


Les règles du grand Jeu...
Tu as l'impression que ta vie peut s'écrire sans effort, que de respirer, se nourrir, se déplacer suffirait pour exister, et voila qu'une envie de s'inscrire dans l'éphémère te prend. Alors, rien ne compte plus que d'exécuter cette dictée intérieure. Et rêveur impénitent, je n'échappe pas à la loi du genre, rien ne compte plus pour moi. Rien, sauf la mer, le bruit des vagues, la plainte lente et criarde d'une mouette agacée par ma présence, la course avec le soleil couchant qui mange ma spirale, l'inquiétude d'être dans le vrai officiel, l'orage qui menace et ce bout de ficelle dans le fond de la poche, dont il faut, obligatoirement faire quelque chose pour exister, là, dans la solitude du lieu. Inimaginable ce chantier à ciel ouvert, sans murs, sans frontières, sans but précis, inimaginable de mener cette vie improbable, et pour combien de temps. C'est toujours le mouvement perpétuel de la vie avec ses imprévus qui l'emporte et me laisse là,devant mes questions. Il faut si peu de choses pour que demain n'existe pas et si peu de choses, aussi pour rêver le monde autrement.
Demain, si je peux, je prendrai la route pour voir où elle me mènera, demain, je trouverai bien quelques pierres à monter en équilibre.Demain, je trouverai d'autres sables désertés par la mer, pour y tracer une autre spirale. Demain, mon bout de ficelle me rappellera l'enfance fugueuse et les caches de la vieille rivière, là où nous devenions indiens entre deux feux de solitude. Demain, j'inventerai pour toi, des rêves de quatre sous et demanderai à la terre d'arrêter de trembler pour que les enfants du monde puissent toujours y tracer des marelles. Demain, s'il y a demain, je continuerai le land art, pour exister à ma façon.
Roger Dautais
" Bout de ficelle "
LE CHEMIN DES GRANDS JARDINS