La vie, comme elle va

"S'il suffisait de lire comme dans une bulle de cristal, alors, ce serait, facile.Mais il faut vite déchanter, prendre la route, sac au dos et marcher, toujours marcher pour oublier ce que l'on a déjà fait, ce que l'on va faire. Il faut attendre que la nature nous prenne et nous ouvre sa voie. C'est une progression incessante, pour de si petites choses".
Roger Dautais . Septembre 2009

Un voyage étonnant au cœur du land Art

mardi 24 novembre 2009





à Michel Onfray,
aux siens... d'Argentan...
et d'alentour
aux gens de peu, amis de la Terre...


Un jour
les sables
sont montés
si haut
que le ciel
ne retrouvait

plus
ses marques.
Je t'ai
cherchée
amie
et tu pleurais
l'homme perdu
au pied
de la bête
morte.
Je t'ai
enlacée

et tes longs cheveux noirs
caressaient
le cadavre
à la pierre
rouge

Ô, Wajdi
que ne l'écrivais-tu
avant

Le soleil
ni la mort
ne peuvent
se
regarder en face.


Roger Dautais
"Habiller de silence, les jours heureux".


"En em santout stag ouzh buhez
an douar" ( Youenne Gwernig )

Un jour, au stang Alard de Brest, l'indifférence du monde et la bêtise de petits chefs tuèrent l'espoir d'une amitié profonde. Il s'en alla, les yeux pleins d'oiseaux, et quitta ce monde d'imbéciles heureux, fiers de leurs pendeloques.
"Comme un enfant sans ailes"
il avait choisi un banc, pour dernière demeure, et les rires des enfants lui servirent de linceul.
Ta peine, Flo, ton incompréhention, Vincent, le cadeau du sac de couchage, l'errance dans les rues de Brest, votre colère de larmes au général Archinard, et nous, impuissants devant ce suicide brutal et inattendu. Une vie de jeunesse perdue quittait la terre...
Les bancs sont toujours porteurs de ta trace, ami, lorsque je m'y repose et je veille le monde qui se déchire au son des pépites d'or pour les cupides de la bourse.
Ô Wajdi, délivre-moi de cette peur du théatre mais laisse couler en moi ce sang prolétaire dont je suis si fier.
Nul ne s'approche de moi sans risques, tant ma détermination à vivre est puissante et mon corps, une faiblesse avérée par l'âge. Il n'est que temps de vivre encore et à jamais, dans la fureur des jours, avec l'amour d'elle aux yeux si bleus, depuis toujours. De Gwernig, je garde le souvenir d'un trajectoire et je veux y adhérer. Frère, tu me montra la route, il me vola An Diri Dir, maudit soit ce chien galeux, mais j'ai gardé la musique de ce poème trilingue. Il est en moi, comme un tatouage sur le gisant et il irrigue ma vie. Tu avais vécu ton exil aux Amériques, c'est dans le monde que je le vis, maintenant à mon tour. Il n'est d'autre place que la solitude pour essayer de comprendre un peu cette finitude qui me cole à la peau. J'ai abandonné toute peur, la mue se continue. Je marcherai nu dans le désert s'il fallait plutôt que de renoncer. Mourir vivant serait une belle mort. Mais il me reste encore un peu à parcourir. Eros et Thanatos réconcilés en moi, chantent l'amour. Allons-y...

Rak ret eo da hini.....J'ai bien appris ta leçon, ils ne m'arracheront jamais mon coeur de Breton.

Roger Dautais dit "an Eostig"

Nuit du 24 au 25 novembre 2009, en Normandie
LE CHEMIN DES GRANDS JARDINS


2 commentaires:

  1. "Comme un enfant sans ailes" il avait choisi un banc, pour dernière demeure, et les rires des enfants lui servirent de linceul."

    Cette phrase est, à elle seule, un roman!

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  2. Elle en est la conclusion, chère Epamin'...
    Amitiés,

    Roger

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Landartiste, photographe, auteur de livres pour enfants, Roger Dautais est aussi un artiste atypique, sensible et attachant.Il a sû, dans la diversité de ses expressions, trouver une harmonie par la pratique quotidienne de cet art éphémère : le Land Art. Il dit "y puiser forces et ressources qui lui permettent, également, depuis de nombreuses années, d'intervenir auprès de personnes en grande difficulté ( Centre de détention pour longues peines et personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer) pour les aider par la médiation de l'art.