La vie, comme elle va

"S'il suffisait de lire comme dans une bulle de cristal, alors, ce serait, facile.Mais il faut vite déchanter, prendre la route, sac au dos et marcher, toujours marcher pour oublier ce que l'on a déjà fait, ce que l'on va faire. Il faut attendre que la nature nous prenne et nous ouvre sa voie. C'est une progression incessante, pour de si petites choses".
Roger Dautais . Septembre 2009

Un voyage étonnant au cœur du land Art

samedi 12 mars 2011
















Sur la plage
Je regarde en arrière
Pas la moindre trace de pas.

Hosai.




Japonais, Chinoises ou coréenne, les artistes avec lesquels j'ai eu l'honneur et le plaisir de travailler, durant ces dernières années dans des performances land art m'ont fait approcher l'âme des peuples orientaux et j'ai gardé cette emprunte dans mon cœur. Elle réapparait parfois dans mon travail.

Cette page fleurie leur est plus particulièrement dédiée, alors qu'ils sont frappés par un Tsunami meurtrier, au cœur de l'extrême -Orient, pays aimé, en hommage à toutes les victimes.

Roger Dautais








Je suis prisonnier de la ville et le paysage urbain n'est pas lieu de création pour moi. Tout est géométrique, cadré, codifié, même la mort. Une sorte de poésie imposée, imposante qui me déstructure l'esprit. Je cherche des chemins de traverse, des traces d'humanité. La pluie d'hiver me les apporte et je renverse la tête à l'envers pour me laver les yeux. Je serai dans tes bras bientôt, camarde. Regarde-moi dans les yeux si tu l'oses et mets toi- au piano comme le fit Pennehk, un jour d'orage sur les quai de Honfleur.
Tu peux me prendre, je suis déjà mort.
L'avenir est dans le voyage comme le disait si justement Maria-Cécilia. L'avenir, c'est le voyage, le mouvement de la vie, la légèreté et non dans l'histoire figée des murs emportés par le premier tsunami qui passe.
Emprisonnement stérile qui rassure à bon compte et dégueule des modes. Les gens s'ennuient et moi avec dans ce magma de conventions. Rassasiés, ils pleurent pour avoir plus, et encore et encore, mais le ventre éclate. La faim me réveille et garde me garde en vie.
Je marche.
A quoi bon dormir , c'est une petite mort, le sommeil, pas blanche, celle-ci, non, une perte séminale de l'esprit qui nous échappe qui se remet au piano et s'en va rejoindre les noyés de Takahama, les yeux dans la boue, la bouche comblée, la faim rassasiée. Une fois intégrés au chaos de larmes,de sang , digérés par la terre ils deviendront érable pourpre dans les jardins Japonais de Natori.
Je marche .
Une valse m'emporte et je la vois dans sa robe de mousseline sur les quais de Honfleur. Elle remonte la rue . Elle va rencontrer le Maitre. Il lui ouvre sa porte. A l'étage, un piano blanc. Elle s'assoie devant . Nous sommes assis sur un petit banc juste derrière elle. La lumière diffuse un air d'hiver. Elle joue "Je te veux"d'Erik Satie. Ses yeux sont en amande comme ceux de Lee. Mon cœur se déchire lorsque je te prends la main je n'aurai plus jamais le temps. de t'aimer,assez Je t'aime, mon amour et cela ne regarde personne si je me noie dans ton regard de mer. Emporte moi loin de ce chaos.
Feu vert. Feu rouge. Stop.Feu vert. Stop aussi, car,..embouteillages.
Le charme est rompu.
Une pure perte de temps organisée.
Il faut aller y se perdre. C'est la seule façon de comprendre le magma. Mourir est une sottise mais qui n'en fait pas de sottises?
Je suis petit, enfant des rues et devant moi, les grands de ce monde. A partir de quelle taille fait-on partie des grands de ce monde et ont-ils la sottise de mourir un jour . La mort est-elle un privilège? Faut-il abolir tous les privilèges et que fera-ton des enfants de privilégiés en cas de Tsunami ?
Je marche.
Rue Froide, elle y tient boutique.Son esprit est en Corée, son amour ici, ses enfants aussi. Elle me dit que la Rue Froide est le monde d'Amélie Poulain et prie avec moi pour les morts de Corée, sur la plage d'Omaha Beach. Elle porte des tuniques de soie. Coréennes Aujourd'hui ses yeux en amende, pleurent sur les pavés de la Rue Froide.
Nous avons un employé de maison, en papier recyclé, depuis très longtemps. Son petit nom est Filtre N°quatre. Avant, c'était un filtre en nylon, inusable. Il a fondu sur le gaz, car nous avons le gaz à l'étage. Mal posé, par moi, sur le gaz et par inadvertance. Mal disposé aussi à nous suivre, servile, dans notre vie de buveurs de café noir.
Un cerveau permet tout cela, tout ce que vous lisez, homme équilibrés et puissants. Vous voyez comme c'est simple de dériver, de laisser son imagination faire le ménage et de partir en voyage. Je me retrouve à Dakar, parmi les noirs et les blancs. Je rêve que je suis expulsé vers la France dans un charter de Toubabs.
Ici, rien n'est fait pour nous, les horsains, ni l'accueil, ni les gens qui font la gueule sur les trottoirs, dans les boulangeries, ni la tradition qui n'est pas la nôtre, ni les trains qui n'arrivent plus à l'heure.
Les morgues se remplissent d'angelots et de vieillards à la peau livide et fripée. Le thanatopracteurs sont convoqué, Fragonards de la dernière chance. Ils pompent, vident, remplissent, colorient, peignent, et s'en vont. Les familles pleurent. Les casseurs de voitures récoltent les Jaguars à siège en cuir blanc, maculés de sang, sur le bord es autoroutes Une voix féminine, suave et absente annonce la couleur du weekend à la radio .
C'est la grande mutation qui évite les ville, les vide et les remplis, come le thanatopracteur : Noir, Rouge,Orange...Jamais de weekend blanc, de fin de semaine arc-en-Ciel, comme à Omonville la Petite, chez le frère Jacques. Les nuits blanches sont pour moi et pour celle que j'aime. Des nuits où l'on rêve de ne plus descendre en enfer. Des nuits sans sirènes de flics, et autres transporteurs d'affreuses nouvelles.
Le paysage urbain est une illusion de puissance et de force qui se balaie d'un revers de la main quand la vie se révolte et emporte riches et pauvres dans un même tourbillon. Demain le sachant, nous serons aussi cons , aussi dociles, aussi moutons. Il faut bien réussir, quand même, pour faire plaisir aux grands hommes!
Le paysage urbain contraint chacun de nous à l'anamorphose des idées et des comportements. Hier, j'ai lu Andrée Chédit chez Guy Allix. Il la connaissait bien, ce cher Guy. Il m'en parlait. Entre poètes, c'est normal, même en ville même dans le chaos, devant un café noir sans filtre.Je ne sais plus rien d'elle, sinon qu'elle écrivait merveilleusement bien et qu'est décédée un six février 2011, précédent en cela, mon propre père, Lucien, de neuf jours. Ils étaient dans leur quatre vingt quatorzième année de vie.
Mais il n'y a aucun rapport, sauf, peut-être qu'ils s'en sont allés dans les Jardins d'Alöïs et que probablement, nous ne les reverrons plus.
Les jardins,d'ALoïs, ça ne vous dit rien? Non? On m'appelle le jardinier des fleurs fanées, et c'est là que je travaille.
Je ratisse les gravillons blancs du sol de l'orangerie. Il fait très chaud. Papa est assis sur un banc. Maman est à côté de lui et je suis son enfant. elle me caresse les cheveux. Il s'aiment encore. Par la fenêtre de la serre ouverte sur le parc, je vois les autres enfants-jardiniers. Si, si je suis petit et grand à la fois, dans ce rêve.
Je veux tout oublier.
Tout sauf ces instants de pur bonheur vécus avec toi mon amour dans cette maison d'Erik Satie, qui jouai seul et pour nous : Je te veux.
Le jour s'est enfin levé, le rêve peut continuer.
Il pleut sur les quais de Honfleur. Je marche à la rencontre de Pennehk dans sa robe de mousseline. Elle ne me regardera plus. Elle est ailleurs, dans cet ailleurs que je recherche continuellement, dans ce pays habité par mes fleurs fanées et qui m'importe d'aimer comme elles le méritent. Pussiez-vous comprendre un jour que mon étrangeté à vos yeux n'était que cela.


Roger Dautais
Sur les quais de ta mémoire amnésique.





Ainsi les eaux les plus rapides d'un torrent
se brisent aux rochers,
même séparés, nous nous retrouverons.

Japon XIème siècle
auteur anonyme.


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Landartiste, photographe, auteur de livres pour enfants, Roger Dautais est aussi un artiste atypique, sensible et attachant.Il a sû, dans la diversité de ses expressions, trouver une harmonie par la pratique quotidienne de cet art éphémère : le Land Art. Il dit "y puiser forces et ressources qui lui permettent, également, depuis de nombreuses années, d'intervenir auprès de personnes en grande difficulté ( Centre de détention pour longues peines et personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer) pour les aider par la médiation de l'art.