La vie, comme elle va

"S'il suffisait de lire comme dans une bulle de cristal, alors, ce serait, facile.Mais il faut vite déchanter, prendre la route, sac au dos et marcher, toujours marcher pour oublier ce que l'on a déjà fait, ce que l'on va faire. Il faut attendre que la nature nous prenne et nous ouvre sa voie. C'est une progression incessante, pour de si petites choses".
Roger Dautais . Septembre 2009

Un voyage étonnant au cœur du land Art

jeudi 19 décembre 2019

Le rêve est un rébus
Jacques Lacan.
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à Marie-Claude, femme aimée.
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La part des Anges
L’été offre sa déchirure à ma pensée, errant dans un monde d’indifférence. Se lancer dans le tracer d’une nouvelle spirale, reste, après de nombreuses années de pratique land art, un exercice surprenant et assez rare, pour le considérer comme une exploration des possibles.
. Le voyage dure entre une heure et quart et une heure trente, suivant la qualité du sable. La mécanique du corps doit marcher parfaitement, se coordonner avec la respiration qui donnera le tempo de l’avancée. Il n’y a pas tellement de place au rêve, car le tracer se fait au pied et sans repères autres que ceux gravés dans mon cœur. Il m’est arrivé de travailler pour des télévisions, avec un cadreur, un preneur de son, parfois beaucoup plus de monde dans l’équipe technique.. Il faut s’extraire très vite de cet environnement qui devient gênant si on le considère comme l’élément majeur de la création.
Il s’agit bien d’un voyage intérieur, qui part du cœur, chauffe le sang à blanc, harcèle les tendons, brise le dos et les muscles. La seule contrainte acceptée, est, que la spirale doit faire 24 tours autour du centre. Cela représente les 24 heures d’un jour.
Qu’elle soit fait, à l’étranger, comme en Égypte, au Maroc ou en Tunisie, puisque j’ai pratiqué le land art à l’étranger, ne change pas la règle . Je peux ajouter que dans ces pays, une telle création en public amène beaucoup de monde rapidement sur la plage et suscite grand nombre de questions. En France, c’est plus modéré. Ne choisissant pas l’emplacement de la spirale, plutôt guidé par l’émotion ressentie dans le paysage, elle peut n’être vue que de moi-même et engloutie, quelques minutes après son achèvement, à marée montante. C’est spectacle bouleversant.
Pour des raisons de force physique , le dos doit être légèrement voûte, la tête orientée vers le sable, le regard fixé sur le pied gauche qui fait office de soc,pendant que le pied droit fait office de moteur dans le déplacement du corps qui recule et tourne et fouille le sable, à la fois. C’est l’œil qui estime le travail de tracer.
Le sillon est-il bien parallèle au tour précédent, sa crête, régulière, sa profondeur maîtrisée. C’est en bonne entente avec moi-même que je déroule ce fil imaginaire, simplement conscient qu’il naît par le mouvement régulier de mon corps et peut m’échapper à tout instant.
Je ne sais dire, pendant ce voyage, où se trouvent les points cardinaux, la terre, la mer. C’est une abstraction totale du lieu géographique, de l’heure, et donc du temps consacré, devenu sacré par le travail qui épouse le paysage marin.
Le corps et l’esprit s’approchent de la transe, nourrie par mon propre inconscient, à l’œuvre. Le crissement du sable devient l’incarnation de ma petite musique intérieure, et le souffle, la perception d’une âme dont je ne saurais dire à qui elle appartient.
Serait-ce la part des anges ?
Sil reste une notion perceptible de grandeur géographique, dans ces spirales éphémères ce qui m’échappe dans cette aventure, est probablement le plus grand .
Il faut accepter, d’être habité, éclairé de l’intérieur, relié à l’univers et vivre cette profonde transformation du palpable, du ressenti, amenant à vivre un état second, générant son propre langage. De spirale en spirale, le chemin initiatique est le même , parcouru, m’élevant dans la connaissance, niveau par niveau.
J’ai, dans ma vie de land artiste, créé plus de mille spirales et dépassé ce chiffre,depuis longtemps.
Seul, mon état de santé cardiaque, et l’opération à cœur ouvert, faite dans l’urgence, a mis fin, depuis 9 mois, à cette très longue et belle série. Je garde espoir d’un refaire au moins une, un jour, en Bretagne, ou je vis maintenant , avec ma femme..
Roger Dautais
Dernières notes prises sur La Route 77 *
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" Spirale éphémère " ( périmètre 45 mètres )
pour Raymond Anisten, mon ami, mon frère.
Normandie - Cote de Nacre.

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Ainsi se termine la Route 77. Demain,  à midi,  je ferai  un premier  pas dans cette nouvelle année. Mais avant tout, laissez moi vous remercier chaleureusement  pour le soutien et l'amitié dont vous avez fait  preuve  à mon égard durant cette longue  pose.
 Grâce  à vous , LE CHEMIN DES  GRANDS JARDINS  à continué de fonctionner seul. Il a atteint et dépassé les 500000, visites,  puisqu' aujourd'hui,  il a atteint 520365 visites en dix ans et quelques  mois. Un beau succès d'estime,  à qui  on ne donnait pas six  mois d'existence à sa création !
Si je  m'écoutais, je fermerai définitivement ce blog, ce soir, parce que  je suis épuisé. Mais je garde encore  l'espoir de retrouver un peu de  forces  pour pratiquer le  land art  à nouveau.
En 7 ans, nous avons vécu, Marie-Claude et moi, un grave accident de la route en Angleterre, avec un rapatriement sanitaire en avion suivi de  longs soins en France.
. L'année suivante, j'ai fait  mon premier  infarctus. Deux ans après, j'ai fait  une paralysie, suivie d'une grosse  opération de la colonne vertébrale, dont je ne suis pas encore remis, heureux  malgré tout d'avoir  pu quitter mon fauteuil roulant.
 Il  y a 9 mois, j'ai fait deux crises cardiaques en 24  heures, été évacué par le SAMU vers  un  premier hôpital puis  subit  une  importante  opération à cœur  ouvert,dans  un second hôpital. J'ai beaucoup mal à m'en remettre. Durant cette période de sept ans,  j'ai été  hospitalisé 8 fois et le nombre de  mois d'hospitalisation et de rééducation, et de convalescence, se  comptent en années.Certes,  j'ai brûlé ma vie  dans le  land art et  je le paye  probablement un peu, en fin de  parcours, mais je ne le regrette pas.
 Je consacre une très grande  partie de  mon énergie  à me remettre debout  pour vivre encore quelques années et retrouver ma passion.. C'est pourquoi, je serai moins  présent,ici.
 Je garde tous vos commentaires, comme  un trésor d'amitié, d'échanges et d'humainité qui se sont accumulé tout  au long des ces années, et nous  lie fortement et contine  à  m'aider, aussi. Ma  propre  histoire aurait  pu se terminer, au  printemps dernier. Je dois ma vie  à une équipe de chirurgiens experts, entourés de  leur équipe du bloc Imaginez ce que je leur doit comme reconnaissance !
Il me reste  à vivre,jusqu'au bout,passionnément et  à partager cette passion  un jour, si  possible
 Je vous souhaite de  passer de très belles fêtes de fin d'année. Je vous embrasse tous, fraternellement.
Roger Dautais

*Publié sur ma  page  FACEBOOK-ROGER  DAUTAIS

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Landartiste, photographe, auteur de livres pour enfants, Roger Dautais est aussi un artiste atypique, sensible et attachant.Il a sû, dans la diversité de ses expressions, trouver une harmonie par la pratique quotidienne de cet art éphémère : le Land Art. Il dit "y puiser forces et ressources qui lui permettent, également, depuis de nombreuses années, d'intervenir auprès de personnes en grande difficulté ( Centre de détention pour longues peines et personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer) pour les aider par la médiation de l'art.