Aux passantes du Chemin des Grands Jardins .
La machine à vivre…
Tout le malheur des hommes vient de ce qu’ils ne savent pas rester au repos dans une chambre.
C’est l’une des dernières phrases lues dans un récit de Philippe Lançon. Elle tombe à pic et rejoint ma réflexion de la nuit.
Le bonheur est fragile comme un cairn qui attend la marée. Et pourtant, ce bonheur, je le quitte tous les matins, depuis plus de vingt ans pour calmer cette intranquillité , de naissance. Les murs ne me retiennent pas longtemps. Je dois aller de l’avant, mais, dehors.
L’éternité tranquille, celle qui tutoie les étoiles,ce sera pour demain. Mon domaine s’étend entre le rêve et la sensation. Un état que je n’ai encore su restituer par des mots. Mais, est-ce grave et tout doit-t-il se partager, qui nous tient debout ? La perte définitive de chaque instant, aurait pu me transformer en historien cupide. Je ne suis qu’un marcheur mélancolique ,amnésique et leger.. Ma vie pourrait se résumer en un huis-clos suspendu entre deux levers de soleil. S’impose le rappel d’être soi, rien que soi, dans cet exercice solitaire, sans jamais dépasser.
Une mélancolie de migrant m’avait collé à la peau pendant trente années de ma vie, bien impossible de m’en débarrasser revenu en Bretagne qui ne m’a pas attendue pour changer.
Je surmonte lentement, une reconstruction physique permanente depuis 6 ans,avec un pied dans la tombe.
Un minuscule grain de sable enrayera définitivement, la machine à vivre.Ce n’est pas une raison pour stopper les rêves de land art.
L’immensité de la plage, accueille les flots deux fois par jour. En ces périodes d’équinoxe, de fort brassage des eaux, au gré des marées, le paysage se crée, heure par heure, dégageant des grosses pierres, ensevelissant les autres. La vie-la mort, mouvement éternel et répété.
Une pierre lourde choisi, levée, calée. Six autres posées, horizontalement. Le poème est né. Son titre : To the sea.
J’aime aussi ces temps de méditation, face à la mer, en compagne des ces pierres solidaires. Conclure ici, ne serait pas la pire des choses mais je me dois de dérouler la route, jusqu’au bout. Driss me répète souvent : "demain sera un autre jour" et je le crois.
Roger Dautais
LE CHEMIN DES GRANDS JARDINS
http://rogerdautais.blogspot.com/
Photo création land art de Roger Dautais
" La marche d’équinoxe " pour Louise Skira
Côte de Nacre - Normandie.
http://louiseskira.com/galerie
Cendre refroidie
la pierre fermente
les scories du temps
si près de revenir au sable
elle m'adresse
son signal
quelques mots sédimentés
par la vie.
Ludu yenaet
ar maen a laka
kenn an amzer da virviñ
wae-nes traeshaat en-dro
gervel a ra
ac'hanon
un nebet gerioù lec'hidet
gant ar vuhez.
Marie-Josée Christien *
Pierre après pierre /maen goude maen
(Editions Les Chemins bleus)
Les quatre sœurs des marais : Pour Marie-Josée Christien |
La marche d'équinoxe : Pour Louise Skira. |
Des paroles fort justes qui n'incluent pas ce mot "patience" qui doit souvent s'inscrire dans tes pensées Roger en attendant que "demain soit un autre jour".
RépondreSupprimerStatique ou stoïque le minéral face à l'eau montante...
RépondreSupprimertrès beau poème pour accompagner cette page.
MERCI
Merci pour toutes ces sculptures qui sont pour moi comme des "veilleurs" , passeurs de beauté face à l'océan infini.
RépondreSupprimerGalets ciselés par la vie
Petites boîtes à pensées
Infimes coffrets à secrets
Gravés, sculptés par l’océan
Jusqu'au seuil infini de l'âme...
Reflets de rêveries perdues
Qu'on recueille sur une grève
Pour croire toujours et encore,
Quand se déchire l'espérance
Sur les sombres rochers du temps...
23/08/2016
https://marie-aupaysdesimagesetdesmots.blogspot.com/search?q=galets
"demain sera un autre jour" ... demain vous reviendrez ... oui
RépondreSupprimerbelle et bonne pensée vers vous cher Roger
Tendres "machines à vivre"... à chacune son domaine dans l'action ou la méditation.
RépondreSupprimerOui, d'autres jours à venir. Le plus délicat est sans doute d'apprendre à bien attendre. Amitié, Roger.
RépondreSupprimerBonsoir cher Roger...
RépondreSupprimerCe fragile guetteur photographié juste sur cette ligne d'écume sans cesse en mouvance, jamais réellement définie me parle des incertitudes de l'homme face à la vie et les chemins sans cesse en mouvance que nous suivons, toujours en équilibre précaire... Avec le soleil sur le corps et l'ombre sur les pieds, il semble vouloir nous dire que l'espoir est là et qu'il n'y a qu'un pas à franchir...
Demain est un autre jour et nul ne maîtrise la ligne d'écume laissée.
J'aime être la passante sur le chemin de tes grands jardins. Toujours un plaisir de lire tes mots choisis.
Bien à toi Roger. Je t'embrasse bien fort.
maŕée d'équinoxe ~ un jardinier remue quelques pierres
RépondreSupprimerHeureuse de voir que, cahin-caha, la machine fonctionne toujours pour toi, Roger (comme pour mon mari qui lui aussi trottine sur la route 75, avec quelques nouvelles rustines).
RépondreSupprimerBonne balades, Roger, merci de continuer à donner de tes nouvelles
Amitiés
Très beau, en particulier la marche d'équinoxe. De belles pensées pour vous.
RépondreSupprimerElle se dresse fière
RépondreSupprimerPlantée au sable la pierre
Comme colerette la table
S'élève au dessus du sable
Quatre galets en équilibre
S'est bonheur d'être libre
Ainsi murmurait l'ombre du cairn
Mais moi j'y vois une sterne
Que les augures de tonnent tout ce qui est bon pour toi
Merci de m'enchanter encore et encore
Amitié Roger
La machine à vivre fonctionne toujours et oui: " demain est un autre jour"! Cette pensée m'accompagne souvent et du coup me relie à toi au delà des mots … Tu prendras le temps qu'il faut pour repartir un peu puisque ta vie est plus dehors que dedans . Merci d'avoir donné de tes nouvelles à nous les passants . Je t'embrasse
RépondreSupprimerNous sommes faits pour rester debout, la nuit c'est juste pour le repos. Et quand on a envie de marcher, c'est tout à fait normal et humain. Bon courage pour les maux et bonnes balades. Bonne journée.
RépondreSupprimerMerci de nous donner de tes nouvelles même si elles ne sont pas encore tout à fait celles que tu voudrais sans doute donner...
RépondreSupprimerSavoir que tu t'approches de l'océan, le regarde et y médite provoque déjà un sourire...
Qu'il en soit ainsi! Amitié.
this summer has seen a kind of perfunctory business for me which has, at times, overwhelmed. but yesterday i found myself standing before the swaying trees which surround a small swamp i'm familiar with. all of this chaotic energy i feel, which i carry about these days from task to task, was immediately soothed. i stared at the swaying trees and swaying cattails and thought, what a boundless ability of equanimity and wellness the natural world has to offer. it is inextinguishable. it can only be converted. (there have been many wildfires in our region this summer.) what solace any and every man might take from this truth.
RépondreSupprimerthere's something nearly unnatural about us, mankind, for our consciousness separates us from a world which is one and streaming. however, our oneness remains. your act of land art is both function of our separateness (thinking of inukshuks here) and our oneness (its being a gift to everyone and no one, being pulled back into the sway of nature). what else is there to accomplish? you speak for us all and i am grateful.
love to you and yours
J'ai oublié de dire que les textes sont aussi beaux que les œuvres d'art. Amitiés.
RépondreSupprimerEt l'été suit son chemin, et j'espère de tout cœur que toi aussi… pierre après pierre, feuille après bourgeon, vague après sable… je te souhaite encore du beau, du bon, du vent et du souffle, et tous les parfums de l'océan. Bises amicales
RépondreSupprimer