La vie, comme elle va

"S'il suffisait de lire comme dans une bulle de cristal, alors, ce serait, facile.Mais il faut vite déchanter, prendre la route, sac au dos et marcher, toujours marcher pour oublier ce que l'on a déjà fait, ce que l'on va faire. Il faut attendre que la nature nous prenne et nous ouvre sa voie. C'est une progression incessante, pour de si petites choses".
Roger Dautais . Septembre 2009

Un voyage étonnant au cœur du land Art

jeudi 30 décembre 2010













Que cette année vous apporte un peu plus de paix dans le monde, un peu plus de fraternité, de poésie, que la part belle soit faite aux arts et à l'expression et que ce soit notre façon
"d' humaniser "le monde.
J'attends de vous, du rêve, de la créativité, des échanges amicaux, comme cela s'est déjà fait cette année et ce dont je vous remercie.
Meilleurs vœux à tous et bonne année 2011.

Roger Dautais







Épreuve



Ce miroir blanc où tu te jettes
A corps perdu
La cendre à l'œuvre éparpillée
qui t'invente la vie même
et et destine
Ces mots tressés à bout de mort
Cette empreinte piégée de l'errance.


***


Tu devances cette pourriture
Où tu ne sais pas
Une tache s'expose s'éparpille
Se plisse au coin des yeux


...L'errance écarquille le monde et te blesse.


Guy Allix







C'est Maud qui avait été la première, une fois passé l'envoûtement des chagrins débordants, d'ailleurs, très vite oubliés,à rendre visite régulièrement à son ami Maurice, dans les sous bois du cimetière dit "des quatre Nations. Elle avait gardé des mains d'enfant et de ces doigts graciles dont était amoureux la moitié du quartier, elle caressait le sable de la tombe, aussi délicatement que possible pour en refaire les sillons bien parallèles. dans le sable granuleux. Ainsi étaient rangées dans le quartier nord, les tombes des indigents, car même en terre de croyance, on ne mélangeait pas les torchons et les serviettes. Monsieur Maurice, pour les dames, respecté par "la haute", du temps de son petit commerce, habitait coté "torchon" au boulevard des allongés. A chacune de ses visites, Maud, perchée sur ses talons aiguille qui s'enfonçaient dans le sol, meuble du carré des indigents, lui donnant une démarche chaloupée, apportait un petit caillou qu'elle déposait délicatement sur le sable. Cette délicate attention s'était transformée en cromlech, sans pour autant effrayer le fossoyeur, qui savait la tombe abandonnée depuis longtemps par une famille lointaine. Maud emportait aussi à manger, des quignons de pain qu'elle consommait au-dessus de Maurice. Elle en gardait une partie qu'elle écrasait entre ses mains pour la répandre en pluie fine, sur le sable en prononçant ces paroles
- "Tiens, mon Titi, en souvenir des serines ...".
Puis elle sortait de son sac à main panthère, une fiole remplie d'eau bénite, remplie au bénitier de Sainte Sara, la Patronne des causes perdues. Après en avoir vue une gorgée, elle ajoutait
-... et des serins de Saint Nazaire.
Cette phrase inquiétait quand même le préposé aux enfouissements, bien que , sans état d'âme et pour qui le culte des disparus, relevait de la simple fantaisie ou de la disparition .
Comment pouvait-il deviner, ce brave homme qu' avec le même flacon et la même eau bénite, Maud et Maurice avaient élevé enfant, des familles nombreuses de sereins dans le clandé de Madame Georges, la tenancière de l'Hôtel du Commerce, place de la gare à Saint Nazaire. Lieu béni qui allait devenir la maison d'apprentissage de la jolie et fidèle, Maud. Comment aurait-il pu deviner leur belle histoire d'amour avec toutes ces paroles abstraites:
- Oh, temps qui passe
coule comme de l'eau
dans le bec des oiseaux.
Même grande, entre deux passes, Maud vint dans ce cimetière, verser de l'eau sur la tombe de son Maurice et partager le pain avec lui, comme il lui avait appris, et signer d'une pierre, son passage de femme fidèle, avant de le rejoindre un jour, victime d'un règlement de compte.Je sais bien, on ne raconte pas des histoires pareilles à un tel moment de l'année, mais, vous savez, c'est une histoire vraie.

Roger Dautais









Douleur de mon amour



Et le poème travaille comme la terre
Friable dans la circulation des sèves
Dans la posture de la douleur

Tu partages incessant l'errance rageuse
Tu tiens dans la main ce dernier souffle recueilli
qui fuit déjà entre tes doigts
Incurve la buée sur la vitre

Dans la main l'aimante même qui se meurt
Quand tu voudras simplement épouser la terre
Enfin, terre à venir de ton nom
Quand tu voudrais seulement
Fondre ici les mots de ta nuit.

***

Et se dire qu'il n'en restera rien
Que cet épuisement qui déjà gagne
Rien que rien
Et le soir qui rentre dans la peau
Pas la moindre coïncidence à l'horizon

A quoi bon tenir
Retenir ce qui fuit déjà

***

Tu sais qu'au fond
La mort est le seul partage
Ce qui dira enfin ce domaine

Tu lui donnes déjà ce visage
Qui bat la parole
Comme une enclume
Épelle chaque instant jusqu'à la déchirure;


Guy Allix

Découvrez son site, si ce n'est déjà fait
http://guyallix.art.officelive.com/default.aspx

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Landartiste, photographe, auteur de livres pour enfants, Roger Dautais est aussi un artiste atypique, sensible et attachant.Il a sû, dans la diversité de ses expressions, trouver une harmonie par la pratique quotidienne de cet art éphémère : le Land Art. Il dit "y puiser forces et ressources qui lui permettent, également, depuis de nombreuses années, d'intervenir auprès de personnes en grande difficulté ( Centre de détention pour longues peines et personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer) pour les aider par la médiation de l'art.