


à celle que j'aime...
Il s'appelait Ty Moon (petite lune) . Il était né dans une cave de HLM en banlieue. Ils l'avaient ramassé dans une boîte à chaussures, puis élevé chez eux avec les autres chats, une famille de siamois. Ty moon était magnifique, avec une robe noire et blanche. Il est parti très vite, d'une maladie incurable. Je lui ai élevé ce cairn entouré d'une fontaine dans une friche industrielle, pendant un de ces étés très chauds et orageux. J'ai toujours pensé qu'il fallait marquer ainsi son départ.
Yael arriva dans la famille et choisit le midi pour pousser son premier cri. Je suis monté vers une plage de la côte de Nacre et je lui ai élevé son cairn : Le cairn Yael. Un homme s'est approché de moi pendant la construction et m'a demandé l'objet de mon travail. Je lui ai expliqué la naissance d'un petit neveu. Touché par mon initiative, il a voulu absolument m'aider à la construction du cairn et comme il avait l'air d'y tenir tellement, j'ai accepté son aide. Je n'ai jamais revu cet homme. C'était la première fois qu'un inconnu se proposait de m'aider dans ce genre de travail.
L'été brûlant et inhabituel avait craquelé les mares des gabions, qui par ces petits coéfficient de marée, restaient à sec. Je me suis approché de cette touffe d'algue qui, malgré la sécheresse, résistait et s'accrochait dans les craquelures du sol vaseux. J'ai coupé quelques brins d'herbe à portée de main pour les disposer, tels les branches d'une bonne étoile, puis j'ai repris ma route dans les herbus, pour rejoindre la plage qui bordait l'estuaire du fleuve.
Passer de l'anodin à la construction de cairns imposants, avec le même plaisir. Oublier chaque jour ce que l'on sait, ce que l'on a fait, ce que l'on est pour redevenir le marcheur solitaire, en attente de l'émotion qui déclenchera l'acte de faire, sans calcul, sans autre soucis que de vivre une longue expérience de vie consacrée au land art, semble être ma motivation principale dans cette pratique.
Roger Dautais
Cœur durable
La préférence
ira aux mains
à l'abri nu
ainsi dit
l'obscure admirable
quand il faudra
entre les marées
occuper l'enveloppement
et le silence
le rendre rouge.
Mohammed Dib (Algérie)
" O Vive "