La vie, comme elle va

"S'il suffisait de lire comme dans une bulle de cristal, alors, ce serait, facile.Mais il faut vite déchanter, prendre la route, sac au dos et marcher, toujours marcher pour oublier ce que l'on a déjà fait, ce que l'on va faire. Il faut attendre que la nature nous prenne et nous ouvre sa voie. C'est une progression incessante, pour de si petites choses".
Roger Dautais . Septembre 2009

Un voyage étonnant au cœur du land Art

mardi 14 juillet 2015

Solitude en côte sauvage :   pour Anne Le Maître
Passion d'estran   :   à Marie-Claude
Scarface II   :   pour Danièle Duteil
Mortelle vision  :  pour Elena Nuez
Lampedusa,  le rappel  :   pour Sasa Saastamoinen
Géométrie d'un espace offert  :   à Paul Quéré
Le nid  :  pour  Thérèse
Ainsi voyagent mes rêves :     pour Erin
Les raisons cardinales    :  pour Isabella Kramer
Carré Turc :pour Synnöve Schneider
D'est en Ouest  : pour Marie-Josée Christien
Le chant du Loc'h :   pour Christian Cottard
Salutation au soleil  :  pour Tilia
Les mémoires d'Izmir  : pour Alil, Adil et les autres.
Dernière vision  :  pour Charb, Cabu, Tignous et Wolinski  et leurs amis.



 Dès  lors que  l'on renonce  à tout comprendre, tout s'éclaire.*
Marie-Josée Christien



 Côte sauvage.

L'ai-je assez dit ? Je suis connecté à ce   monde trop oublié,  à celui que vous ignorez trop souvent et qui  nous sert de  lieu de vie : la terre. Je  l'observe, la contemple, me disant que cette perception n'est peut-être pas la réalité, pourtant, elle me sert à nourrir  mon  imaginaire.
Il me reste trop peu de temps devant  moi  pour devenir docile.Je fréquente les chemins de traverse, saluant, dolmens et menhirs. L'arpente les landes, cours les  pinèdes, admire les champs de  fougères, rejoins les rivières si la  lumière  m'y  invite et continue mon  œuvre en toute solitude.
Mon empathie avec le  monde naturel est née de l'avoir fréquenté assidument depuis ma petite enfance. Le contraire était inimaginable
Je quitte le bourg de Saint-Pierre-Quiberon et  je me dirige vers la côte Ouest de la presqu'île.
La météo prévoyait grand beau mais le ciel décide ce matin de couvrir la côte sauvage d'un voile gris perle. Sans-doute porte-t-telle le deuil des trois derniers noyés disparus il  y a quelques jours, victimes de leur imprudence. Perdre la vie dans  un aussi beau paysage et dans ces conditions dramatiques, reste malgré tout, quitter notre  monde définitivement.
Je marche sur la ligne de crête, face  à l'océan. Un fort vent d'ouest me fouette le visage. J'emprunte un passage assez pentu pour des cendre sur la petite  plage enserrée entre de gros rochers. Aucun arbre ne se risquerait  à prendre racine ici. C'est la côte sauvage. Vents et tempêtes  ont tout arasé. 
Une rumeur de danger permanent se fait mémoire,  puis,  oubli. Bien que la mer soit  lion, je conserve  l'image de ces trois noyés pendant tout  mon travail. Cette tragédie en fait partie. Je les  imagine partis comme des bois flottés puis drossés sur les rochers. Peut-être trouverai-je dans les sables,  un de  leurs mots perdus, un cri,  un appel au secours que la mer aura rejetés sur cette plage  à souvenirs noirs.
Un grand nombre de  pierres  libres me facilite la tâche du choix, mais je dois faire très attention  au moment des transports jusqu'au lieu des cairns. Le terrain est accidenté et glissant. Les cairns  montent les  uns après les autres. Le fort vent d'Ouest les abattra tous sauf  deux, élevés  à l'abri des falaises. 
Je termine  l'exercice des cairns, en sueur. La fatigue  m'éreinte. Je marque  un temps d'arrêt et récupère assez vite  pour pouvoir profiter de l'exceptionnelle  beauté des  lieux. Pourquoi faut-il qu'elle soit entachée de  morts ? L'effort fait partie de ma vie, comme d'autres le fuient. Il  me semble  même  indispensable pour atteindre la créativité dans l'exercice des cairns.
Plus paisibles étaient,  il y a quelques  jours, les  installations au Lac Saint Jean, dans les grandes fougères. Ces grandes fougères qui se referment la nuit sans bruit, sans explication. Probablement pour protester conte le soleil  qui  à son coucher, leur vole le jour. Doit-on tout expliquer  pour être heureux? Il  y a aussi l'état des choses contre lequel on ne peut rien. Ceci  nous  invite  à voyager leger vers la sortie.

Roger Dautais





Jachère



Il faut qu’un jour les mots que tu voulais

Mais qui n’étaient pas ce souffle

Qui voulait à la fois jaillir et fouiller en toi



Il faut qu’un jour les mots tus fassent bouillie

Se mêlent enfin au sang devenu noir

Et tracent eux-mêmes comme une ombre lucide

Sur la page

Guy Allix*

Le sang, le soir
Editions Le Nouvel Athanor  2015 

  Retrouvez  *Guy Allix
 https://plus.google.com/101564392025895497486/posts/6zu8EUnEdc3
et
*Marie-Josée Christien 
 http://mariejoseechristien.monsite-orange.fr/
citation  in  " Petites notes d'amertume" M.J. Christien Editions Sauvages 2014

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Landartiste, photographe, auteur de livres pour enfants, Roger Dautais est aussi un artiste atypique, sensible et attachant.Il a sû, dans la diversité de ses expressions, trouver une harmonie par la pratique quotidienne de cet art éphémère : le Land Art. Il dit "y puiser forces et ressources qui lui permettent, également, depuis de nombreuses années, d'intervenir auprès de personnes en grande difficulté ( Centre de détention pour longues peines et personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer) pour les aider par la médiation de l'art.