


à Manue, Sylvie et lilia dans sa nuit Mauritanienne
pour Aminata,Touareg Malienne mère courage de 7 enfants
à Karim G. son fils, mon ami
à Katia B.à son enfance égyptienne et heureuse.
à Daniel J. docker, génial peintre, aussi
à François, mon frère croyant... à sa vie congolaise, à notre vraie fraternité.
àMichelle, si proche de nous, si loin de l'Amérique
à Peter Irnick, chaman Inuit, à notre rencontre
à Jean Pierre et Jacques, mes frères
pour tout ce qu'ils m'ont donné, un jour afin que je vive un jour de plus,
à eux ce poème de nuit.
Que le jour se lève
emporte
mes nuits
scories d'Arménie
papiers-charbon
train d'enfer.
Mes wagons
plombés, d'amis
mes boggies
nos terres spoliées
les moulins de Bilet
nos chantiers-béton
et les pleurs des chatons...
Ouvrez
grand les fenêtres
et vos yeux.
Il va sauter...
Il a sauté.
Il est rouge , le sang de la honte.
Suicidés...
Circulez, ambulances
emplissez-vous, morgues blanches.
Nos yeux sont aveugles.
Le Roi passe.
Que jour efface
Mais
il n'efface rien
Que Dieu fasse
mais , il n'est plus.
Au temps des cendres
Il demandait prosternation
et nous, moutons
étions son rêve.
Alors
le soleil s'est levé à l'Orient.
Un sable chaud
une dune
un grain de riz sur l'épaule,
la famine,
l'enfant osseux,
tête grosse,
mères aux mamelles pendantes,
abandonnées des hommes en fuite,
la conquête.
Nous avons mis les voiles vers Orion,
encore une fois,
abandonnés
le sac de riz au dos du faux docteur
miracle,
le jour se lève
Maman
tu tournes dans ta tombe!
Flambez, flambeurs,
nous mourrons de faim
sans votre aide.
Nos mains grifferont le ciel,
et nos visages de veuves
comme autrefois,
comme demain
dans des wagons plombés,
dans des avions affrétés
et vous paraderez.
"Est-ce ainsi que les hommes vivent",
chantait Léo...
Si grande est la faille
entre nous
humains,
trop pour l'un
et l'autre,
rien
Que le jour se lève
emporte mes nuits,
scories d'Arménie,
papiers charbon
train d'ennui,
parce que la nuit
tu veilles,
sœur
d'insomnie.
Moïse Clément