La vie, comme elle va

"S'il suffisait de lire comme dans une bulle de cristal, alors, ce serait, facile.Mais il faut vite déchanter, prendre la route, sac au dos et marcher, toujours marcher pour oublier ce que l'on a déjà fait, ce que l'on va faire. Il faut attendre que la nature nous prenne et nous ouvre sa voie. C'est une progression incessante, pour de si petites choses".
Roger Dautais . Septembre 2009

Un voyage étonnant au cœur du land Art

mercredi 24 octobre 2012

Voile de mariée (I)

Voile de mariée (II)
Pierre de rencontre
Exil
Guetteur de marée
Gisant de Luc
à Ruma
Le secret des pierres noires
Autant en emporte le vent
à Salomé Guadalupe
L'été comme  il va
Mémoire d'enfance
Monde  à  part
Dialogue ( le voyage de la sphère )

Très petite chose
Avant la crémation

Pour Norma, Tilia, Leeloo



Pour trouver les conditions les meilleures afin de réaliser  une spirale, j'ai observé, pendant des années, toutes les plages de la région. J'en connaissais  les bons endroits, les saisons propices, les pièges  à marée, leur éclairage. Mais je suis resté attaché  à cette plage des confessionnaux où je réalisais,  il y a quelques années  la spirale représentées sur les photos I et II. Je savais que la belle  lumière se trouverait, en automne et qu'il  me faudrait la tracer entre dix heures et midi, avant que le soleil ne passe de l'autre côté des falaises. Je savais qu'il ne me fallait pas de  pluie,  pas de vent qui efface mon travail, pas trop d'algues et une bonne épaisseur de sable. En effet, la configuration de cette plage pouvait changer après  un tempête,  un fort coefficient de marée, qui déplaçaient des masses considérables de sable, la transformant en un champ de pierres.
Comme j'avais la possibilité d'aller sur cette plage quotidiennement,  pour d'autres travaux, j'ai attendu le bon  moment.
Un matin, je la découvrais sous  un beau soleil levant qui nous offrait une lumière dorée. Je n'ai jamais revue  cette  lumière au même endroit. J'ai sondé le sable  pour  y trouver le meilleur endroit, souple, mais pas trop, déjà essuyé de l'ancienne marée, mais suffisamment humide pour marquer le sillon. Il  y avait une barre de goémons noirs, déposés parallèlement aux falaise qui me laissait suffisamment de  place  pour travailler. A  ma montre, j'avais 1 heure trente devant moi pour réaliser cette spirale qui ferait, 45 mètres de circonférence. Après, la mer la recouvrirait entièrement.
J'ai  choisi  le point de départ en  plantant  mon talon gauche dans le sable et,  prenant appui sur ma jambe droite, j'ai commencé  le traçage en reculant et en tournant. Six premiers tours pour lancer la machine, légère perte d'équilibre,  il faut,  bien respirer, caler son souffle sur le travail des pieds,  juger de la  profondeur du sillon et de son  parallélisme au fur et à mesure de l'avance. Un quart d'heure,  une demi-heure, trois quart d'heure, les jambes me brûlent,  à la limite de la crampe qui arrêterait tout. Je m'accorde de petites poses? pas  plus, car  il faut garder le rythme sous peine ne perdre le contrôle du tracer dont seul le dynamisme du geste assure une réussite parfaite. Pendant toute cette période,  on perd le sens de l'orientation, absolument concentré, nourri de l'expérience des précédentes spirales,  on entre en communication avec la matière sable, les yeux rivés sur le sillon. Le bruit du talon qui fouille le sol  comme  un soc de charrue, cheee, cheee, un chant,  une mélopée,qui  monte de notre terre-mère et difficile  à partager. 
J'entends la mer. Elle monte. Elle pousse ses vagues vers moi. Je me refuse de la regarder, encore  un peu, comme  pour arrêter son avance. Je lui demande de me laisser le temps, sachant qui si  elle le veut, elle prendra mon travail avant la fin et que je lui en voudrai pas.
Je me relève, compte les tours du sillon autour du centre, 24, comme les 24 heures du jour. Je contemple cette œuvre éphémère qu va disparaître sous mes yeux. La mer est là. Je cours en direction du chemin qui  mène au sommet de la falaise. J'arrive sur la crête et surplombe la plage,baignant dans une lumière sublime. La mer  pousse ses vagues et emporte un  long trait de goémons. La spirale rentre dans la mer. Un intense  moment d'émotion que je voudrai partager. A l'arrière, sur l'eau,  un  long voile de mariée souligne son  mouvement. Je prends quelques photos. Je pense à Marie-Claude qui ne verra pas ce spectacle dont je serait le seul témoin.
A l'est, La ville du Havre, comme  un trait blanc sur la mer. Le soleil est venu de là,  il va maintenant inonder les terres où je vais me replier  pour une longue marche dans la plaine de Caen.

Roger Dautais



C'est la flamme ici devant de la nuit
Le rêve passe  à demi-mots
Les  paupières s'insurgent

O le rythme du poème
Qui  bat l'amour
A pleine peau
A pleine terre

***

La tendresse dans  l' ici jeté de la terre
Dans l'offrande du ventre
Dans la bouche des femmes
Une main se déchire d'appeler  une ombre
De bâtir le partage incessant des peaux


L insomnie répare la mémoire attise l'insomnie

Guy Allix




Au  jour d'avant le dernier jour
Il  y aura des heures
Volées aux ombres du silence
Et tous ces mots éteints
A la force des mains

La vie sera veuve
Fauve le miel rouillé

Au dernier jour d'avant la nuit
Il  y aura tous ces poèmes
Gravés  à  l'ombre des caiiloux
Comme  un bouquet d'adieux
Aux limites du  monde

Le vie sera seule
Pauvre le ciel oublié

Et l'oubli tatoué
Aux herbes de nos chairs.

Brigitte Tossi






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Landartiste, photographe, auteur de livres pour enfants, Roger Dautais est aussi un artiste atypique, sensible et attachant.Il a sû, dans la diversité de ses expressions, trouver une harmonie par la pratique quotidienne de cet art éphémère : le Land Art. Il dit "y puiser forces et ressources qui lui permettent, également, depuis de nombreuses années, d'intervenir auprès de personnes en grande difficulté ( Centre de détention pour longues peines et personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer) pour les aider par la médiation de l'art.