La vie, comme elle va

"S'il suffisait de lire comme dans une bulle de cristal, alors, ce serait, facile.Mais il faut vite déchanter, prendre la route, sac au dos et marcher, toujours marcher pour oublier ce que l'on a déjà fait, ce que l'on va faire. Il faut attendre que la nature nous prenne et nous ouvre sa voie. C'est une progression incessante, pour de si petites choses".
Roger Dautais . Septembre 2009

Un voyage étonnant au cœur du land Art

vendredi 8 mars 2019

Exil  : aux marcheurs de  l'impossible étoile



Marchons, nos traces finiront bien par retrouver la poussière du monde, lorsque nous ne serons plus..
Roger Dautais







Mon amie,

Tu mes dis qu’en land art, je façonne le paysage et que cela t’étonne.
Le contraire est vrai aussi. Je cultive cette plasticité,cette porosité au monde de mon cerveau , qui le fait me façonner autant que je le façonne.J'aimerais arriver à cette totale disparition de sentiment de possession d'un art, aboutit en tant qu'objet. Je pratique le land art depuis 1997. Cette longue route, m'a permis des milliers de créations. Cela fait naître parfois et met en place des frontières dans l'esprit, ainsi qu'une vision kaléidoscopique du parcours que je ne souhaite pas.

. L’expression ne doit pas être bridée ni dérangée par ces pensées là. Libératrice, lorsqu'elle est bien vécue, elle aide au recul du handicap, ou tout du moins à sa stabilisation. Je l'ai mille fois constaté dans mes ateliers d'art-thérapie, en institution( EHPAD; Prisons, CHRS)

Pour mon cas personnel, puisque je te réponds alors que nous marchons ensemble, vers le même but, comprendre ce que nous sommes individuellement ou associés, , au moment de la création, qu'elle soit fugace ou qu'elle dure plus longtemps, une modification de conscience suffisamment puissante, me permet de voir en avant, d'être matière fusionnelle avec le paysage. La pensée de Carlos Castaneda ou de Mooji,continuent à m’éclairer.
Je sens physiquement, profondément cette aspiration dans le paysage, jusqu'à le devenir moi-même. L'amour de cet état là, crée le désir, engage l'action, alimente mon énergie essentielle. Je pense aussi avoir trouvé le même état d’esprit chez Peter Irnick, chaman Inuit, lors notre rencontre
en Normandie.

La méditation aide aussi à se rapprocher de cet état. Elle ne fait pas tout, car, si la pensée tourne en rond, s’arrête à elle-même, s'il n'y a pas objectivation de cette pensée, je passe à côté, perdant automatiquement le sens du sacré.. Trop répété, trop vécu, cet état est frustrant, et l’abstraction pressentie qui me porte, ne me suffit pas. Développer une bonne résistance à cette frustration, en parallèle à la volonté de continuer, est aussi un des moteurs de mon action de land artiste. Des ces voyages intérieurs et mystérieux dans l’inconscient, naît le désir.
Sans ce désir, la vie est bien fade.
Seule, l'incarnation de cette pensée, en œuvre land art me libère de cette tension. C’est aussi un chemin spirituel et de recherche constante.C'est un beau voyage, mille fois repris et difficile à partager.










Avant route chose, créateur de rêves, je revendique cette qualité là, je les vis. Je ne prétends appartenir à aucune élite artistique, ni faire de prosélytisme en cette matière, simplement à t’expliquer, mon amie, depuis quelques mois, ce que je vivais de fort, de puissant dans le land art et qui m’aide à avancer. Je ne pratique pas la dichotomie. Si je me comparais à un animal, je serais un cheval fougueux et sauvage allant vers la fin de sa vie. Ça te va ?



J'aime les plaines désertes autant que les torrents impétueux, le coquelicot autant que l'orchidée sauvage, la pluie de l’ île aux Moines comme celle de Cabo San Vincent, au Portugal. J’aime l'herbe de mon jardin, comme celle des pâturages dans les Alpes Mancelle J'aime méditer sur un rocher de Ty Bihan, face à l'océan, comme au pied de la Pyramide Keops. J’aime le chaouabti anonyme autant que celui du Père divin Hekarechou. J'aime la chaleur torride de Tafraout, dans le sud Marocain, les courses dans le désert de pierres, et la fraternité partagée avec mon guideJ’aime la grandeur du temple de Carnak, étouffante et été, et l’humilité du guide. J’aime leet le recueillement de nos âmes en vadrouille, devant les tombes de Caceres J’aime le yeux de ma femme, y lire son bonheur, lorsque nos naviguons sur le Nil, car ils deviennent le plus beau des paysages.
J'aime la fluidité du sable du désert de Douz, en Tunisie, sur les pas de Laurence d’Arabie et le grain de celui d'Etel, quand j'y trace une spirale éphémère. J’aime , la gelée blanche de Kerfontaine, les chemins creux de Kerplouz, les ruisseaux de Kergrist. J’aime les Monts d’Arrée  chant de pierres surgi des entrailles Celtes, surplombant le jade de la mer d’Iroise.
Avant toute chose, j’aime que le monde me surprenne pour m’apprendre encore à vivre .


l

Tu me demandes, amie, si le land art m'a modifié ?

Certainement et en profondeur, mais le travail n'est pas terminé. Beaucoup trop de défauts m'alourdissent encore, et le reste de ma vie, servira à préparer le grand passage que j’aimerai accomplir, léger et serein.
Traumatisé par cette opération de la colonne vertébrale réalisée le 29 septembre 2017, dont je souffre encore, handicapé dans ma vie, même si cela s'arrange, et ne se voit pas, j'ai mis ce très long temps consacré au soin, à la disposition d'une réflexion plus générale sur mon œuvre de land artiste.
Elle est belle mais ne représenterait pas grand chose, sans ce lien permanent à 'humain,qu'elle contient, sans mes combats, mes obsessions,mes engagements, mon amour de la vie.
C’est ce qui la porte, la rend humaine, accessible ou plus symbolique selon le degré de lecture. C’est ce qui doit être ma ligne de conduite. L'humain avant l’œuvre.
Plus porté à donner à celui qui a peu reçu de la vie, qu'à celui, qui comblé, se gave de bonnes choses et le revendique scandaleusement.
Mon land art porte ces valeurs.






Le monde courre à sa perte et je suis un de ces coureurs de fond, en qualité d'être vivant. Au moins aurais-je profité de ma lucidité pour ne pas être qu'un mouton suiveur, mais aussi, un passeur de mots, d'idées d'actes , dans ma vie d'homme. Si ce tumulte intérieur en a fait souffrir plus d'un, peut-être toi, mon amie, je le regrette, cela faisait partie du package, dès ma naissance et cela existe toujours aujourd’hui. .
Je continue ma route.
A partir du 20 Avril, elle sera maritime et sur les îles du Ponant, en France, là où les oiseaux de mer, volent à l'envers quand le vent le leur permet. Nous serons sept artistes dans cette association que j'ai imaginé et crée:

LES VOYAGEURS DU PONANT.
Sept artistes ,15 îles, près de 15000 îliens à rencontrer, sur une petite année, probablement mon dernier grand projet. ...Carpe diem
Roger Dautais

Notes de land art pour la Route 77
LE CHEMINDES GRANDS JARDINS
http://rogerdautais.blogspot.com/

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Landartiste, photographe, auteur de livres pour enfants, Roger Dautais est aussi un artiste atypique, sensible et attachant.Il a sû, dans la diversité de ses expressions, trouver une harmonie par la pratique quotidienne de cet art éphémère : le Land Art. Il dit "y puiser forces et ressources qui lui permettent, également, depuis de nombreuses années, d'intervenir auprès de personnes en grande difficulté ( Centre de détention pour longues peines et personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer) pour les aider par la médiation de l'art.