







aux aveugles...
La route me tend les bras. Il me serait bien impossible de dire vers où j'irai demain, tant ma vie de land-artiste s'inscrit dans l'aléatoire, l'éphémère, l'inconnu. C'est comme ça depuis tant d'années, depuis que je pratique le land art. Je peignais une mauvaise toile inspirée par la vie d'Ana Mendieta, prêtresse du land art Américano-Cubaine, trop vite disparue, lorsque j'ai ressenti cet étrange appel vers l'extérieur, vers la nature. Nous étions en 1999 et je décidais de changer de cap, d'abandonner la peinture pour suivre cette inspiration. Mes vrais premiers pas en land art ( je ne compte pas ceux réalisés sans conviction quelques années avant) datent de cette année là et je pourrais encore vous emmener sur cette plage où j'ai réalisé, devinez quoi...un gisant . Depuis, sans jamais oublier, ni le parcours, ni la terrible histoire de cette femme, je me suis affranchi de cette inspiration première pour trouver ma voie et tracer une route personnelle sur laquelle je chemine toujours, onze ans après.
Après avoir pas mal exposé, fait des interventions publiques, je me suis fatigué de ces pratiques et, si elles existent encore, je ne les provoque pas systématiquement. C'est très différent pour ce qui est de pratiquer le land art, devenu pour moi, aussi indispensable que de respirer, parler ou écrire.
Chercheur d'ailleurs, coureur d'estran, marcheur impénitent, fabricant d'étoiles, monteur de cairns, tisserand d'instants précieux, ravaudeur de rayon de soleil, dompteur d'écume, tourneur de spirales, voyageur né, , ami des fleuves et des rivières, passant des déserts, enchanteur de coudrier, découvreur d'onde pure, rêveur à la belle étoile, ami d'Orion et d'Horus, artisan des matins glacés, il me semble, de plus en plus, ne pas connaitre grand chose dans ce lien qui me rattache à la nature. La poésie de ma démarche est sans doute dans ce questionnement, cette partie de mon enfance, si présente, qui me fait, chaque jour, plus étonné du jour qui se lève. Je pense avoir besoin de cette naïveté pour être en mesure de jouer encore ma vie dans ces installations. Ceci ne veut pas dire que je vois la vie, naïvement, non, bien au contraire, mais j'espère de transformer cette crainte de l'avenir que l'on nous propose, et prépare en instants "vivables", autrement. Il est vrai que j'y arrive assez facilement, avec cette capacité d'oubli qui est la mienne, au moment de la création, non pas que je sois dans un état second, mais simplement, occupé et croyant au travail que je fais, sans d'ailleurs essayer de lui donner une valeur de qualité, une note. Nul besoin de cultiver ce détachement , il est naturel et je pense, inspiré par la finitude de l'homme.Les photos, lorsque j'en prends, me permettent souvent de découvrir plus justement ce que j'ai réalisé.
Malgré tout, je n'ai pas débarqué là-dedans, comme un nouveau né. J'avais vécu une longue expérience de vie et lorsque j'ai décidé de changer de mode d'expression pour pratiquer le land art, je savais que le reste de ma vie serait, beaucoup plus court que le chemin déjà parcouru. Ceci m'a donné, dès le départ, un peu plus de sérénité, sachant que de toute façon le temps ne se rattrapait pas, il ne s'agissait pas de rêver à une carrière extraordinaire.
Actuellement privé de ma passion pour des raisons de santé, encore pour quelques semaines, je contemple la nature avec une envie d'aller la rejoindre et de m 'y fondre. Je sais que les idées reviendront, mais je ne sais pas comment, quand et pourquoi faire. En attendant, je cherche dans mes archives pour vous présenter quelque travaux, comme je l'ai encore fait ce soir, pour vous dont j'aime aussi découvrir l'univers..
Roger Dautais
Nue
Frileusement venue,
Devenue elle sans raison, ne sachant
Quel simulacre de l'amour appeler en image
(belle d'un doute inachevé
vague après vague,
et comme inadvenue aux lèvres), ici
d'une autre qui n'est plus
que sa feinte substance nommée
Miroir, abusive nacelle,
eau de pur silex.
Roger Giroux
L'arbre le temps.
Après avoir pas mal exposé, fait des interventions publiques, je me suis fatigué de ces pratiques et, si elles existent encore, je ne les provoque pas systématiquement. C'est très différent pour ce qui est de pratiquer le land art, devenu pour moi, aussi indispensable que de respirer, parler ou écrire.
Chercheur d'ailleurs, coureur d'estran, marcheur impénitent, fabricant d'étoiles, monteur de cairns, tisserand d'instants précieux, ravaudeur de rayon de soleil, dompteur d'écume, tourneur de spirales, voyageur né, , ami des fleuves et des rivières, passant des déserts, enchanteur de coudrier, découvreur d'onde pure, rêveur à la belle étoile, ami d'Orion et d'Horus, artisan des matins glacés, il me semble, de plus en plus, ne pas connaitre grand chose dans ce lien qui me rattache à la nature. La poésie de ma démarche est sans doute dans ce questionnement, cette partie de mon enfance, si présente, qui me fait, chaque jour, plus étonné du jour qui se lève. Je pense avoir besoin de cette naïveté pour être en mesure de jouer encore ma vie dans ces installations. Ceci ne veut pas dire que je vois la vie, naïvement, non, bien au contraire, mais j'espère de transformer cette crainte de l'avenir que l'on nous propose, et prépare en instants "vivables", autrement. Il est vrai que j'y arrive assez facilement, avec cette capacité d'oubli qui est la mienne, au moment de la création, non pas que je sois dans un état second, mais simplement, occupé et croyant au travail que je fais, sans d'ailleurs essayer de lui donner une valeur de qualité, une note. Nul besoin de cultiver ce détachement , il est naturel et je pense, inspiré par la finitude de l'homme.Les photos, lorsque j'en prends, me permettent souvent de découvrir plus justement ce que j'ai réalisé.
Malgré tout, je n'ai pas débarqué là-dedans, comme un nouveau né. J'avais vécu une longue expérience de vie et lorsque j'ai décidé de changer de mode d'expression pour pratiquer le land art, je savais que le reste de ma vie serait, beaucoup plus court que le chemin déjà parcouru. Ceci m'a donné, dès le départ, un peu plus de sérénité, sachant que de toute façon le temps ne se rattrapait pas, il ne s'agissait pas de rêver à une carrière extraordinaire.
Actuellement privé de ma passion pour des raisons de santé, encore pour quelques semaines, je contemple la nature avec une envie d'aller la rejoindre et de m 'y fondre. Je sais que les idées reviendront, mais je ne sais pas comment, quand et pourquoi faire. En attendant, je cherche dans mes archives pour vous présenter quelque travaux, comme je l'ai encore fait ce soir, pour vous dont j'aime aussi découvrir l'univers..
Roger Dautais
Nue
Frileusement venue,
Devenue elle sans raison, ne sachant
Quel simulacre de l'amour appeler en image
(belle d'un doute inachevé
vague après vague,
et comme inadvenue aux lèvres), ici
d'une autre qui n'est plus
que sa feinte substance nommée
Miroir, abusive nacelle,
eau de pur silex.
Roger Giroux
L'arbre le temps.