640" src="https://1.bp.blogspot.com/-MOGO3X1Y94g/Xt41gBGIDgI/AAAAAAAAhRE/6qBqwjuIbPsJv09ehrVTzQcN_UgqKzl8QCLcBGAsYHQ/s640/108321906.jpg" width="480" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">à Maria Dolores Cano</td></tr>
</tbody></table>
<div class="_5pbx userContent _3576" data-ft="{"tn":"K"}" data-testid="post_message" id="js_3">
<br />
<br />
<br />
Changer c’est à la fois, naître et mourir.<br /> Carl Gustav Jung<br /> *<br /> *<br /> *<br /> à Marie-Claude<br /> *<br /> *<br /> Expérience ultime.<br /> *<br />
S’il n’avait pas autant neigé le jour de son enterrement, j’aurais pris
cette neige comme un don du ciel. Une bonne matière pour le land
art. Mais depuis le 15 février 1997, la voir tomber me faisait l’effet
contraire. A cause du mort, dans son cercueil se couvrant de neige ,
au fond de la tombe,. L’oncle Théophane détestait la neige, depuis les
camps nazi où il avait passé cinq longues années. <br /> Des événements
comme ça, suffisaient à ajouter, une couche à ma confusion, au
moment de créer. Ils s’ajoutaient à l’afflux d’idées désordonnées,
lorsque l’inconscient ouvrait les vannes. Mon cœur en prenait un coup
à chaque fois. J’aurais à le payer plus tard .<br /> Je le sentais
près à bondir en dehors de ma cage thoracique, dans une explosion de
cotes. Il fallait remettre de l’ordre dans tout ça, mais pas trop.<br />
Se laisser aller à la petite musique du succès, même légitime,
couvrir les murs de mes portraits, n’était pas bon. Je ne l’avais
jamais fait. Je devais oublier tous ces bravos.<br /> Si les eaux dormantes résistaient au silence, je devais y arriver aussi.<br />
Chaque saison passée trouvait une place dans ma mémoire amnésique,
comme un livre lu, dans ma bibliothèque. Après tout, si je ne lisais
qu’un ouvrage à la fois, j’avais tendance à penser qu’à chaque jour
suffisait sa peine. L’heure vécue n’était qu’un morceau d’éternité
dont je devais faire quelque chose sans me charger de mon passé
artistique réalisé.<br /> Je recherchais le silence de l’esprit, loin
des appels d’anges déchus qui recrutaient pour le Sad Paradise. Le
souffre qui remontait des enfers, tapissant le cratère du volcan,
n’atteignait plus mes poumons. Les shoots violent n’entraient plus
dans mes veines et mes yeux ne se révulsaient plus dans un corps
désarticulé au fond d’un squat. <br /> Mon ancrage était ailleurs, sous
un ciel complice.L’universalité de l’absence m’avait fait homme et j’y
grandissais, loin des mutineries organisées par les cellules anti-fa,
où je militais en dilettante. Ces brûlots révolutionnaires
aiguillonnaient les foules. J’aimais l’idée de révolte contre l’ordre
et l’injustice, mais en me faisant vieux, l’activisme ne me tentait
plus. Oui, à la sincérité de l’engagement, à la simplicité des actions
qui marquaient les esprits endormis, mais la violence que j’avais
pratiqué, dans ma jeunesse ne me plaisait plus.<br /> J’étais allé vers
le land art, parce qu’il était en marge de l’art traditionnel. J’y
marchais comme on marche pour atteindre la terre promise. Je m’y
était senti accueilli. Je m’ y étais épanoui.<br /> Il s’agissait, pour
moi, c de remercier la Terre-Mère, dans chacune de mes installations.
Je désirais changer ma vie, changer le monde à mon échelle et j’y
arrivais parfois.<br /> Dépasser la performance, qu’elle soit très grande
ou modeste, devenait une façon de pense, de s’en détacher. Je
devenais un passeur d’idées et je tendais à devenir ce que je faisais
naître entre mes mains.<br /> J’aimais, au travers de cet art de vie,
cette expérience ultime, menée jusqu’à la vieillesse, raconter
l’histoire de l ‘homme que j’étais, à l’enfance meurtrie, issu des
extrêmes et pacifié par cet art universel, dans les dernières années
de ma vie.<br /> Il me fallait peu, après avoir beaucoup marché, entre
l’émotion ressentie dans le paysage et la création in situ. Une sorte
de cri du cœur, en somme une grande énergie spirituelle mise au service
du geste. Seule, une pratique de chaque jour amenait à ce résultat.<br />
J’étais déterminé à cultiver cet art de l’équilibre précaire pour
l’amour d’une femme dont je partageais la vie depuis 53 ans et qui
m’aidait, par sa présence sans failles à tenir la route malgré les
détracteurs.<br />
Roger Dautais<br /> Route 78<br /> Photo : création land art de <a class="profileLink" data-hovercard-prefer-more-content-show="1" data-hovercard="/ajax/hovercard/user.php?id=100008900171233&extragetparams=%7B%22__tn__%22%3A%22%2CdK-R-R%22%2C%22eid%22%3A%22ARDS4cH6VgLAQycxJAIdP-SKanNoOBWCnPE6Ws566zJD3X3be-YdVao-gUVRCFLcibWdaQAlJE2hKbwb%22%2C%22fref%22%3A%22mentions%22%7D" href="https://www.facebook.com/profile.php?id=100008900171233&__tn__=%2CdK-R-R&eid=ARDS4cH6VgLAQycxJAIdP-SKanNoOBWCnPE6Ws566zJD3X3be-YdVao-gUVRCFLcibWdaQAlJE2hKbwb&fref=mentions" title="Roger Dautais">Roger Dautais</a><br /> " Salutation au soleil " à Maria-Dolorès Cano, en amitié.<a class="profileLink" data-hovercard-prefer-more-content-show="1" data-hovercard="/ajax/hovercard/user.php?id=100001618914882&extragetparams=%7B%22__tn__%22%3A%22%2CdK-R-R%22%2C%22eid%22%3A%22ARBvLunR_XPlKE97gyxCAiy1bSFrg5zXo21rgsgdUVohG6V4R93XYbCQPg72KKwIPrVmvpw1gwynEkhU%22%2C%22fref%22%3A%22mentions%22%7D" href="https://www.facebook.com/mariejose.eychenne?__tn__=%2CdK-R-R&eid=ARBvLunR_XPlKE97gyxCAiy1bSFrg5zXo21rgsgdUVohG6V4R93XYbCQPg72KKwIPrVmvpw1gwynEkhU&fref=mentions" title="Marie-José Eychenne"></a><br /> Ria d'Auray - Bretagne</div>
LE CHEMIN DES GRANDS JARDINShttp://www.blogger.com/profile/04692507137734264498noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-926172391934911835.post-50383288052911106852020-06-05T11:49:00.002-07:002020-06-05T11:49:04.702-07:00<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-_hv4p1S2R50/XtqTQRHrDsI/AAAAAAAAhQY/DTqvl_UBCHMFHmeX-LaymZ_B3O9uSfmwgCLcBGAsYHQ/s1600/le%2Bvoyage%2Bde%2Bla%2Bsph%25C3%25A8re%2B002.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1200" data-original-width="1600" height="480" src="https://1.bp.blogspot.com/-_hv4p1S2R50/XtqTQRHrDsI/AAAAAAAAhQY/DTqvl_UBCHMFHmeX-LaymZ_B3O9uSfmwgCLcBGAsYHQ/s640/le%2Bvoyage%2Bde%2Bla%2Bsph%25C3%25A8re%2B002.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">lLe voyage de la sphère : à Pierre Bénichou.</td></tr>
</tbody></table>
<div class="_5pbx userContent _3576" data-ft="{"tn":"K"}" data-testid="post_message" id="js_w">
<br />
<br />
<br />
<br />
Marie-Claude<br /> *<br /> *<br /> *Le mot amour, c’était tout.<br /> *<br />
Le monde d’où je venais, n’existait plus et celui auquel j’aspirais,
paraissait inaccessible. Entre les deux était apparu un état
d’urgence.Des mots sinistrés en moi, pendant de longues périodes de
mutisme, affleuraient. Le dire manquait de spontanéité. La société,
devenait incurable.Le monde d’où je venais n’existait plus. Cette
sauvagerie de souvenirs enchevêtrés dans ma mémoire amnésique ,
finissait par créer une désordre qui m’emportait dans son sillage.<br />
Petite enfance<br />
On fonctionnait, pareillement, rue Paul Sébillot. On naviguait à
l’estime, sans futur. En 1948, ça sentait encore la guerre.les
disparus, les déportés, les collabos.Nous, on avait faim et cette
sensation de creux au ventre, scellait notre amitié à trois : Edith,
Maud et moi. Ces deux sœur juives avaient vu disparaître une grande
partie de leur famille dans les camps Nazi. Maud résistait le mieux à
son statut d’orpheline de guerre qui lui était offert comme cadre de
vie, mais les deux sœurs en souffraient beaucoup. Leur courte vie était
inscrite dans ce drame.<br /> Nous étions tous les trois des enfants de
la guerre, livrés à eux-mêmes. Notre royaume était la rue et le fleuve
de nos navigations, le caniveau.<br /> A quelques centaines de mètres de
la maison, en remontant la rue Paul Sébillot, se trouvait le bar de
l’Étoile. Plus exactement, un bordel à soldats, comme il en avait
beaucoup, à cette époque, dans les villes de garnison, afin de calmer
les troupes. L’armée avait une vue tout fait pratique, de la femme au
service de la nation. Une exaction de plus à mettre à son palmarès
de violence institutionnalisée.<br /> Enfants perdus, nous allions jouer
sur le trottoir de ce bordel, attirés, par le bruit, la vie l’ambiance
et la musique largement diffusée par le patron, pour attirer le
client dont les filles s’occupaient, ensuite. Installés, parmi ces
filles à même le trottoir, on jouait aux billes pendant qu’elles
racolaient les soldats. On profitait des gentillesses de ces « dames »
qui nous distribuaient des bonbons en nous passant la main dans les
cheveux. C’était, nos mamans de la rue. Mais on ne comprenait pas plus
de ce qui se passait là-dedans. J’avais 6 ans et mes deux amies, deux
à trois ans de plus.<br /> De temps en temps, le patron du bar de
l’étoile, sortait en vociférant, donnait un coup de pieds dans nos
billes, pour nous casser, nous traitant de petits voyous, de sales
juifs. On se comportait comme des piafs effrayés, pendant un quard
d’heure, avant de revenir devant le bar, accueillis par les sourires de
ces « dames ».<br /> Une fois, Maud avait entendu, le mot amour, c’était tout.<br />
Parenthèse.<br />
Ce genre de souvenirs,arrivait dans ma vie, comme une
tintinnabulations d’anges déchus de Sin Paradise. De sangsues noires
pompaient, le sang de leurs yeux, repoussant toute envie
d’accouplement avec leurs estuaires incnadescents.<br /> Le land art
occupait maintenant, ma vie, durablement, ouvrant en moi, un large
champ d’inquiétude et de questions, auxquelles je me devais de
répondre. Au moins, m’y essayais-je de tous mes moyens. Tout était à
réinventer, à défricher chaque jour, jusqu’au bout de mes forces.Cette
longue et passionnante trajectoire, ne devait en aucun cas, faire de
moi, un savant, un spin Doctor, un brillantissime artiste que les
foules admireraient,. Non, il s’agissait d’orienter ma vie et de la
vivre au jour le jour sans déshumaniser la pratique. <br /> L’imprévu de
cet art physique, restait la blessure.Elle revenait, souvent. J’avais
quitté la foule besogneuse et ouvrière que je respectais, mais aussi,
celle des affairistes, des cupides, du consumérisme et je me retrouvais
projeté dans une sorte de houle où je devais surnager, parfois
survivre. J’y arrivais.<br />
Carré des anges.<br />
Les visages
d’Edith et Maud, mortes toutes les deux dans les années 50, me
revenaient en mémoire, très souvent, comme des éclats lumineux. Elles
étaient devenues mes étoile. Je les enviais dans leur grand voyage,
elles qui reposaient au carré des anges du petit cimetière de ma ville.
Souvent, je me trouvais au pied du mur de ce cimetière, prêt à
accrocher le voyage , pour de bon, sur fond de mélancolie qui arrivait à
percer mes peaux succinctes, et atteignant mon cœur<br />
Reprise.<br />
Mais , je retournais au chantier, dans les petits matins gelés qui
font les doigts gourds, au dialogue avec la mer amoureuse, aux danses
sur les terres noires, bordées d’ajoncs,. Puis un jour, il y avait
eut cette sphère magique, magnétique, avec qui j’avais accepter de
voyager. <br /> Elle m ‘avait redonné de l’élan, fait battre mon cœur
jusqu’à la chamade, et surtout me redonné l’envie de continuer le
chemin pour toi, seule femme aimée, jusqu’au bout.<br />
Roger Dautais<br /> Route 78<br />
Photo : création land art de Roger Dautais<br /> « Le voyage de la sphère » à Pierre Benichou<br /> Région de Caen - Normandie</div>
LE CHEMIN DES GRANDS JARDINShttp://www.blogger.com/profile/04692507137734264498noreply@blogger.com4tag:blogger.com,1999:blog-926172391934911835.post-26851238648948852832020-05-29T08:47:00.001-07:002020-05-29T08:47:14.992-07:00<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-qzOBQrr8aVU/XtEt7OQgJLI/AAAAAAAAhQA/DPjTbNlWCYENq67lGmDzNmqYEzzGMnRiQCLcBGAsYHQ/s1600/DSC01413.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="800" data-original-width="532" height="640" src="https://1.bp.blogspot.com/-qzOBQrr8aVU/XtEt7OQgJLI/AAAAAAAAhQA/DPjTbNlWCYENq67lGmDzNmqYEzzGMnRiQCLcBGAsYHQ/s640/DSC01413.JPG" width="424" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">à Michèle Schang</td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td></tr>
</tbody></table>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="_5pbx userContent _3576" data-ft="{"tn":"K"}" data-testid="post_message" id="js_3">
De
mon enfance en caniveau, il me restait si peu de bonheur. Mais le
sourire de ces deux soeurs de misère, je les garderai à vie.<br />
*<br />
* <br />
À Édith et Maud, <br /> mes étoiles de guerre..<br />
*<br />
* <br />
La clandestinité, on l’avait choisi pour elles, dans cette France de
collabos , devenue trop dangereuse à vivre. Même pour de jeunes enfants,
le temps n’était pas à se promener dans les rues, avec une étoile
jaune sur le cœur. Leurs parents s‘en étaient séparées, pour les
sauver. Elles étaient arrivées, toutes les deux, un hiver dans une
ferme des côtes du nord, en Bretagne. La famille était protectrice. On
les avait aussi obligé à changer de nom. Elles s’appelleraient,
désormais, les sœurs La croix. Issues d’une famille juive non
pratiquante, elles avaient dû, provisoirement, suivre la religion
catholique, aller à la messe, réciter des prières, qu’elles ne
connaissaient pas. Ce n’était pas leur nature de prier et elles
n’aimaient pas ça.<br /> Édith et Maud, étaient restées cachée dans
cette ferme jusqu’à la libération avant de rejoindre Paris. A part
une tante du côté de leur mère, tous les membres de leur famille
avaient été déportés, puis exterminés.<br /> Leur tante était venue avec
elles, habiter dans une petite ville, du nord de la Bretagne. Elles
vivaient toutes les trois dans ma rue. <br /> Très vite, Édith et Maud
étaient devenues mes amies. Cela me permettait de m’échapper très
souvent de ma maison, où j’étais maltraité. Je leur racontais tout. <br /> C’est ainsi qu’en échange, elles m’avaient fait des confidences sur leur vie. <br />
Le père de mon ami Titi,le voisin du dessus, n’aimait pas les juifs
.Pour cette seule raison,Titi ne participait pas à nos jeux. Un jour,
il m’avait montré un livre, appartenant à son père: Mein Kampf. Pour
que je le lise.<br /> Cela ne me disait rien de lire un livre sans images et il l’avait remporté chez lui. <br /> Nos escapades, à la vieille rivière, nous les faisons tous, les deux, sans les filles.<br />
Un jour, j’avais emmené Édith et Maud, au cimetière de la ville.
Elles avait trouvé le lieu des morts, très beau. Un grand jardin,
qu’elles disaient.<br /> Elles avaient récupéré des perles dont on
fabriquait de couronnes mortuaires, pour en faire des colliers et des
bracelets. Très élégantes, dans leur pauvreté, elles s’ en paraient,
tous les jours.<br /> Je les avait toujours trouvé jolies avec leurs
longs cheveux et leurs regards noirs. Je pense que j’aurais pu les
aimer, en vrai, si elles n’étaient pas mortes, jeunes.<br /> De chagrin, je crois.<br />
Avec le temps, toutes ces histoires s’étaient transformées en
empreintes profondes qui relevaient de leurs passages sur terre et
dans mon environnement.Je les comparais à ces rivières bleues qui
apparaissaient, sans que rien ne les annonce, sur les étangs du lac aux
lotus.<br /> Rien ne pouvait expliquer leur présence, mais je savais,
qu’Édith et Maud, mes étoiles d’enfance, continuaient à vivre près de
moi.<br /> Roger Dautais<br /> Route 78<br />
Photo : création, land art de Roger Dautais<br /> « Rivière bleue» pour pour Michèle Schang.<br /> Région nord de Caen.<br /> Normandie</div>
LE CHEMIN DES GRANDS JARDINShttp://www.blogger.com/profile/04692507137734264498noreply@blogger.com8tag:blogger.com,1999:blog-926172391934911835.post-862188375635996092020-05-24T00:56:00.002-07:002020-05-24T00:56:49.558-07:00<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-GUCPcH-T7j4/XsooOvsyFRI/AAAAAAAAhPY/Rpcgmv4RQdYWWDvBfjc3i3tCmyYrwMPWQCLcBGAsYHQ/s1600/AUGUST%25252BLAND%25252BART%25252B2011%25252B436.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="998" data-original-width="663" height="640" src="https://1.bp.blogspot.com/-GUCPcH-T7j4/XsooOvsyFRI/AAAAAAAAhPY/Rpcgmv4RQdYWWDvBfjc3i3tCmyYrwMPWQCLcBGAsYHQ/s640/AUGUST%25252BLAND%25252BART%25252B2011%25252B436.jpg" width="424" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"> " Béances "</td></tr>
</tbody></table>
La mort n'est rien pour nous.<br /> Epicure ( Lettre à Ménécée )<br /> *<br /> *<br /> *<span class="text_exposed_show"><br /> *<br /> à Marie-Claude, femme aimée.<br /> *<br /> *<br /> *<br /> Béances...<br /> *<br /> Solitude, vieillesse, maladie, abandon, une agonie en soi qu'il faut combattre.<br /> Cette mort qui infuse, c'est trop vague pour déjà être prise au sérieux.<br />
Je la compare à l'air soudain grave pris par le ciel, qui cache son jeu
derrière un paravent de nuages et finit par imposer sa colère en
trombes d'eau mortelles.<br /> Je suis adepte de la lecture et de la
marche dans le cimetière des Quatre Nations *. J'y retrouve ce silence
des zones excentrées de la grande ville bruissante et agitée, propice à
la méditation. <br /> J'y rentre par l'unique porte située au sud, trouant
la grande muraille d'enceinte. Je rejoins, rituellement et en marchant,
les quatre Cardinaux, en tournant toujours à gauche. Sud, Nord, Ouest,
Est.<br /> A peine si la présence des chats, dans les hautes herbes
colonisant les tombes en dés-errance, , dérange les habitants du
sous-sol. Nos propres échanges, sont touffus et légers à la fois.Choisir
une tombe à honorer demande du discernement. L'inévitable disparition
de la quasi totalité des noms sur les pierres tombales ne me dérange
plus. Je m'adresse en silence, à l'ensemble des disparus.. Je compose
avec cette sensation des présence et tout signe peut être interprété ou
simplement perçu.<br /> Vient alors l'instant de l'invite , la quelle il faut répondre et honorer la mémoire qui fait signe. <br />
Discontinuité d'un rêve éveillé, fragrance de l'esprit qui veut efface
la frontière virtuelle entre cette énigmatique expérience et la création
qui laisseraient place au land art pour son épanouissement éphémère ?<br /> Le cœur devient le seul messager capable de répondre à cette énigme.<br /> Roger Dautais<br /> Route 78</span><br />
<span class="text_exposed_show"><br /> * Le Cimetière des Quatre Nations, se trouve à Caen et fait partie des lieux de promenade connus bien au-delà de la Normandie.</span><br />
<br />
<div class="text_exposed_show">
Photo : création land art de Roger Dautais.<br /> " Béances " :<br /> aux âmes vagabondes qui accompagnent nos vies.<br /> *<br /> *<br /> Note :<br /> Béances.<br />
sur le côté droit de cette route en lacets qui menait à la mer, je
trouvais un endroit ensemencée de fleurs des champs. Sa beauté me
frappa. Quelle main avait semé ces fleurs champêtres, sur ma route,
peut-être, dans le dernier de mes printemps. <br /> Une force anormale stoppait mon avancée. <br /> J'examinais les lieux, le virage, le talus, le chêne vert. <br />
Mais oui, c'était ça,... l'endroit même où Sara perdit la vie au
volant de sa voiture, projetée sur le chêne vert, par un automobiliste
aviné qui avait perdu le contrôle de son véhicule. Nous avions tous été
bouleversés par la mort de cette jeune femme de 22 ans.<br /> Dix ans
après, j'étais arrêté au même endroit, par ces fleurs semées. Ce ne
pouvait être qu'un signe de Sara. Je cueillis de trois fétus de paille
que je posais en équilibre, pour elle.<br /> Bizarrement, encore une
fois, on me faisait signe de l'autre monde. Toute ma vie avait été ce
compagnonnage avec ceux que vous appeliez de disparus, dont je me
sentais proche.<br />
Roger Dautais</div>
LE CHEMIN DES GRANDS JARDINShttp://www.blogger.com/profile/04692507137734264498noreply@blogger.com6tag:blogger.com,1999:blog-926172391934911835.post-88581550172341995512020-05-14T10:08:00.005-07:002020-05-14T10:08:46.176-07:00<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-0KJtx99iigQ/Xr16OWlP73I/AAAAAAAAhO8/vnRIvZ3KChAh9N22R9VCHGW-kYmkmXykQCLcBGAsYHQ/s1600/totem%2Bfin%2Bd%2527%2B%25C3%25A9t%25C3%25A9%2B2005%2B022.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1200" height="640" src="https://1.bp.blogspot.com/-0KJtx99iigQ/Xr16OWlP73I/AAAAAAAAhO8/vnRIvZ3KChAh9N22R9VCHGW-kYmkmXykQCLcBGAsYHQ/s640/totem%2Bfin%2Bd%2527%2B%25C3%25A9t%25C3%25A9%2B2005%2B022.jpg" width="480" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">" Le voyage de la sphère " Pour <a class="profileLink" data-hovercard-prefer-more-content-show="1" data-hovercard="/ajax/hovercard/user.php?id=1467039705&extragetparams=%7B%22__tn__%22%3A%22%2CdK-R-R%22%2C%22eid%22%3A%22ARDDpo0zHEZ6LQ5ZYvRGduw1RWNWl4bxcBge94U_acGoCnqA_bY68h7ku9OmSC2jTsH7jRJgsUz3J3Mc%22%2C%22fref%22%3A%22mentions%22%7D" href="https://www.facebook.com/michele.schang.5?__tn__=%2CdK-R-R&eid=ARDDpo0zHEZ6LQ5ZYvRGduw1RWNWl4bxcBge94U_acGoCnqA_bY68h7ku9OmSC2jTsH7jRJgsUz3J3Mc&fref=mentions" title="Michèle Schang">Michèle Schang</a></td></tr>
</tbody></table>
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
.../Le voyage que l'on va entreprendre est en soi déjà une grande
aventure, mais pas de celles dont on aurait envie de parler
abondamment... Le reste est silence !"<br /> C.G.Jung.<br /> *<br /> *<br /> *<span class="text_exposed_show"><br /> *À mon père.<br /> *<br /> *<br /> Un aller simple.</span><br />
<div class="text_exposed_show">
Je suis au fond, un homme usé. Un homme fatigué. Un écrivain qui
n’écrit plus, un consommateur qui n’achète plus. Un patriote qui ne
défile ni ne célèbre plus. Rien ne m’est rendu possible lorsque le
chagrin inonde la morgue et la salle d’attente. Je rêve de noyade dans
me propres larmes.<br /> J’ai perdu mon père. Je suis assis, près de lui. Je lui parle.<br />
Surtout, si vous avez envie de me consoler, ne vous occupez pas de
moi.Seules les pierres m’importent un peu. Années après années, je
l’ai vu sombrer. Couches après couches le chagrin s’est déposé dans
mon cœur, comme une rouille en strates. Le courant ne passait plus
entre nous. Le cœur à cœur, même , mis à mort. <br /> Il avait fini par se refroidir, se raidir., emportant ses secrets.<br /> L’effet de manque me déposait comme un voyageur sans bagages, sur le quai d’une gare désaffectée. <br /> L’insuline réglerait ça, d’un coup, à l’ombre de notre moulin.<br />
Entre deux affects, l’art d’aimer, vécu comme un relais inutile.,
comme un pont dont les piles ne pouvaient que s’écrouler, un jour
prochain.<br /> Ne plus rien faire, ne plus rien vivre, ne plus
répondre aux injonctions politiques. Relire les souvenirs de
l’enfance , comme des tatouages indélébiles au cœur et qui se
transformaient en poison, dès l’enterrement, opéré par deux hommes
trapus, pèle en main. Le bruit de la terre sur le cercueil. Mat.<br /> Mes larmes ne sont pas la pluie. Elles adoptent le rythme de ma peine.<br /> Suis-je devenu étranger à ce monde distancié qui recommence à à consommer, sans compter ?<br /> Et la décroissance, devenue comme une maladie à fuir ? Je ne crois pas.<br /> Mais, cette image en boucle.<br /> Un souvenir du néant ? Debout, devant la tombe vide, avant d’y descendre le cercueil et de l’eau, au fond.<br /> Cette année, je n’aurai pas vu d’hirondelles, le cœur broyé par le chagrin qui m’aura brouillé la vue.<br /> Je pleure souvent, sans avoir la force de m’avouer qu’il y a bel et bien une raison.<br />
Notre dernière sortie avec lui. Il voulait revoir le Vieux Pont. Il
voulait boire une bière. Ces yeux étaient vides. Il nous reconnaissait
peine. Il n’avait bu qu’une gorgée de bière et avait demandé à
rentrer.<br />
Au fond de mon cœur, un bruit mat, un souffle, un
glissement, du liquide carmin, une valve, une chambre, mais aussi ce
sentiment qui collait au sang et naviguait dans mes veines.<br />
Rien noté d’autre, aujourd’hui que son absence. <br /> C’est bien là, une preuve vie d’écorché vif.<br /> On ne devrait pas s’attacher à ce qui nous quitte, à ce qui meurt.<br /> <a class="profileLink" data-hovercard-prefer-more-content-show="1" data-hovercard="/ajax/hovercard/user.php?id=100008900171233&extragetparams=%7B%22__tn__%22%3A%22%2CdK-R-R%22%2C%22eid%22%3A%22ARCQP7NEnfEYE8Uiqb6cJWH5L6KOIkT6-rcKqu69FO5knpm0YOzneAMWxauYmAcvQ_vUVznZOW46lIa-%22%2C%22fref%22%3A%22mentions%22%7D" href="https://www.facebook.com/profile.php?id=100008900171233&__tn__=%2CdK-R-R&eid=ARCQP7NEnfEYE8Uiqb6cJWH5L6KOIkT6-rcKqu69FO5knpm0YOzneAMWxauYmAcvQ_vUVznZOW46lIa-&fref=mentions" title="Roger Dautais">Roger Dautais</a>Route 78<br />
Photo : création land art de <a class="profileLink" data-hovercard-prefer-more-content-show="1" data-hovercard="/ajax/hovercard/user.php?id=100008900171233&extragetparams=%7B%22__tn__%22%3A%22%2CdK-R-R%22%2C%22eid%22%3A%22ARBKJk4IvtnV-SfbqAUh5NAbCB9hnY47JtqaYQH8LF1z56rWHkMr1ersnYPTO2aq7Ot3e82z3vKOYic2%22%2C%22fref%22%3A%22mentions%22%7D" href="https://www.facebook.com/profile.php?id=100008900171233&__tn__=%2CdK-R-R&eid=ARBKJk4IvtnV-SfbqAUh5NAbCB9hnY47JtqaYQH8LF1z56rWHkMr1ersnYPTO2aq7Ot3e82z3vKOYic2&fref=mentions" title="Roger Dautais">Roger Dautais</a><br /> " Le voyage de la sphère " Pour <a class="profileLink" data-hovercard-prefer-more-content-show="1" data-hovercard="/ajax/hovercard/user.php?id=1467039705&extragetparams=%7B%22__tn__%22%3A%22%2CdK-R-R%22%2C%22eid%22%3A%22ARDDpo0zHEZ6LQ5ZYvRGduw1RWNWl4bxcBge94U_acGoCnqA_bY68h7ku9OmSC2jTsH7jRJgsUz3J3Mc%22%2C%22fref%22%3A%22mentions%22%7D" href="https://www.facebook.com/michele.schang.5?__tn__=%2CdK-R-R&eid=ARDDpo0zHEZ6LQ5ZYvRGduw1RWNWl4bxcBge94U_acGoCnqA_bY68h7ku9OmSC2jTsH7jRJgsUz3J3Mc&fref=mentions" title="Michèle Schang">Michèle Schang</a><br /> Normandie<br />
*<br />
Désolé de ne pas vous répondre comme je le voudrais. Durant ces dernières semaines, mon état de santé s'est aggravé. Il semblerait que cette alerte soit en train de passer. Merci à vous tous pour ces preuves d'amitié qui arrivent malgré tout, sur ce blog.<br />
Je vous embrasse. </div>
LE CHEMIN DES GRANDS JARDINShttp://www.blogger.com/profile/04692507137734264498noreply@blogger.com6tag:blogger.com,1999:blog-926172391934911835.post-64564370629008902022020-04-25T06:09:00.005-07:002020-04-25T06:09:36.065-07:00<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-EXZw8Bxrrhs/XqQ2TFl9WeI/AAAAAAAAhOA/mLmZ6UjiAZU0dtXTc1mkKGBU6VzhCmfXACLcBGAsYHQ/s1600/108318018.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="800" data-original-width="453" height="640" src="https://1.bp.blogspot.com/-EXZw8Bxrrhs/XqQ2TFl9WeI/AAAAAAAAhOA/mLmZ6UjiAZU0dtXTc1mkKGBU6VzhCmfXACLcBGAsYHQ/s640/108318018.jpg" width="362" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">"Cairn aux coquelicots " : pour Ana Mendieta </td></tr>
</tbody></table>
<div class="_5pbx userContent _3576" data-ft="{"tn":"K"}" data-testid="post_message" id="js_3">
<br />
<br />
<br />
<br />
À Marie-Claude, femme aimée.<br /> *<br /> *<br /> *<br /> J’ouvrais, le livre des jours sombres.<br /> *<br />
Des aubes stériles et naissantes, sous tes paupières nues, aux aurores
de pleine lune, à chacun de nos pas, la lumière bleue enjamba pour
nous, un corps affaissé, dans la foule des titubants. Il était temps
pour moi, d’ouvrir le livre des heures sombres et de le lire, du
bout des doigts, puisque nous étions aveugles. . Des terres sombres aux
terres les plus reculées du vieux monde, chaque recoin de terre ayant
reçu la visite de ton âme angélique <br /> ,fut retournée. Chaque tombe
fut ouverte, ensemencée. Nous pensions que des saisons plus souriantes,
auraient remis le monde malade, debout.<br /> Des Îles de la Tortue
atteintes, en canoë à peau, avaient surgi des lacs, jaillissant du
permafrost, entourées de terres sacrées. Elles avaient adopté comme
dieu, une pierre noire, longue, pointée vers le ciel, comme un lingam.<br />
Toutes ces îles , en qui nous fondions l’espoir d’un futur
possible, furent pénétrées, fouillées, retournées, traversées au rythme
du tambour du monde.<br /> D'Est en Ouest, du Nord au Sud et du nadir au
zénith, pas le moindre espace ne résista à la transe chamanique. Le
monde devenait une onde unique et répétée, un mantra éternel.<br /> Pas
un arpent d'aube stérile, pas un lambeau de ta peau d’albâtre, pas un
chêne dolent, pas une tour épique de pierres sèches, n’échappa à notre
vaillant couple.<br /> Tu te faisais appeler la fille de Kérouac, mais
sortie de toi-même , essence éventrée, sanguinolente, ton âme n'était
qu’hémorragique.<br /> Tu croyais tenir le monde au creux de ta main, Et
posséder le jade prisonnier sous les pins.Tu te rappelais, le mordant
purulent des chenilles processionnaires. Tu avais entendu le chant des
pins maritimes dans le vent d’ouest, et vu couler mon sang , piqué par
les aiguilles rousses quand j’avais voulu enfouir notre serment. Ma
peau se ratatina. Mon visage se couvrit de rides. Je vieillissait très
vite. Tu m’aimais , toujours.<br /> Je m’étais approché des pierres
noires qui portaient en elles, la mémoire des eaux. Il n’était pas trop
tard pour entrer en magie, entreprendre leur métamorphose qui créerait
le nouveau monde. Nous avions eu eu la surprise de constater, qu’une
nouvelle fois, cela marchait. Un cairn témoignait de nos deux
personnes, en vie. Entre temps, Mendieta la prêtresse avait versé son
sang de coquelicots dans le fleuve de nos souvenirs.<br /> Mais aussi,
parce que la grande vie qui existait, je l’avais écartée de moi. Ni
les tables de banquets, ni les bijoux, ni les montagnes d’or, ne
servaient notre existence de gens de peu. Si le land art échappait aux
lois du temps, ce n’était pas notre cas.Nos solitudes de proximité
se préparaient à l’épreuve de la vieillesse, de l’entropie naturelle
des corps,dans le confinement social qui était notre lot, depuis des
années. <br /> Nous étions des oiseaux sans ailes, mais libres.<br /> La
nature nous adressait la parole. Il fallait la recueillir. J’avais
besoin que la vie me donna une réponse forte. Cette pratique au long
cours, ce voyage en land art cultivait mon rêve. Je savais la folie
du temps perdu et qu’un jour, la machine s’enrayerait.<br /> Elle s’enraya. <br />
Mon détour par le grand garage blanc, mon cœur ouvert recousu,
suffirent pour écarter les pinces, craignant pour leurs économies. A
la Bourse, les actions consolaient les cupides impuissants.<br /> Sans
idées préconçues, j’entrais dans ce nouveau théâtre. Au milieu des
grandes souffrances, je rêvais de mousse des bois , de figues vertes,
de cerises, de tes lèvres, de noisetier, de coquelicot, de l’or des
dandrions dans les champs. Pas une main tendue, pas un sourire, à part
des soignants exemplaires. <br /> J’’habitais une nuit noire . <br /> Je te
donnais rendez-vous tout au bout des platanes, qui longeaient notre
rivière, près du vieux pont, sans savoir si je pourrai y arriver.<br /> Souffrante, dans la solitude, ton errance commença.<br />
Roger Dautais.<br /> " Le livre des jours sombres" . Pour la Route 78<br />
Photo : création land art de Roger Dautais<br /> "Cairn aux coquelicots " : pour Ana Mendieta <br /> Région sud de Caen</div>
LE CHEMIN DES GRANDS JARDINShttp://www.blogger.com/profile/04692507137734264498noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-926172391934911835.post-68290170874203581012020-04-13T10:02:00.002-07:002020-04-13T10:02:13.203-07:00<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-wrqg2EcS9XU/XpSapdW71DI/AAAAAAAAhNY/XctXtGwmbpguQTYBc1j9rZjoSniHN_hkQCLcBGAsYHQ/s1600/PETIT%2BCARNET%2BDE%2BFIN%2BJUIN%2B2009%2B117.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1200" height="640" src="https://1.bp.blogspot.com/-wrqg2EcS9XU/XpSapdW71DI/AAAAAAAAhNY/XctXtGwmbpguQTYBc1j9rZjoSniHN_hkQCLcBGAsYHQ/s640/PETIT%2BCARNET%2BDE%2BFIN%2BJUIN%2B2009%2B117.jpg" width="480" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: small;">" In memoriam " :<br /> à toutes les victimes du Coronavirus, entrées dans la spirale de l'oubli. </span></td></tr>
</tbody></table>
<br />
<br />
<br />
La pensée et l’être sont identiques.<br /> Parmenide d’Elée.<br /> *<br /> *<br /> *<br />
<div class="text_exposed_show">
Pour Marie-Claude.<br /> *<br /> *<br /> À gueule ouverte.<br /> *<br />
L’innommable retombée de vieilles mémoires, en pluies de cendres
recouvrait les nouveaux nés, les mots inertes, les mots morts,
étouffés dans la gorge, les mots mort-nés, tous éparpillés dans
l’anonymat des dunes plantées d’oyats. <br /> Leurs feuilles pointues
comme des aiguilles remuées par le vent, traçaient des cadrans
d’horloge dans le sable. Je les évitais en marchant à côté. Mon psoas
droit me brûlait à chaque pas. La souffrance entrait-elle en jeu dans
la création ? Probablement.<br /> Montaient du fond de la mer, jusqu’au
fond des doris vides, des murmures de naufragés. Ils se fondaient dans
l’écume qui déferlait sur la mémoire des gisants de sable, pétrifiés.<br /> Mon cœur cousu, tiendrait-il longtemps ? Je me sentais si faible.<br /> J’aspirais à la sérénité. Le dernier solstice d’hiver avait été si violent.<br />
La mer montait à nouveau, couvrant tout l’estuaire du fleuve
L’heure était au lac gris, uniforme, laissant à peine dépasser le dos
des plus grosses baleines en bois déposées sur la vase. Le silence se
remplissait d’eau de mer. Les bruits se fondaient, se confondaient et
luttaient contre l’extinction des feux.<br /> Gueule ouverte, je criais l’existence dans l’oubli qui me rongeait et devenait mon lot.<br /> <a class="profileLink" data-hovercard-prefer-more-content-show="1" data-hovercard="/ajax/hovercard/user.php?id=100008900171233&extragetparams=%7B%22__tn__%22%3A%22%2CdK-R-R%22%2C%22eid%22%3A%22ARAupT5uWYM9zl0h2fyjW3x88AXmISI0bPX-MqiMdG65YKT2XQgm82hPBXjLSPPcsg7PYWBW-EiiE8n_%22%2C%22fref%22%3A%22mentions%22%7D" href="https://www.facebook.com/profile.php?id=100008900171233&__tn__=%2CdK-R-R&eid=ARAupT5uWYM9zl0h2fyjW3x88AXmISI0bPX-MqiMdG65YKT2XQgm82hPBXjLSPPcsg7PYWBW-EiiE8n_&fref=mentions" title="Roger Dautais">Roger Dautais</a><br /> Route 78<br />
Création land art de <a class="profileLink" data-hovercard-prefer-more-content-show="1" data-hovercard="/ajax/hovercard/user.php?id=100008900171233&extragetparams=%7B%22__tn__%22%3A%22%2CdK-R-R%22%2C%22eid%22%3A%22ARDYZDiecrK-eT4hzIr5HK0zBvB_RkryqKE8zItxZK16rBo10SjqRaUNGQ5QdtrDFaduE_S6AdFOzTr9%22%2C%22fref%22%3A%22mentions%22%7D" href="https://www.facebook.com/profile.php?id=100008900171233&__tn__=%2CdK-R-R&eid=ARDYZDiecrK-eT4hzIr5HK0zBvB_RkryqKE8zItxZK16rBo10SjqRaUNGQ5QdtrDFaduE_S6AdFOzTr9&fref=mentions" title="Roger Dautais">Roger Dautais</a><br />
" In memoriam " :<br /> à toutes les victimes du Coronavirus, entrées dans la spirale de l'oubli. <br />
Port de Ouistreham - Normandie</div>
LE CHEMIN DES GRANDS JARDINShttp://www.blogger.com/profile/04692507137734264498noreply@blogger.com10tag:blogger.com,1999:blog-926172391934911835.post-89024248217277866552020-04-05T03:17:00.003-07:002020-04-05T03:17:36.791-07:00<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-CS6eer0_YPs/Xomv7zh1pZI/AAAAAAAAhNI/7He1oNTGpAoOLkYGVCUoaAxJVQ2i5Dq4gCLcBGAsYHQ/s1600/bcf01f9c22bff70ff90c46b69ba7c5e7.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="752" data-original-width="564" height="640" src="https://1.bp.blogspot.com/-CS6eer0_YPs/Xomv7zh1pZI/AAAAAAAAhNI/7He1oNTGpAoOLkYGVCUoaAxJVQ2i5Dq4gCLcBGAsYHQ/s640/bcf01f9c22bff70ff90c46b69ba7c5e7.jpg" width="480" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">" élévation " aux soignants.</td></tr>
</tbody></table>
<div class="_5pbx userContent _3576" data-ft="{"tn":"K"}" data-testid="post_message" id="js_6">
<br />
<br />
<br />
Aux soignants...<br />
<br />
Chaque jour, je prenais la route pour de longues heures de solitude
dans la pratique du land art.. Ma destination tenait compte des
saisons. L'été, par exemple, je faisais peu de travaux sur le
littoral, à cause des touristes. Mais ça pouvait arriver et provoquer
de belles rencontres autour de mes installations,toujours, très
photographiées ou filmées par des professionnel de l'image.<br />
J'aimais, l'été, explorer l’arrière pays de la côte Normande, riche en
fleuve et rivières, petits lacs, marécages, pâturages et bois
nombreux ou encore, de grandes carrières à ciel ouvert. L'exercice de
la marche, me préparait physiquement à l'oubli du tout savoir qui
alourdit l'esprit, pour faire place à la découverte, l’étonnement,
nés d'une lumière particulière, en toute humilité.<br /> .Je devais
être disponible, ne jamais rentrer sur un territoire en conquérant,
écouter la nature, la respirer,comme un animal, qui sent le vent. Je
devais me mettre au pas de sa cadence, partager le territoire des
animaux sauvages dans le respect.<br /> Cela prenait du temps. Beaucoup de temps. <br /> C'était ma vie.<br />
Très souvent, pour changer des flottaisons, je fabriquais une table
d'élévation, un autel, qu'il me fallait "habiter ", donnant de la valeur
au geste d'offrir. <br /> J'y installais, un petit feu, mariant, l'eau,
la terre, l'air et le feu, au-dessus d'un ruisseau. Dans un marais,
j'utilisais quelques bambous, posés en équilibre, qui recevaient, en
milieu de table, quelques baies rouges, en offrande au lieu. Je
trouvais le bonheur dans ces gestes, si loin des bruissements du monde.<br />
Mes expositions étaient toujours installées, hors des galeries d'art,
avec l'idée d'aller vers ceux qui, soit privés, de liberté, en prison
par exemple, ou par leur handicap, recevaient moins. Je pense aux
sourds, aveugles, Alzheimer, lieux de séjours pour marginaux encadrés.
Je n'avais pas à me forcer. C'était ma nature.<br /> En vieillissant, sur
la route, ma part d'oubli devenait beaucoup plus importante que le
vécu. Une littérature abondante palliait le manque. Malgré tout, le
geste se perdait dans les ellipses lacunaires de ma mémoire ouvrière.
Il devenait difficile de la modifier, de l'améliorer. Elle faisait
partie de ce qui m'échappait de plus en plus en prenant de l'âge.
Mon corps gardait ces mêmes traces incarnées, ces blessures et me les
renvoyait en douleurs<br /> Je m'attachais dans ce récit de vie, à me
déconstruire, pour en retrouver l'ossature. Je n 'avais pas passé ma
vie à pleurer, comme je l'entendais, mais l'enfance douloureuse
qui avait été la mienne, se dressait encore devant moi. <br /> Je n'avais jamais connu la vie facile et sans ma rencontre avec ma femme aimée, elle aurait été arrêtée, brutalement.<br /> Sous doute, dilettante invétéré, rêveur permanent, avais-je déçu, mais je n'étais pas là pour plaire.<br />
Il m'avait fallut, probablement, réaliser tous ces installations
pour attirer l'attention de la nature, afin qu'elle m'adopte. Je
savais qu'il y aurait, une dernière saison, un dernier geste de land
art.<br /> Etais-je déjà, dans cette réalité, attendant d'être attrapé
comme un papillon, happé par une mort sournoise, et rejoignant le
bataillon des disparus, rangés dans les morgues des hôpitaux<br /> ?<br />
Ce jour sans fin était le mien, plein d'espoir et croyant au sursis,
largement octroyé, par les équipes de soignants qui s'étaient battus
pour me sauver, à plusieurs reprises, dans ma vie cabossée.<br /> Je leur devais une reconnaissance absolue.<br /> Je leur dédie ce texte.<br /> <a class="profileLink" data-hovercard-prefer-more-content-show="1" data-hovercard="/ajax/hovercard/user.php?id=100008900171233&extragetparams=%7B%22__tn__%22%3A%22%2CdK-R-R%22%2C%22eid%22%3A%22ARCMSS91rwc5lv4dHrYeWBv0DhdKfVgyYiTVTBt0RmErnRa8iiX_ckEF6GShwrwlIa79I5O4pcNHVjWn%22%2C%22fref%22%3A%22mentions%22%7D" href="https://www.facebook.com/profile.php?id=100008900171233&__tn__=%2CdK-R-R&eid=ARCMSS91rwc5lv4dHrYeWBv0DhdKfVgyYiTVTBt0RmErnRa8iiX_ckEF6GShwrwlIa79I5O4pcNHVjWn&fref=mentions" title="Roger Dautais">Roger Dautais</a><br /> Notes de land art pour la" Route 78 ".<br />
Photo : création land art de <a class="profileLink" data-hovercard-prefer-more-content-show="1" data-hovercard="/ajax/hovercard/user.php?id=100008900171233&extragetparams=%7B%22__tn__%22%3A%22%2CdK-R-R%22%2C%22eid%22%3A%22ARBSnPEeyVU4bEeWTiixDYigfSqufd6v4OX_IN_FGKjpGsNntsCI4UmD-qcH-c7YFXnR0Z6IsI0JWdWK%22%2C%22fref%22%3A%22mentions%22%7D" href="https://www.facebook.com/profile.php?id=100008900171233&__tn__=%2CdK-R-R&eid=ARBSnPEeyVU4bEeWTiixDYigfSqufd6v4OX_IN_FGKjpGsNntsCI4UmD-qcH-c7YFXnR0Z6IsI0JWdWK&fref=mentions" title="Roger Dautais">Roger Dautais</a><br /> " élévation " aux soignants.<br /> Plaine de Caen . Normandie<br />
Blog<br /> LE CHEMIN DES GRANDS JARDINS</div>
LE CHEMIN DES GRANDS JARDINShttp://www.blogger.com/profile/04692507137734264498noreply@blogger.com11tag:blogger.com,1999:blog-926172391934911835.post-68839085472049373402020-03-22T04:12:00.000-07:002020-03-22T04:12:00.481-07:00<a class="profileLink" data-hovercard-prefer-more-content-show="1" data-hovercard="/ajax/hovercard/user.php?id=100005011322974&extragetparams=%7B%22__tn__%22%3A%22%2CdK-R-R%22%2C%22eid%22%3A%22ARDp5rSvznL9eb0IWe9lRuJVfE4JCEd0RxvG-U1dLI8t49jbkcQNo50ls_FC2h4qRfOkardM8I-6EZti%22%2C%22fref%22%3A%22mentions%22%7D" href="https://www.facebook.com/elisabeth.krebs.37?__tn__=%2CdK-R-R&eid=ARDp5rSvznL9eb0IWe9lRuJVfE4JCEd0RxvG-U1dLI8t49jbkcQNo50ls_FC2h4qRfOkardM8I-6EZti&fref=mentions" title="Elisa Ka"></a><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-6_4uGXotXDo/XndGlCwvqSI/AAAAAAAAhMY/psPVhPFUvL0BS8SDx-oAvjdtTOivzVqFQCLcBGAsYHQ/s1600/DSC05257.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="266" data-original-width="400" height="424" src="https://1.bp.blogspot.com/-6_4uGXotXDo/XndGlCwvqSI/AAAAAAAAhMY/psPVhPFUvL0BS8SDx-oAvjdtTOivzVqFQCLcBGAsYHQ/s640/DSC05257.JPG" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;">à Marie-Claude </span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;">La
mécanique des jours anciens.</span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;">Je
pouvais imaginer, malgré moi, à n’importe quel instant,
n’importe où, ce qu’il me restait à vivre Parce que les
lieux aussi, avaient une mémoire, capable de surgir et de me
provoquer des émotions. Certes, le land art m’apportait la paix
de l’esprit et, malgré tout, il me déplaçaient, en pleine
création, brutalement, jusqu’à mon enfance.</span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;">
J’avais eu faim, dans les premières années de ma vie, peur, très
souvent. J’avais été élevé dans la douleur, les punitions,
l’enfermement , au point de revivre toutes ces scènes, très
souvent. Un enfer qui m’avait détruit.</span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;">Mais
ce rien me transportait aussi, dans ce paradis perdu, rejoindre
Edith et Maud, dans le ruisseau de la rue Sébillot. Mes seules
petites amies juives et orphelines de guerre, capables de me
comprendre et de m’aimer un peu, avec leur cœur d’enfant.
</span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;">Nous
volions au temps tout ce que la vie ne nous accordait pas. Sans
heures, presque, sans repères, nous passions des heures dans la
rue, le ruisseau, à jouer, à chaparder, comme des enfants de la
guerre, livrés à eux-mêmes, toujours habités par cette même
peur que nous ne savions pas née d’une guerre vécue et subie.
C’était dur à décrire.</span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;"> Me
venait, soixante quinze ans plus tard, cette mise en demeure
d’écrire, cette injonction de la vie passée qui pesait dans ma
vie, sans savoir exactement pourquoi j’aurais à le faire, puisque
le premier mot de l’histoire me manquait.</span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;">Je
pouvais diviser par dix, ce temps qui me restait à vivre, le
multiplier par cent ou mille, c’était inutile. Il m’échappait,
se coulait dans mes veines, me faisait avouer cette impossibilité
d’échapper au destin.</span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;">Que
devais-je faire de cette mémoire affective qui me jetait dans les
bras de ma mère, elle qui avait vu ces maltraitances dont
j’étais la victime, pendant des années, sans avoir jamais rien
dit à son mari .
</span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;">Étais-je
devenu un vieux trop sensible, noyé dans des émotions inutiles ?
Impossible de le savoir. J’avançais sur mon chemin, ayant perdu
et enterré, beaucoup trop de monde. Je pensais souvent que c’était
à mon tour de partir, de laisser la place. Le coronavirus me
tendait les bras.</span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;">Alors,
j’avais fini par abandonner ce calcul et continué à charrier des
pierres jusqu’à mes dernières forces pour élever des cairns dont
personne ne savait évaluer le prix de l’effort</span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;">L’orage
avait laissé des traces dans mon cerceau et sur le sable. Des
rivières pourpres, quittaient le trait de côte et rejoignaient la
mer. Dans le bois de pins maritimes, une dizaine de corbeaux jouait
avec le vide et l’écho de leurs cris renvoyés par la mer. Tu
étais allée marcher, sur le chemin des douaniers, seule. Où
avais-tu trouvé refuge, pendant l’orage ?</span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;">
Pourtant, je n’étais pas inquiet. Je te savais vivante et
revenant bientôt dans mes bras, pour m’embrasser avec tes
lèvres douces.</span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;"><br /></span>
</div>
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;">Roger
Dautais</span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;">Route
78</span></div>
<span style="font-size: small;">
Cairn : Ile de Stuhan le Men Du</span></td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td></tr>
</tbody></table>
LE CHEMIN DES GRANDS JARDINShttp://www.blogger.com/profile/04692507137734264498noreply@blogger.com7tag:blogger.com,1999:blog-926172391934911835.post-67928198010598362282020-03-15T13:29:00.003-07:002020-03-15T13:29:46.401-07:00<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-FREtSzUZYC4/Xm6PopyF4PI/AAAAAAAAhME/Jv2ONXHuF7AgKhoTULUvWvHk4uJBRQrbwCLcBGAsYHQ/s1600/TRANSPARENCES%2BD%25C3%25A9cembre%2B2007%2B100.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1200" height="640" src="https://1.bp.blogspot.com/-FREtSzUZYC4/Xm6PopyF4PI/AAAAAAAAhME/Jv2ONXHuF7AgKhoTULUvWvHk4uJBRQrbwCLcBGAsYHQ/s640/TRANSPARENCES%2BD%25C3%25A9cembre%2B2007%2B100.jpg" width="480" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">«
Transparence ». pour Ariane Callot</td></tr>
</tbody></table>
<br />
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;"><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1b1b1b;"><span style="font-family: Roboto Slab, serif;"><span style="letter-spacing: normal;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;"> </span></span></span></span></span></span></span>
</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
<br />
</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;"><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1b1b1b;"><span style="font-family: Roboto Slab, serif;"><span style="letter-spacing: normal;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">«
étrangement, l'étranger nous habite: il est la face cachée de
notre identité, l'espace qui ruine notre demeure, le temps où
s'abîment l'entente et la sympathie </span></span></span></span></span></span><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1b1b1b;"><span style="font-family: Roboto Slab, serif;"><span style="letter-spacing: normal;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">»</span></span></span></span></span></span><span style="font-variant: normal;"><span style="color: #1b1b1b;"><span style="font-family: Roboto Slab, serif;"><span style="letter-spacing: normal;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">.</span></span></span></span></span></span>
</span>
</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;">Julia
Kristeva</span></div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: small;">Étrangers
à nous-mêmes</span></div>
<table cellpadding="0" cellspacing="0" style="width: 803px;">
<colgroup><col width="803"></col>
</colgroup><tbody>
<tr>
<td style="border: none; padding: 0cm;" width="803">
<span style="border: none; display: inline-block; padding: 0cm;">*</span><br />
<span style="border: none; display: inline-block; padding: 0cm;">*</span><br />
<span style="border: none; display: inline-block; padding: 0cm;">*</span><br />
</td>
</tr>
</tbody></table>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
<br />
</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Marie-Claude.</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
*</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
*</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
La
route aveugle et cathartique.</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
*</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
J’étais
né, oisif et hyperactif. Inclassable pour mon entourage. Cette
agitation de l’âme, m’avait sauvée.</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
On
passait, à cette époque, trop peu de temps à comprendre
« l’erreur » et trop à corriger, redresser..Mais mon
corps d’enfant, mon esprit, ma personne témoignaient d’une
vitalité insoupçonnée, dans cette grande marée de
incompréhensible, où personne, paraît-il ne pouvait survivre.
Dans mon esprit, il y avait des îles, des oiseaux, des êtres
lunaires qui échappaient au flot d’un peuple soumis et
traumatisé par la guerre.</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Ni
l’école, lieu de sévices, ni la maison autre lieu de
maltraitance, n’étaient faits pour moi.</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
A
dix ans, après de terribles années, j’aimais la lecture et la
solitude habitée entre deux fugues, hanté par les enfers. Chien
perdu sans collier, j’avais rongé tous mes liens, physiques et
affectifs.</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Aussi,
revivre à 55ans, une autre échappée belle qui me conduirait au
bout de ma vie,en découvrant puis pratiquant le land art, était
à nouveau condamnable. Aux yeux de mes juges, ce n’était
qu’une imposture, un affront à la vie, aux ancêtres, une
trahison, une histoire singulière et équivoque.</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Habillé
pour plusieurs hivers, cette étiquette avait alerté les
instances culturelles et administratives.</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
«
Rien, aucune reconnaissance pour ce « facteur cheval »,
cet impressionniste égaré du land art, simple artiste de
l’urgence qui se consumerait vite ». Le public en décida
autrement en me soutenant largement., au-delà de la France</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Alors,
j’avais fait mon trou, mon tunnel, en apnée. Sans haine pour
ces porte-tampons, qui accordaient des fortunes s de subventions à
qui se soumettait au système. L’art contemporain,
</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
développait
un dogme et hors de cette chapelle, point de salut, ni d’argent.
Un jeu de dupes pour lequel je n’avais aucun talent.</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
J’explorais
le néant qui m’était proposé, un monde à l’envers du
leur.</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
« Te
souviens-tu, femme aimée, de notre monde ouvrier, où tu faisais
des prouesses pour nourrir nos enfants, sans qu’ils souffrent de
manque, et gardait encore un peu de forces pour me soutenir dans
cette route aveugle ? Personne ne pouvait nous donner de leçon
de pauvreté ni d’humilité. Surtout pas les méprisants.Nous
avions vécu des tempêtes et failli sombrer devant ces chanteurs de
Crédo et Kirie eleison, repus et imprécateurs, mais sans pitié,
aussi, pour le monde qu’ils détruisaient à leur profit..Tu
étais la femme de l’olibrius lorsque se déclenchaient les
moqueries de la parentèle où les hommes d’argent tenaient le
haut du pavé.. Je n’avais pas su faire comme eux.</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Mon
corps devenait un lieu de vie expérimental et mettait en place
pour l’avenir, trois infarctus et une opération à cœur
ouvert. Et ils avaient dit « tu as ce que tu mérites !
». Probablement.</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Si
je n’étais de nulle part, j’étais au moins, bien dans ton
cœur, pays d’épousailles, et pour le reste, partout chez nous,
sans frontières, sans autorisations.</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Je
n’échappais ni à la mélancolie ni à la goualante que
pouvait faire naître, une bouteille vide et séchée jusqu’à
l’os, dans un rade de Saint-Malo.</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Mais
je gardais pourtant, l’amour de l’idée naissant d’une belle
émotion, qui bouleverse, la beauté aussi d’un regard, d’un
visage qui passe, le « très lumineux » d’un instant
fugace que le ciel te lâche sur un paysage, à le transformer
jusqu’à l’irréel.</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Ils
me disaient Prince du vent et de la guenille, pousse-cailloux, sans
valeur.Je leur répondais à tous ces profiteurs se gavant de
bonnes choses, être plus près de Francois Cheng, que de Paul
Bocuse. J’essayais de vivre libre sachant que cela me
marginaliserait, et que cela nous vaudrait pour nous deux, une
belle solitude dans notre vieillesse.</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Lorsque
les âmes circassiennes entraient dans la danse , je les suivais,
quitte à rebattre les cartes du grand jeu et de me fier aux
étoiles, pour retrouver ma route.</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Un
fil d’Ariane m’avait été donné à ma naissance. Nous ne
faisions qu’un. Il n’avait pas son pareil pour pour
m’indiquer un lieu, un lac, des eaux dormantes, une forêt
moussue et profonde où je serais en osmose avec le paysage.</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Ma
patience était grande au travail, sans désordre dans mes pensées.
Qui pouvait juger de l’état des routes de mon inconscient, de
mes blessures et défauts, ou de mon amour pour toi, femme
aimée ?</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Mes
gestes qualifiés de dérisoires, dans la cueillette des fleurs
étaient plus proche de la délicatesse féminine, et non une
faiblesse d’esprit. C’était ma façon de résister à la masse
des pensées collectives assénées. L’infini découvert dans le
détail, permettait de déposer, intentionnellement, chaque chose,
chaque couleur, à la bonne place, pour créer une installation
éphémère dans le paysage, jusqu’à en bouleverser la lecture.
Qui pouvait, sinon moi, juger de l’effet feedback sur ma
personne ? Il me reconstruisait.</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Mes
carnets de route étaient vides. Le vent avait arraché, une à une
chaque page, pour ne garder que des spirales métalliques</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Tout
était sorti du cœur, sans traces sur le terrain, éphémère. Tout
avait été offert au monde tel que mon cœur recousu me l’avait
demandé. Je n’étais qu’un passeur d’idées. Je n’avais pas
inventé l’amour.
</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
A
l’heure où nous apercevions tous les deux, la possibilité d’une
fin, tout te revenait de droit, femme aimée. Tout ce que j’avais
fait, t’appartenait, toi, qui de ton côté m’avait offert ta vie
entière., faisant fi des moqueries et humiliations du clan si
croyant.</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Je
n’avais besoin de nulle reconnaissance officielle, ni breloque
ni prix de je ne sais quelle académie pour m’en vanter.
</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Non
rien. Rien que toi, et ce besoin de dire ce que beaucoup trop de
gens avaient enterré, avec moi, de mon vivant, ma propre
histoire, maintenant jointe à la tienne depuis mille neuf cent
soixante cinq..</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Roger Dautais</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
La
Route aveugle 78</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Photo :
création land art de Roger Dautais</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
«
Transparence ». pour Ariane Callot</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Normandie.
Il y a très longtemps</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
<br />
</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
LE CHEMIN DES GRANDS JARDINShttp://www.blogger.com/profile/04692507137734264498noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-926172391934911835.post-80970132770291606432020-03-08T09:46:00.005-07:002020-03-08T09:46:53.623-07:00<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-47aSEJ0TNr0/XmUg8r_lNYI/AAAAAAAAhLk/ztum0SAX6IIL0U1JfmSjotupRSfJ6_TPACLcBGAsYHQ/s1600/106673090.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="600" data-original-width="800" height="480" src="https://1.bp.blogspot.com/-47aSEJ0TNr0/XmUg8r_lNYI/AAAAAAAAhLk/ztum0SAX6IIL0U1JfmSjotupRSfJ6_TPACLcBGAsYHQ/s640/106673090.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">« Le chant des cupules » à Edith et Maud</td></tr>
</tbody></table>
<div class="_5pbx userContent _3576" data-ft="{"tn":"K"}" data-testid="post_message" id="js_g">
<div class="text_exposed_root text_exposed" id="id_5e6520541c6be1a91321928">
<br />
<br />
<br />
Les graines semées dans l’enfance développent des racines profondes. <br /> Stephen King.<br /> *<br /> *<br /> À Marie-Claude.<span class="text_exposed_show"><br /> *<br /> *<br /> Hiver 47<br /> *<br />
.Les cupules piétinées par nos galoches a semelle de bois, n’avait
plus qu’à attendre la relève en juin prochain, et nous aussi.<br />
Finalement l’enfance, ce n’était pas grand-chose. Un ramassis de
traumas qui tenait dans la main. Et la faim qui tenaillait. Nos yeux de
petits pauvres, ne s’étonnaient plus de côtoyer un rat, dans le
caniveau. Ni Édith, ni Maud, ni moi ne pouvions lui en vouloir de sa
condition, ni de manger notre m pain sec. Nous étions de sa race.<br /> Nos yeux ne s’écarquillaient même plus, de le voir chaque jour, enfin, pas plus que ça.<br />
Non, celui qui s’émerveillait au-dedans de nous, c’était le mauvais
riche que nous serions sans doute devenus, nés, sein d’une des familles
prospères de la ville, malgré les temps difficiles, chassant la
vermine, quand on aurait grandi dans de beaux habits, pour ne pas
qu’elle bouffe notre blé.<br /> A cette époque, j’avais cinq ans, comment
pouvais-je comprendre la mort et un destin aussi court pour Édith et
Maude ? Comment imaginer pour moi de vivre dans un tel chaos de
maltraitance, sans elles pour me consoler ? N’étais-je qu’un animal
nuisible ?<br /> Quelle prose étrange que celle qui ne s’usait pas, ne
disparaissait pas aussitôt imaginée, dans le pain que j’achetais avec
mes quatre sous.<br /> Notre poésie de vie, sur le bord du trottoir,
c’était exactement la même chose que ces dessins en noir et blanc,
griffonnés sur du papier journal et qui finissait en bateau sur l’eau
grise et sale du caniveau. Elle transformait notre vie en petits rêves,
mis bout à bout, pour rattacher nos trois cœurs d’enfants, perdus
d’avance.<br /> Pas de couleurs comme vous auriez pu croire , pas de ciel
bleu, pas de belles retouches non plus. Notre rue qui montait vers
les casernes à troufions avec ses bordels à soldats, dont l’un
portait le nom magique de Café de l’Étoile, c’était notre ordinaire,
notre école.. On aurait dit que l’histoire nous collait aux talons.<br />
Avec nos cœurs qui saignaient, nos mémoires en bataille, la faim au
creux du ventre et le nez morveux, nous étions le la graine de rue.
Le futur, c’était quand le soir on se disait à demain. Jamais rien de
plus.<br /> Perros avait écrit quelque part qu’un poème « c’était comme
une prose de travers ». Comme un arête de poisson, en somme, en
travers de la gorge. Quelque chose qui ne passe pas et qui résiste à
l’ordinaire des jours.<br /> Nous, on savait l’odeur de l’absence
éternelle. On faisait comme si. On vivait avec ceux qui ne reviendraient
jamais des camps, dans notre caniveau, en compagnie des rats. <br /> À soixante-dix-sept ans passés, que faisais-je d’autre, aujourd’hui, que de résister à l’oubli.</span><br />
<div class="text_exposed_show">
Roger Dautais<br /> Notes pour un avenir incertain.<br /> Photo : création land art de Roger Dautais<br /> « Le chant des cupules » à Edith et Maud.<br /> Bretagne.</div>
</div>
</div>
<div class="_3x-2" data-ft="{"tn":"H"}">
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<div class="mtm">
<div style="position: relative;">
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<a class="_4-eo _2t9n" data-ploi="https://scontent-cdg2-1.xx.fbcdn.net/v/t1.0-9/89448986_2245975109042473_9089385734577586176_n.jpg?_nc_cat=111&_nc_sid=8024bb&_nc_ohc=h_znArjUhX8AX8-CFRF&_nc_ht=scontent-cdg2-1.xx&oh=0d99617769641e91ec27d11133d8e319&oe=5E8E97D4" data-render-location="timeline" href="https://www.facebook.com/photo.php?fbid=2245975102375807&set=a.2005826639723989&type=3&eid=ARBJYz2WZw5QiHv0wOSSpkE5fqCvrGKsWKWBoxLyDucmB4vDoJGhiVP6ewoiNU79F9Z7MwuvHloCRfsA" rel="theater" style="width: 514px;"><div class="uiScaledImageContainer _4-ep" id="u_0_36" style="height: 385px; width: 514px;">
<br /></div>
</a></div>
</div>
</div>
</div>
</div>
LE CHEMIN DES GRANDS JARDINShttp://www.blogger.com/profile/04692507137734264498noreply@blogger.com6tag:blogger.com,1999:blog-926172391934911835.post-11877896681299488962020-03-01T09:19:00.001-08:002020-03-01T09:19:08.159-08:00<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-036Sxc-5ics/XlvuMsVNsaI/AAAAAAAAhK8/X1L-Yz6_lgwDxrTV7rOIc5pyCgSUMnu5ACLcBGAsYHQ/s1600/TROIS%2BMOIS%2BAPRES.%2Bmars%2B2009%2B095.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="480" data-original-width="640" height="480" src="https://1.bp.blogspot.com/-036Sxc-5ics/XlvuMsVNsaI/AAAAAAAAhK8/X1L-Yz6_lgwDxrTV7rOIc5pyCgSUMnu5ACLcBGAsYHQ/s640/TROIS%2BMOIS%2BAPRES.%2Bmars%2B2009%2B095.jpg" width="640" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"> pour Farzanel Salam Arel.<br /> et pour les victimes civiles des guerres du Moyen-Orient.</td></tr>
</tbody></table>
<div class="_5pbx userContent _3576" data-ft="{"tn":"K"}" data-testid="post_message" id="js_2">
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
À Marie-Claude.<br /> *<br /> *<br /> Square d’Ornano.<br />
Le gardien du square d’Ornano, Jean Ozanet, que je connaissais depuis
au moins dix ans, m’avait confie une très émouvante histoire, un
samedi matin, à la terrasse du bar Le Grillon. Il s’agissait de celle
d’une femme, aujourd’hui disparue, portant le nom de Farzanel Salam
Arel. Elle venait, m’avait-t-il dit, plusieurs fois par semaines,
depuis deux ans, seule et quelque soit le temps, pour chanter au pied
d’un arbre. <br /> La dernière tempête du vingtième siècle, en mille
neuf cent quatre vingt dix neuf, avait abattu la plupart des platanes
géants du square d’Ornano, dont beaucoup avaient plus de deux cent ans.
Les derniers en place, témoignaient de leur esprit de résistance et
de leur pouvoir..<br /> J’avais voulu en savoir plus sur cette histoire. Jean connaissait ma curiosité. <br /> Il me raconta la suite.<br />
Cette femme, Farzanel Salam Arel, âgée d’une cinquantaine d’années,
habitait la ville depuis 4 ans, dans un hôtel du quartier de la gare,
accueillant des réfugiées, souvent sans papiers. Elle parlait un peu
le français. Suffisamment pour expliquer à Jean, son histoire.<br />
Pendant la seconde guerre du golfe, plus de 500000 Irakiens, avaient
perdu la vie. On y dénombrait beaucoup de civiles , dont la famille
de Farzanel. Elle était la seule rescapée du bombardement, dans son
village. Après avoir erré quelques mois, des amis l’avaient mis en
contact avec un réseau de passeurs. Elle ne savait trop expliquer plus
en détail, commente elle était arrivée en France, craignant sans doute
pour sa sécurité.<br /> Jean Ozanet l’avait mis en relation avec une
association d’aide aux sans papiers ( dont je fis partie, quelques
années plus tard). Elle lui faisait confiance à cause de son aide,
mais craignait à peu près tout le monde.<br /> Farzanel était une femme
triste et solitaire. Elle venait dans le parc d’Ornano, toujours
seule. Installée face au platane géant, elle posait son front sur le
tronc et enserrait l’arbre géant de ces deux bras, mains à plat sur
l’écorce. Puis elle chantait. Elle chantait une sorte de mélopée que
Jean avait appelé, la prière des morts. Jean l’avait entendue
plusieurs fois.<br /> . Farzanel lui avait confirmé qu’elle entrait
ainsi en communication avec ses morts, avant de repartir, une fois
terminé, comme elle était venue, seule.<br /> Je savais les arbres capables d’une telle médiation, entre l’esprit et la matière vivante.<br />
Quinze ans plus tard, cette histoire me revenait, alors que la grêle
tombait dehors, me rappelant l’hiver bien présent. Par la force de
l’esprit, j’étais revenu dans ma ville, en plein été. J’entendais le
chant de Farzanel, , pénétrer dans le platane, traverser la canopée et
s’élever jusqu’au ciel, auquel je ne croyais pas.<br /> Cela valait bien
cette couronne de land art, ce bijou de verdure, pour honorer
Farzanel, aujourd’hui partie rejoindre les siens. <br /> Roger Dautais<br /> Route 78 Notes de land art.<br />
Photo : création land art de Roger Dautais<br /> « Mélopée Irakienne « pour Farzanel Salam Arel.<br /> et pour les victimes civiles des guerres du Moyen-Orient.</div>
LE CHEMIN DES GRANDS JARDINShttp://www.blogger.com/profile/04692507137734264498noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-926172391934911835.post-13958542891533521472020-02-19T06:16:00.002-08:002020-02-19T06:16:45.184-08:00<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-lzWMk6qNVuQ/Xk1Apg0w6pI/AAAAAAAAhKg/5BXDzrJzTEU6f01tojI-hj7XBtN-msaxACLcBGAsYHQ/s1600/BREIZH%2B2009%2B072.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1200" height="640" src="https://1.bp.blogspot.com/-lzWMk6qNVuQ/Xk1Apg0w6pI/AAAAAAAAhKg/5BXDzrJzTEU6f01tojI-hj7XBtN-msaxACLcBGAsYHQ/s640/BREIZH%2B2009%2B072.jpg" width="480" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">" L'échelle de Jacob " pour Maria-DoloresCano</td></tr>
</tbody></table>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Ce
qui donne un sens à notre comportement à l’égard de la vie,
est la fidélité à un certain instant et à notre effort pour
éterniser cet instant.</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Mishima
</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Le
pavillon d’or.</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
*</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
*</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
*</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
À
Marie-Claude.</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
*</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Parenthèses
bretonnes.</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Le
tout ne devait pas se résumer à une pratique du land art, sans
convictions, mais bien de le mêler, intimement à ma vie.Il
m’avait ensuite fallu inventer un langage singulier. Il ne devait
pas trahir ma pensée. Le cœur restait le maître du jeu. Si le
partage s’avérait possible avec quelques-uns de mes semblables
au début, mais dont le nombre grandissait, c’est qu’un passage
existait bien entre la matière et l’esprit. Quelque soit le
résultat, sans amour, le jeu se serait vite arrêté.</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
<br />
</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Entre
deux absences de toi, un grand vide entourait ma vie.</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Je
marchais, ce jour là, droit devant, face à la mer, pour
rejoindre une partie de l’estran, dominée par de beaux
rochers. La journée s’y usait, après le tour de l’île de
Bréat. La lumière aussi. Me restaient des quantités de pierres
libres. De quoi monter une échelle de Jacob.</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
L’hiver
de ma vie, je le partageais entre toi et la marche. A chaque départ
sans toi, je te quittais, emportant ton sourire en mémoire.J’ose
le blasphème, un viatique.</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Le
land art, surgissait ou pas, selon les idées, les rencontres avec
le paysage, la lumière, mon humeur aussi. Labile, disaient les
langues bifides.</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Le
soir, en rentrant, , nous avions ce même rituel de nous asseoir à
la table de la cuisine, se racontant notre journée. Fatiguée par
ce voyage ou je t’entraînais à pratiquer le land art, comme
sur les immenses plages normandes, tu avais décidé, ce matin, de
m’attendre à Paimpol, dans notre gîte provisoire.</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Mon
destin faisait de chaque absence, un homme perdu par le passé d’une
jeunesse détruite, dont je ne pouvais guérir.</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
<br />
</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
L’estran
respirait, racontait son histoire. Ici, à gravage, dans les
siècles passés, de lointains ancêtres naufrageurs, se
nourrissaient mal, des restes de naufrages. Tout était en
mémoire dans ces pierres libres. La terre bretonne sur laquelle je
marchais, avait accueilli des familles de marins-pêcheurs, de
paysans, tous plus pauvres les uns que les autres, dociles ou
révoltés, croyants ou athées. Ils s’étaient aimés, avaient
fait des enfants que la mer parfois leur enlevait. Un passé de
plomb qui ne deviendrait jamais, dentelle précieuse. Le pain dur ne
se couvrirait pas de caviar. Mais, la pauvreté se vivait fierment.</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
<br />
</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Chaque
pierre levée représentait cette fierté de mon peuple dont le
sang bohémien, avait essaimé sur tous les continents. Youenn
Gwernig l’écrivait, la chantait, cette fierté bretonne, la
partageait avec Jack Kerouac. Tous cousins, on disait, chez nous.
Mon sang bohémien, mon sang noir, puisé au plus profond de nos
terres de la même couleur, ma peau halée, affichaient mes
origines.</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
De
quelles bouches sortaient les mensonges, trompant tout un petit
peuple, pour nous enrôler. La misère existait toujours,
aujourd’hui, sous d’autres masques. Mais également, cette joie
de vivre populaire que j’exprimais dans cette échelle de Jacob,
triomphante</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
<br />
</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
L’estran
désertique chanterait jusqu’au recouvrement total de l’échelle
de Jacob, par les eaux salées de la Manche. Puis, le faux silence,
régnerait, dans cette marée montante. Pas de harcèlement. Un
combat à la loyale. Le futur serait vécu, ensemble, dans la chute
et dans le bruit mat des pierres qui s’entrechoquent pour
rejoindre le fond de l’eau. Sans rancune.</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Elles
rejoindraient la saignante multitude des vies brisées, dans le
grand silence.</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Je
serai déjà loin, marchant seul sur mon ombre pâlotte.</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Ah !
l’affreuse mort que de disparaître seul !</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Mais,
je n’y étais pas encore et ma nostalgie me rapprochait de toi,
femme aimée.
</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Je
n’étais pas une légende. Les légendes ne marchent pas.</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
J’étais
un vieil amoureux perdu sans toi., n’attendant qu’une chose :
tes bras.</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Roger
Dautais</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Route
78
</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Dernières
notes pour le chant final.</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
<br />
</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Photo :
création land art de Roger Dautais</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
«
L’échelle de Jacob »</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Côtes
d’Armor - Bretagne</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
*</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
*</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
*</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Tout
juste ici laisser un peu de traces errantes</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
dans
la terre. Un peu de poussière dans</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
le
vent.</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Humblement.</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Guy
Allix *</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
<br />
</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Survivre
et mourir</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
Éditions
Rougerie - 2011</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
<br />
</div>
<div align="justify" style="line-height: 100%; margin-bottom: 0cm;">
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LE CHEMIN DES GRANDS JARDINShttp://www.blogger.com/profile/04692507137734264498noreply@blogger.com8