La vie, comme elle va

"S'il suffisait de lire comme dans une bulle de cristal, alors, ce serait, facile.Mais il faut vite déchanter, prendre la route, sac au dos et marcher, toujours marcher pour oublier ce que l'on a déjà fait, ce que l'on va faire. Il faut attendre que la nature nous prenne et nous ouvre sa voie. C'est une progression incessante, pour de si petites choses".
Roger Dautais . Septembre 2009

Un voyage étonnant au cœur du land Art

lundi 19 octobre 2009





à Michel Fournier,
sous son ange, dans sa tombe...


Petit cheval
brun
cabré,
entre les barbelés,
tu provoques le kapo
et meurt.




à Roger Clément...

Hontes bues
toutes,
ils roulaient,
ivres
de vomissures
vert de gris,
les kapos.




à Maud, de la rue Kitchener

J'ai décroché
l'étoile
de sur ton coeur
petit frère,
tu respirais encore,
plus moi.



à Moshu...

Les morts
nous appellent fou

les vivants
nous croient morts

aimons nous .
Peace and love


Ce ne sont pas les étoiles qui me gênent,c'est l'obstination des nains à vouloir les atteindre jusque dans les cendres. Dormez en paix, enfants du sacrifice, je veille.

Ils ont rallumé les bûchers, le cristal se travaillerait de nuit et les vélodromes se rempliraient à nouveau si les enfants de la louve blonde prenaient la main, s'emparaient du pouvoir. Nous serions épouillés, lavés, douchés au Ziclon B. Nous serions exterminés comme des rats, à nouveau, s'ils revenaient.
La vigilance est au coin du coeur et land art ou non, c'est bien de cela qu'il s'agit, non d'un folklore apparent. En ces pays d'oubli et de fauristonnades, chaque voix compte qui barre la route à la louve blonde et à ses petits, nourris au lait de la haine et du racisme ordinaire.

Ce n'est pas une obsession que ces étoiles, c'est un témoignage," in situ" qui déclanche toujours autant d'animosité. Preuve en est que le mal est là, présent.
Je sais faire autre chose, mais je veux consacrer une partie de ma vie à cette mémoire rayée, cette mémoire de bure, cette mémoire partie en fumée, comme mon ami Edmond, à l'instant où j'écris . Il fut un de mes patients dans mon atelier d' art thérapie et je l'ai vu, mangé par cette maladie d'Alzheimer, mois après mois. Il est incinéré aujourd'hui. Paix à son âme d'humble artisan.
J'ai de la place dans ma mémoire pour me souvenir que le Monde, notre Monde est au bord du gouffre, et pour tenter de sauver la part d'humanité qu'il y a dans le pire des hommes, par l'expression artistique. Je ne cherche pas autre chose,ce matin.

Roger Dautais

2 commentaires:

  1. Nombre de tes métaphores ébranlent les âmes...

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  2. à mes soeurs et frères éparpillés de la vie...

    Michel était mon ami. Ses parents tenaient une boulangerie. Michel était louveteau, comme moi. Un jour que nous étions de sortie de classe au bord de la mer,après avoir joué, Michel est descendu vers l'eau. A mi-chemin, il s'est couché pour dormir. On croyait. Les chefs, criaient dessus parce qu'il dormait en plein jour. Parce qu'il ne leur obéisait pas. Ils sont allés pour le gronder.
    Michel était mort.
    Ils ont porté Michel vers le haut de la plage et l'on recouvert d'une couverture. Je ne comprenais pas son visage livide.
    Les chefs ne nous ne nous disaient, rien.

    Maman était fleuriste.
    Elle a beaucoup travaillé pour l'enterrement de Michel.
    Quand je l'ai revu, sous une tonne de fleurs blanches, , il dormait, comme un ange dans une étroite chambre attenant à la minuscule boulangerie de ses parents, place Saint Sauveur à Dinan.
    Sa maman pleurait et moi aussi.
    Les scouts sont venus en bel uniforme. Michel a été enterré au cimetière de Dinan.
    Il dort, sous son
    ange, pas très loin de la fleuriste, pas très loin de Maman.
    Je n'aime pas les gens qui m'aboient dessus comme des chiens de garde quand je n'obéis pas. Je n'ai jamais aimé obéir, même si, parfois, c'est nécéssaire.
    Si je l'avais fait, je serai mort comme Michel, depuis longtemps.
    Dans ma petite enfance, les cimetières ont été pour moi, lieu de voyage, de jeu, de curiosité, de jardinage avant de devenir, lieux de recueillement, puis de grande douleur à partir du 10 janvier 1979.

    Je rêve de retrouver l'infini dans l'anonymat de cendres épandues sous le vent, pour leur ressembler.

    Moïse Clément.



    A tous les Michel de la terre qui n'ont pas choisi de partir si jeune, à tous ceux, qui, n'ont pas eu les jambes assez solides pour échaper aux boureaux, à ceux enfin, résignés, qui entendirent la Chaconne d'Auschwitz,monter a travers les barbelés, vers le ciel vide. A ceux qui marchèrent dans les pleurs et la peur, avant de passer dans les fours crématoires, à tous les Elie qui n'ont pas fuit et qui sont devenus mes anges, je dédie ces quelques lignes.

    Je les dédie aussi à Sylvie, institutrice au grand coeur, qui a vu dans le regard de ses petits élèves, autre chose qu'un buletin de salaire et que j'appelle, l'humanité.

    Roger Dautais
    Nuit du 20 au 21 octobre 2009 en Normandie.

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Landartiste, photographe, auteur de livres pour enfants, Roger Dautais est aussi un artiste atypique, sensible et attachant.Il a sû, dans la diversité de ses expressions, trouver une harmonie par la pratique quotidienne de cet art éphémère : le Land Art. Il dit "y puiser forces et ressources qui lui permettent, également, depuis de nombreuses années, d'intervenir auprès de personnes en grande difficulté ( Centre de détention pour longues peines et personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer) pour les aider par la médiation de l'art.