

Plaines à blé
débordant
d'espoir vides
de tout sens
aux yeux des affamés.
La faim,
quand tu nous montres
ton ventre
replet
s'empare du monde.
Abolir
les courbettes
et résoudre
la quadrature du cercle...
retenir la vie
qui s'en va.
Hier
tu me demandais
de courber l'échine,
perché sur tes millions,
aujourd'hui, tu es l'objet des vers
et l'oubli te ronge
les os
dans ton linceul,
sous la Terre Mère,
triomphante.
Autrement...
je t'aurais dit
mon mépris
des puissants,
mais il fallait
le taire...
autrement...
Le Grand Duc
a cassé sa pipe.
Les enfants
se partagent
les plumes
et s'en parent...
L'enterrement
commence.
Roger Dautais
écrit sur les peintures de Jean Duquoc 28 juin 2006
"Il est faux de dire que je recherche l'esthétique lors que je pratique le land art. Si, dans un premier temps, je suis sensible à la beauté de la nature, d'un site, d'un paysage, j'abandonne très vite cet état d'admiration pour me consacrer à mon travail. Le lien entre la nature et moi est purement physique, mais l'échange est réel. Ce que je fais peut être beau mais pas que cela. L'histoire que je vis et raconte depuis 11 années, avant d'être écrite et dite à l'autre, emprunte d'autres routes d'autres chemins de communication. Les mots sont , de pierre, de sable, de terre, d'eau. Les instants sont éphémères, comme les rencontres autour de ces installations. Hier, encore, je rencontrais une inconnue sur la plage. Elle habitait Bilbao. Elle revendiquait son identité basque, je parlais d'une spirale dont le dessin dans le sable devenait , mon identité du jour. Il y avait eu beaucoup d'attente, de silence, d'observation. Nous avions parlé autour d'un évênement, pour elle, nouveau, pour moi, presque quotidien. Jamais elle n'a prononcé le mot, beau, par contre elle a évoqué l'exil en France de son mari et d'elle , ensuite, pour fuir le Franquisme. C'est plus intéressant à entendre que des banalités.
Avant hier, dans l'immense site de la Pointe du Hoc, à l'extrémité ouest d'Omaha Beach, et dont je reparlerai plus tard, j'ai vécu des émotions fortes en levant des pierres. Elles étaient "habitées". On aurait dit qu'elle parlaient. J'ai imaginé en rentrant que l'une d'elles disait un texte, comme celui qu'il y a sur cette page. J'étais seul et personne ne m'a rien dit de mes installations semées depuis l'anse de Cricqueville, en marchant vers cette Pointe du Hoc.
J'ai vécu des silences qu'il me faudra retrouver là-bas puisque mon histoire dans ces lieux ne fait que commencer.
Roger Dautais