

État de poésie :toutes choses alentour, en suspens, vibrantes, comme prêtes à parler. Mais nous n'entendons pas la langue. Il n'y a poésie que tant que nous ne l'entendons pas
Roger Munier
Contre-jour
Je n'ai plus de mots, la mariée de Camaret sort de l'église sous une pluie de riz. La fatigue du voyage rend les pierres plus lourdes. Je dois aller chercher les plus grosses au bas de la plage et les remonter, une à une, collées sur mon ventre. Cela amuse les rares touristes présents. Je monte deux cairns pour marquer mon passage. Une année, j'avais élevé trois cairns dans une friche industrielle de la banlieue de Caen, des mastodontes de plusieurs tonnes, et trois mètres de haut. Rien à voir avec ceux-ci, ni avec ceux de Gréoux les Bains, ni ceux de Matmata, et Tunisie, ni ceux de ... C'est toujours pareil, remuer c'est remuer tous ces souvenirs. J'ai l'impression d'avoir commencé une grande série, il y a onze années et que je ne peux achever. Celui dYvonne était le plus beau de mes cairns à feu, mais au fond d'une carrière désaffectée,
il n'avait pas l'élégance des cairns marins.
J'ai toujours en projet la série de cairns à la Pointe du Hoc, en Normandie sur le site des plages du débarquement et ceux de la série des neuf vies d'Aminata, femme touareg, pour le nez de Jobourg. Ces travaux m'attendent, peut-être pour cet hiver. Il y a,aussi l'ïle d'Aix, en Atlantique, probablement, pour le mois d'octobre.
Lorsque nous reprenons la route pour retrouver notre gîte de Locronan, la mariée s'est envolée, pas le riz.
Roger Dautais
D'autres pierres pour demain
LE CHEMIN DES GRANDS JARDINS