La vie, comme elle va

"S'il suffisait de lire comme dans une bulle de cristal, alors, ce serait, facile.Mais il faut vite déchanter, prendre la route, sac au dos et marcher, toujours marcher pour oublier ce que l'on a déjà fait, ce que l'on va faire. Il faut attendre que la nature nous prenne et nous ouvre sa voie. C'est une progression incessante, pour de si petites choses".
Roger Dautais . Septembre 2009

Un voyage étonnant au cœur du land Art

dimanche 5 juillet 2009


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J.D. - Combien de cairns aviez-vous construit pendant ces 3 semaines du printemps 2007 ?
R-D. - Sur la côte Normande, sept ou huit, je crois.
J.D.- à quel endroit ?
R.D- à 15 km au nord ouest de Caen, dans le Calvados.
J.D. - C'est un gros travail. Quelle dimension faisaient-t-ils ?
R.D. - Entre 2.20, pour le plus petit et 3.30 mètres, pour le plus haut, après il y a eu encore une série de plus petits, mais dans un autre lieu. Il faut compter 2,5 tonnes de pierres par mètre élevé, ce qui veut dire, pour le plus grand, 8 tonnes et demi de pierres charriées. Et, dans ce cas, je dois me servir d'une échelle pour bâtir au dessus de 1,70.
J.D - Ou avez vous trouvé toutes ces pierres ?
R.D. - Sur place, dans un rayon de 30 mètres. Cette année là, de grosses tempêtes avaient provoqué des éboulement de falaise. J'ai exploité ce phénomène naturel d'érosion.
J.D. - Que voulait signifier cet énorme travail ?
R.D. - Il me servait à marquer le souvenir de Morgane, ma petite chienne, noire et feu. Je venais de la perdre. Elle me suivait partout dans ma pratique du land art. Après sa disparition, je n'ai plus travaillé de la même façon. Tous ces cairns ont porté son nom.
J.D. - Que sont devenus tous ces cairns ?
R.D. - Les fortes marées et le mauvais temps ont fait que la mer les a tous abattus, un par un.
J.D. - Vous le regrettez ?
R.D. - Non, pas du tout. Le land art est un art éphémère. Il est normal d'accepter la loi de l'entropie naturelle. J'ai tellement fait de choses depuis trois ans. Et puis, je ne sais plus si, physiquement, j'en aurait encore la force, aujourd'hui. C'était une chose à faire, au moment de sa disparition, je l'ai faite.
J.D. - Avez-vous vu beaucoup de monde pendant que vous construisiez cette série ?
R.D - Pas tellement de monde...Des marcheurs. Ils s'arrêtaient pour me demander des explications. Ils voulaient savoir si cela était solide, quelle hauteur cela faisait, terminé et les prendre en photo. Cela se passait très simplement, vous savez, ce n'est pas un numéro de cirque.
J.D. - Après cette série "côtière et maritime" avez-vous continué, ailleurs.
R.D. - Oui, j'ai continué, différemment, en France mais aussi en Afrique du Nord, dans le Sud du Maroc, le Sud et le Nord de la Tunisie.
J.D. - Avez-vous des préférences entre ces pays.
R.D. - Non, je n'ai pas de préférences, chaque création, chaque rencontre avec les berbères, par exemple, m'ont marquées et ont fait évoluer ma façon de voir le monde de façon, plus fraternelle, encore.
J.D. - Voulez-vous ajouter quelque chose ?
R.D. - Pour ceux qui lirons votre interwiew, je leur dirai d'essayer de pratiquer le land art, là où ils sont, en comprenant bien ce qu'ils font, en respectant la nature. C'est un art universel, un moyen de communication extraordinaire, une façon de s'exprimer, spontanément, qu'il faut expérimenter. C'est une recherche d'équilibre qui, dans notre monde survolté et pressé, apporte calme et sérénité. Enfin, pour moi, voilà plus de 10 ans que celà dure, alors pourquoi ne pas essayer.
J.D. Merci à vous, Roger Dautais, et bonne route;
R.D. Merci. Kenavo !

J.Dubois
" Interview de Roger Dautais sur sa série
des MORGAN'S CAIRN réalisée au printemps 2007 "

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Landartiste, photographe, auteur de livres pour enfants, Roger Dautais est aussi un artiste atypique, sensible et attachant.Il a sû, dans la diversité de ses expressions, trouver une harmonie par la pratique quotidienne de cet art éphémère : le Land Art. Il dit "y puiser forces et ressources qui lui permettent, également, depuis de nombreuses années, d'intervenir auprès de personnes en grande difficulté ( Centre de détention pour longues peines et personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer) pour les aider par la médiation de l'art.