La vie, comme elle va

"S'il suffisait de lire comme dans une bulle de cristal, alors, ce serait, facile.Mais il faut vite déchanter, prendre la route, sac au dos et marcher, toujours marcher pour oublier ce que l'on a déjà fait, ce que l'on va faire. Il faut attendre que la nature nous prenne et nous ouvre sa voie. C'est une progression incessante, pour de si petites choses".
Roger Dautais . Septembre 2009

Un voyage étonnant au cœur du land Art

mardi 10 juillet 2018

  En attendant que  demain soit  un autre  jour ...


Aux passantes du Chemin des Grands Jardins .

La machine à vivre…

Tout le malheur des hommes vient de ce qu’ils ne savent pas rester au repos dans une chambre.
C’est l’une des dernières phrases lues dans un récit de Philippe Lançon. Elle tombe à pic et rejoint ma réflexion de la nuit.
Le bonheur est fragile comme un cairn qui attend la marée. Et pourtant, ce bonheur, je le quitte tous les matins, depuis plus de vingt ans pour calmer cette intranquillité , de naissance. Les murs ne me retiennent pas longtemps. Je dois aller de l’avant, mais, dehors.
L’éternité tranquille, celle qui tutoie les étoiles,ce sera pour demain. Mon domaine s’étend entre le rêve et la sensation. Un état que je n’ai encore su restituer par des mots. Mais, est-ce grave et tout doit-t-il se partager, qui nous tient debout ? La perte définitive de chaque instant, aurait pu me transformer en historien cupide. Je ne suis qu’un marcheur mélancolique ,amnésique et leger.. Ma vie pourrait se résumer en un huis-clos suspendu entre deux levers de soleil. S’impose le rappel d’être soi, rien que soi, dans cet exercice solitaire, sans jamais dépasser.
Une mélancolie de migrant m’avait collé à la peau pendant trente années de ma vie, bien impossible de m’en débarrasser revenu en Bretagne qui ne m’a pas attendue pour changer.
Je surmonte lentement, une reconstruction physique permanente depuis 6 ans,avec un pied dans la tombe.
Un minuscule grain de sable enrayera définitivement, la machine à vivre.Ce n’est pas une raison pour stopper les rêves de land art.
L’immensité de la plage, accueille les flots deux fois par jour. En ces périodes d’équinoxe, de fort brassage des eaux, au gré des marées, le paysage se crée, heure par heure, dégageant des grosses pierres, ensevelissant les autres. La vie-la mort, mouvement éternel et répété.
Une pierre lourde choisi, levée, calée. Six autres posées, horizontalement. Le poème est né. Son titre : To the sea.
J’aime aussi ces temps de méditation, face à la mer, en compagne des ces pierres solidaires. Conclure ici, ne serait pas la pire des choses mais je me dois de dérouler la route, jusqu’au bout. Driss me répète souvent : "demain sera un autre jour" et je le crois.
Roger Dautais

LE CHEMIN DES GRANDS JARDINS
http://rogerdautais.blogspot.com/

Photo création land art de Roger Dautais
" La marche d’équinoxe " pour Louise Skira
Côte de Nacre - Normandie.

http://louiseskira.com/galerie



Cendre refroidie
la pierre fermente
les scories du temps

si près de revenir au sable

elle m'adresse
son signal

quelques mots sédimentés
par la vie.


Ludu yenaet
ar maen a laka
kenn an amzer da virviñ

wae-nes traeshaat en-dro

gervel a ra
ac'hanon

un nebet gerioù lec'hidet
gant ar vuhez.

Marie-Josée Christien *

Pierre après pierre /maen goude maen
(Editions Les Chemins bleus)
 Les quatre sœurs des  marais  : Pour Marie-Josée Christien


La marche d'équinoxe  : Pour Louise Skira.

17 commentaires:

  1. Des paroles fort justes qui n'incluent pas ce mot "patience" qui doit souvent s'inscrire dans tes pensées Roger en attendant que "demain soit un autre jour".

    RépondreSupprimer
  2. Statique ou stoïque le minéral face à l'eau montante...
    très beau poème pour accompagner cette page.
    MERCI

    RépondreSupprimer
  3. Merci pour toutes ces sculptures qui sont pour moi comme des "veilleurs" , passeurs de beauté face à l'océan infini.

    Galets ciselés par la vie
    Petites boîtes à pensées
    Infimes coffrets à secrets
    Gravés, sculptés par l’océan
    Jusqu'au seuil infini de l'âme...
    Reflets de rêveries perdues
    Qu'on recueille sur une grève
    Pour croire toujours et encore,
    Quand se déchire l'espérance
    Sur les sombres rochers du temps...
    23/08/2016
    https://marie-aupaysdesimagesetdesmots.blogspot.com/search?q=galets

    RépondreSupprimer
  4. "demain sera un autre jour" ... demain vous reviendrez ... oui
    belle et bonne pensée vers vous cher Roger

    RépondreSupprimer
  5. Tendres "machines à vivre"... à chacune son domaine dans l'action ou la méditation.

    RépondreSupprimer
  6. Oui, d'autres jours à venir. Le plus délicat est sans doute d'apprendre à bien attendre. Amitié, Roger.

    RépondreSupprimer
  7. Bonsoir cher Roger...
    Ce fragile guetteur photographié juste sur cette ligne d'écume sans cesse en mouvance, jamais réellement définie me parle des incertitudes de l'homme face à la vie et les chemins sans cesse en mouvance que nous suivons, toujours en équilibre précaire... Avec le soleil sur le corps et l'ombre sur les pieds, il semble vouloir nous dire que l'espoir est là et qu'il n'y a qu'un pas à franchir...
    Demain est un autre jour et nul ne maîtrise la ligne d'écume laissée.
    J'aime être la passante sur le chemin de tes grands jardins. Toujours un plaisir de lire tes mots choisis.
    Bien à toi Roger. Je t'embrasse bien fort.

    RépondreSupprimer
  8. maŕée d'équinoxe ~ un jardinier remue quelques pierres

    RépondreSupprimer
  9. Heureuse de voir que, cahin-caha, la machine fonctionne toujours pour toi, Roger (comme pour mon mari qui lui aussi trottine sur la route 75, avec quelques nouvelles rustines).
    Bonne balades, Roger, merci de continuer à donner de tes nouvelles
    Amitiés

    RépondreSupprimer
  10. Très beau, en particulier la marche d'équinoxe. De belles pensées pour vous.

    RépondreSupprimer
  11. Elle se dresse fière
    Plantée au sable la pierre
    Comme colerette la table
    S'élève au dessus du sable
    Quatre galets en équilibre
    S'est bonheur d'être libre

    Ainsi murmurait l'ombre du cairn
    Mais moi j'y vois une sterne

    Que les augures de tonnent tout ce qui est bon pour toi
    Merci de m'enchanter encore et encore
    Amitié Roger

    RépondreSupprimer
  12. La machine à vivre fonctionne toujours et oui: " demain est un autre jour"! Cette pensée m'accompagne souvent et du coup me relie à toi au delà des mots … Tu prendras le temps qu'il faut pour repartir un peu puisque ta vie est plus dehors que dedans . Merci d'avoir donné de tes nouvelles à nous les passants . Je t'embrasse

    RépondreSupprimer
  13. Nous sommes faits pour rester debout, la nuit c'est juste pour le repos. Et quand on a envie de marcher, c'est tout à fait normal et humain. Bon courage pour les maux et bonnes balades. Bonne journée.

    RépondreSupprimer
  14. Merci de nous donner de tes nouvelles même si elles ne sont pas encore tout à fait celles que tu voudrais sans doute donner...
    Savoir que tu t'approches de l'océan, le regarde et y médite provoque déjà un sourire...
    Qu'il en soit ainsi! Amitié.

    RépondreSupprimer
  15. this summer has seen a kind of perfunctory business for me which has, at times, overwhelmed. but yesterday i found myself standing before the swaying trees which surround a small swamp i'm familiar with. all of this chaotic energy i feel, which i carry about these days from task to task, was immediately soothed. i stared at the swaying trees and swaying cattails and thought, what a boundless ability of equanimity and wellness the natural world has to offer. it is inextinguishable. it can only be converted. (there have been many wildfires in our region this summer.) what solace any and every man might take from this truth.

    there's something nearly unnatural about us, mankind, for our consciousness separates us from a world which is one and streaming. however, our oneness remains. your act of land art is both function of our separateness (thinking of inukshuks here) and our oneness (its being a gift to everyone and no one, being pulled back into the sway of nature). what else is there to accomplish? you speak for us all and i am grateful.

    love to you and yours

    RépondreSupprimer
  16. J'ai oublié de dire que les textes sont aussi beaux que les œuvres d'art. Amitiés.

    RépondreSupprimer
  17. Et l'été suit son chemin, et j'espère de tout cœur que toi aussi… pierre après pierre, feuille après bourgeon, vague après sable… je te souhaite encore du beau, du bon, du vent et du souffle, et tous les parfums de l'océan. Bises amicales

    RépondreSupprimer

Membres

Archives du blog

Qui êtes-vous ?

Ma photo
Landartiste, photographe, auteur de livres pour enfants, Roger Dautais est aussi un artiste atypique, sensible et attachant.Il a sû, dans la diversité de ses expressions, trouver une harmonie par la pratique quotidienne de cet art éphémère : le Land Art. Il dit "y puiser forces et ressources qui lui permettent, également, depuis de nombreuses années, d'intervenir auprès de personnes en grande difficulté ( Centre de détention pour longues peines et personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer) pour les aider par la médiation de l'art.