





To the sea
Le soleil va se lever. Ils l'ont dit. "Ils" , se sont les bulletins météo écoutés depuis la veille et qui se trompent une fois sur deux. L'important, c'est de sortir, quitter le confort de la maison pour aller se confronter aux diverses vérités du temps sur une grande journée. Je n'ai pas d'idée particulière autre en roulant, que de contempler une fois de plus cette plaine. Je connais bien et pourtant elle m'en apprendre sur elle à chaque minute. Le paysage défile devant moi, et j'ai l'impression d'être le seul dehors dans la région. A peine ou deux voitures croisées sur le chemin d'aller et me voici arrivé sur la côte. Je me change comme à chaque sortie et je me dirige vers la mer. Elle est a demi couverte par une brume grise qui commence à deux cent mètres de la plage. Ce temps frais et humide accompagne souvent un silence presque parfait, si ce n'est le chuintement des vagues. Il faut que je marche. Peu importe que ce soit vers le nord ouest où dans le sens inverse. Sans marche, sans déplacement, il ne se passera rien. Il faut un certain temps pour que l'esprit se libère des contingences et laisse venir à lui, l'idée. Car c'est le mouvement qui crée l'idée, d'après moi. Dans les instants qui suivent, on dirait que le vécu land art remplace l'inquiétude du départ. Je choisis la première pierre et je commence la construction du cairn. Tout va se jouer comme dans une danse presque statique, avec d'infimes déplacements, qui va remplacer la quête du départ. Il y a bien une fascination du lieu, il y a aussi une attirance des pierres qui remonte à l'enfance, et un peu le savoir faire. Comment comparer ce travail, cette création si personnelle à une pâle copie, réalisée en deux minutes sans trop réfléchir: Hop et hop, deux pierres, hop, une photo. D'un côté, il s'agit de ma vie, de l'autre une pitrerie de week-end pour amuser les amis.
Chaque trace laissée dans le sable comme ces deux étoiles de David qui me relient à Raymond, ou les anneaux de Borromée à un voyage sur le Lac Majeur où je découvrais ce symbole en compagnie de Marie-Claude, que ce soient ces milliers de cairns, semés en France, en Europe, en Afrique, ces spirales interminables sur lesquelles on m'interroge, ou ces compositions géométriques, mandala et autres, ne sont qu'une manière de vivre ma vie, de m'inscrire dans le monde, de lui parler de l'honorer et parfois de communiquer avec les humains.
J'ai eu froid, ce jour là, mais lorsque la brume s'est levée, tard dans l'après-midi et que le soleil à balayé la plage, j'ai oublié mon mal de dos, j'ai terminé mon travail puis je me suis assis non loin des cairns. Je les ai regardés longuement comme on regarde un parterre de fleurs . Je les reconnaissais comme nés de mes mains et je savais que leur disparition n'était qu'une question d'heures. Je savais que la mer sifflerait la fin de la partie, de leur vie dans quelques heures. Je n'éprouvais aucune fierté, non, plutôt un bonheur de les côtoyer, sans avoir à leur parler, sans explication à donner, juste à attendre la mer qui viendrait couronner mon travail et me donner l'autorisation de recommencer une prochaine fois.
Roger Dautais
Ce matin au bureau, j 'écris
Nos livres des riens sinon quelques fleurs
A peine
Qu'éparses dans les siècle
Nos venteuses paroles
Qu'est que je fais à écrouer ma jeunesse ?
Or
La fenêtre à soudaine ardeur
Met un fil rouge
Une baie sur la page
Une lune écarlate puis cela batifole cela ramifie cela braise faut-il
Continuer l'escarbille l'histoire de l'escarbille est-ce
Un début de sens ?
Est-ce que je n'attendrai plus
en vain ?
Isabelle Pouchain
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