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Hommage à l'Île de Méaban : pour Mémoire de silence |
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La dernière chance de Lampedusa : pour Guy Allix |
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Écrits dans l'eau : pour Claire Fourrier |
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Passe Ouest pour : Alain Jégou |
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Les demoiselles de Locmariaquer, le retour : pour Jesus Alvarez |
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Les rescapé de Mare Nostrum : Pour Jean-Pierre Audren |
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Le passage : Pour Sole |
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Greffe rouge : pour Sasa Saastamoinen |
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La longue route :pour Tilia |
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Bird falls : pour Ana Minguez Corella |
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Le solitaire du Bono : pour Remei Navaro Le dernier cercle des cupules : pour Joelma |
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L'ouverture : pour Tilia |
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Juste équilibre : pour Estourelle |
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Le sage et la foule : pour Erin |
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L'estompe : pour Christian Cottard |
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Cairns du long silence: Pour Luce Lapin et ses amis |
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L'instant fragile : pour Marie-Josée Christien |
Je n'ai plus rien à prouver, si ce n'est qu'à moi-même que je suis en vie, provisoirement
Roger Dautais
à Marie-Claude
Route 73
Les tempêtes se succèdent, marquant la nature, les grands arbres abattus en forêt, la côte grignotée et le moral, parfois gris comme le ciel. Mais il faut sortir car pour moi, ma vie s'épanouit au dehors , au contact des éléments. Je me souviens ainsi d'une marche dans les dunes d'Etel, par un vent d'Ouest soufflant à plus de 100 kms heure, le visage brûlé par une tempête de sable, puis rincé sous un grain marin orageux, avant de retrouver l'Océan, complètement dégagé sous un ciel bleu. Alors, oui, ce petit temps passé dans la tourmente, que l'on dépasse, bien qu' éprouvant pour mon corps, vaut toutes les siestes du monde.. Les plus stoïques dans tout ça, restent bien les menhirs des alignements de Carnac que rien ne dérange. Je les côtoie assez souvent pour en témoigner.
Les tempêtes se succèdent, marquant la nature, les grands arbres abattus en forêt, la côte grignotée et le moral, parfois gris comme le ciel. Mais il faut sortir car pour moi, ma vie s'épanouit au dehors , au contact des éléments. Je me souviens ainsi d'une marche dans les dunes d'Etel, par un vent d'Ouest soufflant à plus de 100 kms heure, le visage brûlé par une tempête de sable, puis rincé sous un grain marin orageux, avant de retrouver l'Océan, complètement dégagé sous un ciel bleu. Alors, oui, ce petit temps passé dans la tourmente, que l'on dépasse, bien qu' éprouvant pour mon corps, vaut toutes les siestes du monde.. Les plus stoïques dans tout ça, restent bien les menhirs des alignements de Carnac que rien ne dérange. Je les côtoie assez souvent pour en témoigner.
Il y a un peu plus de deux ans, après une de ces terribles tempêtes d'hiver, je découvre, lors d'un marche à Locmariaquer, des tonnes de pierres, arrachées à la plage et projetées sur les prairies qui la bordent. Mon idée est aussitôt celle d'élever un cairn monumental avec toute cette réserve de pierres libres. D'autant plus que dans le pays, les land artistes sont assez mal accueillis dans la pratique de leur art. Pour une fois, ces grincheux ne me reprocheront pas de bouger leurs pierres. Le cairn fait plus de 3 mètres de circonférence à la base et atteint dans les 2.m de haut. Dans les deux années qui suivent,ce cairn, va être dégradé, diminué, reconstitué, mais l'emplacement de base ne bouge pas. J'aime assez cet esprit de résistance à l'air du temps qui interdit tout, sanctionne sans comprendre, s'approprie chaque m2 de terrain, chaque pierre.
La semaine dernière, passant par là, je trouve les vestiges de mon cairn, écroulé. Je ne me suis pas encore arrêté en deux ans pour participer à sa renaissance , mais, cette fois, plus inspiré que d'autres, je monte un cairn sur le tas de pierres et je trouve qu'il a fière allure. Même s'il est voué aux destructeurs de passage, en attendant, il honorera de sa présence, l'Île de Méaban à laquelle il fait face.
La semaine dernière, passant par là, je trouve les vestiges de mon cairn, écroulé. Je ne me suis pas encore arrêté en deux ans pour participer à sa renaissance , mais, cette fois, plus inspiré que d'autres, je monte un cairn sur le tas de pierres et je trouve qu'il a fière allure. Même s'il est voué aux destructeurs de passage, en attendant, il honorera de sa présence, l'Île de Méaban à laquelle il fait face.
Équilibres...
Je parcours de long en large la côte sur une vingtaine de kilomètres. Le point plus à l'Est se situe sur une plage de Locmariaquer. J'y débarque avec cinq de mes bambous pour donner naissance à cinq Demoiselles de Locmariaquer puisque je les ai appelées ainsi. La mer est basse et je travaille sur la partie haute de la plage, près d'une réserve de cailloux. Je plante mes bambous dans le sable puis me mets à la recherche de pierres plates qui me servent à élever ces cairns perchés. C'est un exercice de patience. Je dois m'y prendre à plusieurs fois, car le moindre équilibre les précipite au sol. Cette installation me vaut la visite de quelques personnes voulant les photographier, ou tout simplement parler, échanger sur le land art , chose que je fais avec plaisir.
Je parcours de long en large la côte sur une vingtaine de kilomètres. Le point plus à l'Est se situe sur une plage de Locmariaquer. J'y débarque avec cinq de mes bambous pour donner naissance à cinq Demoiselles de Locmariaquer puisque je les ai appelées ainsi. La mer est basse et je travaille sur la partie haute de la plage, près d'une réserve de cailloux. Je plante mes bambous dans le sable puis me mets à la recherche de pierres plates qui me servent à élever ces cairns perchés. C'est un exercice de patience. Je dois m'y prendre à plusieurs fois, car le moindre équilibre les précipite au sol. Cette installation me vaut la visite de quelques personnes voulant les photographier, ou tout simplement parler, échanger sur le land art , chose que je fais avec plaisir.
Les rescapés de Mare Nostrum
Un navire de Médecins du Monde, l'Aquarius, appareille en Méditerranée. Il part en maraude dans le but de repérer des bateaux de migrants à la dérive. En pleine mer, une vigie donne l'alerte. A quelques miles, droit devant, une embarcation. Elle est vite approchée. C'est une sorte de gros zodiac, bondé de migrants.
Le bateau sauveteur met son propre zodiac à la mer, avec 3 hommes à bord et un chargement de gilets de sauvetage. Dans un premier temps, les sauveteurs distribuent les gilets de sauvetage puis commencent les premiers embarquements de migrants pour les convoyer jusqu’à l'Aquarius. Le bateau des migrants est fait pour embarquer 50 personnes. Les sauveteurs en dénombreront 150. Avec une mer formée, ils terminaient tous à l'eau. Plus tard, les sauveteurs découvrent à bord, des hommes malades, épuisés, apeurés. L'un d'eux est déjà dans le coma et il sera évacué par hélicoptère. Il y a aussi des femmes, accompagnées de très jeunes enfants. L'une de ces femmes accouchera sur le navire Aquarius , avec l'aide de trois infirmières de bord.
Chaque jour apporte son lot de migrants en danger qu'il faut sauver d'une fortune de mer.
Rien qu'en 2015, plus de 2000 migrants ou émigrés sont morts noyés en Méditerranée durant une traversée organisée par des passeurs mercantiles.
Écrit après avoir vu ce reportage télévisé, il y a 15 jours.
Dans la nuit dernière du 9 au 10 avril 2016, cinq migrants se sont noyés dans les même conditions en Méditerranée.
Cairns
Ils ne sont jamais parfaits. Leurs formes sont tourmentées et pourtant, parfois, une grâce naturelle en émane. Alors je m’assoie devant un tel cairn. Je le regarde, je l'observe vivant dans la lumière du jour. Je l'écoute jouer avec le vent, je le relie au paysage environnant. A cet instant, le monde se résume à ça : un vrai silence intérieur, du respect et le remerciement d'être en vie. L'éphémère ne se fixe pas, il nous échappe et c'est son meilleur côté, me permettant de reprendre la route, sans regrets
Roger Dautais
Pour ceux qui n'ont pas lu : deux articles consacrés au land art et au Chemin des Grands Jardins
http://www.unidivers.fr/land-art-roger-dautais-bretagne/
http://www.unidivers.fr/roger-dautais-land-art-exil-exiles-lampedusa/
Dans la nuit dernière du 9 au 10 avril 2016, cinq migrants se sont noyés dans les même conditions en Méditerranée.
Cairns
Ils ne sont jamais parfaits. Leurs formes sont tourmentées et pourtant, parfois, une grâce naturelle en émane. Alors je m’assoie devant un tel cairn. Je le regarde, je l'observe vivant dans la lumière du jour. Je l'écoute jouer avec le vent, je le relie au paysage environnant. A cet instant, le monde se résume à ça : un vrai silence intérieur, du respect et le remerciement d'être en vie. L'éphémère ne se fixe pas, il nous échappe et c'est son meilleur côté, me permettant de reprendre la route, sans regrets
Roger Dautais
Les tombes s'ouvrent une à une
sur les défunts revenus
de la caverne claire
où s'écoulent leurs jours
Les morts n'épargnent aucun effort
sur les défunts revenus
de la caverne claire
où s'écoulent leurs jours
Les morts n'épargnent aucun effort
pour trouver des paroles de consolation
Ils nous attendent avec patience
***
Nous marchons cependant
car il faut bien aller
quêtant des étincelles d'amour
dans le flux des saisons
car il faut bien aller
quêtant des étincelles d'amour
dans le flux des saisons
***
Les journées s'éternisent
avant de basculer
on ne sait où.
avant de basculer
on ne sait où.
Éliane Biedermann*
* http://anthosuballix.canalblog.com/
Pour ceux qui n'ont pas lu : deux articles consacrés au land art et au Chemin des Grands Jardins
http://www.unidivers.fr/land-art-roger-dautais-bretagne/
http://www.unidivers.fr/roger-dautais-land-art-exil-exiles-lampedusa/